Innominada
El primer caso se registró hace cien años. Corresponde a un tal Gregorio Samsa.
—Que un hombre joven, saludable, trabajador, amanezca transformado en una cucaracha, es un hecho insólito —declararon las autoridades—. Sería un error distraer parte del erario público para estudiar y disponer medidas sanitarias, puesto que esta situación es extraordinaria —concluyeron.
Tres meses después se produjo un segundo caso, para entonces Gregorio llevaba once días muerto; a través de los dichos de una empleada de la familia Samsa, se supo que su cadáver fue depositado en el tacho de la basura. Nadie protestó: circulaba la versión de que Gregorio tenía tratos con el diablo.
Ese año se contabilizaron un total de diez enfermos. Al finalizar el año siguiente, ellos también estaban muertos. Y se habían sumado otros doscientos casos. Doscientos es el número oficial, se acepta que fueron más, sus parientes no lo daban a conocer por tratarse de una enfermedad vergonzante: por entonces se aseguraba que las víctimas habrían tenido un comportamiento sexual depravado.
Los médicos más destacados del mundo se reunieron bajo el lema “Enfermedad Innominada: Posibles Tratamientos”.
Nadie supo indicar cuál era el tratamiento adecuado.
Y seguimos sin saberlo, aún hoy.
El número de víctimas se cuenta por millones.
Los hombres de fe hablan de castigo divino:
—El mundo entero ha devenido en una nueva Sodoma. Dios, asqueado de nuestros vicios, está aplicando Su Justicia —dicen.
Los ateos se contentan con explicaciones políticas:
—El Fondo Monetario Internacional lanzó a la atmósfera una bomba biológica destinada a acabar con los países tercermundistas, pero le fallaron los cálculos.
—Los comunistas hacían experimentos genéticos usando como conejillo de indias a los disidentes al régimen. Y ahora todos pagamos las consecuencias.
—Los judíos tienen la culpa.
Por su parte, las autoridades reconocen que la enfermedad innominada reviste las características de epidemia.
Permanecí a su lado, observándola pasear por las paredes, alimentándola. Su agonía duró dos semanas. Llegado el momento coloqué sus restos en la caja de las alianzas de casamiento, a la caja la enterré bajo el fresno que plantamos juntos.
Tengo miedo.
Nunca antes había deseado desplegarme y dar un vuelo corto, alrededor de la mesa, como ahora.
Traduction temporaire :
Innommée
Il y a cent ans, on recensa le premier cas. Contracté par un certain Grégoire Samsa.
Qu'un homme jeune, en bonne santé, travailleur, se réveille métamorphosé en cafard est un fait insolite, déclarèrent les autorités. Ce serait une erreur de détourner une partie des finances publiques pour mener des études et prendre des mesures sanitaires, étant donné que cette situation est extraordinaire, conclurent-elles.
Trois mois plus tard, un deuxième cas apparut. À l'époque, Grégoire était mort depuis onze jours. Aux dires d'une employée de la famille Samsa, son corps avait été mis à la poubelle. Personne ne protesta : la rumeur circulait que Grégoire commerçait avec le diable.
Cette année-là, on comptabilisa un total de dix malades. À la fin de l'année suivante, ils étaient morts, eux aussi. Et on dénombrait deux cents autres cas supplémentaires. Deux cents, c'est le chiffre officiel, même si on admet qu'en réalité, ils furent plus nombreux. S'agissant d'une maladie honteuse, leurs proches ne les déclaraient pas. À l'époque, on affirmait que les victimes devaient avoir eu une sexualité dépravée.
Les médecins les plus réputés au monde se réunirent sous le slogan « Maladie Innommée : Traitements possibles ».
Personne ne sut indiquer quel était le traitement adéquat.
Et nous l'ignorons, encore aujourd'hui.
Le nombre de victimes se compte en millions.
Les hommes de foi parlent d'un châtiment divin :
— Le monde entier est devenu une nouvelle Sodome. Écœuré par nos vices, Dieu applique sa Justice, disent-ils.
Les athées se contentent d'explications politiques :
— Le Fonds Monétaire International a lancé dans l'atmosphère une bombe biologique destinée à en finir avec les pays du tiers-monde, à ceci près qu'il a fait des erreurs de calcul.
— Les communistes faisaient des expériences génétiques en utilisant comme cobayes les dissidents au régime. Et nous en payons à présent tous les conséquences.
— C'est de la faute des Juifs.
De leur côté, les autorités reconnaissent que la maladie innommée revêt les caractéristiques d'une épidémie.
Je restai à côté de lui, à l'observer se promener sur les murs, à le nourrir. Son agonie dura deux semaines. Le moment venu, je déposai sa dépouille dans l'écrin de nos alliances, et l'enterrai sous le frêne que nous avions planté ensemble.
J'ai peur.
Jamais auparavant, je n'avais eu envie de me déployer et de virevolter autour de la maison, comme à présent.