Servidumbre
La osa de una vuelta caminando despacio. Tiene puesta una pollera violeta. Su domador también está en la pista, pero se mantiene apartado, fuera del alcance de las luces. La banda toca una marcha alegre, liviana. El público sigue el ritmo batiendo las palmas.
La osa se para en dos patas, en una. Se trepa a un banquito, juega a la pelota, hace cabriolas, baila.
Su domador se acerca, reverenciándose ante ella, dando a entender que ella es su reina. Toma un micrófono.
—Señoras y señores, queridos niños. Lo que van a presenciar no tiene precedentes en la historia circense. Hasta ahora, esta prueba sólo se había hecho con felinos, ruego atención y silencio.
Enciende un aro. Sonriendo, ordena al animal que pase entre las llamas. El fuego se refleja en los ojos de la fiera que permanece quieta como una estatua. La mirada de él se endurece pero sigue sonriendo. Alguien le alcanza un látigo. Lo castiga contra el suelo. Una, dos, tres veces. Se oye un redoble de tambores. El público contiene el aliento, expectante.
Ella retrocede, se detiene, tensa cada músculo. Salta. La rutina ha sido impecable. La mano izquierda del hombre se desliza suavemente sobre el animal, por el cuello tembloroso, la cabeza transpirada. Luego saca pescado de un cesto, la osa come de su mano. En la derecha aún conserva el látigo.
El público ríe, aplaude. Está conforme.
En un palco del circo, un hombre observa el espectáculo con cara de aburrido. La hermosa joven que lo acompaña mira atentamente el show.
Cuando la osa y su domador se retiran, ella baja la vista. Viste falda violeta.
—Otra espantosa coincidencia —razona.
Su pareja le acaricia el brazo, indiferente. Una, dos, tres veces.
Traduction temporaire :
Servitude
L'ourse fait un tour en marchant lentement. On lui a mis une jupe violette. Son dompteur est également sur la piste, mais il reste à l'écart, hors de portée des projecteurs. La bande-son diffuse une marche joyeuse, légère. Le public suit le rythme en battant des mains.
L'ourse se tient sur deux pattes, sur une. Elle grimpe sur un petit banc, joue au ballon, fait des cabrioles, danse. Son dompteur s'approche, esquisse une révérence devant elle, laissant entendre qu'elle est sa reine. Il prend un micro :
— Mesdames et messieurs, les enfants, le numéro auquel vous allez assister est sans précédent dans l'histoire du cirque. Jusqu'à présent, il n'avait été réalisé qu'avec des félins. Je vous demande d'être attentifs et silencieux.
Il embrase un cerceau. Avec un sourire, il ordonne à l'animal de passer au milieu des flammes. Le feu se reflète dans les yeux du fauve qui reste immobile, telle une statue. Le regard du dompteur se durcit, mais il sourit toujours. Quelqu'un lui tend un fouet. Il le fait claquer au sol. Une, deux, trois fois. On entend un roulement de tambour. Dans l'attente, le public retient son souffle.
L'ourse recule, s'arrête, bande ses muscles. Saute. La mécanique a été impeccable. La main gauche de l'homme glisse délicatement sur l'animal, sur son cou tremblant, sa tête couverte de sueur. Puis, il sort du poisson d'un panier, l'ourse lui mange dans la main. Il a toujours le fouet dans la main droite.
Le public rit, applaudit, satisfait.
À un balcon, un homme observe le spectacle. L'ennui se lit sur son visage. La jolie jeune femme qui l'accompagne regarde attentivement le show.
Quand l'ourse et son dompteur se retirent, elle baisse les yeux. Elle porte une jupe violette.
— Encore une effroyable coïncidence, raisonne-t-elle.
Son partenaire lui caresse le bras, indifférent. Une, deux, trois fois.