Nous avons presque terminé Basta ! Bolivie. Ne reste qu'une poignée de textes, pour lesquels j'aimerais qu'on se mette en commando afin de boucler ; il s'agit de celui travaillé par Hélène et Guillaume, puis «¿Culpable?», «Confesión», travaillé par Nieves et «Mejor antes» travaillé par Rachel.
Plateforme communautaire et participative de traduction espagnol / français ; français / espagnol – Université Paris Nanterre
vendredi 19 janvier 2018
Projet Basta ! Morgane – texte 2
GOLPES EN LOS SUEÑOS
solo cuenta el techo como testigo silencioso lágrimas inéditas en las fronteras de la luna promesas de futuro edulcorado se esconden debajo de la mesa cada golpe certero sigue a la ofensa delirante el miedo taciturno impera se yergue absoluto atropellando sueños sorbos de café cercano oyen tristes las quejas serenas todo lo tuvo un día ahora la nada es dueña
Traduction temporaire :
Coups dans les rêves
Seul compte le toit comme témoin silencieux larmes inédites aux frontières de la lune promesses d'un futur édulcoré se dissimulent sous la table chaque coup précis suit l'insulte délirante la peur taciturne domine elle se dresse absolue écrasant des rêves des gorgées du dernier café entendent tristes les plaintes sereines tout cela lui prit un jour maintenant le néant est maître
Coups dans les rêves
Seul compte le toit comme témoin silencieux larmes inédites aux frontières de la lune promesses d'un futur édulcoré se dissimulent sous la table chaque coup précis suit l'insulte délirante la peur taciturne domine elle se dresse absolue écrasant des rêves des gorgées du dernier café entendent tristes les plaintes sereines tout cela lui prit un jour maintenant le néant est maître
mercredi 17 janvier 2018
Projet Justine / Elena – texte 173
Dormir en campo ajeno
El campesino observa a la muchacha que descubre dormida en sus tierras. Deja el palo de aguaribay con el que se ayuda para realizar las tareas de labranza y toma a la desconocida en sus brazos. Camina sosteniéndola hasta la vieja cisterna en desuso y allí la deposita (ha de estar extenuada, continúa durmiendo). Se aproxima una tormenta, debe apurar el trabajo, adelantarse a la lluvia. —Los perros tendrán comida suficiente —murmura para sí mientras corre a recoger su arado rudimentario.
Traduction temporaire :
Dormir dans le champ d'autrui
Le paysan observe la jeune femme qu'il découvre endormie sur ses terres. Il pose son bâton en bois de faux poivrier sur lequel il s'appuie pour les travaux de labour et prend l'inconnue dans ses bras. Il la porte jusqu'à la vieille citerne à l'abandon ; là, il la dépose (elle doit être exténuée, elle dort toujours). Un orage approche, il doit se dépêcher de finir son travail, être en avance sur la pluie. — Les chiens auront assez à manger, murmure-t-il pour lui-même en courant chercher sa charrue rudimentaire.
Dormir dans le champ d'autrui
Le paysan observe la jeune femme qu'il découvre endormie sur ses terres. Il pose son bâton en bois de faux poivrier sur lequel il s'appuie pour les travaux de labour et prend l'inconnue dans ses bras. Il la porte jusqu'à la vieille citerne à l'abandon ; là, il la dépose (elle doit être exténuée, elle dort toujours). Un orage approche, il doit se dépêcher de finir son travail, être en avance sur la pluie. — Les chiens auront assez à manger, murmure-t-il pour lui-même en courant chercher sa charrue rudimentaire.
Projet Justine / Elena – texte 172
Uno sobre dos
Camina por las calles de Baltimore, busca a una mujer joven que se le ha perdido. Y un escarabajo de oro. Si pudiera recordar quién es, sabría dónde buscar; por eso camina sin rumbo. —Todo lo que necesito es un mapa —dice con voz aguardentosa. Hurga dentro de sus bolsillos. No los reconoce, como si las ropas que usa fuesen ajenas. Introduce las manos temblorosas dentro de la camisa, palpa su cuerpo magro, frío como el de un muerto. Ha bebido demasiado, ha bebido porque le gusta, aunque también es posible que le hayan obligado. Eso le pasa, si es que le pasó, por ser un pobre diablo. En Baltimore se sabe cómo los políticos sacan partido de pobres diablos como ése. Las rodillas se doblan contra el empedrado, pero logra apoyar las manos a tiempo para no golpearse el rostro. En esta noche oscura podría confundirse con un perro. Cuidadosamente, despacio, se recuesta. Siente que todo es una herida. Algo punza su mejilla derecha, una espina, un clavo, una piedra. Vomita cierto líquido amarillo. —Encontré al escarabajo. Falta ella.
Traduction temporaire :
Un sur deux
Il marche dans les rues de Baltimore, cherche une jeune femme qu'il a perdue. Et un scarabée d'or. S'il arrivait à se rappeler qui elle est, il saurait où chercher ; raison pour laquelle, il marche sans but. —Todo lo que necesito es un mapa —dice con voz aguardentosa. Hurga dentro de sus bolsillos. No los reconoce, como si las ropas que usa fuesen ajenas. — Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'une carte, déclare-t-il d'une voix imprégnée d'eau de vie. Il fouille dans ses poches. Ne les reconnait pas, comme si les vêtements qu'il porte appartenaient à quelqu'un d'autre. Il glisse ses mains tremblantes dans les poches de la chemise, palpe son corps maigre, froid comme celui d'un mort. Il a trop bu ; il a bu parce qu'il aime ça, bien qu'il soit possible aussi qu'on l'y ait obligé. Cela lui arrive, si tant est que cela lui soit arrivé, parce que c'est un pauvre diable. À Baltimore, on sait comment les politiques tirent profit de pauvres diables comme lui. Ses genoux plient sur les pavés, mais il parvient à prendre appui sur ses mains juste à temps pour lui permettre d'éviter de se cogner le visage. Dans cette nuit noire, on pourrait le confondre avec un chien. Il s'allonge lentement, précautionneusement. Il a la sensation que son corps n'est qu'une immense blessure. Quelque chose pique sa joue droite : une épine, un clou, une pierre. Il vomit un liquide jaune. — J'ai trouvé le scarabée. Il ne manque qu'elle.
Un sur deux
Il marche dans les rues de Baltimore, cherche une jeune femme qu'il a perdue. Et un scarabée d'or. S'il arrivait à se rappeler qui elle est, il saurait où chercher ; raison pour laquelle, il marche sans but. —Todo lo que necesito es un mapa —dice con voz aguardentosa. Hurga dentro de sus bolsillos. No los reconoce, como si las ropas que usa fuesen ajenas. — Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'une carte, déclare-t-il d'une voix imprégnée d'eau de vie. Il fouille dans ses poches. Ne les reconnait pas, comme si les vêtements qu'il porte appartenaient à quelqu'un d'autre. Il glisse ses mains tremblantes dans les poches de la chemise, palpe son corps maigre, froid comme celui d'un mort. Il a trop bu ; il a bu parce qu'il aime ça, bien qu'il soit possible aussi qu'on l'y ait obligé. Cela lui arrive, si tant est que cela lui soit arrivé, parce que c'est un pauvre diable. À Baltimore, on sait comment les politiques tirent profit de pauvres diables comme lui. Ses genoux plient sur les pavés, mais il parvient à prendre appui sur ses mains juste à temps pour lui permettre d'éviter de se cogner le visage. Dans cette nuit noire, on pourrait le confondre avec un chien. Il s'allonge lentement, précautionneusement. Il a la sensation que son corps n'est qu'une immense blessure. Quelque chose pique sa joue droite : une épine, un clou, une pierre. Il vomit un liquide jaune. — J'ai trouvé le scarabée. Il ne manque qu'elle.
Projet Justine / Elena – texte 171
Al otro lado del silencio
Soy la cuerda rota de la que tiraron los asesinos; sin embargo, eso no me detiene, hijo. Con el rostro vuelto hacia las tierras cálidas del norte tomo aire, una inspiración profunda hasta sentir que la vida se me ha impregnado de sol, y giro. —El movimiento es cuidadosamente descuidado, como hecho al azar: no confío en el cese de hostilidades del enemigo—. La dirección ahora es el sur, esas Malvinas heladas que hiciste tuyas con tu sangre. Y ahora, qué importa si tengo la entrada a las islas prohibida, vigilada o regulada, lentamente, desde esta Córdoba donde cada baldosa se llama rebeldía, soplo el sol que aspiré sobre esa cruz que te recuerda.
Traduction temporaire :
De l'autre côté du silence
Mon fils, je suis la corde rompue que les assassins ont tirée ; cela ne m'arrête pas pour autant. Le visage tourné vers les terres chaudes du nord, je prends l'air, une profonde inspiration, jusqu'à sentir que la vie m'a imprégnée de soleil, puis je pivote. — Le mouvement est soigneusement négligé, comme fait au hasard : je me méfie de l'interruption des hostilités par l'ennemi. — Maintenant, il faut aller ver le sud, les Malouines gelées que tu as faites tiennes avec ton sang. Et maintenant, qu'importe si l'accès à ces îles m'est interdit, ou si mon entrée est surveillée ou régulée, je souffle lentement le soleil que j'ai inhalé sur la croix en ton souvenir, depuis cette Córdoba où chaque dalle s'appelle rébellion.
De l'autre côté du silence
Mon fils, je suis la corde rompue que les assassins ont tirée ; cela ne m'arrête pas pour autant. Le visage tourné vers les terres chaudes du nord, je prends l'air, une profonde inspiration, jusqu'à sentir que la vie m'a imprégnée de soleil, puis je pivote. — Le mouvement est soigneusement négligé, comme fait au hasard : je me méfie de l'interruption des hostilités par l'ennemi. — Maintenant, il faut aller ver le sud, les Malouines gelées que tu as faites tiennes avec ton sang. Et maintenant, qu'importe si l'accès à ces îles m'est interdit, ou si mon entrée est surveillée ou régulée, je souffle lentement le soleil que j'ai inhalé sur la croix en ton souvenir, depuis cette Córdoba où chaque dalle s'appelle rébellion.
mardi 16 janvier 2018
Projet Chloé T – phrases 48-49
La guió hasta la sala, donde se reunieron con tres sacerdotes que estaban sentados entre la primera mujer de su padre y su madre, que tenía la cara enrojecida por el llanto. La niña los miró asombrada; no eran humildes como el que oficiaba las ceremonias de la aldea, sus vestiduras eran elegantes y habían venido en el carro de vapor.
Traduction temporaire :
Il la guida jusqu’à la pièce où ils se réunirent avec trois prêtres assis entre la première femme de son père et sa mère, dont le visage était rougi par les pleurs. La fillette les regarda, étonnée ; ce n’étaient pas des gens modestes comme celui qui célébrait les cérémonies au village. Leurs vêtements étaient élégants et ils étaient venus en voiture à vapeur.
Il la guida jusqu’à la pièce où ils se réunirent avec trois prêtres assis entre la première femme de son père et sa mère, dont le visage était rougi par les pleurs. La fillette les regarda, étonnée ; ce n’étaient pas des gens modestes comme celui qui célébrait les cérémonies au village. Leurs vêtements étaient élégants et ils étaient venus en voiture à vapeur.
lundi 8 janvier 2018
Projet Justine / Elena – texte 170
Página 18
A PROVINCIA DE CÓRDOBA, VILLA CARLOS PAZ LAS DIFERENTES OPINIONES SE PROFUNDIZAN
“La Fuente de la Eterna Juventud es una desgracia para el pueblo”, reza el cartel que, al calor de las circunstancias, improvisó un pequeño grupo de vecinos aledaños a la zona del descubrimiento. Estas palabras fueron es- critas en contraposición a las declaraciones que Rogelio Suarez, 34 años, desempleado, erigiéndose en portavoz de los vendedores callejeros, efec- tuara a los medios: “Otra como ésta no se me va a dar: las 28 capas de plástico que vendí entre los que esperan para tomarse algunos tragos, con- siguen el pan que mis hijos necesitan”. Mientras tanto, un fuerte cordón policial se despliega alrededor de los majuelos que bordean el terreno de la Casa del Milagro, según se ha dado en llamar a la casa (calle Monteagudo número 81) de cuyas canillas brota el agua en cuestión. Las autoridades no logran un acuerdo, de modo que el acceso a este “milagro” continúa prohibido. La luctuosa fila de gente que aguarda ingresar sólo avanza cuando se produce algún deceso. Tres cuerpos sin vida fueron retirados el día de ayer; según trascendió, la causa de estas muertes habría sido la hipotermia. Aun así, la extensa columna sigue aumentando. Con el ánimo enturbiado por esta exasperante situación, los más viejos exigen prioridad de paso, como así también los enfermos terminales, los minusválidos y algunas mujeres. Resulta bochornoso ob- servar a los ciegos que, intentando imponer su voluntad, agitan los bastones como estoques, o a nuestros ancianos agredirse con sus bocas desdentadas. La policía no interfiere. Acusados de indolencia por la sociedad, sólo los jóvenes se mantienen ajenos al conflicto: —¿Por qué vamos a gastar energía en esto? Nosotros somos eternos.
Traduction temporaire :
Dans la province de Córdoba, Villa Carlos Paz, les différentes opinions se creusent
« La Fontaine de Jouvence est un malheur pour le village », indique l'affiche inspirée par les circonstances. Elle a été improvisée par un petit groupe de voisins près de la zone de la découverte. Ces mots ont été écrits en opposition aux déclarations que Rogelio Suarez, 34 ans, au chômage, a faites dans les médias en s'érigeant en porte-parole des vendeurs ambulants : « Une opportunité pareille ne se représentera pas à moi : les 28 couvertures de survie en plastique que j'ai vendues à ceux qui attendent pour boire quelques verres me fournissent le pain dont mes enfants ont besoin. » Pendant ce temps, un solide barrage policier se déploie autour des aubépines qui bordent le terrain de la Maison du Miracle, comme on l'a appelée (au numéro 81 de la Calle Monteagudo), où l'eau de la fontaine jaillit des robinets. Les autorités ne parvenant pas à un accord, l'accès à ce « miracle » continue d'être interdit. La tragique file de gens qui attend pour entrer n'avance que quand un décès survient. Trois corps sans vie ont été retirés hier dans la journée ; d'après la rumeur, ces morts seraient dues à l'hypothermie. Malgré cela, la longue colonne n'en continue pas moins de s'allonger. L'esprit embrouillé par cette situation exaspérante, les plus vieux exigent de passer en priorité, ainsi que les malades en phase terminale, les handicapés et certaines femmes. Il est abject d'observer les aveugles qui, tentant d'imposer leur volonté, agitent leurs cannes blanches tels des estocs, ou nos anciens s'agresser avec leurs bouches édentées. La police n'intervient pas. Accusés d'indolence par la société, seuls les jeunes gens restent en dehors du conflit : — Pourquoi aller dépenser notre énergie là-dedans ? Nous, nous sommes éternels.
Dans la province de Córdoba, Villa Carlos Paz, les différentes opinions se creusent
« La Fontaine de Jouvence est un malheur pour le village », indique l'affiche inspirée par les circonstances. Elle a été improvisée par un petit groupe de voisins près de la zone de la découverte. Ces mots ont été écrits en opposition aux déclarations que Rogelio Suarez, 34 ans, au chômage, a faites dans les médias en s'érigeant en porte-parole des vendeurs ambulants : « Une opportunité pareille ne se représentera pas à moi : les 28 couvertures de survie en plastique que j'ai vendues à ceux qui attendent pour boire quelques verres me fournissent le pain dont mes enfants ont besoin. » Pendant ce temps, un solide barrage policier se déploie autour des aubépines qui bordent le terrain de la Maison du Miracle, comme on l'a appelée (au numéro 81 de la Calle Monteagudo), où l'eau de la fontaine jaillit des robinets. Les autorités ne parvenant pas à un accord, l'accès à ce « miracle » continue d'être interdit. La tragique file de gens qui attend pour entrer n'avance que quand un décès survient. Trois corps sans vie ont été retirés hier dans la journée ; d'après la rumeur, ces morts seraient dues à l'hypothermie. Malgré cela, la longue colonne n'en continue pas moins de s'allonger. L'esprit embrouillé par cette situation exaspérante, les plus vieux exigent de passer en priorité, ainsi que les malades en phase terminale, les handicapés et certaines femmes. Il est abject d'observer les aveugles qui, tentant d'imposer leur volonté, agitent leurs cannes blanches tels des estocs, ou nos anciens s'agresser avec leurs bouches édentées. La police n'intervient pas. Accusés d'indolence par la société, seuls les jeunes gens restent en dehors du conflit : — Pourquoi aller dépenser notre énergie là-dedans ? Nous, nous sommes éternels.
Projet Elsa / Sabrina – phrases 13-18
A la derecha tan sólo hay una puerta, mitad metal y mitad vidrio. El vidrio está tapado por adentro con una cortina de tela burda y flores rosas. Una señora abre la puerta. Trae un trapeador en la mano y te indica que pases por un lado en lo que se seca el piso. Ahorita sale la señora Ramírez, contesta sin que le hayas preguntado nada. Te sientas en la silla de un comedor, el mantel lleno de migas y manchas de salsa.
Traduction temporaire :
Sur la droite, il y a juste une porte, mi-métallique, mi-vitrée. À l’intérieur, la vitre est recouverte d'un rideau en toile grossière et à fleurs roses. Une femme ouvre la porte. Elle tient une serpillière à la main et te fait signe de passer sur le côté, le temps que le sol sèche.Madame Ramirez arrive tout de suite, répond-elle sans que tu lui aies rien demandé. Tu t'assieds à une table. La nappe est pleine de miettes et couverte de tâches de sauce.
Sur la droite, il y a juste une porte, mi-métallique, mi-vitrée. À l’intérieur, la vitre est recouverte d'un rideau en toile grossière et à fleurs roses. Une femme ouvre la porte. Elle tient une serpillière à la main et te fait signe de passer sur le côté, le temps que le sol sèche.Madame Ramirez arrive tout de suite, répond-elle sans que tu lui aies rien demandé. Tu t'assieds à une table. La nappe est pleine de miettes et couverte de tâches de sauce.
samedi 6 janvier 2018
Projet Justine / Elena – texte 169
Descartar imágenes
Dispuesta a quedarse dejó sobre la vereda el colchón mugroso que acarreaba. Las piernas, deformes, parecían dolerle. Se acostó con difi- cultad. Ni siquiera tenía unos diarios para cubrirse; daba la impresión de ser muy vieja. Anochecía. Las calles estaban desiertas, quizá a causa del frío. Desde mi departamento vi que un grupo de chicos se acercaba caminando por San Jerónimo; al doblar en Independencia, casi tropiezan con ella. Entre risotadas prendieron fuego al colchón. El foco de la esquina, las lla- mas y la escasa claridad que el cielo aún conservaba brindaron luz suficiente. Al principio estaba entusiasmado, miraba la filmación a cada rato y se la pasé a varios amigos, hasta que me aburrió. Acabé por eliminarla.
Traduction temporaire :
Écarter des images
Prête à rester, elle posa sur le trottoir le matelas crasseux qu'elle transportait. Ses jambes déformées semblaient la faire souffrir. Elle se coucha avec difficulté. Elle n'avait même pas de journaux pour se couvrir ; elle donnait l'impression d'être très vieille. La nuit tombait. Les rues étaient désertes, peut-être à cause du froid. De mon appartement, je vis qu'un groupe de jeunes garçons marchant dans San Jerónimo s'en approchait ; en tournant dans Independencia, ils faillirent trébucher sur elle. Entre deux éclats de rire, ils mirent le feu au matelas. Le lampadaire du coin de la rue, les flammes et la faible clarté encore présente dans le ciel apportèrent suffisamment de lumière. Au début, j'étais enthousiaste, je regardais le film tout le temps, puis je l'ai passé à plusieurs amis, jusqu'à ce que je m'en lasse. J'ai fini par l'éliminer.
Écarter des images
Prête à rester, elle posa sur le trottoir le matelas crasseux qu'elle transportait. Ses jambes déformées semblaient la faire souffrir. Elle se coucha avec difficulté. Elle n'avait même pas de journaux pour se couvrir ; elle donnait l'impression d'être très vieille. La nuit tombait. Les rues étaient désertes, peut-être à cause du froid. De mon appartement, je vis qu'un groupe de jeunes garçons marchant dans San Jerónimo s'en approchait ; en tournant dans Independencia, ils faillirent trébucher sur elle. Entre deux éclats de rire, ils mirent le feu au matelas. Le lampadaire du coin de la rue, les flammes et la faible clarté encore présente dans le ciel apportèrent suffisamment de lumière. Au début, j'étais enthousiaste, je regardais le film tout le temps, puis je l'ai passé à plusieurs amis, jusqu'à ce que je m'en lasse. J'ai fini par l'éliminer.
Projet Justine / Elena – texte 168
Criaturas
Silenciados, por fin, aquellos espantosos estruendos de los bombardeos, aquietadas todas las armas, estos pocos sobrevivientes aún no comprenden que la guerra terminó y huyen, continúan huyendo sin necesidad, hacia ninguna parte. De pronto, una nube de mariposas atraviesa el río en el que ahuecan las manos para saciar la sed. En medio de la desolación que los circunda, la sutil energía del vuelo les acerca recuerdos de un mundo que creen perdido. —¿Dónde está la vida? —pregunta una joven con la voz quebrada por el morral de lágrimas que guarda entre las costillas. Los rigores del brutal enfrentamiento los ha llevado a olvidar que la vida, esa poderosa hembra, camina junto a ellos y siempre apuesta a favor de sí misma. Por tal motivo, pronto la primavera pondrá hojas en los árboles y algún nido. Entonces, quizá sólo por aquel atávico reflejo de imitación que los domina, nuestro desorbitado grupo de zaparrastrosos buscará refugio, se asentará. Llegado ese tiempo, la joven que formuló la pregunta se dejará enamorar por unos bellos ojos, tan desamparados como ella pero leales y fuertes, y su voz será canción de cuna. La vida, esa incansable soñadora, ama el frágil vuelo de las mariposas.
Traduction temporaire :
Créatures
Réduit au silence, enfin, l'effroyable vacarme des bombardements, apaisées toutes les armes, les rares survivants ne comprennent pas encore que la guerre est finie et fuient, ils continuent de fuir, sans obligation, vers nulle part. Une nuée de papillons traverse soudain le fleuve dans lequel les mains puisent pour étancher la soif. Au milieu de la désolation qui les entoure, la subtile énergie de ce vol leur apporte des souvenirs d'un monde qu'ils croient perdu. Où est la vie ? demande une jeune fille, la voix brisée par le sac de larmes qu'elle garde entre ses côtes. Les rudesses de cet affrontement brutal les ont amenés à oublier que la vie, cette puissante femelle, marche à côté d'eux et parie toujours en faveur d'elle-même. Voilà pourquoi le printemps mettra des feuilles sur les arbres, ainsi qu'un nid. Alors, peut-être seulement à cause de l'atavique réflexe d'imitation qui le gouverne, notre extravagant groupe de loqueteux cherchera-t-il un refuge, s'y établira. Le moment venu, la jeune femme qui avait posé la question tombera sous le charme de beaux yeux aussi désemparés qu'elle, mais loyaux et forts, et sa voix se fera berceuse. La vie, cette rêveuse infatigable, aime le vol fragile des papillons.
Traduction temporaire :
Créatures
Réduit au silence, enfin, l'effroyable vacarme des bombardements, apaisées toutes les armes, les rares survivants ne comprennent pas encore que la guerre est finie et fuient, ils continuent de fuir, sans obligation, vers nulle part. Une nuée de papillons traverse soudain le fleuve dans lequel les mains puisent pour étancher la soif. Au milieu de la désolation qui les entoure, la subtile énergie de ce vol leur apporte des souvenirs d'un monde qu'ils croient perdu. Où est la vie ? demande une jeune fille, la voix brisée par le sac de larmes qu'elle garde entre ses côtes. Les rudesses de cet affrontement brutal les ont amenés à oublier que la vie, cette puissante femelle, marche à côté d'eux et parie toujours en faveur d'elle-même. Voilà pourquoi le printemps mettra des feuilles sur les arbres, ainsi qu'un nid. Alors, peut-être seulement à cause de l'atavique réflexe d'imitation qui le gouverne, notre extravagant groupe de loqueteux cherchera-t-il un refuge, s'y établira. Le moment venu, la jeune femme qui avait posé la question tombera sous le charme de beaux yeux aussi désemparés qu'elle, mais loyaux et forts, et sa voix se fera berceuse. La vie, cette rêveuse infatigable, aime le vol fragile des papillons.
Projet Justine / Elena – texte 167
Perpendicular a usted
Al nacer el hombre escoge uno de los tres caminos de la vida, y no hay otros; vas hacia la derecha y los lobos te comen, vas hacia la izquierda y tú te comes a los lobos, vas derecho y te comes a ti mismo. Anton Chejov
El destino de las frutas Sale el sol. Te sorprende, no lo esperabas. —Se va a derretir la última nieve —pensás. Nunca te gustó estar desnudo. Retirás las sábanas, te vestís. Ella se despierta, toma un durazno. —Hace frío —comentás. Quisieras saber qué te irrita. Muerde la pulpa, la traga con su cáscara. —Triste destino ser fruta —decís. Las palabras se oyen como si vos también estuvieses masticando algo. La observás comer. El jugo resbala por su boca. Sentís el impulso de beberlo de sus labios, pero no te movés. Ella deja caer el carozo. Reconocés que continúa siendo hermosa. O que vos la seguís viendo hermosa. Mientras, te ponés la corbata, el pullover, el saco; y la calefacción te agobia; y te odiás. Porque estás sudando y se nota. Recogés el carozo. —¿Ya te vas? —pregunta ella. —Tengo mucho que hacer. Se va a derretir la nieve y odio manejar en el barro. El sol vuelve a ocultarse. La habitación queda en penumbras. No encontrás las llaves del auto. Ella, sin vestirse, te las alcanza con un pañuelo para que te seques la transpi- ración de la cara. Lo hace sonriendo, con la sonrisa de una madre tierna ante un hijo caprichoso. Caminás hacia la puerta. Volvés la cabeza. Estás mirándola y pensando lo que todavía no te atrevés a decir en voz alta: “quiero que me des el divorcio.” Ella encorva la espalda, cruza los brazos cubriendo el pecho. Un gesto de pudor. En tantos años de casados, un gesto que nunca habías visto.
El destino de las frutas Sale el sol. Te sorprende, no lo esperabas. —Se va a derretir la última nieve —pensás. Nunca te gustó estar desnudo. Retirás las sábanas, te vestís. Ella se despierta, toma un durazno. —Hace frío —comentás. Quisieras saber qué te irrita. Muerde la pulpa, la traga con su cáscara. —Triste destino ser fruta —decís. Las palabras se oyen como si vos también estuvieses masticando algo. La observás comer. El jugo resbala por su boca. Sentís el impulso de beberlo de sus labios, pero no te movés. Ella deja caer el carozo. Reconocés que continúa siendo hermosa. O que vos la seguís viendo hermosa. Mientras, te ponés la corbata, el pullover, el saco; y la calefacción te agobia; y te odiás. Porque estás sudando y se nota. Recogés el carozo. —¿Ya te vas? —pregunta ella. —Tengo mucho que hacer. Se va a derretir la nieve y odio manejar en el barro. El sol vuelve a ocultarse. La habitación queda en penumbras. No encontrás las llaves del auto. Ella, sin vestirse, te las alcanza con un pañuelo para que te seques la transpi- ración de la cara. Lo hace sonriendo, con la sonrisa de una madre tierna ante un hijo caprichoso. Caminás hacia la puerta. Volvés la cabeza. Estás mirándola y pensando lo que todavía no te atrevés a decir en voz alta: “quiero que me des el divorcio.” Ella encorva la espalda, cruza los brazos cubriendo el pecho. Un gesto de pudor. En tantos años de casados, un gesto que nunca habías visto.
Traduction temporaire :
Perpendiculaire à vous
Le destin des fruits. Le soleil se lève. Cela te surprend, tu ne t'y attendais pas.
— La dernière neige va fondre, penses-tu. Tu n'as jamais aimé être nu. Tu retires les draps, tu t'habilles. Elle se réveille, prend une pêche.
— Il fait froid, annonces-tu. Tu aimerais savoir ce qui t'irrite. Elle mord la pulpe, l'avale avec la peau. — Triste destin que celui d'un fruit, dis-tu. Tes mots résonnent comme si toi aussi tu mâchais quelque chose.
Tu l'observes manger. Le jus coule sur sa bouche. Tu as envie de le boire à ses lèvres, mais tu ne bouges pas. Elle laisse tomber le noyau. Tu admets qu'elle est encore belle. Ou que tu la trouves toujours belle. Pendant ce temps, tu enfiles ta cravate, ton pull, ta veste ; et le chauffage t’étouffe ; et tu te détestes. Parce que tu transpires et que ça se voit. Tu ramasses le noyau. — Tu pars déjà ? demande-t-elle.
— J'ai beaucoup de choses à faire. La neige va fondre et je déteste conduire dans la boue. Le soleil se cache de nouveau.
La chambre est dans la pénombre. Tu ne trouves pas tes clés de voiture. Sans s'habiller, elle te rattrape, un mouchoir à la main, pour que tu essuies ton visage en sueur. Elle te le tend en souriant, affichant le sourire d'une mère tendre face à un enfant capricieux.Tu vas vers la porte. Tu tournes la tête. Tu la regardes en pensant à ce que tu n'oses pas encore dire à voix haute : « je veux que tu acceptes de divorcer. » Elle courbe le dos, croise les bras sur sa poitrine pour la cacher. Un geste de pudeur. Un geste qu'après toutes ces années de mariage, tu n'avais jamais vu.
Perpendiculaire à vous
Le destin des fruits. Le soleil se lève. Cela te surprend, tu ne t'y attendais pas.
— La dernière neige va fondre, penses-tu. Tu n'as jamais aimé être nu. Tu retires les draps, tu t'habilles. Elle se réveille, prend une pêche.
— Il fait froid, annonces-tu. Tu aimerais savoir ce qui t'irrite. Elle mord la pulpe, l'avale avec la peau. — Triste destin que celui d'un fruit, dis-tu. Tes mots résonnent comme si toi aussi tu mâchais quelque chose.
Tu l'observes manger. Le jus coule sur sa bouche. Tu as envie de le boire à ses lèvres, mais tu ne bouges pas. Elle laisse tomber le noyau. Tu admets qu'elle est encore belle. Ou que tu la trouves toujours belle. Pendant ce temps, tu enfiles ta cravate, ton pull, ta veste ; et le chauffage t’étouffe ; et tu te détestes. Parce que tu transpires et que ça se voit. Tu ramasses le noyau. — Tu pars déjà ? demande-t-elle.
— J'ai beaucoup de choses à faire. La neige va fondre et je déteste conduire dans la boue. Le soleil se cache de nouveau.
La chambre est dans la pénombre. Tu ne trouves pas tes clés de voiture. Sans s'habiller, elle te rattrape, un mouchoir à la main, pour que tu essuies ton visage en sueur. Elle te le tend en souriant, affichant le sourire d'une mère tendre face à un enfant capricieux.Tu vas vers la porte. Tu tournes la tête. Tu la regardes en pensant à ce que tu n'oses pas encore dire à voix haute : « je veux que tu acceptes de divorcer. » Elle courbe le dos, croise les bras sur sa poitrine pour la cacher. Un geste de pudeur. Un geste qu'après toutes ces années de mariage, tu n'avais jamais vu.
Projet Justine / Elena – texte 166
Zumo astral
Luna tiene las ubres secas y él lo sabe, sin embargo, con la vista fija en Ella, pasa la noche revolviendo en su boca los nombres sagrados. Ojo de Madre, Luz Nocturna, Pastora de Estrellas. Revuelve palabras y letras, Madre de Estrellas, Pastora Nocturna, Astro Azul, Mar en los Ojos. Con una voz melodiosa, tan dulce que se diría de niño, canta éstos y otros nombres, impronunciables para cualquier lengua que no fuera la suya, hasta que el gallo llama al día. En silencio, entonces, eleva y ahueca las palmas: la divina, sanadora leche lunar debiera caer sobre ellas. Un líquido hediondo, de incierto origen, está ahora en poder del ambicioso hechicero.
Traduction temporaire :
Suc astral
La lune a les mamelles taries et il le sait. Cependant, les yeux rivés sur Elle, il passe la nuit à retourner les noms sacrés dans sa bouche. Œil de Mère, Lumière Nocturne, Bergère d'Étoiles. Il retourne des mots et des lettres. Mère d'Étoiles, Bergère Nocturne, Astre Bleu, Mer dans les Yeux.Avec une voix mélodieuse, si douce qu'on dirait celle d'un enfant, il chante ces noms-là et d'autres, imprononçables dans n'importe quelle autre langue que la sienne, jusqu'à ce que le coq appelle le jour. En silence, tu lèves alors les mains et ouvres les paumes : le divin et curatif lait lunaire devrait tomber dessus. Un liquide nauséabond, d'origine incertaine est désormais entre les mains de l'ambitieux sorcier.
Traduction temporaire :
Suc astral
La lune a les mamelles taries et il le sait. Cependant, les yeux rivés sur Elle, il passe la nuit à retourner les noms sacrés dans sa bouche. Œil de Mère, Lumière Nocturne, Bergère d'Étoiles. Il retourne des mots et des lettres. Mère d'Étoiles, Bergère Nocturne, Astre Bleu, Mer dans les Yeux.Avec une voix mélodieuse, si douce qu'on dirait celle d'un enfant, il chante ces noms-là et d'autres, imprononçables dans n'importe quelle autre langue que la sienne, jusqu'à ce que le coq appelle le jour. En silence, tu lèves alors les mains et ouvres les paumes : le divin et curatif lait lunaire devrait tomber dessus. Un liquide nauséabond, d'origine incertaine est désormais entre les mains de l'ambitieux sorcier.
Projet Justine / Elena – texte 165
Soberbia
La niña ubica sobre la repisa, con cuidado, la plaqueta que acaban de otorgarle al padre. —Un galardón más —dice él, aburrido, mientras observa su imagen en el espejo que adorna la suntuosa habitación donde trabaja. Ve un hombre al que muchos admiran, ciudadano ilustre, escritor consagrado. Olvida la presencia de su hija y comienza a recorrer la habitación con pasos lentos, enfocado en el próximo nudo narrativo, o quizá en el próximo título, o en las palabras a pronunciar cuando le otorguen el premio que, intuye, este nuevo título engendrará. La niña observa el modo en que su padre ronda la habitación y, sin explicarse el motivo, recuerda el extraño comienzo de un cuento que leyó la maestra en el aula: “Cierto mono camina la jaula que lo apresa disfrutando el escozor que provoca el roce de su piel contra los barrotes.”
Traduction temporaire :
Orgueil
La petite fille pose prudemment sur l'étagère la plaque qu'on vient de remettre à son père.
— Un prix de plus, dit-il avec lassitude, tout en observant son image dans le miroir qui orne la somptueuse pièce où il travaille. Il voit un homme que beaucoup admirent, un citoyen illustre, un écrivain consacré. Il oublie la présence de sa fille et se met à arpenter la pièce à pas lents, focalisé sur son prochain nœud narratif, ou peut-être sur son prochain titre, ou sur les mots qu'il devra prononcer quand on lui décernera le prix que ce nouveau titre apportera, il le pressent. La fillette observe la façon dont son père fait les cent pas dans la pièce et, sans s'en expliquer la raison, elle se rappelle l'étrange début d'un conte que la maîtresse a lu en classe : « Un singe marche dans la cage qui l'emprisonne en éprouvant du plaisir à sentir la brûlure provoquée par le frottement de sa peau contre les barreaux. »
Orgueil
La petite fille pose prudemment sur l'étagère la plaque qu'on vient de remettre à son père.
— Un prix de plus, dit-il avec lassitude, tout en observant son image dans le miroir qui orne la somptueuse pièce où il travaille. Il voit un homme que beaucoup admirent, un citoyen illustre, un écrivain consacré. Il oublie la présence de sa fille et se met à arpenter la pièce à pas lents, focalisé sur son prochain nœud narratif, ou peut-être sur son prochain titre, ou sur les mots qu'il devra prononcer quand on lui décernera le prix que ce nouveau titre apportera, il le pressent. La fillette observe la façon dont son père fait les cent pas dans la pièce et, sans s'en expliquer la raison, elle se rappelle l'étrange début d'un conte que la maîtresse a lu en classe : « Un singe marche dans la cage qui l'emprisonne en éprouvant du plaisir à sentir la brûlure provoquée par le frottement de sa peau contre les barreaux. »
vendredi 5 janvier 2018
Projet Basta ! Danny – texte 4
VIRGINIA RIQUELME
Se derretirá cada partícula que eleves en mi contra, serán cenizas tus palabras, cada uno de tus gritos. No será necesario apuntarte, no hará falta hincar mi rodilla una vez más porque no serás espada ni nombre ni viento, mientras yo me levanto y soy cada vez más y cada vez más nube, más aire, menos tor- menta. Un poco más cerrojo, ballesta, un poco más tren, sexo y tallo. Y tú por debajo, hecho sangre, hecho nada, sin existir más que en el dolor, hasta que amanezca y tan siquiera eso.
Traduction temporaire :
VIRGINIA RIQUELME
Chaque particule que tu élèveras contre moi se dissoudra.
VIRGINIA RIQUELME
Chaque particule que tu élèveras contre moi se dissoudra.
Projet Justine / Elena – texte 164
Envidia
Se mira en un trozo de espejo que los enanos tienen colgado en el cuartucho. Está flaca, ojerosa. —Exceso de trabajo —murmura para sí con rabia. En la foto del periódico, su madre, espléndida: el dinero de la corona paga las cirugías que mantienen esa juventud ficticia que ella ahora observa mientras siente que se ahoga en una sustancia helada, pegajosa. No perderá sus mejores años escondida en un bosque trabajando como criada para siete tacaños. —Inoculá tu veneno en esta manzana —ordena. La serpiente obedece, no se arriesga a sufrir las consecuencias terribles que podría acarrearle otro problema con una mujer. Coloca el fruto envenenado en una canastilla y acude a palacio.
Traduction temporaire :
Jalousie
Elle se regarde dans un morceau de miroir que les nains ont accroché dans leur taudis. Elle est maigre, elle a des cernes. — Excès de travail, murmure-t-elle pour elle-même avec rage. Sur la photo du journal, sa mère est splendide : l'argent de la couronne paie les actes chirurgicaux lui permettant de préserver cette jeunesse fictive, qu'elle observe maintenant avec la sensation de se noyer dans une substance gelée, collante. Elle ne va pas perdre les meilleures années de sa vie cachée dans une forêt, à travailler comme domestique au service de sept radins. — Inocule ton venin dans cette pomme, ordonne-t-elle. Le serpent obéit, il ne prend pas le risque de subir les conséquences terribles qu'aurait pour lui un autre problème avec une femme. Il met le fruit empoisonné dans un petit panier en osier et se rend au palais.
Jalousie
Elle se regarde dans un morceau de miroir que les nains ont accroché dans leur taudis. Elle est maigre, elle a des cernes. — Excès de travail, murmure-t-elle pour elle-même avec rage. Sur la photo du journal, sa mère est splendide : l'argent de la couronne paie les actes chirurgicaux lui permettant de préserver cette jeunesse fictive, qu'elle observe maintenant avec la sensation de se noyer dans une substance gelée, collante. Elle ne va pas perdre les meilleures années de sa vie cachée dans une forêt, à travailler comme domestique au service de sept radins. — Inocule ton venin dans cette pomme, ordonne-t-elle. Le serpent obéit, il ne prend pas le risque de subir les conséquences terribles qu'aurait pour lui un autre problème avec une femme. Il met le fruit empoisonné dans un petit panier en osier et se rend au palais.
Projet Justine / Elena – texte 163
Vaivén
Sus dedos pequeños y ágiles presionan tus ancas de madera, impulsándote. “¡Arre! ¡Arre caballito!”, grita. Vos te hamacás y él corre al ritmo del trote imaginario hasta que cesa tu vaivén. Se sienta a tu lado, acaricia tus veinte centímetros de alzada, te hace confidencias. Yacés sobre tu costado izquierdo, al fondo de la caja. Él busca un punto de apoyo, hace el esfuerzo de agacharse, te levanta. Limpia el polvo que te cubre (setenta años de polvo). Intenta pararte sobre una de sus palmas. Resbalás, caés sobre tu costado de siempre (como si los muchos años transcurridos en esa posición hubiesen creado hábito). Su mano semeja un nido tembloroso, frágil. Te mira. “Arre”, murmura.
Traduction temporaire :
Va-et-vient
Ses petits doigts agiles font pression sur ta croupe en bois, cherchant à t'aiguillonner. « Hue ! Hue, cheval à bascule ! » crie-t-il. Toi, tu bascules et, lui, il court au rythme du trot imaginaire, jusqu'à l'arrêt de ton va-et vient. Il s'assied à tes côtés, caresse tes vingt centimètres de hauteur au garrot, te fait des confidences. Tu gis sur ton flanc gauche, au fond de la boîte. Lui, il cherche un point d'appui, fait l'effort de se baisser, te relève. Il nettoie la poussière dont tu es recouvert (soixante-dix ans de poussière). Il essaie de te faire tenir en équilibre sur l'une de ses paumes. Tu glisses, tu tombes sur ton flanc, toujours le même, (comme si tes nombreuses années passées dans cette position avaient crée l'habitude). Sa main ressemble à un nid tremblant, fragile. Il te regarde. « Hue ! », murmure-t-il.
Va-et-vient
Ses petits doigts agiles font pression sur ta croupe en bois, cherchant à t'aiguillonner. « Hue ! Hue, cheval à bascule ! » crie-t-il. Toi, tu bascules et, lui, il court au rythme du trot imaginaire, jusqu'à l'arrêt de ton va-et vient. Il s'assied à tes côtés, caresse tes vingt centimètres de hauteur au garrot, te fait des confidences. Tu gis sur ton flanc gauche, au fond de la boîte. Lui, il cherche un point d'appui, fait l'effort de se baisser, te relève. Il nettoie la poussière dont tu es recouvert (soixante-dix ans de poussière). Il essaie de te faire tenir en équilibre sur l'une de ses paumes. Tu glisses, tu tombes sur ton flanc, toujours le même, (comme si tes nombreuses années passées dans cette position avaient crée l'habitude). Sa main ressemble à un nid tremblant, fragile. Il te regarde. « Hue ! », murmure-t-il.
Projet Justine / Elena – texte 162
La conquista perpetua
La Luz Mala* se asoma a través de los juncos, observa el reflejo del río y comprueba que su fulgor supera a las estrellas. Tal error de perspectiva sería suficiente para hacerla feliz; sin embargo, no es dichosa: él la atormenta. Quinientos años atrás, él, un hombre cuya piel pálida era extraña en estas tierras, llegó a través del mar. Su diestra sostenía con fiereza un puñal al que la luz de la luna confería un halo azul. A lomos de un caballo flaco y al grito de “¡oro, oro, busco oro, quiero plata y oro!”, escarbó legua tras legua las latitudes que ella aún habita. Frustrado, enloquecido de ira tras comprobar la total ausencia de los metales nobles que intentaba procurarse, clavó el puñal en el pecho del primer nativo que salió a su encuentro y en el del primer toro que pretendió hacerle frente. Luego se marchó por donde había venido, aferrado a su bolsa súbitamente enriquecida con el corazón de los dos. Con el filo del puñal romo y la tez de un muerto, azul de tan blanca, de vez en cuando regresa. Y se repite la historia. Cada vez que ella cree escuchar los cascos de un caballo acercándose, corre a ocultarse entre los huesos que riegan el campo. —La muerte es un escondite inexpugnable —murmura siempre. *RAE Arg. y Ur. Fuego fatuo que producen los huesos en descomposición y que la superstición atribuye a las almas en pena de los muertos sin sepultura.
Traduction Temporaire :
La conquête perpétuelle
Le Feu Follet se penche à travers les joncs, observe le reflet du fleuve et constate que sa lumière brille plus que les étoiles. Une telle erreur de perspective devrait suffire à la rendre heureuse ; ce n'est pourtant pas le cas : lui, il la tourmente. Cinq cents ans plus tôt, lui, un homme dont la peau pâle était inconnue sur ces terres, arriva par la mer. Dans la main droite, il tenait férocement un poignard que la lumière de la lune enveloppait d'un halo bleu. Juché sur un cheval famélique et criant « de l'or, de l'or, je cherche de l'or, je veux de l'argent et de l'or », lieue après lieue, il fouilla les latitudes qu'elle habite toujours. Frustré, fou de colère après avoir constaté l'absence totale des métaux précieux qu'il tentait de se procurer, il planta son poignard dans la poitrine du premier autochtone qui vint à sa rencontre et dans le poitrail du premier taureau qui prétendit l'affronter. Puis il repartit par où il était venu, cramponné à son sac subitement garni de leurs deux cœurs. Le tranchant de son poignard émoussé et le teint cadavérique, d'un blanc tel qu'il tire sur le bleu, il revient de temps en temps. Et l'histoire se répète. Chaque fois qu'elle croit entendre les sabots d'un cheval à l'approche, elle court se cacher au milieu des ossements qui parsèment la campagne. — La mort est une cachette inexpugnable, murmure-t-elle toujours.
La conquête perpétuelle
Le Feu Follet se penche à travers les joncs, observe le reflet du fleuve et constate que sa lumière brille plus que les étoiles. Une telle erreur de perspective devrait suffire à la rendre heureuse ; ce n'est pourtant pas le cas : lui, il la tourmente. Cinq cents ans plus tôt, lui, un homme dont la peau pâle était inconnue sur ces terres, arriva par la mer. Dans la main droite, il tenait férocement un poignard que la lumière de la lune enveloppait d'un halo bleu. Juché sur un cheval famélique et criant « de l'or, de l'or, je cherche de l'or, je veux de l'argent et de l'or », lieue après lieue, il fouilla les latitudes qu'elle habite toujours. Frustré, fou de colère après avoir constaté l'absence totale des métaux précieux qu'il tentait de se procurer, il planta son poignard dans la poitrine du premier autochtone qui vint à sa rencontre et dans le poitrail du premier taureau qui prétendit l'affronter. Puis il repartit par où il était venu, cramponné à son sac subitement garni de leurs deux cœurs. Le tranchant de son poignard émoussé et le teint cadavérique, d'un blanc tel qu'il tire sur le bleu, il revient de temps en temps. Et l'histoire se répète. Chaque fois qu'elle croit entendre les sabots d'un cheval à l'approche, elle court se cacher au milieu des ossements qui parsèment la campagne. — La mort est une cachette inexpugnable, murmure-t-elle toujours.
Projet Justine / Elena – texte 161
Después de gozar
Luego de nadar y zambullirse jugando con la espuma, después de gozar del sol y de que el viento ondee su pelo, mientras canta, la sirena se duerme hamacándose sobre las olas. La tripulación está en cubierta, sin entender. El timonel acerca el barco con cuidado.
—Es un pescado, vamos a comerlo —dice el contramaestre.
—¡Es una mujer! ¡A violarla! —grita uno de los marineros
Las opiniones de los hombres se dividen y están a punto de llegar a las manos.
—¡Alto! —exclama el capitán. Las miradas se clavan en él.
—Aquí no hay motivo de discusión —declara en tono conciliador—. Sepárense en dos filas.
Traduction temporaire :
Après la jouissance
Après avoir nagé et s'être immergée en jouant avec l'écume, après avoir joui du soleil et du vent ondulant dans ses cheveux, la sirène s'endort en se balançant sur les vagues et en chantant. L'équipage est sur le pont, sans comprendre. Le barreur approche le bateau avec précaution.
— C'est un poisson, mangeons-le, déclare le premier-maître.
— C'est une femme ! Il faut la violer ! cria l'un des marins. Les opinions des hommes divergent et ils manquent d'en venir aux mains.
— Halte ! s'écrie le capitaine. Les regards se braquent sur lui.
— Il n'y a là aucune raison de vous disputer, dit-il sur un ton conciliant. Séparez-vous en deux rangées.
Luego de nadar y zambullirse jugando con la espuma, después de gozar del sol y de que el viento ondee su pelo, mientras canta, la sirena se duerme hamacándose sobre las olas. La tripulación está en cubierta, sin entender. El timonel acerca el barco con cuidado.
—Es un pescado, vamos a comerlo —dice el contramaestre.
—¡Es una mujer! ¡A violarla! —grita uno de los marineros
Las opiniones de los hombres se dividen y están a punto de llegar a las manos.
—¡Alto! —exclama el capitán. Las miradas se clavan en él.
—Aquí no hay motivo de discusión —declara en tono conciliador—. Sepárense en dos filas.
Traduction temporaire :
Après la jouissance
Après avoir nagé et s'être immergée en jouant avec l'écume, après avoir joui du soleil et du vent ondulant dans ses cheveux, la sirène s'endort en se balançant sur les vagues et en chantant. L'équipage est sur le pont, sans comprendre. Le barreur approche le bateau avec précaution.
— C'est un poisson, mangeons-le, déclare le premier-maître.
— C'est une femme ! Il faut la violer ! cria l'un des marins. Les opinions des hommes divergent et ils manquent d'en venir aux mains.
— Halte ! s'écrie le capitaine. Les regards se braquent sur lui.
— Il n'y a là aucune raison de vous disputer, dit-il sur un ton conciliant. Séparez-vous en deux rangées.
jeudi 4 janvier 2018
Projet Basta ! Justine / Elena – texte 160
Ante la ira de Dios
La cueva tiene una ventaja: su entrada se disimula tras el ancho tronco de un molle. Entonces, ella muda allí sus míseras pertenencias, se esconde. Ocurre que ella, que vio morir a los hijos que parieron sus entrañas y a los hijos de sus hijos, que sufrió incontables hambrunas, pestes y guerras y que, mucho antes de estos holocaustos, tuvo fortaleza suficiente para no enloquecer mientras oía los aullidos agónicos de los hombres, ante la ira de Dios, cuando el gran diluvio; ella, ahora, no tolera el juego, se diría inocente, con el cual los niños que malviven en la paupérrima región se alivian el ocio. Su extraordinaria decrepitud asombra y divierte a los pequeños impulsándolos a la acción, a la actividad simple, brusca, torpe. Descubierto, o develado por los adultos, que no puede morir, le lanzan piedras entre guiños, corridas, burlas y risas. La observan sangrar, desplomarse, reptar hasta su choza con las escasas fuerzas que le quedan después del ataque. La exquisita sensibilidad de su piel le informa que viene hacia el pueblo otro de su misma condición. Se adentra aún más en su escondite recién estrenado y sonríe: estos críos tendrán un nuevo blanco para afinar su puntería. Ocurre que los pocos inmortales que hay en el mundo, entre ellos nunca fueron amigos.
Traduction temporaire :
Face à la colère de Dieu
La grotte a un avantage : son entrée est dissimulée derrière le large tronc d'un faux-poivrier. Alors, elle y déménage ses maigres affaires, s'y cache. Il se trouve qu'elle, qui a vu mourir les enfants sortis de ses entrailles et les enfants de ses enfants, qui a souffert d'innombrables famines, pestes et guerres, et qui, bien avant ces holocaustes, a eu, au moment du grand déluge, la force nécessaire pour ne pas devenir folle en entendant les cris des hommes à l'agonie, face à la colère de Dieu ; désormais, elle ne tolère plus le jeu, qu'on pourrait qualifier d' « innocent », avec lequel les enfants vivant misérablement dans cette région très pauvre occupent leur oisiveté. Son extraordinaire décrépitude étonne et amuse les petits, les poussant à agir, simplement, brusquement, maladroitement. Ayant découvert qu'elle ne peut mourir, ou le fait étant dévoilé par les adultes, ils lui jettent des pierres entre clins d’œil, courses poursuite, moqueries et rires. Ils l'observent saigner, s'écrouler, ramper jusqu'à sa hutte avec le peu de forces qui lui restent après leur attaque. L'exquise sensibilité de sa peau l'informe qu'un autre individu de sa condition est en route vers le village. Elle s'enfonce davantage dans sa cachette récemment inaugurée et sourit : ces gosses auront une nouvelle cible pour apprendre à viser juste. Il s'avère que les rares immortels dans le monde ne sont jamais devenus amis.
Face à la colère de Dieu
La grotte a un avantage : son entrée est dissimulée derrière le large tronc d'un faux-poivrier. Alors, elle y déménage ses maigres affaires, s'y cache. Il se trouve qu'elle, qui a vu mourir les enfants sortis de ses entrailles et les enfants de ses enfants, qui a souffert d'innombrables famines, pestes et guerres, et qui, bien avant ces holocaustes, a eu, au moment du grand déluge, la force nécessaire pour ne pas devenir folle en entendant les cris des hommes à l'agonie, face à la colère de Dieu ; désormais, elle ne tolère plus le jeu, qu'on pourrait qualifier d' « innocent », avec lequel les enfants vivant misérablement dans cette région très pauvre occupent leur oisiveté. Son extraordinaire décrépitude étonne et amuse les petits, les poussant à agir, simplement, brusquement, maladroitement. Ayant découvert qu'elle ne peut mourir, ou le fait étant dévoilé par les adultes, ils lui jettent des pierres entre clins d’œil, courses poursuite, moqueries et rires. Ils l'observent saigner, s'écrouler, ramper jusqu'à sa hutte avec le peu de forces qui lui restent après leur attaque. L'exquise sensibilité de sa peau l'informe qu'un autre individu de sa condition est en route vers le village. Elle s'enfonce davantage dans sa cachette récemment inaugurée et sourit : ces gosses auront une nouvelle cible pour apprendre à viser juste. Il s'avère que les rares immortels dans le monde ne sont jamais devenus amis.
Projet Basta ! Justine / Elena – texte 159
Palo viejo y astilla
¿Qué es un fantasma? Un hombre que se ha desvanecido hasta ser impalpable, por muerte, por ausencia, por cambio de costumbres. James Joyce El frío le cala los huesos. Da vueltas en la cama, enciende la luz y se levanta. Cuenta los pasos que da cruzando una y otra vez el dormitorio en el que duerme solo desde que ella se mudó al que ocupaban los chicos.
―Así vamos a estar más cómodos. Comprueba que sus papeles están en orden, que cada media tiene su par, que el cuadro con la foto de los dos sigue en su sitio. Se asoma a la ventana, mira la noche. Intenta en vano distraerse, lleva tres años aburrido, desde la jubilación. Vuelve la espalda a la luna. Y lo ve. Desnudo, tranquilo, sentado sobre las sábanas revueltas, está el fantasma del joven que él fue. El visitante lo observa y él, de repente memorioso, recuerda todos sus antiguos proyectos y deseos, y aquellas promesas y aquel sueño que nunca confesó, porque, quizá, fuera irrealizable. Recuerda las excusas. Los ojos del otro continúan sobre él. Siente que sus venas sufren la embestida de caudales extraños, como olas. Y cuenta esas olas que rompen cruzando una y otra vez su propio torrente. Demasiada sal raspando la garganta le hace que le crezcan las ganas de excusarse frente al otro:
—Hice lo que pude —quiere decir. Grita, sin palabras. Aúlla como un animal. Sentado sobre las sábanas revueltas está el fantasma del joven que él fue.
―¡Hice lo que pude! ―grita. Aúlla como un animal.
Traduction en cours d'élaboration dans les commentaires :
Tel maître, tel valet
"Qu'est-ce qu'un fantôme ?" dit Stephen plein de vibrante énergie. "Quelqu'un qui s'est évanui dans l'impalpable par la mort, l'absence, le changement de monde." James Joyce
Le froid pénètre ses os. Il se retourne dans son lit, allume la lumière et se lève. Il compte les pas qu'il fait en arpentant encore et encore la chambre où il dort seul depuis qu'elle est partie dans celle qu'occupaient les enfants. — Comme ça, on sera plus à l'aise. Il vérifie que ses papiers sont en ordre, que chacune de ses chaussettes a sa jumelle, que le cadre avec la photo où ils sont tous les deux est toujours à sa place. Il se poste devant la fenêtre, regarde la nuit. Il tente en vain de se distraire. Cela fait trois ans qu'il s'ennuie, depuis qu'il est à la retraite. Il tourne le dos à la lune. Soudain, il le voit. Nu, serein, assis sur les draps froissés, se tient le fantôme du jeune homme qu'il a été. Le visiteur l'observe, et lui, ayant soudain retrouvé la mémoire se rappelle tous ses anciens projets et désirs, et ces promesses, ainsi que ce rêve jamais avoué, peut-être parce qu'il était irréalisable. Il se rappelle les excuses. Les yeux de l'autre sont toujours fixés sur lui. Il sent que ses veines subissent l'assaut de débits étrangers, telles des vagues. Puis il les compte, ces vagues qui se brisent en traversant encore et encore son propre torrent.
Traduction en cours d'élaboration dans les commentaires :
Tel maître, tel valet
"Qu'est-ce qu'un fantôme ?" dit Stephen plein de vibrante énergie. "Quelqu'un qui s'est évanui dans l'impalpable par la mort, l'absence, le changement de monde." James Joyce
Le froid pénètre ses os. Il se retourne dans son lit, allume la lumière et se lève. Il compte les pas qu'il fait en arpentant encore et encore la chambre où il dort seul depuis qu'elle est partie dans celle qu'occupaient les enfants. — Comme ça, on sera plus à l'aise. Il vérifie que ses papiers sont en ordre, que chacune de ses chaussettes a sa jumelle, que le cadre avec la photo où ils sont tous les deux est toujours à sa place. Il se poste devant la fenêtre, regarde la nuit. Il tente en vain de se distraire. Cela fait trois ans qu'il s'ennuie, depuis qu'il est à la retraite. Il tourne le dos à la lune. Soudain, il le voit. Nu, serein, assis sur les draps froissés, se tient le fantôme du jeune homme qu'il a été. Le visiteur l'observe, et lui, ayant soudain retrouvé la mémoire se rappelle tous ses anciens projets et désirs, et ces promesses, ainsi que ce rêve jamais avoué, peut-être parce qu'il était irréalisable. Il se rappelle les excuses. Les yeux de l'autre sont toujours fixés sur lui. Il sent que ses veines subissent l'assaut de débits étrangers, telles des vagues. Puis il les compte, ces vagues qui se brisent en traversant encore et encore son propre torrent.
Projet Justine / Elena – texte 158
Archivo de los otros
El Cuco se para junto al hombre que duerme y roba su sueño. Pasa de una alcoba a otra. Acumula sueños, tantos como quepan en su bolsa. Es su antigua rutina, autoimpuesta, que completa lamentándose mientras revisa el botín. Lamentarse es un proceso, lo conoce de memoria. Comienza al contar su tesoro y no puede evitar hacerlo con el mismo susurro que emplearía un glotón al elegir sus masas favoritas. Termina escribiendo la cifra final en un registro donde también detalla lo que observa al desplegarlos. Los sueños robados huelen; para elegir cuál tomará en primer término se deja guiar por ese olor. Y accede al que le atrae menos. Es su modo de jugar, su solitario de regla única: partir de las fantasías menores para llegar motivado a las visiones que abren camino, develan mundos, las visiones revolucionarias. Todas las mañanas se propone quedarse quieto, pero llega la noche y siempre le vence la ansiedad, el miedo a la inmovilidad y el dolor que le produce la palabra siempre al recordarle su opuesta. Jamás. Jamás pudo generar sus propios sueños. Todas las noches corre a buscar los ajenos. Están cada vez más lejos.
Traduction temporaire :
Dans les archives des autres
Le Croque-mitaine se poste près de l'homme qui dort et lui vole son rêve. Il passe d'une chambre à l'autre. Il accumule autant de rêves que peut en contenir son sac. C'est sa vieille routine, auto-imposée, qu'il complète en se lamentant alors qu'il scrute son butin. Se lamenter est un processus qu'il connaît par cœur. Il commence en comptant son trésor et ne peut s'empêcher de le faire avec le murmure d'un glouton choisissant ses viennoiseries préférées. Il termine en inscrivant le chiffre final sur un registre où il détaille également ce qu'il remarque en les dépliant. Les rêves volés ont une odeur ; pour choisir lequel il prendra en premier, il se laisse guider par leur odeur. Là, il accède à celui qui l'attire le moins. C'est sa façon de jouer, son solitaire a une seule règle : partir des bizarreries futiles pour atteindre motivé les visions qui frayent le chemin, dévoilent des mondes, les visions révolutionnaires. Tous les matins, il décide de rester tranquille, mais la nuit tombe et il est toujours vaincu par l'anxiété, la peur de l'immobilité et la douleur que le mot toujours produit en lui parce qu'il lui rappelle son contraire. Jamais. Jamais il n'a pu générer ses propres rêves. Toutes les nuits, il court chercher ceux des autres. Ils sont de plus en plus loin.
Dans les archives des autres
Le Croque-mitaine se poste près de l'homme qui dort et lui vole son rêve. Il passe d'une chambre à l'autre. Il accumule autant de rêves que peut en contenir son sac. C'est sa vieille routine, auto-imposée, qu'il complète en se lamentant alors qu'il scrute son butin. Se lamenter est un processus qu'il connaît par cœur. Il commence en comptant son trésor et ne peut s'empêcher de le faire avec le murmure d'un glouton choisissant ses viennoiseries préférées. Il termine en inscrivant le chiffre final sur un registre où il détaille également ce qu'il remarque en les dépliant. Les rêves volés ont une odeur ; pour choisir lequel il prendra en premier, il se laisse guider par leur odeur. Là, il accède à celui qui l'attire le moins. C'est sa façon de jouer, son solitaire a une seule règle : partir des bizarreries futiles pour atteindre motivé les visions qui frayent le chemin, dévoilent des mondes, les visions révolutionnaires. Tous les matins, il décide de rester tranquille, mais la nuit tombe et il est toujours vaincu par l'anxiété, la peur de l'immobilité et la douleur que le mot toujours produit en lui parce qu'il lui rappelle son contraire. Jamais. Jamais il n'a pu générer ses propres rêves. Toutes les nuits, il court chercher ceux des autres. Ils sont de plus en plus loin.
Projet Basta ! Hélène – texte 1
Velia Calvimontes
La pared
A vanzaba incontenible. Pisadas furiosas. Voces airadas. ¿Qué retumbaba más, el avance de la pared o el enloquecido tambor de su corazón? Unióse al Rosendo “Hasta que la muerte los separe...” pero el Rosendo, brioso río empujado por aguas aventureras desapareció. Sus dedos se cansaron de contar los días. Una mañana de trinos y suave aroma a juncos, renació el amor; fruta prohibida, era casado. Los gritos semejantes a hambrientos cernícalos avanzaban con la pared hiriendo la paz de los riscos. Cirilo rechazado fauno, espió la sombra que desaparecía tras la puerta de la espera. La pared implacable, tan cerca, ella sentía el olor de esos cuerpo enardecidos; ella reculando siempre, ya sin voz por el agotamiento de implorar. La alondra cantaba despidiéndose del dulce halo de luz del día. Ella retrocedió, sus pies sintieron el vacío. Su grito estremeció hasta los riscos del precipicio, la pared se detuvo al borde.
Traduction temporaire :
Velia Calvimontes
Le mur
Il avançait inexorablement. Enjambées furieuses. Voix enragées. Qu'est-ce qui résonnait le plus, l'avancée du mur ou le tambour effréné de son cœur ? Elle s'était unie à Rosendo « Jusqu'à ce que la mort vous sépare... », mais Rosendo, impétueux fleuve poussé par des eaux aventureuses, disparut. Ses doigts se lassèrent de compter les jours. Un matin de gazouillements et de léger arôme de roseaux, l'amour renaquit. Fruit défendu, il était marié. Les cris, semblables à des rapaces affamés, avançaient avec le mur, perçant la paix des rochers. Cirilo, faune rejeté, guetta l'ombre qui disparaissait derrière la porte de l'attente. Le mur implacable, si proche, elle sentait l'odeur de ces corps enflammés ; reculant toujours, désormais sans voix, épuisée d'implorer.L'alouette chantait, prenant congé du doux halo de la lumière du jour. Elle recula, ses pieds sentirent le vide. Son cri ébranla jusqu'aux rochers du précipice, le mur s'arrêta au bord.
Velia Calvimontes
Le mur
Il avançait inexorablement. Enjambées furieuses. Voix enragées. Qu'est-ce qui résonnait le plus, l'avancée du mur ou le tambour effréné de son cœur ? Elle s'était unie à Rosendo « Jusqu'à ce que la mort vous sépare... », mais Rosendo, impétueux fleuve poussé par des eaux aventureuses, disparut. Ses doigts se lassèrent de compter les jours. Un matin de gazouillements et de léger arôme de roseaux, l'amour renaquit. Fruit défendu, il était marié. Les cris, semblables à des rapaces affamés, avançaient avec le mur, perçant la paix des rochers. Cirilo, faune rejeté, guetta l'ombre qui disparaissait derrière la porte de l'attente. Le mur implacable, si proche, elle sentait l'odeur de ces corps enflammés ; reculant toujours, désormais sans voix, épuisée d'implorer.L'alouette chantait, prenant congé du doux halo de la lumière du jour. Elle recula, ses pieds sentirent le vide. Son cri ébranla jusqu'aux rochers du précipice, le mur s'arrêta au bord.
Projet Hélène / Audrey – phrases 175-176
En cuanto al origen de mi estado nervioso, la explicación que ofrecí no convenció a mi madre, que conocía muy bien mi tendencia a la fantasía y que pensaba que todo era un invento para justificar la pérdida de la cajita de música de mi abuela. Con mi padre las cosas fueron un poco mejor; por lo menos estaba dispuesto a escuchar mi historia tantas veces como me diera la gana, pero en él tampoco hallé la credibilidad que buscaba, sobre todo cuando en mi relato de lo ocurrido aquella noche llegaba al punto en que mencionaba la frase que, a los oídos de los adultos, debía sonar como el talán que indicaba que todo era fruto de mi exacerbada imaginación: «La tía de Rutka me quería comer».
Traduction temporaire :
Quant à l’origine de mon état de nervosité, ma mère ne fut pas convaincue par l’explication que je lui fournis, car elle connaissait bien mes tendances fantaisistes et ne voyait en tout cela que pure invention pour justifier la perte de la boîte à musique héritée de ma grand-mère. Avec mon père, les choses furent plus faciles ; lui, au moins, était disposé à écouter mon histoire autant de fois que je le voulais. Je ne trouvai cependant pas chez lui non plus l'approbation que je cherchais,surtout quand, dans mon récit de ce qui s’était passé ce soir-là, j’arrivais au moment où je prononçais la phrase qui devait retentir à l’oreille des adultes comme la sonnette d’alarme indiquant que tout était le fruit de mon imagination débordante : « La tante de Rutka voulait me manger ».
Quant à l’origine de mon état de nervosité, ma mère ne fut pas convaincue par l’explication que je lui fournis, car elle connaissait bien mes tendances fantaisistes et ne voyait en tout cela que pure invention pour justifier la perte de la boîte à musique héritée de ma grand-mère. Avec mon père, les choses furent plus faciles ; lui, au moins, était disposé à écouter mon histoire autant de fois que je le voulais. Je ne trouvai cependant pas chez lui non plus l'approbation que je cherchais,surtout quand, dans mon récit de ce qui s’était passé ce soir-là, j’arrivais au moment où je prononçais la phrase qui devait retentir à l’oreille des adultes comme la sonnette d’alarme indiquant que tout était le fruit de mon imagination débordante : « La tante de Rutka voulait me manger ».
mardi 2 janvier 2018
Projet Sabrina / Elsa – phrases 5-12
Te lo pasa varias veces por todo el cuerpo. No debes protestar, más bien te dejas. Si no nota nada raro, te dice que está bien y te rocía con un spray que huele a lavanda. Luego te indica las escaleras. Piso dos, dice, a la derecha. Subes y no debes dejar que te tiemblen las piernas porque es mala suerte. Subes y hay una rata muerta en el descanso, no la mires. Subes y llegas a un pasillo con el piso de mosaico nuevo, algo resbaloso.
Traduction temporaire :
Il te le passe plusieurs fois sur tout le corps. Tu ne dois pas protester ; au contraire, tu te laisses faire. S’il ne remarque rien d’anormal, il dit que tout va bien et il t’asperge avec un spray qui sent la lavande. Ensuite, il te signale les escaliers. Deuxième étage, indique-t-il, à droite. Tu montes et tu ne dois pas laisser trembler tes jambes parce que cela porte malheur. Tu montes et il y a un rat mort sur le palier, ne le regarde pas. Tu montes et tu arrives à un couloir, au sol carrelé de mosaïque neuve, un peu glissant.
Il te le passe plusieurs fois sur tout le corps. Tu ne dois pas protester ; au contraire, tu te laisses faire. S’il ne remarque rien d’anormal, il dit que tout va bien et il t’asperge avec un spray qui sent la lavande. Ensuite, il te signale les escaliers. Deuxième étage, indique-t-il, à droite. Tu montes et tu ne dois pas laisser trembler tes jambes parce que cela porte malheur. Tu montes et il y a un rat mort sur le palier, ne le regarde pas. Tu montes et tu arrives à un couloir, au sol carrelé de mosaïque neuve, un peu glissant.
Projet Elsa 2 – phrases 137-149
-Mucho se perdió entonces...
-Lo perdimos, Leila. Tú, y yo, y los otros. Viviendo sin límite alguno y con las Inteligencias Artificiales haciendo de nuestras niñeras nos hemos limitado a existir. No hay nuevas generaciones que ocupen nuestro lugar, no hay progreso. Estamos estancados, inmóviles. Sólo duramos, vemos las décadas pasar, y nos iremos apagando uno a uno, hasta que la humanidad ya no exista.
-Pero si conseguimos comprender el cambio en el genoma y revertirlo... Moriríamos, Nubai.
-Sí, Leila. Pero conquistaríamos la fertilidad. La Humanidad sobreviviría, y progresaría sin fin, cada vez más alto, como una espiral. Como la doble espiral del ADN.
Traduction temporaire :
– Bien des choses se sont perdues depuis…
– C'est nous qui les avons perdues, Leila. Toi, moi, les autres. En vivant sans aucune limite et avec les Intelligences Artificielles en guise de nourrices, nous nous sommes contentés d’exister. Il n’y a pas de nouvelles générations pour nous remplacer, pas de progrès.
– Bien des choses se sont perdues depuis…
– C'est nous qui les avons perdues, Leila. Toi, moi, les autres. En vivant sans aucune limite et avec les Intelligences Artificielles en guise de nourrices, nous nous sommes contentés d’exister. Il n’y a pas de nouvelles générations pour nous remplacer, pas de progrès.
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