Mena
CAROLINA GÓMEZ MONTOYA
Mena hubiera querido casarse, pero siendo la menor el abuelo no la dejó. Pocas fueron las concesiones en esa cadena de mutismo y, a la primera oportunidad de viajar, Mena se fue para Nueva York y no volvió más. Primero trabajó en Lord & Taylor y luego montó un negocio de corte y confección. La imagino caminando desde su apartamento hasta la calle Delancey, donde le compraba los paños a los judíos que habían visto y escuchado el horror. Las malas lenguas decían que era liberal, que fumaba y que vivió con una mujer. Nadie conoció nunca a quien la acompañó en su exilio. Nadie preguntó por esos veinte años de convivencia neoyorquina. Cuando ya no veía ni escuchaba nada, Mena pagó su funeral y se deshizo de todo. Ella que siempre había querido partir, apretaba los ojos y las manos como si la vida no la dejara ir.
Traduction temporaire :
Carolina Gómez Montoya
Mena
Mena aurait aimé se marier, mais étant la benjamine, son grand-père ne l’y autorisa pas. Il y eut peu de concessions dans cette prison de mutisme et, à la première occasion, Mena s’en alla pour New York et ne revint jamais. Elle travailla d’abord chez Lord & Taylor, puis ouvrit un magasin de coupons de tissu et de confection. Je l’imagine marchant de son appartement jusqu’à la rue Delancey, où elle achetait les étoffes aux Juifs, qui avaient vu et entendu l’horreur. Les mauvaises langues disaient qu’elle était de gauche, qu’elle fumait et vivait avec une femme. Personne ne rencontra jamais celui ou celle qui l’accompagna dans son exil. Personne ne posa de questions sur ces vingt ans de vie commune newyorkaise. Lorsqu’elle ne vit ni n’entendit plus rien, Mena paya ses obsèques et se débarrassa de toutes ses affaires. Elle, qui avait toujours voulu partir, fermait les yeux et serrait les poings comme si la vie ne la laissait pas s’en aller.
Carolina Gómez Montoya
Mena
Mena aurait aimé se marier, mais étant la benjamine, son grand-père ne l’y autorisa pas. Il y eut peu de concessions dans cette prison de mutisme et, à la première occasion, Mena s’en alla pour New York et ne revint jamais. Elle travailla d’abord chez Lord & Taylor, puis ouvrit un magasin de coupons de tissu et de confection. Je l’imagine marchant de son appartement jusqu’à la rue Delancey, où elle achetait les étoffes aux Juifs, qui avaient vu et entendu l’horreur. Les mauvaises langues disaient qu’elle était de gauche, qu’elle fumait et vivait avec une femme. Personne ne rencontra jamais celui ou celle qui l’accompagna dans son exil. Personne ne posa de questions sur ces vingt ans de vie commune newyorkaise. Lorsqu’elle ne vit ni n’entendit plus rien, Mena paya ses obsèques et se débarrassa de toutes ses affaires. Elle, qui avait toujours voulu partir, fermait les yeux et serrait les poings comme si la vie ne la laissait pas s’en aller.