Geranios bajo la ventana
Es peligroso abrir grietas en los afectos humanos.
No porque rompan mucho a lo largo y a lo ancho,
sino porque se cierran con mucha rapidez.
“Wakefield” cuento de Nathaniel Hawthorne.
En mi cerebro se activó una alarma. Ya es hora me dije. Hora de detener la huida, de ofrecer explicaciones, de rogar perdón. Y aquí estoy, regresando. Rápido el paso, no miro atrás. No quiero ver mi propia sombra.
¡Volver con este sol! Luz a torrentes. ¿Quién la necesita?. Después de tanto tiempo sólo se puede volver bajo la lluvia, de noche. Tanta claridad lastima.
Tengo miedo.
Tenía miedo, por eso me fui. Once años atrás me juzgué, me hallé culpable, me condené al exilio. Un desterrado, eso he sido. Es triste descubrir que todos estos años de penuria no me han cambiado, conservo intacta la cobardía.
Claro que si lo pienso bien, también hace falta valor para alejarse, no molestar más, quitar del medio la propia presencia. Como un muerto, que se calla y se mete en su hueco para siempre.
Hoy, no sé por qué estoy permitiéndome resucitar.
Desde la calle observo la casa que fue mía. Han quitado la verja y los ligustros que planté, en su lugar ahora hay una reja prolijamente pintada. El pasto recién cortado, geranios bajo la ventana. Nunca me gustó esa flor.
Parece mentira: mi esposa, mi hija y yo, fuimos felices allí. Mercedes, Laurita. Sé que están ahí, las adivino. Pero ellas no pueden presentirme, perdí ese derecho.
Subo a la vereda, tiemblo frente a la reja. Me tomo de los barrotes para no caer. Estiro el brazo, toco timbre.
Tras el hierro está el césped, que de tan verde me irrita, y la puerta del frente, que ahora se abre.
Una joven sale a atenderme, pero no se acerca, permanece junto a la puerta que acaba de abrir, apoyada contra el marco. Su figura es ligera, graciosa. Me mira durante unos segundos.
Siento cómo el sudor me empapa la espalda, sin embargo tengo frío. El corazón no me cabe en el pecho, ni la lengua en la boca, ni los ojos en sus cuencas. Jadeo igual que un perro. Quiero llorar, quiero gritar “¡hija!”, pero ni siquiera respiro. Me limito a esperar la pregunta “¿Qué desea?”. “Que me escuches”, “que me escuches por favor”, le voy a contestar.
Desde dentro se oye una voz. Esa voz, la que reconocería entre mil.
—¿Quién es Laura?
Laurita gira, me da la espalda, entra en la casa. Antes de que cierre la puerta alcanzo a oír su respuesta indiferente, fastidiada quizá:
— Nadie mamá. Un pordiosero.
Traduction temporaire :
Géraniums sous la fenêtre
Il est périlleux de blesser les affections humaines.
Non que la plaie reste longtemps ouverte,
elle se referme au contraire promptement.
« Wakefield », nouvelle de Nathaniel Hawthorne.
Dans mon cerveau, une alarme se déclencha. L'heure est venue, songeai-je. L'heure d'arrêter de prendre la fuite, de fournir des explications, de demander pardon. Et me voici de retour. D'un pas rapide, je ne regarde pas en arrière. Je ne veux pas voir mon ombre.
Revenir sous ce soleil ! Des torrents de lumière. Qui en a besoin ? Après tout ce temps, on ne peut revenir que sous la pluie, la nuit. Une telle clarté fait mal.
J'ai peur.
J'avais peur, voilà pourquoi je suis parti. Onze ans plus tôt, je me suis retrouvé coupable, me suis condamné à l'exil. J'ai été un banni. C'est triste de découvrir que toutes ces années de pénurie ne m'ont pas changé, ma lâcheté est intacte.
Évidemment, si j'y réfléchis bien, il faut aussi du courage pour s'en aller, ne plus déranger, vider les lieux de ma présence. Tel un mort qui se tait et se met dans son trou, pour toujours. Aujourd'hui, j'ignore pourquoi je me permets de ressusciter.
Depuis la rue, j'observe la maison qui fut jadis la mienne. On a enlevé la grille et les troènes que j'avais plantés. À leur place, il y a un grillage soigneusement peint. L'herbe fraîchement coupée, des géraniums sous la fenêtre. Je n'ai jamais aimé cette fleur.
Incroyable : mon épouse, ma fille et moi, nous avions été heureux là-bas. Mercedes, Laurita. Je sais qu'elles sont là, je les sens. Mais elles, elles ne peuvent pas percevoir ma présence, j'ai perdu ce droit.
Je gravis le chemin, je tremble devant la grille. Je m'agrippe aux barreaux pour ne pas tomber. Je tends le bras. Je sonne.
Derrière la grille en fer, il y a le gazon, qui m'agace à être aussi vert, et la porte de devant, qui, à présent, s'ouvre.
Une jeune femme sort pour m'accueillir, mais elle ne s'approche pas. Appuyée contre le chambranle, elle reste près de la porte qu'elle vient d'ouvrir. Sa silhouette est élancée, gracieuse. L'espace de quelques secondes, elle me regarde.
Je sens la sueur tremper mon dos, pourtant j'ai froid. Mon cœur ne tient plus dans ma poitrine, pas plus que ma langue dans ma bouche ou mes yeux dans leurs orbites. Je halète comme un chien. J'ai envie de pleurer, j'ai envie de crier : « ma fille ! », mais je n'arrive même pas à respirer.
Je me contente d'attendre sa question : « Que voulez-vous ? ». « Que tu m'écoutes », « que tu m'écoutes, s'il te plaît », m'apprêté-je à lui répondre. De l'intérieur, on entend une voix. Cette voix que je reconnaîtrais entre mille.
— Qui est-ce, Laura ?
Laurita pivote, me tourne le dos, rentre dans la maison. Avant qu'elle ferme la porte, sa réponse, indifférente, sans doute lasse, me parvient :
— Personne, maman, un mendiant.