mercredi 28 février 2018

Projet Justine / Elena – texte 187

Revolución

Ella había escrito: INTERESES DEVENGADOS A PAGAR $ 40, cuando el cuarenta empezó a moverse hasta que desapareció hundiéndose en profundidades de hoja blanca. “Igual que el pez dorado de Caty cuando busca el fondo de la pecera” exclamó atónita. Esa fue la primera desaparición pero después vinieron las otras y ella y Caty y los demás vieron cómo los números abandonaban sus puestos, algunos llevándose con ellos las cosas que representaban: ciertos documentos de uso comercial, algunas cédulas de identidad y varios edificios de departamentos se perdieron para siempre. Hubo cifras imposibles de ser representadas, o de recordar. Y hubo muertos, gente a las que les estallaba el corazón intentando decir la fecha de su cumpleaños. Ella se quedó sin amigos, sufrió una crisis y tuvieron que internarla. Hoy le han dado de alta. Y está decidida, quiere distraerse. Si es posible, olvidar. Toma a Caty de la mano.  —Vamos a la plaza —dice.  La hamaca favorita de Caty está ocupada. Hay un nueve allí, sobre la tabla. El nueve se flexiona e impulsa la hamaca que va y viene suavemente. Ella se agacha, cubre a la nena con sus brazos.  —Están de regreso —murmura.

Traduction temporaire :

Révolution

Elle avait écrit : INTÉRÊTS DÛS À PAYER $ 40, lorsque le quarante commença à bouger jusqu'à disparaître en s'enfonçant dans les profondeurs de la feuille blanche. « Comme le poisson doré de Caty quand il cherche le fond de l'aquarium ! », s'exclama-t-elle, étonnée. Ce fut la première disparition, mais après, il y eut les autres. Elle et Caty et tout le monde virent les chiffres abandonner leurs postes, certains emportant avec eux les choses qu'ils représentaient. Ce fut la première disparition, mais après, il y eut les autres : certains documents à usage commercial, quelques cartes d'identité et plusieurs immeubles d'habitations furent à jamais perdus. Il y eut des chiffres impossibles à représenter ou à se rappeler. Et il y eut des morts, des gens dont le cœur explosait alors qu'ils tentaient de donner la date de leur anniversaire.  Elle, elle se retrouva sans amis, elle traversa une crise et il fallut l'interner. Aujourd'hui, on l'a laissée sortir. Et, elle est décidée, elle veut se distraire. Si possible, oublier. Elle prend Caty par la main.
— Allons sur la place, propose-t-elle.
Le hamac préféré de Caty est occupé. Il y a un neuf, là sur la planche. Le neuf se fléchit et pousse le hamac qui va et vient doucement. Elle s'accroupit, enveloppe la petite de ses bras. — Ils sont de retour, murmure-t-elle.

Projet Justine / Elena – texte 186

Un mundo siempre nuevo

—El mal vive en las criaturas del monte porque su inocencia es absoluta y todo exceso es perverso —dice el cura, y ya todos sabemos que este domingo el sermón se ha disparado en mi contra. Con esa falsa modestia que caracteriza a los paridos en el orden oportuno, mis seis hermanos mayores murmuran “amén”. Yo espero esas noches como una fiesta, que el cura hable y que ellos sigan susurrando hasta el día del Juicio Final. Apenas la luna llena despunta, cierro los ojos y siento que me hamaco, y ese vaivén se acelera hasta que la fuerza salvaje me alcanza como un golpe. Entonces corro a través de un mundo siempre nuevo para mí, hecho a partir de dos olores primigenios: el de la presa, y el de la hembra. El problema con las hembras es el sol, porque el sol me confunde, logra que desee como hembras a las mismas que después la luna me demuestra que son presas. —Mirá Francisca que puede ser peligroso — le dije.  —Así me gusta  —respondió. No agregó mas,  sonreía. O pretendía hacer una mueca para mostrarme los dientes, no sé. De otras ocasiones no dudo, los muestra como si gruñera. —Aprovechar la luna para salir de caza armado con el propio hocico, no es digno de un buen cristiano —grita el cura desde el púlpito. Pobre viejo, parece cansado.

Traduction temporaire :

Un monde toujours nouveau

— Le mal habite chaque être des bois parce que leur innocence est absolue et tout excès pervers, dit le curé. Nous le savons tous, ce dimanche-ci, le sermon est contre moi. Avec cette fausse modestie qui caractérise les enfants venus au monde au moment opportun, mes six frères aînés murmurent « amen ». Je me fais à l'avance une fête de ces soirées où le curé parle et eux continuent de chuchoter jusqu'au jour du Jugement Dernier. Dès qu'apparaît la pleine lune, je ferme les yeux. Je sens que je me balance et ce va-et-vient s'accélère, jusqu'à ce que la force sauvage m'atteigne, tel un coup. Je cours alors à travers un monde toujours nouveau pour moi, fait à partir de deux odeurs primitives : celle de la proie et celle de la femelle. Le problème avec les femelles, c'est le soleil ; parce que le soleil me trompe, il réussit à me faire désirer ces femelles qui, la lune me le démontre plus tard, sont des proies. — Attention, Francisca, cela peut-être dangereux, l'ai-je prévenue. — C'est ça qui me plaît, s'est-elle contentée de répondre. Elle souriait. Ou voulait faire une grimace pour me montrer les dents, je ne sais pas. En d'autres occasions, je n'ai pas le moindre doute, elle les montre comme si elle grognait. — Profiter de la lune pour sortir chasser armé de son museau n'est pas digne d'un bon chrétien, crie le curé depuis la chaire. Pauvre vieux, il a l'air fatigué.

Projet Justine / Elena – texte 185

Truco

Paloma regurgita chistera. Juego de apariencias.  Chistera expulsa ilusionista. Engaño, trampa. Público hastiado busca hombre sin fisuras experto en el arte de domar ilusionistas.  Hechicero quebrado, en ruinas, reclama con urgencia grimorio que lo transmute en hombre entero. Nadie responde a su reclamo. Ordena Nadie: caminarás cuarenta días bajo el sol ardiente del desierto con sus cuarenta noches bajo el diluvio helado. Hechicero obedece. Camina, llega a una torre heptagonal, vence a los siete guardianes que la custodian, desciende a través del mar que se inquieta bajo ella, toma el grimorio que se apoya en las astillas de cristal del fondo y desanda el camino andado sólo para encontrar que cuanto tiene en sus manos, es un libro cuyas páginas no existen. Nadie lo hizo víctima de un truco. Hechicero, paloma en mano, engrosa número de ilusionistas.   Público aplaude sin ganas.

Traduction temporaire :

Tour de magie

Colombe régurgite haut-de-forme. Jeu d'apparences. Haut-de-forme expulse illusionniste. Duperie, piège. Public excédé cherche homme sans fissures expert dans l'art de dompter des illusionnistes. Sorcier brisé, en ruines, réclame de toute urgence un grimoire qui le transmute en homme entier. Personne répond à sa demande. Personne ordonne : tu marcheras quarante jours sous le soleil brûlant du désert et les quarante nuits correspondantes sous le déluge glacé. Sorcier obéit. Il marche, il arrive à une tour heptagonale, terrasse les sept gardiens qui la surveillent, descend par la mer qui s'agite en-dessous, s'empare du grimoire qui repose sur les éclats de verre au fond de l'eau, avant de revenir sur ses pas, pour découvrir que tout ce qu'il a dans les mains, c'est un livre dont les pages n'existent pas. Personne lui a fait subir un tour de magie. Colombe dans une main, sorcier grossit les rangs illusionnistes. Public applaudit à contrecœur.

Projet Chloé T – phrases 51-52

Así que viviría el sueño mexica: iba a cruzar el mar en avedetrueno con ellos para residir en Tenochtitlan, la capital del mundo, en donde crecería rodeada del lujo y la opulencia hasta que alcanzara la mayoría de edad. Entonces, sería sacrificada a Chicomecóatl Xilonen, diosa de la naturaleza, la fertilidad y el maíz, durante el día de Hueytecuilhuitl, la gran vigilia.

Traduction temporaire :

Elle allait donc vivre le rêve méchique : traverser la mer en oiseau-tonnerre avec eux pour résider à Tenochtitlán, la capitale du monde, où elle allait grandir dans le luxe et l’opulence, jusqu’à ce qu’elle atteigne sa majorité. Alors, elle allait être sacrifiée à Chicomecóatl Xilonen, la déesse de la nature, de la fertilité et du maïs, le jour de Hueytecuilhuitl, la grande veillée.

Projet Basta ! Hélène / Guillaume – texte 3

DANAE BRUGIATI BOUSSOUNIS

La culona

El bullerengue alborota la noche. Ella baila, sensual y alegre. El macho la ronda, la busca, se la lleva...
—Culona rica, ahora eres mía.
Luego, ella descubre que es cojo. Él, que ella es excelente cocinera y pone un restaurante en Panamá, Calle H. Su mal empeoró y desde la silla de ruedas sigue gritando Culona esto y lo otro.
—Ah, sabroso este mondongo a la culona. Tiene tu nombre, ese que te di cuando te tendí en el playón del río.  El descontento a fuego lento arde bajo el coqueto amarre fe- menino que sujeta su pelo cuscú.  Ayer, el periódico decía: “De los escombros del incendio del restaurante La Culona en calle H sacaron los restos irreconocibles del dueño quien quedó atrapado en su silla de ruedas”.
Al obtener su boleto de vuelta a casa, dijo en voz alta y clara: — Aledis Morgana Mathews Galván.

Traduction temporaire :

Beau cul

Le rythme du bullerengue agite la nuit. Elle danse, sensuelle et heureuse. Le mâle lui tourne autour, la cherche, l'emporte avec lui…
— T'es à moi, maintenant, beau cul.
Elle découvre ensuite qu'il est boiteux. Lui, qu'elle est une excellente cuisinière. Alors, il ouvre un restaurant à Panama, dans la rue H. Sa maladie empira, et depuis son fauteuil roulant, il continue de crier « Beau cul, fais ci, fais ça ! ».
— Délicieuse cette soupe de tripes du beau cul ! Il porte ton nom, celui que je t'ai donné quand je t'ai allongée sur la plage du fleuve. Sous le coquet chouchou féminin qui retient ses cheveux crépus, son agacement brûle à feu doux. Hier, le journal annonçait : "Incendie du restaurant Le Beau cul : la dépouille méconnaissable du propriétaire resté prisonnier de son fauteuil roulant a été extraite des décombres". En obtenant son billet de retour chez elle, elle lança distinctement à voix haute : — Aledis Morgana Mathews Galván.

jeudi 22 février 2018

Projet Justine / Elena – texte 184

La Partida

—Al Registro Civil —indica con una voz que no reconoce como propia desde el último lunes a la noche.  Poco tránsito en la calle, o así le parece. El conductor protesta contra las autoridades municipales y ella, por esas reglas de cortesía que su madre le inculcó de niña, se obliga a mantener una conversación. Puede hacerlo porque hoy ya es jueves, y es de día.  Ingresa al Registro y observa, cree observar, que hay una sola persona: el empleado tras el mostrador. No se percata del aire denso que la rodea, propio de los lugares cerrados con mucha gente, ni del ruido que esa gente provoca.  —¿Cuántas necesita?  —Tres —responde. No sabe cuántas Partidas de Defunción necesita, pero el empleado exige un número. El dolor en las piernas indica que esperó lar- go tiempo de pie antes de que este hombre la atendiese, pero ella no efectúa ese análisis.  Fuera, en la vereda, sujeta con la mano izquierda un papel pequeño donde se señala que tiene derecho a volver dentro de siete días, entonces le entregarán una Partida original más dos copias autenticadas. No se le ocurre que lo más lógico y prudente sería guardar el papel dentro de la cartera pero entiende, eso sí, que debe volver a su casa. Mira la avenida, siempre colapsada de vehículos; no ve a nadie.  Razona que si vuelve al amplio edificio del que acaba de salir encontrará que el empleado ha desaparecido, que está sola en un mundo vacío de vida.  No se sorprende. 

Traduction temporaire :

L'acte

— À l'État Civil, indique-t-elle avec une voix qu'elle ne reconnaît plus comme sienne depuis lundi soir dernier. Peu de circulation dans la rue, du moins lui semble-t-il. Le chauffeur proteste contre les autorités municipales, et elle, à cause des règles de politesse que sa mère lui a inculquées quand elle était petite, elle se force à tenir une conversation. Elle peut le faire parce qu'on est déjà jeudi et qu'il fait jour. Elle rentre à l'État civil et remarque, elle croit remarquer, qu'il n'y a qu'une personne : l'employé derrière le comptoir. Elle ne se rend pas compte de la densité de l'air qui l'entoure, propre aux lieux fermés et bondés, ni du bruit que font les gens.
— Combien vous en faut-il ?
— Trois, répond-elle.
Elle ignore de combien d'Actes de Décès elle a besoin, mais l'employé exige un nombre. La douleur dans ses jambes indique qu'elle a attendu longtemps debout avant que cet homme ne s'occupe d'elle, mais elle, elle ne fait pas cette analyse. Dehors, sur le trottoir, elle tient dans sa main gauche un petit papier indiquant qu'elle a le droit de revenir dans sept jours, que là, on lui remettra un Acte original et deux copies authentifiées. S'il ne lui vient pas à l'esprit que le plus logique et le plus prudent serait de ranger le papier dans son portefeuille, elle comprend en revanche parfaitement qu'elle doit rentrer chez elle. Elle regarde l'avenue, toujours bondée de véhicules ; elle ne voit personne. Elle se dit que si elle retourne dans le grand immeuble dont elle vient de sortir, elle découvrira que l'employé a disparu, qu'elle est seule dans un monde vide de vie. Elle n'est pas surprise.

Projet Justine / Elena – texte 183

La plegaria

Viene en contramano, toma mal una curva, derrapa, se desbarranca y cae en el patio de la vieja casona familiar. Construcción solitaria, hoy derruida, de la que salió huyendo treinta años antes nada más que por sentirle el gusto al afuera y ser su único, permisivo, jefe, y buscar lo que de todas maneras habría encontrado porque era su destino. De todo lo que tuvo sólo resta un gato azul, y ambos se acomodan en el último, infecto cuartucho.  Cada atardecer hunde el rostro en ese azul inefable y, por unos instantes, se apropia de lo perdido: aquellas risas, las únicas que hallaban eco en su corazón, aquellas caricias que amaba.  No recuerda cómo fue que hoy logró conseguir las mandarinas que componen su cena mientras su compañero sale de correría. Cigarrillos siempre tiene, eso sí. Fuma sin descanso. Cuando ve que el cielo comienza a clarear por alguna de sus puntas, vacía la taza que usó de cenicero y ventila el cuarto. Al gato no le gusta el olor a humo y volverá marcharse si oye esa tos cavernosa que le ahoga.  De pronto ve que la silueta felina se recorta, elegante e impasible, contra la ventana abierta.  Respira lenta, cuidadosamente.  —Un atardecer más —suplica.  Suplica, sí, y sin embargo su actitud no es la del suplicante. Nadie podría adivinar tras esa calma, ese dominio de la situación que muestra aún cuando nadie ve (y quizá más aún cuando nadie, excepto él, ve), la enormidad de su nostalgia.  El gato permanece en el alféizar.  Sin impaciencia (con un esbozo de sonrisa incluso, como quien entiende que la realidad es sólo un juego) comprueba lo que ya sabe: las mandarinas se acabaron anoche. 

Traduction temporaire :

La prière

Il arrive à contresens, prend mal un virage, dérape, chute et atterrit dans le jardin de la vieille demeure familiale. Construction solitaire, aujourd'hui en ruines, dont il s'était enfui trente ans plus tôt rien que pour sentir le goût de dehors, être son seul chef, un chef permissif, et chercher ce qu'il aurait de toute façon trouvé parce ce que c'était son destin. Sur tout ce qui lui avait appartenu, il ne reste qu'un chat bleu, et le duo s'installe dans la dernière piaule infecte. Chaque crépuscule, il enfouit son visage dans ce bleu ineffable et, l'espace d'un instant, se réapproprie ce qu'il a perdu : ces rires, les seuls qui trouvaient écho dans son cœur, ces caresses qu'il aimait. Il ne se rappelle pas comment aujourd'hui, il a réussi à obtenir les mandarines qui composent son repas, tandis que son compagnon part faire une escapade. Il a toujours des cigarettes, ça, oui ! Il fume sans relâche. Quand il voit que le ciel commence à s'éclaircir d'un côté, il vide la tasse qu'il a utilisée comme cendrier et aère la pièce. Son chat n'aime pas l'odeur de la fumée et repartira s'il entend cette toux caverneuse qui l'étouffe. Soudain, il voit que la silhouette féline se découpe, élégante et impassible, contre la fenêtre ouverte. Il respire lentement, prudemment. — Encore un crépuscule, supplie-t-il. Oui, il supplie, alors même que son attitude n'est pas celle d'un suppliant. Derrière son calme apparent et la maîtrise de la situation qu'il affiche même quand personne ne regarde (et peut-être plus encore quand personne ne regarde, sauf lui), personne ne pourrait deviner l'énormité de sa nostalgie. Le chat reste sur le rebord de la fenêtre. Sans la moindre impatience (esquissant même un sourire, comme celui qui comprend que la réalité n'est qu'un jeu), il constate ce qu'il sait déjà : les mandarines ont été terminées hier soir.

Projet Justine / Elena – texte 182

Memoria 

—Desde entonces escribo —dice, obviando el saludo.  Entonces es ayer, cuando el médico le aconsejó que anotara los datos básicos de su vida para “demorar la enfermedad”.  Muestra con orgullo la breve lista. País, Argentina. Escuela primaria, Carlos Paz. Luna de miel, Bariloche.  De pronto recuerdo a Macondo y la terrible epidemia del olvido. Macondo me relaja y abro las manos que no sé desde cuándo estaban cerradas en puño.  Su letra ha cambiado. Falta poco para que entre de modo definitivo en algún mundo dentro de su cabeza donde yo no exista. Llegado ese momento, seré quien escriba para recordar. Pondré una nota que diga Ma- má al mantel de la cocina, Mamá a los tapices que bordó, Mamá a la caja donde guarda desde mis primeros dibujos hasta la libreta de la Facultad. Colocaré una nota que diga Mamá al portafolio de papá: ella lo puso sobre la cama cuando él murió, contra la almohada, donde papá apoyaba la cabeza.  —Desde entonces escribo para no desconocerla —diré.

Traduction temporaire :

Mémoire

— Depuis j'écris, annonce-t-elle, oubliant de dire bonjour. Depuis, c'est hier, quand le médecin lui a conseillé de noter les informations basiques de sa vie pour « retarder la maladie ». Elle montre fièrement sa liste succincte. Pays : Argentine. École primaire : Carlos Paz. Lune de miel : Bariloche. Soudain, je me rappelle Macondo et la terrible peste de l'oubli.  Macondo me détend et j'ouvre les mains qui sont fermées poings serrés depuis je ne sais combien de temps. Son écriture a changé. D'ici peu, elle entrera définitivement dans un monde où je n'existerai pas, à l'intérieur de sa tête. À ce moment-là, je serai celui qui écrira pour me souvenir d'elle. Je mettrai un post-it où on lira Maman sur la nappe de la cuisine, Maman sur les tapisseries qu'elle a brodées, Maman sur la boîte où elle garde depuis mes premiers dessins jusqu'à mes cours de la fac. Je collerai un post-it où on lira Maman sur la sacoche de papa ; elle l'avait déposée sur leur lit quand il est mort, contre l'oreiller, là où papa posait sa tête. — Depuis, j'écris pour ne pas l'oublier, expliquerai-je. 

lundi 19 février 2018

Projet Basta ! Rachel – texte 9

MARÍA CLARA FERNÁNDEZ

Yo, bidimensional

Centenas y centenas detrás del volante de su auto. Expertas del maquillaje y el peinado sobre ruedas. El desayuno en una mano, el celular en la otra, conversan con sus hijos, colegas, consigo mis- mas. Se preparan para un día más de trabajo, de lucha, de saber, en ocasiones, que hacen lo mismo o más que ellos y ganan lo mismo o menos. El tranque avanza y todas voltean, jan sus miradas en mí, con anhelo y rabia a la vez.  Las veo día a día, y día a día me disculpo por los estándares absurdos que sin querer impongo. Me disculpo por cada moretón oculto tras el maquillaje, por mi adicción a la soda que edita el fotógrafo en un abrir y cerrar de ojos.  Perdón por hacerles pensar que esa imagen que ven en el espejo no es genuina, real, perfecta. En la vida real yo tampoco me veo como en la valla.   

Traduction temporaire :

MARÍA CLARA FERNÁNDEZ

Moi, bidimensionnelle

Des centaines et des centaines derrière le volant de leur voiture. Expertes en maquillage et coiffure sur roues. Le petit-déjeuner dans une main, le portable dans l'autre, elles discutent avec leurs enfants, avec leurs collègues, avec elles-mêmes. Elles se préparent pour un jour supplémentaire de travail, de lutte, de savoir, où elles font parfois la même chose qu'eux, voire plus et où elles gagnent la même chose, voire moins. L'embouteillage avance et elles tournent toutes la tête, fixent sur moi leurs regards, avec envie et rage. Je les vois jour après jour, et jour après jour je m'excuse pour les standards absurdes que j'impose sans le vouloir. Je m'excuse pour chaque hématome dissimulé derrière le maquillage, pour mon addiction au soda que le photographe publie en un clin d’œil. Pardon de leur faire croire que cette image qu'elles regardent dans leur miroir n'est pas authentique, réelle, parfaite. Dans la vraie vie, je ne me vois pas non plus comme sur le panneau publicitaire.

mercredi 14 février 2018

Projet Justine / Elena – texte 181

El rebelde

Sabe que es tarde para él, y sin embargo puede no serlo para su familia si actúa rápido.  Huye. Peregrina por diversos antros, a cual más inhóspito.  Cuando su amada logra evadir el cerco de vigilancia con el que aprietan los enemigos, lo visita. Llega con palabras que son besos, caricias, con pala- bras que acercan voces ausentes como el “te queremos papi” que tanto necesita oír, con el “te quiero” sin el cual no vive. Comparte con él la única riqueza que logró conservar: cajas con álbumes llenos de fotos, libros, me- lodías que susurran o recuerdan juntos.  Ocurre que aquellas visitas se distancian, o así lo siente él; entonces, la soledad duele como un puñal clavado en las entrañas. Sin las pupilas de ella no tiene un espejo donde reflejarse y comienza a olvidar quién es.  Un día, un momento en el tiempo que quizá estuvo escrito desde siempre en el destino de ambos, ella llega, lo mira, no lo reconoce.

Traduction temporaire :

Le rebelle

Il sait qu'il est trop tard pour lui, mais pas forcément pour sa famille, s'il agit vite. Il s'enfuit. Il erre dans divers antres, tous plus inhospitaliers les uns que les autres. Quand son amante parvient à contourner le siège grâce auquel l'ennemi fait pression, elle lui rend visite. Elle arrive avec des mots qui sont des baisers, des caresses, avec des mots qui rapprochent des voix absentes, comme leur « on t'aime, papa » qu'il a tant besoin d'entendre, avec son « je t'aime » sans lequel il ne vit pas. Elle partage avec lui la seule richesse qu'elle a réussi à garder : des boîtes remplies d'albums photos, de livres, de mélodies qu'ils susurrent ou se rappellent ensemble. Il s'avère que ces visites s'espacent, c'est du moins ainsi qu'il le ressent ; la solitude lui fait alors aussi mal qu'un poignard planté dans les entrailles. Sans ses pupilles à elle, il n'a pas de miroir où se refléter et il commence à oublier qui il est. Un jour, un moment dans le temps qui avait peut-être été écrit depuis toujours dans leur destin à tous les deux, elle arrive, le regarde et ne le reconnaît pas.

Projet Justine / Elena – texte 180

La faja

Escucha el informe médico, sostiene su mano y, si está despierto, miente:  —Pronto volvés a casa.  Deja una faja limpia que la enfermera usará para sostener el vientre recién operado y se lleva la sucia, la misma que luego, en su casa, enjabona y refriega con especial dedicación puesto que hoy, reuniendo fuerzas a pesar del mal que lo consume, él ha contestado “gracias” a su mentira.  —Bastante generosa soy, cuando hace años que estamos separados —razona en voz alta.  Si alguien preguntara a los hijos, responderían que no fue su padre quien decidió que debía marcharse.  Junto con el agua de enjuague, la sangre de él corre por las manos de ella.

Traduction temporaire :

La gaine

Elle écoute le compte-rendu du médecin, tient sa main, et s'il est réveillé, elle lui ment : — Tu rentres bientôt à la maison. Elle laisse une gaine propre que l'infirmière utilisera pour maintenir le ventre fraîchement opéré et emporte la sale, celle-là même que, de retour chez elle, elle savonne et frotte avec un dévouement spécial, parce qu'aujourd'hui, rassemblant ses forces malgré le mal qui le ronge, il a répondu « merci » à son mensonge.  — Preuve que je suis assez généreuse, alors que ça fait des années qu'on est séparés, se dit-elle à voix haute. Si quelqu'un demandait à leurs enfants, ils répondraient que ce ne fut pas leur père qui avait décidé qu'il devait partir. Mêlé à l'eau de rinçage, son sang à lui coule sur ses mains à elle.

Projet Hélène / Audrey – phrases 179-183

Su siguiente visita se produjo una tarde, doce días después. Esta vez me hallaba mirando la televisión en la habitación de mis padres cuando, sin mediar motivo, sentí una ráfaga de aire gélido filtrarse por debajo de la puerta. Un súbito temor me inundó. No obstante, me levanté y fui a hasta el pasillo. De la sala llegaban las voces de una conversación. A medio camino quedé inmóvil: sentada en un sillón frente al corredor y con una taza de té en la mano, se hallaba la causante de mi falta de sueño, mis terrores nocturnos y, en última instancia, a quien también achacaba la causa de mi enfermedad.

Traduction temporaire :

Leur visite suivante eut lieu une après-midi, douze jours après. Cette fois, j’étais en train de regarder la télévision dans la chambre de mes parents quand, sans aucune raison, je sentis un souffle d’air glacial s’infiltrer sous la porte. Une peur soudaine m'envahit. Pourtant, je me levai et allai jusqu’au couloir. Les voix d’une conversation me parvenaient du salon. À mi-chemin, je m’immobilisai : assise dans un fauteuil en face du couloir, une tasse de thé à la main, elle était là, la responsable de mon manque de sommeil, de mes terreurs nocturnes et, en fin de compte, la personne que je rendais coupable de ma maladie.

Projet Basta ! Barbara

PAOLA VALDÉS

Soy mujer

Soy mujer contodasmisletras la desesperanza en la
gaveta izquierda
aliada del recuerdo primordial
de veranos no correspondidos
Último estertor de quien era
Látigos de fuego en mi espalda
sed de vida muros Otros Míos cae la piel
ajena
mi nombre
olvido

Traduction temporaire :

Je suis femme

Je suis femme entouteslettres le désespoir dans le
tiroir de gauche
allié du souvenir primordial
d'anciens étés non réciproques
Dernier râle de celle que j'étais
Fouets de feu sur mon dos
soif de vie murs Autres Miens la peau tombe
étrangère
mon nom
j'oublie

lundi 12 février 2018

Projet Sonita 22 – phrases 14-15

Porque de momento tiene el impulso de pronunciarlo con todas sus letras para que el niño que corre sin saber a dónde sepa cuál es una dirección posible. El mismo impulso, o similar -Humberto no sabe- que hizo decirle que sí a su vecino para que el niño lavara el auto de forma gratuita cada sábado por la mañana durante un mes, porque ésa era una lección que él también quería inculcarle a sus hijas: las consecuencias.

Traduction temporaire :

Parce que là, il a envie d'en prononcer chaque lettre, pour que l'enfant qui est en train de courir sans savoir vers où, sache quelle direction il est possible de prendre. Cette même envie, ou une autre, semblable – Humberto l'ignore – qui lui a fait accepter que l'enfant de son voisin lui lave sa voiture gratuitement chaque samedi, pendant un mois, parce que c'était une leçon qu'il aurait lui aussi voulu apprendre à ses filles : les conséquences.

Projet Elsa / Sabrina – phrases 19-25

El platito de la salsa sigue ahí, con una cuchara de plástico blanco sumergida en su totalidad. Atiendes los murmullos al fondo de un corredor, distingues dos voces. Una será la señora Ramírez. Le preguntas a la que trapea si tardará mucho, pero no te contesta. Aunque tarde una eternidad, no te queda sino esperar, lo tuyo es así. La pared está llena de fotografías. La señora Ramírez figura en todas, vestida de mandil.

Traduction temporaire :
La petite assiette de sauce est toujours là, une cuillère en plastique blanc entièrement plongée dedans. Tu prêtes attention aux murmures au fond du couloir, tu distingues deux voix. L'une d'elle doit être madame Ramírez. Tu demandes à la femme qui passe la serpillère si elle aura beaucoup de retard, mais elle ne te répond pas. Elle peut bien mettre une éternité, tu n'as pas d'autre choix qu'attendre ; tel est ton destin.  Le mur est couvert de photographies. Madame Ramírez apparaît sur chacune d'elles, vêtue d'un tablier.

vendredi 9 février 2018

Projet Justine / Elena – texte 179

Vida

—Dios es el primer alfarero —dice papá, y me enseña a amasar el barro para que no queden grumos. Los grumos arruinarían las cosas importantes que hace: platos, fuentes, ollas, macetas. Desde que era más chiquita me gusta verlo trabajar. Dice que enseñarme “el oficio” es un regalo que me hace porque es navidad, pero no, es porque aprendí a sumar rápido y también a leer. —¿El primer alfarero cómo? —pregunto mientras ponemos a secar las piezas antes de llevarlas al horno. Me gusta mucho ver el conejito que modelé al lado de sus cántaros. —¿Cómo? —ríe—. Haciendo con barro al primer hombre —. A veces habla de cosas que no entiendo a propósito, para que no se me vayan las ganas de estudiar—. Lo llamó Adán y es el padre de todos. Se pone serio, creo que piensa en el abuelo. Quiero darle la mano para espantar la tristeza pero está peor. Mira mi conejito que se ha llenado de esa pelusa blanca tan linda y ahora salta para el lado nuestro. Lo alzo, es tibio y suave. —Tocalo papi, no tengas miedo.

Traduction temporaire :

Vie

— Dieu est le premier potier, dit papa avant de me montrer comment pétrir la boue pour qu'il ne reste pas de grumeaux. Les grumeaux gâcheraient les choses importantes qu'il fait : assiettes, plats, marmites, pots. Depuis ma plus tendre enfance, j'aime le regarder travailler. Il prétend que m'enseigner « le métier » est un cadeau qu'il me fait parce c'est Noël, sauf qu'en réalité, c'est parce que j'appris vite à additionner et aussi à lire. — Comment ça, le premier potier ? demandé-je alors qu'on laisse les pièces sécher avant de les emporter pour les mettre dans le four. Ça me fait très plaisir de voir le petit lapin que j'ai modelé à côté de ses cruches. — Comment ça ? Il rit. En façonnant le premier homme avec de la boue. Parfois, il parle exprès de choses que je ne comprends pas, pour que je ne cesse d'avoir envie d'apprendre. Il l'a appelé Adam et c'est notre père à tous. Il devient sérieux, je m'imagine qu'il pense à mon grand-père. Je veux lui donner la main pour chasser sa tristesse, mais c'est pire. Il regarde mon petit lapin qui s'est couvert de ce si beau duvet blanc et qui bondit maintenant à côté de nous. Je le soulève, il est tiède et doux. — Touche-le, papa, n'aie pas peur.

Projet Justine / Elena – texte 178

Yocasta de Tebas

Los hombres siempre respetan las leyes de los dioses, siempre que les convenga.  Le convino a mi padre casarme con el rey Layo según se había estipulado. Le convino a Layo prestar oídos a aquel oráculo terrible y ordenar la muerte de nuestro único hijo. Pasé cada noche de las ciento noventa y siete lunas que siguieron a aquel momento atroz, enferma de pena, rencor y odio; asqueada, junto al monarca.  Supongo que Layo habrá pensado, una luna atrás,  que le convenía abandonar tanto Tebas, diezmada por la esfinge, como nuestro lecho frío. Se dirigía a Delfos pretextando hacer una consulta oracular cuando un viajante anónimo le dio muerte. Yo, sin que mensajero alguno hubiera llegado aun con la razón a palacio, lo supe. Sentía alivio, un alivio que a la vez era jolgorio, una alegría allí en mis partes íntimas, un renacer de mis entrañas. Como si hubiese presentido lo que ahora resulta, la ley, por fin, me favorece. La autoridad de los dioses, encarnada en esta ocasión en la persona de mi hermano, me impone como esposo al joven vencedor del monstruo que nos asolaba. Tan bello como sólo debe serlo Apolo en toda su gloria. Mi ciudad volverá a ser próspera gracias a su hazaña y, dada su juventud, seré yo quien mande en ella. Mi lecho conocerá la pasión y mi vientre dará a luz tantos hijos como sea posible.  No me importa hablar con desmesuras más propias de esclavas que de la reina que soy: me siento inmensamente feliz.

Traduction temporaire :

Jocaste de Thèbes

Les hommes respectent toujours les lois des dieux, à condition qu'elles leur conviennent. Il convint à mon père de me marier au roi Laïus comme cela avait été stipulé. Il convint à Laïus d'écouter ce terrible oracle et d'ordonner la mort de notre fils unique. Malade de chagrin, de rancœur et de haine, je passai chaque nuit des cent-quatre-vingt-dix-sept lunes qui suivirent ce moment atroce auprès du monarque, dégoûtée. Je suppose qu'une lune plus tôt Laïus se sera dit qu'il devait abandonner Thèbes, décimée par la sphinge, autant que notre lit froid. Prétextant aller consulter l'oracle, il était en route pour Delphes lorsqu'un voyageur anonyme lui donna la mort. Moi, je le sus alors même qu'aucun messager n'était encore arrivé au palais pour en expliquer la raison. J'éprouvais du soulagement, un soulagement qui était à la fois une fête, une joie au creux de mes parties intimes, une renaissance de mes entrailles. Comme si la loi avait pressenti ce qui arrive, elle est à présent en ma faveur, enfin. Incarnée à cette occasion en la personne de mon frère, l'autorité des dieux m'impose comme époux le jeune homme ayant triomphé du monstre qui nous anéantissait. Aussi beau que seul Apollon doit l'être dans toute sa splendeur. Grâce à son exploit, ma cité redeviendra prospère et, vu sa jeunesse, ce sera moi qui commanderai en ce lieu. Mon lit connaîtra la passion et mon ventre donnera naissance à autant d'enfants que possible. Je n'ai cure de tenir des propos immodérés plus propres aux esclaves qu'à la reine que je suis : je me sens immensément heureuse.

Projet Justine / Elena – texte 177

Whisky barato y consecuencia

Conoce los clientes del bodegón, sabe que debiera cantar otras canciones pero esta noche el hastío llegó temprano. El viejo hastío que, hasta hoy, siempre lo había atacado una vez puesta la llave en la cerradura de su casa, después de la actuación y de los tragos. Ahora no canta, sólo puntea la guitarra. Al primer chiflido se baja del escenario. —Otra como ésta y olvidate —dice el mandamás. —Traeme lo de siempre —replica con indiferencia mientras pone sobre la mesa el sombrero que calza cuando cumple el rol de artista. Para el sexto vaso, no sabe si es vedad que alguna vez fue un gran vocalista a quien el éxito acercó una multitud de admiradoras serviciales. —¿Cómo pudo aquel tipo terminar cantando por monedas en un bar de mala muerte? Quisiera responder a su pregunta pero la bebida ordinaria no combina bien con el hastío prematuro. —¡Quietos! —ruge alguien, un pibe con cara de loco que parece tener menos años que su propia pistola. Lo acompañan otros dos que podrían ser sus gemelos. La adrenalina provoca el milagro, siente que la vida regresa para correr por sus venas, sonríe. —Vos, el del sombrero. ¿Qué te pasa?     Mirá quien viene a reparar en el sombrero. Algo se agita en la boca de su estómago, tarda en reconocer la risa que asciende. —¿Che, puto de mierda, querés que te queme? —el delincuente tiembla de rabia y lo apunta. La carcajada es incontrolable.

Traduction temporaire :

Whisky bon marché et conséquence

Il connaît les clients de la taverne, il sait qu'il devrait chanter d'autres chansons, mais ce soir, la lassitude est arrivée tôt. La vielle lassitude qui, jusqu'à aujourd'hui, l'avait toujours assailli une fois la clé introduite dans la serrure de chez lui, après le spectacle et les verres. Maintenant, il ne chante plus, il pince juste les cordes de sa guitare. Au premier sifflet, il descend de scène. — Encore une comme ça et tu m'oublies ! menace le patron. — Sers-moi la même chose que d'habitude, réplique-t-il avec indifférence, tout en posant sur la table le chapeau qu'il coiffe quand il joue son rôle d'artiste. À son sixième verre, il ne sait plus si c'est vrai qu'un jour, il a été un grand chanteur à qui le succès a apporté une multitude d'admirateurs prévenants.       — Comment un type pareil s'est-il retrouvé à chanter pour quelques piécettes dans un bar minable ?     Il voudrait répondre à sa question, mais la boisson ne fait pas bon ménage avec la lassitude prématurée. — Que personne ne bouge ! rugit quelqu'un, un gamin avec un visage de fou qui paraît moins vieux que son pistolet. Il est accompagné de deux autres garçons qui pourraient être ses jumeaux. L'adrénaline provoque le miracle. Il sent la vie revenir et couler dans ses veines. Il sourit. — Hé, toi, avec le chapeau ! Qu'est-ce qui te prend ?  Tiens ! Il a remarqué son chapeau, lui. Quelque chose s'agite au creux de son estomac, il tarde à reconnaître le rire qui monte. — Hé, putain de merde ! Tu veux que je te fume ? Le délinquant tremble de rage et le vise avec son arme. Son éclat de rire est incontrôlable.

mercredi 7 février 2018

Projet Justine / Elena – texte 176

Ríos

“—¿Quién es? —pregunta aterrada, aunque no espera respuesta. Los golpes en la precaria puerta continúan; es el viento, la tormenta. Sabe que la creciente arrasará su choza e intuye que ha ocupado demasiados minutos procurando salvar sus míseras pertenencias; el río, esta vez, no le dará tiempo”.  Marca con un doblez la página del libro con el que intenta distraer esa rabia angustiosa que la domina.  —Como un río manso —piensa, mientras escucha los redobles de tambor de la manifestación que avanza. Desde el tercer piso donde está ubicado el departamento que alquila, mira pasar hombres, mujeres y niños. Son los trabajadores y sus familias. Trabajadores porque quisieran trabajar, pero están desocupados. —Como un río que crece minuto a minuto sin herir ni amenazar a nadie, al contrario: él es el perjudicado.  Aunque no se cuenta entre los que han recibido el odioso telegrama de despido, sabe que debería estar allí abajo, con ellos, apoyando. Desconoce qué forma de inacción o cobardía la mantiene inmóvil. La mantuvo inmóvil, porque ya se apresura en tomar campera y paraguas (una llovizna persistente, helada, moja la ciudad).  El timbre del portero eléctrico interrumpe la tarea de subir el cierre al abrigo.  —¿Quién es? —pregunta son una sonrisa. Supone se trata de la broma inocente de alguno de los niños.  —Correo Argentino —gruñe una voz desconocida. 

Traduction temporaire :

Fleuves

« — Qui est-ce ? demande-t-elle terrifiée, bien qu'elle n'attende pas de réponse. Les coups contre la porte précaire continuent ; c'est le vent, l'orage. Elle sait que la crue emportera sa hutte et devine qu'elle a perdu trop de minutes à tenter de sauver ses misérables possessions ; cette fois, le fleuve ne lui laissera pas de temps. » Elle corne la page du livre grâce auquel elle essaie de détourner cette rage angoissante qui s'empare d'elle. — Comme un fleuve tranquille, se dit-elle en écoutant les roulements de tambour du cortège de manifestants qui avance. De l'appartement qu'elle loue au troisième étage, elle regarde passer des hommes, des femmes et des enfants. Ce sont les travailleurs et leurs familles. Travailleurs parce qu'ils voudraient travailler, mais ils sont au chômage. — Comme un fleuve qui grossit minute par minute sans blesser ni menacer personne ; au contraire, c'est lui la victime." Bien qu'elle ne compte pas parmi ceux qui ont reçu l'odieux télégramme de licenciement, elle sait qu'elle devrait être en bas, avec eux, pour les soutenir. Elle ignore quelle forme d'inaction ou de lâcheté la maintient immobile.  Enfin, l'avait maintenue immobile, parce qu'elle se dépêche déjà d'attraper son blouson et son parapluie (une bruine persistante, glacée, mouille la ville). La sonnette de l'interphone l'interrompt alors qu'elle monte la fermeture éclair de son manteau. — Qui est-ce ? demande-t-elle avec un sourire. Elle imagine qu'il s'agit de la blague innocente d'un des enfants. — Le facteur, grogne une voix inconnue.

Projet Justine / Elena – texte 175

Separación

Es raro ver a mamá en ese sillón donde nunca se sienta porque es para las visitas. Tampoco sabe por qué papá junta toda su ropa. Deja la leche sin terminar y va hacia la ventana que da al patio, mira afuera, de espaldas a ellos. Una mariposa se acerca. La brusquedad con que papá golpea la puerta de la calle hace cimbrar los vidrios. Se da la vuelta; mamá tiene los ojos llenos de lágrimas.  Podría decir: “si dejás de llorar te dibujo una mariposa”.  Quisiera explicar “no nos abandona, está acá aunque se vaya”, pero sus tres años no le permiten juntar esas palabras. Entonces su propia sombra, que se proyecta larga sobre el piso, le da la idea. Se agacha y besa la silueta oscura.  —Papá —dice. 

Traduction temporaire :

Séparation

C'est bizarre de voir maman dans ce fauteuil où elle ne s'assied jamais parce qu'il est réservé aux visiteurs. Il ne sait pas non plus pourquoi papa rassemble tous ses vêtements. Il ne finit pas son lait et va à la fenêtre qui donne sur la cour, regarde dehors, il leur tourne le dos. Un papillon s'approche. La brusquerie avec laquelle papa claque la porte de la rue fait vibrer les carreaux. Il se retourne ; maman a des larmes plein les yeux. Il pourrait dire : « si tu arrêtes de pleurer, je te dessine un papillon ». Il voudrait expliquer : « il ne nous abandonne pas ; il est là, même s'il s'en va », mais ses trois ans ne lui permettent pas d'aligner ces mots. Son ombre, qui se projette en longueur sur le sol, lui donne alors une idée. Il s'accroupit et embrasse la silhouette sombre. — Papa, dit-il.

Projet Justine / Elena – texte 174

Regocijo

Él vio a una desconocida, está seguro.  —¿Cómo, si el amontonamiento del basural apenas deja ver de noche? —le increpa un niño cara sucia cuyas costras de roña parecen duplicar su peso exiguo. El resto de la barra apoya al desconfiado.  —¡La vi con estos dos ojos! —los chiquilines ríen, su ojo izquierdo, que a ratos se desvía como si quisiera unir fuerzas con la nariz, ni derecho ni tor- cido logra ver nada—. Dejó un ramo de flores abajo del árbol que está después del paredón. Capaz que hay un muerto ahí, enterrado —agrega con el desparpajo que le otorgan sus diez años largos de hambre. Sonrisa torcida, perversa.  Haciendo caso omiso a la escarcha que el sol aún no derrite, recogen del basural algo que fue una pala. Entusiasmados, discuten quién será el que cave, pues cada uno encuentra el argumento que justifica su derecho a usarla. La expectativa colorea sus mejillas magras, los excita.  —Yo pateo las flores si todavía no las han cagado los perros —anuncia—. ¿Y si el muerto tiene anillo, cadena, medallita? —habla entre risas.  Los otros, mocos expuestos al aire gélido, ríen con él. La felicidad es contagiosa.

Traduction temporaire :

Gaieté

Il a vu une inconnue, il en est sûr. — Mais comment, si la nuit l'amoncellement d'ordures permet à peine de voir ? lui reproche un enfant au visage sale et recouvert de croûtes de crasse qui semblent multiplier par deux son faible poids. Le reste du bar soutient le sceptique.  — Je l'ai vue de mes yeux vus !  Les gamins se marrent. Son œil gauche dévie de temps en temps, comme s'il voulait unir ses forces à celles du nez ; or, aligné ou de travers, il ne voit rien. Elle a déposé un bouquet de fleurs sous l'arbre derrière le gros mur. Possible qu'il y ait un mort enterré là, ajoute-t-il avec la désinvolture que lui confère ses dix longues années passées à avoir faim. Sourire tordu, pervers. Ignorant le givre que le soleil ne fait pas encore fondre, ils récupèrent dans le tas d'ordures quelque chose qui fut jadis une pelle. Enthousiastes, ils débattent pour savoir qui creusera, parce que chacun trouve l'argument justifiant son droit de l'utiliser. Cette perspective colore leur joues maigres, les excite. — Je piétine les fleurs si les chiens n'ont pas encore chié dessus, annonce-t-il. Et si le mort a une bague, une chaîne, une petite médaille ? Il parle au milieu des rires. Les autres, leur morve exposée en plein vent glacial, rient avec lui. Le bonheur est contagieux.

lundi 5 février 2018

Projet Chloé T – phrase 50

Su padre le explicó que eran nada menos que Portadores de Deseos de los Dioses, y ellos le dijeron que habían viajado desde la Madre Patria en busca de una niña como ella: su piel, cabello y ojos la distinguían como una auténtica heredera de la raza nahua, no como el resto de mestizos que abundaban en las colonias. 

Traduction temporaire :
Son père lui expliqua qu’ils n’étaient ni plus ni moins que les Porteurs des Volontés des Dieux ; et eux, ils lui dirent qu’ils avaient voyagé depuis la Mère Patrie à la recherche d’une fillette comme elle : sa peau, ses cheveux, et ses yeux la désignaient comme une authentique héritière de la race nahuatl, pas comme le reste des métisses qui abondaient dans les colonies.

Projet Hélène / Audrey – phrases 177-178

Algo que también abonó en mi descrédito fue lo encantados que quedaron mis padres con la última de las dos visitas que la «simpática» tía de mi amiga y Rutka nos hicieron durante mi reposo. Mi familia me contó que, durante mi segunda noche de fiebre, se presentaron a hora muy avanzada Rutka y su tía para preguntar por mi salud, pero como al fin me encontraba durmiendo, luego de tomar manzanilla con paracetamol, mi madre no quiso despertarme y las despidió sin hacerlas pasar.

Traduction temporaire :

 Ce qui joua également en ma défaveur, c'est que mes parents furent enchantés par la dernière des deux visites que nous rendirent Rutka et sa « sympathique » tante pendant ma convalescence. Ma famille me raconta que pendant ma deuxième nuit de fièvre, elles étaient venues à une heure particulièrement tardive pour s'enquérir de ma santé ; mais comme finalement je m'étais endormie après avoir pris une camomille et du paracétamol, ma mère n'avait pas voulu me réveiller et avait pris congé d'elles sans les inviter à entrer.

Projet Sonita 22 – phrases 11-13

“Es sólo un detalle”, dijo el padre, “para que aquí el muchacho aprenda que todos sus actos tienen consecuencias”. Y el hombre no dijo “el muchacho” sino que dijo el nombre del niño con todo y dos apellidos, pero Humberto no recuerda. Y quisiera. 

Traduction temporaire :
« Ce n'est pas grand-chose », ajouta le père, « juste pour que ce garçon apprenne que tous les actes ont des conséquences ». Et l'homme n'a pas dit « ce garçon », mais le nom complet de l'enfant avec ses deux noms de famille. Humberto a beau essayer, il ne s'en souvient pas. Et pourtant, il le voudrait bien.