El estudio de Artimbau estaba en la calle Baja de San Pedro. Carvalho experimentó el nerviosismo consabido al pasar ante la central de la Policía de Vía Layetana. Del caserón aquel sólo conservaba malos recuerdos y por mucha limpieza democrática que le echaran,siempre sería el hosco castillo de la represión. Sentimiento contrario le despertaba Vía Layetana con su aspecto de primero e indeciso paso para iniciar un Manhattan barcelonés, que nunca llegaría a realizarse. Era una calle de entreguerras,con el puerto en una punta y la Barcelona menestral de Gracia en la otra, artificialmente abierta para hacer circular el nervio comercial de la metrópoli y con el tiempo convertida en una calle de sindicatos y patronos,de policías y sus víctimas, más alguna Caja de Ahorros y el monumento entre jardines sobre fondo gotizante a uno de los condes más sólidos de Cataluña. Carvalho avanzó por la Baja de San Pedro y al llegar a un portalón con portería y patio al fondo,se metió en él y empezó la ascensión de una escalera ancha y erosionada que unía destartalados descansillos a los que daban talleres de arquitectos que empezaban, de artesanos a punto de jubilarse, simples almacenes de cueros o cartonajes que aprovechaban la generosidad espacial de aquellos pisos segmentados de antiguos caserones y palacios. Ante una puerta pintada con optimistas enramadas verdes y lilas, Carvalho se detuvo para llamar y esperar la apertura, a cargo de un viejecillo lento y silencioso, con un mandil lleno de polvo de mármol. Le abrió la puerta, de par en par y señaló con la cabeza hacia adentro.
Manuel Vázquez Montalbán, Los mares del sur
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Laëtitia Sw nous propose sa traduction :
L’atelier d’Artimbau se trouvait dans la rue Baja de San Pedro. Carvalho éprouva un sentiment de nervosité bien connu en passant devant le commissariat de police de Vía Layetana. Il ne conservait de cette bâtisse que de mauvais souvenirs et, quelle que soit la toilette démocratique qu’on aurait beau lui prodiguer, elle représenterait toujours à ses yeux l’antre de la répression. Vía Layetana, qui ouvrait une voie indécise à un projet de Manhattan barcelonais qui ne verrait jamais le jour, faisait naître en lui des sentiments contradictoires. C’était une rue de l’entre-deux-guerres avec, à une extrémité, le port, et à une autre, la Barcelone ouvrière de Gracia ; artificiellement ouverte pour laisser circuler le nerf commercial de la métropole, elle était devenue avec le temps une rue où se croisaient syndicats et patrons, policiers et victimes, auxquels s’ajoutaient une Caisse d’Épargne et le monument entouré de jardins sur fond gothisant, érigé en l’honneur d’un des comtes les plus puissants de Catalogne. Carvalho poussa sur la Baja de San Pedro jusqu’à arriver devant une grande entrée avec une loge de concierge attenante et une cour au fond, il s’y engouffra et entreprit l’ascension d’un large escalier érodé qui desservait des paliers branlants donnant sur des études d’architectes débutants ou des ateliers d’artisans préretraités, simples entrepôts de cuirs ou de cartons qui bénéficiaient de la générosité spatiale de ces appartements nés de la division d’anciennes demeures et palais. Carvalho s’arrêta devant une porte sur laquelle étaient peintes d’optimistes guirlandes de feuillages verts et lilas, il sonna et attendit la venue d’un vieillard lent et silencieux, vêtu d’un tablier couvert de poussière de marbre. Celui-ci lui ouvrit grand la porte et, de la tête, lui fit signe d’entrer.
L’atelier d’Artimbau se trouvait dans la rue Baja de San Pedro. Carvalho éprouva un sentiment de nervosité bien connu en passant devant le commissariat de police de Vía Layetana. Il ne conservait de cette bâtisse que de mauvais souvenirs et, quelle que soit la toilette démocratique qu’on aurait beau lui prodiguer, elle représenterait toujours à ses yeux l’antre de la répression. Vía Layetana, qui ouvrait une voie indécise à un projet de Manhattan barcelonais qui ne verrait jamais le jour, faisait naître en lui des sentiments contradictoires. C’était une rue de l’entre-deux-guerres avec, à une extrémité, le port, et à une autre, la Barcelone ouvrière de Gracia ; artificiellement ouverte pour laisser circuler le nerf commercial de la métropole, elle était devenue avec le temps une rue où se croisaient syndicats et patrons, policiers et victimes, auxquels s’ajoutaient une Caisse d’Épargne et le monument entouré de jardins sur fond gothisant, érigé en l’honneur d’un des comtes les plus puissants de Catalogne. Carvalho poussa sur la Baja de San Pedro jusqu’à arriver devant une grande entrée avec une loge de concierge attenante et une cour au fond, il s’y engouffra et entreprit l’ascension d’un large escalier érodé qui desservait des paliers branlants donnant sur des études d’architectes débutants ou des ateliers d’artisans préretraités, simples entrepôts de cuirs ou de cartons qui bénéficiaient de la générosité spatiale de ces appartements nés de la division d’anciennes demeures et palais. Carvalho s’arrêta devant une porte sur laquelle étaient peintes d’optimistes guirlandes de feuillages verts et lilas, il sonna et attendit la venue d’un vieillard lent et silencieux, vêtu d’un tablier couvert de poussière de marbre. Celui-ci lui ouvrit grand la porte et, de la tête, lui fit signe d’entrer.
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Jean-Nicolas nous propose sa traduction :
L’atelier d’Artimbau se trouvait rue Baja de San Pedro. Carvalho ressentit l'éternelle nervosité en passant devant le poste de Police de la Rue Layetana. Il ne gardait que des mauvais souvenirs de cette bâtisse et on aurait beau lui faire un ravalement démocratique, elle continuerait d’être l’obscur château de la répression. C’est un tout autre sentiment qu’éveillait en lui la Rue Layetana avec son allure de première et timide voie, tel un avant goût d’un Manhattan barcelonais qui n’arriverait jamais à voir le jour. Il s’agissait d’une rue d’entre-deux-guerres, le port à un bout et la Barcelone ouvrière de Gracia à l’autre, artificiellement ouverte afin que puisse circuler le cœur commercial de la métropole devenue avec le temps une rue peuplée de syndicats et de patrons, de policiers et leurs victimes en plus d’une Caisse d’Epargne et du monument avec jardins sur fond gothique à l’image d’un des comtes les plus intrépides de Catalogne. Carvalho se dirigea vers la Rue Baja de San Pedro et, arrivant à un porche, loge et cour au fond, il y pénétra et commença l’ascension d’un escalier large et érodé, reliant des paliers délabrés qui donnaient sur des ateliers d’architectes débutants, d’artisans proches de la retraite, de simples boutiques de cuirs ou de cartonnage qui profitaient de l’espace offert par ces appartements segmentés propres aux vieilles demeures et aux palais. Devant une porte peinte d’optimistes ramures vertes et lilas, Carvalho s’arrêta pour frapper et attendre qu’on le lui ouvre, ce qui fut fait par un petit vieux lent et silencieux au tablier recouvert de poussière de marbre. Il lui ouvrit la porte en grand et lui fit signe, de sa tête, d’entrer.
L’atelier d’Artimbau se trouvait rue Baja de San Pedro. Carvalho ressentit l'éternelle nervosité en passant devant le poste de Police de la Rue Layetana. Il ne gardait que des mauvais souvenirs de cette bâtisse et on aurait beau lui faire un ravalement démocratique, elle continuerait d’être l’obscur château de la répression. C’est un tout autre sentiment qu’éveillait en lui la Rue Layetana avec son allure de première et timide voie, tel un avant goût d’un Manhattan barcelonais qui n’arriverait jamais à voir le jour. Il s’agissait d’une rue d’entre-deux-guerres, le port à un bout et la Barcelone ouvrière de Gracia à l’autre, artificiellement ouverte afin que puisse circuler le cœur commercial de la métropole devenue avec le temps une rue peuplée de syndicats et de patrons, de policiers et leurs victimes en plus d’une Caisse d’Epargne et du monument avec jardins sur fond gothique à l’image d’un des comtes les plus intrépides de Catalogne. Carvalho se dirigea vers la Rue Baja de San Pedro et, arrivant à un porche, loge et cour au fond, il y pénétra et commença l’ascension d’un escalier large et érodé, reliant des paliers délabrés qui donnaient sur des ateliers d’architectes débutants, d’artisans proches de la retraite, de simples boutiques de cuirs ou de cartonnage qui profitaient de l’espace offert par ces appartements segmentés propres aux vieilles demeures et aux palais. Devant une porte peinte d’optimistes ramures vertes et lilas, Carvalho s’arrêta pour frapper et attendre qu’on le lui ouvre, ce qui fut fait par un petit vieux lent et silencieux au tablier recouvert de poussière de marbre. Il lui ouvrit la porte en grand et lui fit signe, de sa tête, d’entrer.
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Annabelle nous propose sa traduction :
Le bureau d'Artimbau était dans la Calle Baja de San Pedro. Carvalho ressentit la nervosité coutumière en passant devant le commissariat de police de Vía Layetana. De ce bâtiment-là, il ne conservait que de mauvais souvenirs et, malgré toute l'intégrité démocratique qu'on pourrait lui ajouter, ce serait toujours l'hostile château de la répression. Un sentiment contraire l'éveillait Vía Layetana de par son air de premier pas indécis pour ébaucher un Manhattan barcelonais, qui n'arriverait jamais à se réaliser. C'était une rue de l'entre-deux-guerres, avec le port à un bout et la Barcelone ouvrière de Gracia à l'autre, artificiellement ouverte pour faire circuler le nerf commercial de la métropole et transformée avec le temps en une rue de syndicats et patrons, de policiers et leurs victimes, et aussi quelque Caisse d'Épargne et le monument, entouré de jardins, sur un fond gothisant, à l'un des plus légitimes comtes de Catalogne. Carvalho avança par la Baja de San Pedro et en arrivant à un portail avec une loge et une cour au fond, il s'y introduisit et commença l'ascension d'un escalier étroit et érodé qui reliait des paliers délabrés sur lesquels donnaient des ateliers d'architectes qui débutaient, d'artisans presque à la retraite, de simples magasins de cuir ou de cartonnages qui profitaient de la générosité spatiale de ces étages fragmentés d'anciennes bâtisses et palais. Devant une porte peinte d'optimistes ramages verts et lilas, Carvalho s'arrêta pour frapper et attendre l'ouverture, par les soins d'un petit vieux lent et silencieux, avec un tablier couvert de poussière de marbre. Il lui ouvrit la porte en grand et, de sa tête, il lui indiqua l'intérieur.
Le bureau d'Artimbau était dans la Calle Baja de San Pedro. Carvalho ressentit la nervosité coutumière en passant devant le commissariat de police de Vía Layetana. De ce bâtiment-là, il ne conservait que de mauvais souvenirs et, malgré toute l'intégrité démocratique qu'on pourrait lui ajouter, ce serait toujours l'hostile château de la répression. Un sentiment contraire l'éveillait Vía Layetana de par son air de premier pas indécis pour ébaucher un Manhattan barcelonais, qui n'arriverait jamais à se réaliser. C'était une rue de l'entre-deux-guerres, avec le port à un bout et la Barcelone ouvrière de Gracia à l'autre, artificiellement ouverte pour faire circuler le nerf commercial de la métropole et transformée avec le temps en une rue de syndicats et patrons, de policiers et leurs victimes, et aussi quelque Caisse d'Épargne et le monument, entouré de jardins, sur un fond gothisant, à l'un des plus légitimes comtes de Catalogne. Carvalho avança par la Baja de San Pedro et en arrivant à un portail avec une loge et une cour au fond, il s'y introduisit et commença l'ascension d'un escalier étroit et érodé qui reliait des paliers délabrés sur lesquels donnaient des ateliers d'architectes qui débutaient, d'artisans presque à la retraite, de simples magasins de cuir ou de cartonnages qui profitaient de la générosité spatiale de ces étages fragmentés d'anciennes bâtisses et palais. Devant une porte peinte d'optimistes ramages verts et lilas, Carvalho s'arrêta pour frapper et attendre l'ouverture, par les soins d'un petit vieux lent et silencieux, avec un tablier couvert de poussière de marbre. Il lui ouvrit la porte en grand et, de sa tête, il lui indiqua l'intérieur.
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Bruno nous propose sa traduction :
L’atelier d’Artimbau se trouvait Calle Baja de San Pedro. Carvalho ressentit la nervosité habituelle en passant devant le commissariat central de Police de Vía Layetana. Il ne gardait que des mauvais souvenirs de cette grande bâtisse et quelque désintéressement démocratique qu’on lui portât, ce serait toujours le sombre château de la répression. Un sentiment opposé le réveillait Vía Layetana, avec son aspect de premier pas indécis pour débuter un Manhattan barcelonais, qui n’arriverait jamais à se réaliser. C’était une rue de l’entre-deux-guerres, avec d’un bout le port et la Barcelone ouvrière de Gracia de l’autre, artificiellement ouverte pour faire circuler le nerf commercial de la métropole et, avec le temps, convertie en une rue de syndicats et de patrons, de policiers et de leurs victimes, plus une Caisse d’épargne et le monument, au milieu de jardins sur fond gothicisant, en hommage à un des comtes les plus influents de Catalogne. Carvalho avança dans Baja de San Pedro et arrivant à hauteur d’un portail avec une loge de concierge et une cour au fond, il s’y engagea et commença l’ascension d’un escalier large et usé par l’érosion, qui unissait des paliers disproportionnés sur lesquels donnaient des ateliers d’architectes débutants dans le métier, d’artisans au bord de la retraite et de simples magasins de cuirs et de cartonnages qui profitaient de la générosité de l’espace de ces étages segmentés des anciennes bâtisses et anciens palais. Devant une porte peinte avec d’optimistes guirlandes de feuillage vertes et lilas, Carvalho s’arrêta pour y frapper et attendre l'ouverture de cette dernière, que prenait en charge un petit vieux lent et silencieux, portant un tablier couvert de poussière de marbre. Il lui ouvrit la porte tout grand et fit signe d’entrer d’un mouvement de tête vers l’intérieur.
L’atelier d’Artimbau se trouvait Calle Baja de San Pedro. Carvalho ressentit la nervosité habituelle en passant devant le commissariat central de Police de Vía Layetana. Il ne gardait que des mauvais souvenirs de cette grande bâtisse et quelque désintéressement démocratique qu’on lui portât, ce serait toujours le sombre château de la répression. Un sentiment opposé le réveillait Vía Layetana, avec son aspect de premier pas indécis pour débuter un Manhattan barcelonais, qui n’arriverait jamais à se réaliser. C’était une rue de l’entre-deux-guerres, avec d’un bout le port et la Barcelone ouvrière de Gracia de l’autre, artificiellement ouverte pour faire circuler le nerf commercial de la métropole et, avec le temps, convertie en une rue de syndicats et de patrons, de policiers et de leurs victimes, plus une Caisse d’épargne et le monument, au milieu de jardins sur fond gothicisant, en hommage à un des comtes les plus influents de Catalogne. Carvalho avança dans Baja de San Pedro et arrivant à hauteur d’un portail avec une loge de concierge et une cour au fond, il s’y engagea et commença l’ascension d’un escalier large et usé par l’érosion, qui unissait des paliers disproportionnés sur lesquels donnaient des ateliers d’architectes débutants dans le métier, d’artisans au bord de la retraite et de simples magasins de cuirs et de cartonnages qui profitaient de la générosité de l’espace de ces étages segmentés des anciennes bâtisses et anciens palais. Devant une porte peinte avec d’optimistes guirlandes de feuillage vertes et lilas, Carvalho s’arrêta pour y frapper et attendre l'ouverture de cette dernière, que prenait en charge un petit vieux lent et silencieux, portant un tablier couvert de poussière de marbre. Il lui ouvrit la porte tout grand et fit signe d’entrer d’un mouvement de tête vers l’intérieur.
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