1. Céline Rollero. Comment en êtes-vous arrivé à devenir traducteur et pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
Claude de Frayssinet. Après mes études de Lettres Hispaniques à Paris III je suis parti au Mexique avec une bourse. J'y suis resté trois ans et, revenu en France, je n'étais titulaire de rien. J'ai enseigné trois ans l'espagnol en tant que maître auxiliaire à Paris et en province. L'enseignement dans ces conditions m'a refroidi et je me suis tourné vers la traduction, que j'avais commencé à pratiquer au Mexique à titre personnel, un travail que je faisais avec passion.
2. C. R. Exercez-vous ce métier à plein temps ?
C. F. Oui, je l'exerce à plein temps, avec des moments assez difficiles les premières années. La stabilité dans cette profession n'est jamais acquise.
3. C. R. Comment procédez-vous lorsque vous traduisez une œuvre ? Quels outils utilisez-vous ?
C. F. Je procède comme tout traducteur, en lisant et relisant l'ouvrage à traduire,pour m'imprégner et trouver le ton adéquat. Quant aux outils, mon ordinateur, mes dictionnaires et bien entendu mes lectures (la mémoire de mes lectures passées et les lectures faites au quotidien).
4. C.R. Vous avez traduit de la poésie. Quelles sont les difficultés spécifiques que l’on rencontre quand on traduit de la poésie ? Comment les surmontez-vous ?
C. F. Traduire de la poésie est un choix personnel, un choix d'affinités : aimer la poésie pour s'aventurer à en traduire. Le reste est travail, surtout un travail d'oreille : transcrire la musique espagnole en musique française, avec des succès aléatoires… Les difficultés sont multiples et ce qu'il faut éviter, c'est faire l'impasse sur le rythme, la musicalité, le poids des mots.
5. C.R. Pensez-vous qu’il faille être un peu poète soi-même pour pouvoir traduire de la poésie ?
C. F. Selon la vox populi, seul un poète peut traduire un poète. C'est vrai et c'est faux. Un poète est plus à même d'entendre un poème et donc de le traduire, mais poète lui-même, sa traduction sera une œuvre de poète avec toutes les libertés qu'il voudra s'accorder, ce que ne peut faire un non-poète.
6. C.R. Choisissez-vous les œuvres que vous traduisez ? Le cas échéant, selon quels critères ?
C. F.On aimerait toujours choisir les livres que l'on traduit, ce n'est pas toujours le cas, ce pour des raisons économiques : si la traduction est votre seule source de revenus, vous devez faire des concessions. Sinon, le choix se fait sur la base d'affinités, sur un certain type de littérature, sur une époque, un genre, etc.
7. C.R. Quels rapports éventuels entretenez-vous avec les auteurs des œuvres que vous traduisez ?
C.F. Quand l'auteur est toujours de ce monde, je le contacte pour des points précis et cela s'est toujours bien passé.
8. C.R. Y’a-t-il une œuvre en particulier que vous avez préféré traduire ? Que vous souhaiteriez ou auriez souhaité traduire ?
C. F. J'ai pris un très grand plaisir à traduire les poètes qui composent l'Anthologie de poésie espagnole, publiée en 1995. Mon désir se porterait plutôt sur des poètes latino-américains (Chiliens par exemple comme Nicanor Parra).
9. C. R. Quel est votre meilleur souvenir en tant que traducteur ? Quel est le pire ?
C. F. Le meilleur est sans doute celui d'avoir mené à bien l'Anthologie de poésie espagnole. Le pire est un roman publié chez Balland qui a fait faillite juste après : un livre perdu.
10. C. R. Comment voyez-vous le métier de traducteur aujourd’hui ?
C. F. Le métier est plus structuré, encadré. Le statut du traducteur est plus défini, plus solide, grâce au soutien de l'ATLF, mais les rapports avec les éditeurs sont toujours aussi difficiles...
11. Enfin, quels conseils donneriez-vous à des étudiants qui voudraient se lancer dans la traduction ?
Le seul que l'on peut donner, c'est de faire ce métier avec passion, avec la passion de la lecture, la passion des langues.
1 commentaire:
Une petite vidéo ?
http://youtu.be/YXQ785DRTLc
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