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Coralie :
Après ces longs mois de dur labeur, d’absence de vie sociale, de stress, de fatigue, de semaines sans week-ends, de malbouffe, de nuits blanches, qui ne rêverait pas d’une journée d’évacuation ? Une toute petite journée de détente ! Allongée sur le sable chaud, plongée dans les potins d’un magazine people sans substance, je profiterais de ces quelques heures pour tout oublier, pour gorger ma peau blanche de soleil, pour tenter enfin de recharger mes batteries afin d’entamer la dernière ligne droite, sans doute la plus difficile… Le bruit des vagues me bercerait, je somnolerais, la plage serait calme, les premiers vacanciers ne l'auraient pas encore envahie. Au milieu de l'après midi, nous siroterions une boisson fraîche ou nous dégusterions un sorbet, framboise, fruits de la passion... Un avant-goût d'été. Sur la serviette jusqu'à la tombée de la nuit, un repas entre amis sur une terrasse du bord de mer, un dernier verre dans une ambiance estivale… Et un retour brutal à la réalité…
Après ces longs mois de dur labeur, d’absence de vie sociale, de stress, de fatigue, de semaines sans week-ends, de malbouffe, de nuits blanches, qui ne rêverait pas d’une journée d’évacuation ? Une toute petite journée de détente ! Allongée sur le sable chaud, plongée dans les potins d’un magazine people sans substance, je profiterais de ces quelques heures pour tout oublier, pour gorger ma peau blanche de soleil, pour tenter enfin de recharger mes batteries afin d’entamer la dernière ligne droite, sans doute la plus difficile… Le bruit des vagues me bercerait, je somnolerais, la plage serait calme, les premiers vacanciers ne l'auraient pas encore envahie. Au milieu de l'après midi, nous siroterions une boisson fraîche ou nous dégusterions un sorbet, framboise, fruits de la passion... Un avant-goût d'été. Sur la serviette jusqu'à la tombée de la nuit, un repas entre amis sur une terrasse du bord de mer, un dernier verre dans une ambiance estivale… Et un retour brutal à la réalité…
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Laëtitia Sw. :
D’un pas lent et régulier, elle remontait le chemin creux qui partait de la grange. Au bout de longues enjambées, répétées inlassablement avec la même détermination, elle finit par atteindre une clairière. Le soleil encore timide de ce mois d’avril à peine éclos filtrait ça et là à travers les frondaisons. Une légère brise s’était levée. Elle marchait depuis trois heures maintenant mais ne voulait pas pour autant prêter attention aux manifestations déjà claires de la fatigue. Elle était grisée par la douceur de l’air, la caresse des rayons obliques et du vent sur sa peau, les effluves vivifiants qui émanaient de la terre. Chaque année, à la même période, elle sentait de nouveau sourdre dans sa chair cette pulsion de vie qui réanimait les éléments. Elle s’insinuait d’abord imperceptiblement, comme un chatouillement diffus qui lui éclairait le sourire et les yeux, puis plus nettement, tel un flux discret mais constant qui irradiait la moindre parcelle de son être, enfin, librement, en un frissonnement joyeux, en un bouillonnement continu des sens. Filtres d’amour au zénith, ces sursauts capricieux d’énergie, qui lui faisaient l’effet d’enivrantes bulles pétillantes, marquaient l’étape finale de sa métamorphose. Chaque année, quoi qu’il arrive, c’était donc la même promesse, la même réaction : le printemps reprenait immanquablement ses droits sur l’hiver et évacuait les dernières ombres de désolation. Mais pour l’instant, le processus était tout juste engagé. Elle avait donc toujours l’impression tenace de se réveiller d’un long sommeil. D’ailleurs, c’est encore engourdie, un peu gauche dans ses mouvements et le souffle vaguement court qu’elle s’était élancée hors de la maison ce matin.
En longeant les champs d’en haut, elle prit une inspiration profonde pour s’emplir du parfum capiteux des mimosas en fleur, puis elle décida de faire un détour par le sentier aux coquelicots où coulait, tapi dans un coin broussailleux, un ruisseau rieur. Elle s’assit sur une petite butte mousseuse, se déchaussa et plongea avec ravissement ses pieds dans l’eau froide. Elle se renversa sur le dos, ferma les yeux et s’absorba dans le ressenti délicieux de son corps palpitant, accordé à la nature.
D’un pas lent et régulier, elle remontait le chemin creux qui partait de la grange. Au bout de longues enjambées, répétées inlassablement avec la même détermination, elle finit par atteindre une clairière. Le soleil encore timide de ce mois d’avril à peine éclos filtrait ça et là à travers les frondaisons. Une légère brise s’était levée. Elle marchait depuis trois heures maintenant mais ne voulait pas pour autant prêter attention aux manifestations déjà claires de la fatigue. Elle était grisée par la douceur de l’air, la caresse des rayons obliques et du vent sur sa peau, les effluves vivifiants qui émanaient de la terre. Chaque année, à la même période, elle sentait de nouveau sourdre dans sa chair cette pulsion de vie qui réanimait les éléments. Elle s’insinuait d’abord imperceptiblement, comme un chatouillement diffus qui lui éclairait le sourire et les yeux, puis plus nettement, tel un flux discret mais constant qui irradiait la moindre parcelle de son être, enfin, librement, en un frissonnement joyeux, en un bouillonnement continu des sens. Filtres d’amour au zénith, ces sursauts capricieux d’énergie, qui lui faisaient l’effet d’enivrantes bulles pétillantes, marquaient l’étape finale de sa métamorphose. Chaque année, quoi qu’il arrive, c’était donc la même promesse, la même réaction : le printemps reprenait immanquablement ses droits sur l’hiver et évacuait les dernières ombres de désolation. Mais pour l’instant, le processus était tout juste engagé. Elle avait donc toujours l’impression tenace de se réveiller d’un long sommeil. D’ailleurs, c’est encore engourdie, un peu gauche dans ses mouvements et le souffle vaguement court qu’elle s’était élancée hors de la maison ce matin.
En longeant les champs d’en haut, elle prit une inspiration profonde pour s’emplir du parfum capiteux des mimosas en fleur, puis elle décida de faire un détour par le sentier aux coquelicots où coulait, tapi dans un coin broussailleux, un ruisseau rieur. Elle s’assit sur une petite butte mousseuse, se déchaussa et plongea avec ravissement ses pieds dans l’eau froide. Elle se renversa sur le dos, ferma les yeux et s’absorba dans le ressenti délicieux de son corps palpitant, accordé à la nature.
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