lundi 31 janvier 2011

dimanche 30 janvier 2011

samedi 29 janvier 2011

Version pour le 29 janvier

La pensión a la que me dirigí estaba cómoda­mente ubicada en un recoveco de la calle de las Tapias y se anunciaba así : HOTEL CUPIDO, todo confort, bidet en todas las habitaciones. El encar­gado roncaba a pierna suelta y se despertó furio­so. Era tuerto y propenso a la blasfemia. No sin discusión accedió a cambalachear el reloj y los bo­lígrafos por un cuarto con ventana por tres no­ches. A mis protestas adujo que la inestabilidad política había mermado la avalancha turística y re­traído la inversión privada de capital. Yo alegué que si estos factores habían afectado a la indus­tria hotelera, también habrían afectado a la in­dustria relojera y a la industria del bolígrafo,como­quiera que se llame, a lo que respondió el tuerto que tal cosa le traía sin cuidado, que tres noches era su última palabra y que lo tomaba o lo dejaba. El trato era abusivo, pero no me quedó otro remedio que aceptarlo. La habitación que me tocó en suerte era una pocilga y olía a meados. Las sá­banas estaban tan sucias que hube de despegarlas tironeando. Bajo la almohada encontré un calce­tín agujereado. El cuarto de baño comunal parecía una piscina, el water y el lavabo estaban embo­zados y flotaba en este último una sustancia vis­cosa e irisada muy del gusto de las moscas. No era cosa de ducharse y regresé a la habitación. A través de los tabiques se oían expectoraciones, ja­deos y, esporádicamente, pedos. Me dije que si fuera yo rico algún día, otros lujos no me daría, pero sí el frecuentar sólo hospedajes de una estre­lla, cuando menos. Mientras pisoteaba las cucara­chas que corrían por la cama, no pude por menos de recordar la celda del manicomio, tan higiéni­ca, y confieso que me tentó la nostalgia. Pero no hay mayor bien, dicen, que la libertad, y no era cuestión de menospreciarla ahora que gozaba de ella. Con este consuelo me metí en la cama y traté de dormirme repitiendo para mis adentros la hora en que quería despertarme, pues sé que el sub­consciente, además de desvirtuar nuestra infancia, tergiversar nuestros afectos, recordarnos lo que ansiamos olvidar, revelarnos nuestra abyecta con­dición y destrozarnos, en suma, la vida, cuando se le antoja y a modo de compensación, hace las veces de despertador.

Eduardo Mendoza, El misterio de la cripta embrujada

***

Pauline (étudiante en Master 1) nous propose sa traduction :

La pension vers laquelle je me dirigeai était commodément située au détour de la Calle de las Tapias et se présentait ainsi : HOTEL CUPIDO, tout confort, bidet dans toutes les chambres. Le préposé ronflait tranquillement et s’éveilla, furieux. Il était borgne et avait tendance à blasphémer. Non sans discuter, il consentit à troquer la montre et les stylos contre une chambre avec fenêtre pour trois nuits. A mes protestations, il ajouta que l’instabilité politique avait amenuisé l’avalanche touristique et retrait l’inversion privée de capital. J’alléguai que si ces facteurs avaient affecté l’industrie hôtelière, ils auraient aussi affecté l’industrie horlogère et l’industrie du stylo, quel que soit son nom, à quoi répondit le borgne qu’une telle chose était le cadet de ses soucis, que trois nuits était son dernier mot et que je le prenais ou je le laissais. Le marché était abusif, mais je n’avais pas d’autre moyen que de l’accepter. La chambre qui m’échu était une porcherie et sentait la pisse. Les draps étaient si sales que je dû les décoller en les secouant. Sous l’oreiller, je trouvai une chaussette percée. La salle de bain commune avait l’air d’une piscine, le water et le lavabo étaient cachés et il flottait dans ce dernier une substance visqueuse et irisée, vraiment du goût des mouches. Il était impossible de se doucher et je revins dans la chambre. A travers les cloisons, on entendait expectorations, halètements, et, sporadiquement, des pets. Je me dis que si j’étais riche un de ces jour, je ne me donnerais pas d’autre luxe, mais ne fréquenter que des logements d’une étoile, au moins, si. Tandis que j’écrasais les cafards qui courraient dans le lit, je ne pu me souvenir à moins de la cellule de l’asile, si hygiénique, et j’avoue que je fus tenté par la nostalgie. Mais il n’y a pas de meilleur bien, dit-on, que la liberté, et il n’était pas question de la mépriser, maintenant que j’en profitais. Avec cette consolation, je me mis dans le lit et j’essayai de m’endormir, en me répétant en mon for intérieur, l’heure où je voulais me réveiller, car je sais que le subconscient, en plus de dénaturer notre enfance, fausser nos affects, nous rappeler ce dont nous mourons d’envie d’oublier, nous révéler notre abjecte condition et nous détruire, en somme, la vie, quand ça lui chante et en guise de compensation, tient lieu de réveil.

La version de l'agrégation interne – session 2010-2011

Comme je ne suis pas là de la semaine et que vous allez donc périr d'ennui sans traduction autre que votre roman, je vous demande de vous y coller – les aimables candidates bordelaises au concours vous seront reconnaissantes de leur faire des propositions… Envoyez-moi cela pour samedi prochain.

Un mazazo, capaz de alurdir a un buey: eso había sido la revelación de Robert. Su famoso dirscurso nos había dejado tontos. Ya, ya irían brotando, como erupción cutánea, las ronchas que en cada cual levantaría tan pesada broma: pues -a unos más y a otros menos- ¿ a quién no había de indigestársele el postre que en aquella cena debimos tragarnos? Cuando al olro día, pasado el estupor de la sorpresa y disipados también con el sueño los vapores alcohólicos que tanto entorpecen el cerebro, amaneció la gente, para muchos era increíble lo visto y lo oído: andábamos todos desconcertados, medio huidos, rabo entre piernas. Tras vueltas, reticencias y tanteos que ocuparían las horas de la mañana, sólo al atardecer se entró de lleno a comentar lo sucedido; y entonces, ¡ qué cosas peregrinas no pudieron escucharse! Por lo pronto, y aunque parezca extraño (yo tenía miedo a los excesos de la chabacanería), aunquo parezca raro, la reaccón furiosa contra la mujer, de que Ruiz Abarca ofreciera en el acto mismo un primer y brutal ejemplo, no fue la actitud más común. Hubiera podido calcularse que ella constituiría el blanco natural de las mayores indignaciones, el objeto de los dicterios más enconados: pero no fue así. La perfidia femenina – corroborada, una vez más, melancólicamente- no sublevaba tanto como la jugarrreta, de Robert, ese canalla que ahora -pensábamos- estaría burlándose de nosotros, y riendo tanto mejor cuanto que era el último en reír. Durante meses y meses nos había dejado creer que le engañábamos, y los engañados éramos nosotros: esto sacaba de tino, ponía rojos de rabia a muchos. Pues, en verdad, la conducta del señor director de Expediciones y Embarques resultaba el bocado de digestión más difícil; pensar que se había destapado con desparpajo inaudito -mejor aún, con frío y repugnante cinismo- como un chulo vulgar, rufián y proxeneta, suscitaba oleadas de rabia y tardío coraje, quizás no tanto por el hecho en sí como por la vejación del chasco.

Francisco Ayala, Historia de Macacos (1955), Madrid, Clásicos Castalia, 1995, p. 99-100.

À vos dicos…, 61

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : GABEGIE

Références culturelles, 718 : Severo Sarduy

http://laregledujeu.org/encyclopedie/2010/05/11/146/severo-sarduy/

vendredi 28 janvier 2011

De la part de Stéphanie

Un lien vers un entretien avec Robert Amutio, traducteur de Roberto Bolaño

http://littexpress.over-blog.net/article-entretien-avec-robert-amutio-traducteur-65470640.html

Premier cours avec Stéphanie Benson. Atelier d'écriture, par Julie Sanchez

Hier, vendredi 21 janvier 2010, nous avons eu notre premier atelier d'écriture avec Stéphanie Benson (son site ici).
En deux heures, Stéphanie nous a expliqué comment, tout d'abord, créer un personnage de roman ou de nouvelle (nous aurons une nouvelle à rendre pour la cinquième et dernière séance).
Nous avons découvert le thème commun à toute la classe : Liberté (et donc, contraintes) et cherché des sous-thèmes pouvant s'y référer (par exemple, la loi, la couple, la politique, les lieux géographiques, les voyages, le sujet et le corps. Ces sous-thèmes renfermant aussi d'autres sous-thèmes!).
Il a fallu que chacun crée son personnage et écrive un premier paragraphe pour le présenter et commencer l'histoire.
Le personnage était soit un homme, soit une femme, on pouvait choisir son âge, le nommer ou non (tâche ardue!), dire s'il est actif ou passif, seul ou entouré d'autres personnages, clair ou sombre...
Après avoir rédigé son petit début de texte, chacun l'a lu devant les autres.
La principale difficulté que j'ai rencontrée était de trop donner de détails au lecteur dès le début... Il aurait fallu que je cache certaines choses pour le moment afin que le lecteur ne sache pas très bien à quoi s'attendre, qu'il se pose des questions.

Voici mon début de texte après modification :

Assise sur son lit dans sa robe d’un rouge intense, Lune pleurait. Elle se persuadait que son avenir serait sans doute heureux. Elle était ravissante du haut de ses quinze ans et elle devenait une femme. Ses cheveux, d’un noir intense aux reflets presque bleutés contrastaient avec ses grands yeux verts. Son corps n’avait plus l’air d’être celui d’une enfant. Sa taille s’affinait à mesure que ses hanches s’élargissaient, ses seins étaient devenus ronds et fermes. Plus elle se regardait, plus elle se trouvait belle. Mais elle ne parvenait pas à sécher ses larmes. Les fleurs d’oranger dégageaient tout autour d’elle une odeur sucrée qui lui rappelait ses jeunes années passées dans les champs voisins. « C’est le plus beau jour de ta vie ! » lui soufflait une voix, tout près de son oreille. C’est alors que la porte de sa chambre s’ouvrit.

Alexis a réglé son problème…

« Dû n'est plus parmi nous », par Alexis Porszka

FLASH INFO

Nous interrompons notre programme pour vous annoncer le mystérieux assassinat de Monsieur Dû à Bordeaux ce soir.
D’après l’autopsie, la victime est morte par gommage cérébral. Les hématomes retrouvés un peu partout sur son corps révèlent que son assassin l’a tabassé sauvagement, post mortem, à coups de synonymes. Un morceau de papier chiffonné a également été retrouvé au fond de sa gorge ; dessus, l’inscription incomplète « Hasta la vista, sac à… ».
Lors de l’interrogatoire, le criminel, un apprenti traducteur âgé de vingt-cinq ans, a avoué aux policiers être également l’auteur d’une série meurtres ayant semé la terreur à Tradabordo : ceux de Monsieur Ce-Dernier et de Mademoiselle Au-Final, tout deux disparus depuis plusieurs semaines, ainsi que les crimes non élucidés de Monsieur Basé-Sur et de son épouse Madame Axée-Sur.
Le jeune homme, désormais interné dans une Unité Psychiatrique, n’a pas cherché à nier les faits et s’est contenté de déclaré aux enquêteurs que la victime le harcelait, s’immisçant perpétuellement dans son langage. S’agit-il donc d’un acte de légitime défense ou déforme-t-il les faits pour justifier son acte ?

Références culturelles, 717 : Wendy Guerra

http://www.evene.fr/celebre/biographie/wendy-guerra-37020.php

À vos dicos…, 60

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : MAMELU

jeudi 27 janvier 2011

Références culturelles, 716 : Orlando Zapata

http://fr.wikipedia.org/wiki/Orlando_Zapata

À vos dicos…, 59

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : MARRI

mercredi 26 janvier 2011

Références culturelles, 715 : Heberto Padilla

http://fr.wikipedia.org/wiki/Heberto_Padilla

À vos dicos…, 58

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : VIBRATILE

mardi 25 janvier 2011

La chanson du mardi, choisie par Julie

Quién será de Polo Montañez.
Présentation de Julie : « Je l'adore ! Je dansais dessus avec mon père. Salsa et flamenco mélangés c'était sympa =) »

Entrevista con Juan Manuel de Prada

À vos dicos…, 57

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : GRAVIDE

Références culturelles, 714 : Rosario Ferré

http://www.ensayistas.org/filosofos/puertorico/ferre/

lundi 24 janvier 2011

S'il fallait n'en garder qu'une…

… laquelle garderions-nous. Quoi donc ? L'une des trois réalisations artistiques / photos d'Alexis. Car il est temps de faire un peu de rangement dans cette colonne de droite, à présent bien encombrée. Alors ? Tradabordo dans le sable ? Tradabordo dans la neige ? Ou Tradabordo dans le chocolat ? J'attends votre avis via les commentaires – comme d'habitude.

7 X 3 = 21 Refranes gastronómicos

En photo : ñam ñam
par Lua in Wonderland.

Chacun d'entre vous en prendra 3 et nous trouvera l'équivalent français. Nous éliminerons au fur et à mesure que ça part… Autant dire que plus vous arriverez tard à la soupe, plus ce sera difficile ;-))))

À table !




1- «Mujer que guisa, se casa aprisa.» [Alexis]
2- «A comer y a la cama, una vez se llama.»
3- «A falta de pan, tortillas.» [Olivier]
4- «Al mejor cocinero se le va un tomate entero.» [Auréba]
5- «Las cuentas claras y el chocolate espeso.» [Stéphanie] [Auréba]
6- «Del plato a la boca se cae la sopa.» [Vanessa]
7- «A comer y a misa, una vez se avisa.»
8- «Donde no hay harina, todo es muina.» [Auréba]
9- «Las penas con pan son menos.» [Vanessa]
10- «Barriga llena, corazón contento.» [Olivier]
11- «Entre menos burros, más olotes.» [Vanessa]
12- «Para todo mal, mezcal. Para todo bien, también.»
13- «Cuando como no conozco.» [Olivier]
14- «Están primero los dientes que los parientes.» [Stéphanie]
15- «A los hombres por el estómago se les conquista.» [Stéphanie]
16- «Ya comimos, ya nos fuimos.»
17- «Ya llegué y vine a cenar.»
18- «Ya comí, ya bebí, ¿qué hago aquí?.»
19- «Costal vacío no se para.» [Alexis]
20- «Costal lleno no se dobla.»
21- «Platica, poblano, mientras yo te gano.»

Exercice d'écriture : « Coupure d'électricité », par Auréba Sadouni

En photo : draa el mizan cheval de l espoire
par draa el mizan 15

Le repas ayant touché à sa fin, Threfa se traîna doucement dans la cuisine, en revint une éponge mouillée à la main, avec laquelle elle se mit à enlever les noyaux d’olives, les taches d’huile d’olive des poivrons frits, les queues de piment et les petits bouts d’os fins et pointus du poulet qui avait accompagné dans le savoureux bouillon piquant les boulettes de semoule parfumées à la menthe, éparpillés sur la table basse en bois non verni qu’elle venait de débarrasser devant le regard inattentif de ses frères qui étaient restés assis en tailleur sur le grand tapis vert du séjour. Elle s’organisait de la sorte : tout d’abord, il fallait se rendre dans le garage pour remplir une petite bassine ronde avec de l’eau – que sa mère avait portée depuis un puits situé en amont de la colline –, contenue dans des tonneaux bleus de plus d’un mètre de hauteur. Elle disposait un tabouret au milieu de la cuisine pour y poser son postérieur et se pencher sur son évier en plastique improvisé, posé à même le sol. Pour frotter assiettes, verres et couverts, elle utilisait de la lessive en poudre, la même avec laquelle elle lavait ensuite, assise sur le même tabouret en bois, dans la douche, armée d’une brosse récupérée d’un balai, le jean marron-crème de Sofiane et la robe kabyle blanche de Diana dont la rigide encolure arrondie était ornée de surpiqûres en zigzag multicolores. Non, il n’y avait pas de lave-vaisselle ni de machine à laver. L’équipement de la maison était très modeste, tout comme les personnes qui y vivaient. Rien ne se faisait tout seul, mais c’était tout comme pour les jeunes frères, car c’était Threfa qui faisait tout. Et chacun de ses gestes étaient d’une telle lenteur que n’importe qui aurait pu deviner qu’elle voulait ne pas trop souffrir de la dilatation du temps dans son quotidien de jeune femme d’intérieur qui ne sortait que pour les grandes occasions comme les mariages des autres habitants du village, et quelques fois, au marché de Draa el Mizan, accompagnée de l’un de ses frères, où exceptionnellement, elle pouvait s’offrir un enregistrement cassette de Khaled, de Takfarinas, d’Idir ou d’Hélène Segara, vendus par les camelots présentant leur petit étalage, après avoir dépensé environ cent dinars pour dix kilos de pommes de terre, à côté de là où l’on pouvait voir les taches de sang de quelques poulets égorgés sur le bord du trottoir. Non. Threfa ne sortait pas beaucoup. Elle n’allait pas à l’école. Elle ne se baladait avec personne au milieu des chemins pierreux bordés de figuiers de barbarie tout près de sa maison. Elle n’allait jamais toute seule acheter des rafraichissements chez le limonadier du coin. Il y avait plein de choses qu’elle ne faisait pas, mais elle avait le sourire et était d’une gentillesse et d’une douceur inégalables envers autrui. Elle semblait ne pas vivre pour elle-même, mais pour son prochain. Elle vivait à travers les autres. Ce jour-là, donc, comme presque toutes les journées, après avoir vaqué aux occupations qui lui incombaient, elle s’adonna à son loisir préféré : regarder la telenovela Isabella Aziza. Isabella était une femme sublime. Ses cheveux dorés aux boucles parfaitement définies encadraient à merveille son visage d’ange au regard profond et envoûtant que mettaient en valeur son teint mielleux et ses cils longs, étoffés et magnifiquement recourbés sous des sourcils irréprochablement bien dessinés. Dans les épisodes précédents, tous les obstacles possibles et imaginables s’étaient dressés entre elle et « Alessandrou », l’amour de sa vie. Alessandro était le parfait macho mexicano : beau, grand, robuste, des lèvres gourmandes et un regard à faire fondre de désir toutes les femmes, de la midinette de quatorze ans à la ménagère de cinquante ans et même la mémé de quatre-vingt-dix ans, ainsi que de nombreux hommes, au fond, et bien sûr, Isabella avait du mal à résister à son charme. Non seulement il était admirable à regarder lorsqu’il mettait les pieds à l’étrier et se tenait droit en exhibant sous les manches de ses chemises à carreaux ses bras forts, capables de porter le monde entier, Isabella était troublée par sa voix grave et posée qui l’envoutait à chaque fois qu’il lui parlait. Elle avait peur de vivre au grand jour ce qui s’était déjà passé dans sa tête des milliers de fois. Ça crevait l’écran : ils étaient destinés à s’aimer pour le meilleur et pour le pire. Threfa n’avait jamais raté un seul épisode, et celui-ci était le dernier. L’instant véridique était imminent. Elle était en haleine. Leurs fiançailles allaient-t-elle aboutir à un beau mariage ? Ou est-ce que la malveillante Veronica allait de nouveau en faire des siennes et noircir le tableau ? Threfa était captivée par les images et les sons émis à travers le téléviseur, lorsque soudain, celui-ci se noircit totalement. « Ouleche ilictrissiti ! », soupira-t-elle, indignée par cette malencontreuse coupure d’électricité qui la plongeait dans un état de frustration incommensurable. Voilà comment elle était remerciée de sa fidélité aux aventures et mésaventures du couple qui avaient éveillé en elle durant une année entière toutes sortes de sentiments. Tous les jours entre quatre heures et cinq heures de l’après-midi, elle s’oubliait soi-même pour se confondre avec l’héroïne principale. Pour elle, il s’agissait un peu de son propre mariage. En fait, elle était Isabella.
Ce retour à la réalité fut des plus abrupts. Heureusement, pour son réconfort, il y avait de l’animation à l’extérieur, comme en témoignait la musique tapageuse qui parvenait à ses oreilles. Elle alla rejoindre Sofiane, Ahmitouche et Diana sur la terrasse reliée à la maison par des escaliers et surplombant un petit stade de foot où se jouait un match amical. Sur le côté droit, les supporters, tous des hommes, chantaient, accompagnés du son rythmé du bendir, dans le but d’encourager les joueurs aux chaussettes montantes vêtus de shorts et de maillots rouges et verts. Ils étaient presque tous dans un état de transe. Finalement, il y avait du bon dans le fait que l’électricité se soit mise en grève. Au diable Isabella ! La place grouillait de vie. Threfa et sa famille partageaient un bon moment, sous un soleil qui faisait roussir les mèches de cheveux d’Ahmitouche. Heureusement, c’était l’été, et ne parvenant pas à rétablir le courant, ils décidèrent de monter leurs matelas et de passer la soirée sur la grande terrasse où ils s’endormirent tous, après avoir contemplé la lointaine montagne du Djurdjura se découpant sur l’horizon, sous la lumière de la pleine lune et sur un fond sonore d’aboiements et d’appels à la prière jusqu’à ce qu’à l’aube, le coq se manifesta, annonçant une nouvelle journée au cours de laquelle, Threfa, et pas seulement elle, allait certainement s’exiler dans un nouveau rêve. À moins que...

À vos dicos…, 56

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : MADRÉ

Références culturelles, 713 : Horacio Castellanos Moya

http://www.lalettrine.com/article-22824878.html





dimanche 23 janvier 2011

Petit lexique de l'outillage, par Alexis Poraszka

En photo : Outillage
par gregalex777












Auge = Cuezo
Barre à mine = Perforadora
Bêche = Laya
Bétonnière = Hormigonera
Bricolage = Chapuz, chapucería
Bricoler = Chapucear
Brouette = Carretilla
Chanfreiner = Achaflanar
Clé anglaise/clé à molette = Llave inglesa
Clou = Clavo
Ebavurer = Desbarbar
Echafaudage = Andamio
Equerre = Escuadra
Fer à souder = Soldador
Forer = Barrenar, taladrar
Foreuse = Taladradora, barrenadora
Fraisage = Fresado
Fraise = Fresa
Fraise à bois = Lengüeta
Fraiser = Fresar
Malaxeur = Mezcladora
Marteau = Martillo
Marteau piqueur = Martillo neumático / Perforadora neumática
Mètre = Metro
Niveau à bulle = Nivel de aire
Pelle = Pala
Pelleteuse = Excavadora
Percer = Taladrar, Horadar
Perceuse = Taladradora
Pied à coulisse = Pie de rey, Compás de corredera
Pince = Pinza
Pioche = Piocha, pico
Ponceuse = Lijadora
Rabot = Cepillo (menuisier), Batidera (maçon)
Rouleau compresseur = Cilindro compresor
Scie = Sierra
Scie circulaire = Sierra circular
Scie sauteuse = Sierra alternativa vertical
Scier = Serrar, aserrar
Serre-joint = Cárcel
Taloche = Esparavel, llana
Taraud à main = Terraja
Taraudage = Aterrajado
Tenaille = Tenazas
Tournevis plat = Destornillador
Tournevis cruciforme = Destornillador de estrella
Tronçonneuse = Máquina de tronzar, tronzador
Truelle = Trulla
Vis = Tornillo

Exercice d'écriture : « Coupure d'électricité », par Alexis Poraszka

En photo : Electricité
par || Laya ||

6 VARIATIONS AUTOUR DE LA COUPURE D’ELECTRICITE

Bénie soit l’électricité ? Levons donc notre verre à Newton ! Cela dit, si seulement, dans un même élan de génie, il avait découvert le moyen infaillible d’éviter les pannes de courant, de les empêcher d’apparaître inopinément, au moment où ça pose le plus de problème, ça aurait tout de même été mieux ! Alors finalement, non, ne levons pas notre verre à la gloire et à la santé de Newton car il a bâclé son invention et nous laisse nous fourrer dans de drôles de situations !
D’ailleurs, ne vous êtes-vous jamais demandé quels sont les moments pendant lesquels il ne faut en aucun cas que se produise une coupure d’électricité ? Moi si. Ce que je vous propose aujourd’hui est une liste, non exhaustive cela va sans dire, des situations parmi les plus embarrassantes, ou du moins les plus gênantes, les pire moments pour recevoir ce coup de massue du destin : la coupure d’électricité. Ne voyez pas une hiérarchie particulière quant à l’ordre dans lequel je propose ces situations.

LES TOILETTES.
En montant dans sa voiture, Andrew regretta d’avoir autant abusé des fruits pas assez mûrs présentés au buffet du midi. A peine fut-il engagé sur le périphérique que son ventre se mit à gargouiller. « J’aurais dû aller aux toilettes avant de quitter le bureau » songea-t-il, mais il n’était plus question de faire demi-tour. Par chance, la circulation était fluide et il put rapidement atteindre le quartier résidentiel aux abords de Los Angeles. Il gara sa voiture devant sa maison dans laquelle il venait d’emménager en prenant bien soin de ne pas trop coller la bordure de fleurs qui menait jusqu’à la porte d’entrée : « si je piétine ses fleurs, ma femme sera folle » pensa-t-il. Il saisit son attaché-case sur la banquette arrière et se pressa en direction de la maison. Une fois entré, il referma la porte derrière lui, laissa tomber sa sacoche et se dirigea vers les toilettes. Les derniers mètres étaient les plus difficiles. Il était surpris chaque fois qu’il pénétrait dans cette pièce immense, beaucoup trop vaste pour l’usage qu’ils en avaient sa femme et lui. Il fit un pas et resta paralysé, les plombs avaient sauté. C’était tout un dilemme pour Andrew qui ne savait se repérer dans ces toilettes-salle de bain. En serrant les jambes, il réfléchit un instant. « Alors, devant moi à environ 3 mètres il y a le lavabo. A gauche du lavabo, il y a les toilettes. Oui, c’est ça ». Il s’avança tout en défaisant sa ceinture et déboutonnant son pantalon. « Où est-ce à droite ? Ah, zut ! Non, c’est à droite que sont les toilettes ». Il fit les derniers pas en courant, posa ses mains sur le rebord en céramique, en déduisit qu’il s’agissait bien des toilettes, baissa son pantalon, s’assit et soupira. « Ouf ! Il était moins une ». L’espace de quelques instants, il savoura ce moment délicieux où tous ses muscles étaient relâchés, où plus rien ne pouvait lui arriver. Perdu dans l’obscurité la plus total et un silence religieux, il laissa tomber sa tête en arrière en fermant les yeux. Il souriait. N’ayant pas remarqué que le courant était revenu, il fut tiré de ses pensées par un cri de sa femme suivi d’un fou rire. Il ouvrit les yeux, fixa sa femme qui se moquait de lui et se rendit compte que, dans l’obscurité, il avait confondu les toilettes avec le bidet.

LA DOUCHE
Après une heure passée à courir le long des quais, je posais enfin les pieds chez moi. Je n’avais qu’une envie, enlever mes vêtements et me jeter dans la douche. J’ai toujours apprécié les douches –plus que les bains– mais la douche de l’après jogging est spécialement agréable ! Sentir les premières gouttes d’eau se crasher sur mon épaule, le pouls diminuer progressivement et me rafraîchir le visage avec cette eau bénite. Vous revoyez la publicité pour les shampoings Ushuaïa –ou peut-être est-ce Tahiti– de ces gens qui prennent une douche –au ralenti– ? Eh bien, voilà comment j’aime prendre mes douches après avoir couru. Le problème, c’est que tout ne se passe pas toujours comme on le voudrait.
En pleine séance de zenification, je fus coupé dans mon élan. La coupure d’électricité m’a tout bonnement coupé mon effet publicité Ushuaïa –ou Tahiti. Je me retrouvais là, comme un con, du shampoing plein les cheveux et devant les yeux et du gel douche sur tout le corps. Je tentai de remettre l’eau afin de me rincer mais je faillis m’ébouillanter. Une chose à laquelle je n’avais encore jamais fait attention, c’est que dans l’obscurité totale, j’avais du mal à rester en équilibre alors que je me rinçais les cheveux. Oui, je l’admets, ça paraît ridicule.
Après tout, le plus problématique, ce n’est pas tant de devoir se rincer dans le noir mais plutôt la grande question « je fais comment maintenant ? ». La serviette est posée quelque part mais j’ignore où, devant ma douche se trouvent les toilettes –étrange emplacement– donc attention à ne pas tomber… J’essaie donc de secouer ma jambe pour faire tomber les dernières gouttes, je pose mes pieds sur le carrelage et cherche, à tâtons, une serviette. Une fois essuyé, j’ouvre la porte de la salle de bain et découvre, tout heureux, la lumière du jour dans le reste du studio. Quelle idée de ne pas mettre de fenêtre dans une salle de bain ?

TELEPHERIQUE EN HAUTE MONTAGNE.
Helmut reposa son verre de vin chaud sur la petite table sans même lever le nez de la carte. Il espérait trouver une petite balade agréable, hors des chantiers battus pour y emmener Gericht, son épouse. Elle ne se préoccupait pas du programme, elle se contenterait de suivre son mari comme elle l’a toujours fait. D’ailleurs, elle avait d’autres choses à faire. Pendant que son mari s’imaginait s’aventurant sur du hors-piste, elle se couvrait de crème solaire.
Après moult discussions, ils furent partis sur les chemins couverts de neige, en direction des sommets. Lui regardait sa boussole, elle regardait en l’air. Après plusieurs heures de marches, de pause et de remise en route, ils s’arrêtèrent devant la pancarte du téléphérique.
— Gericht, ma douce, ça doit être formidable ! –lui lança Helmut.
— Hmm… si tu le dis.
Une fois encore, elle faisait confiance à son mari pour lui faire découvrir de nouveaux paysages et lui faire faire de nouvelles expériences. Ils payèrent leur ticket et se placèrent, dans la cabine, tout contre la fenêtre. Ils étaient seuls avec le conducteur, quel que soit son poste. Mais ils ne prêtèrent aucune attention à ce jeune garçon et Gericht admit que la vue était splendide et que la montagne était vraiment une bonne idée pour s’éloigner du stress professionnel.
À mi-chemin, la cabine s’arrêta accompagné d’un bruit mécanique peu rassurant. Sans plus attendre, Gericht saisit fortement la main de son mari et la serra autant qu’elle le put. Leurs conversations avaient laissé place à un grand silence uniquement brisé par les grincements de la machine. Helmut se retourna pour demander au conducteur ce qu’il se passait mais en voyant le jeune homme plus blanc que la neige environnante, il comprit aussitôt que c’était grave. Helmut voulut s’enquérir du rôle exact du garçon et apprit qu’il ne s’agissait que d’un emploi étudiant pendant l’été et qu’il n’avait aucune idée de comment fonctionnait la mécanique.
— On va mourir ! On va tous mourir ! Helmut ! – commença à hurler Gericht en essuyant ses mains moites sur son short rouge.
— Arrête voir de t’affoler comme ça tu vas nous faire chavirer, espèce de folle !!! –cria Helmut en la secouant. Et surtout ne regarde pas en bas !
Il la lâcha et se tut. Il avait remarqué depuis quelques minutes la tempête qui s’approchait mais n’avait rien dit pour ne pas effrayer davantage son épouse. Par chance, la cabine se remit en marche et ils purent poser un pied sur la terre ferme quelques dix minutes plus tard. Pendant ce laps de temps, Gericht avait concentré ses cent kilos au centre de la machine et juré que plus jamais, au grand jamais, elle n’accepterait de suivre aveuglément son mari.

DISCOTHEQUE
— Vous êtes sexy en diable, jeune homme ! –cria-t-elle.
— Hein ? –hurla Arnaud.
— Je disais –dit la femme en se rapprochant de son oreille– que t’es une p’tite bombe !
— Ah, ouais, merci –avait-il répondu avant de rajouter–, t’es pas mal non plus.
Pendant quelques minutes, il n’avait pas réfléchi à ce qu’il venait de faire. Il continua à danser au rythme endiablé de la techno, puis il posa nonchalamment son regard sur cette femme qui se déhanchait à côté de lui, si ce n’est contre lui. Les faisceaux lumineux rendaient l’opération plus compliquée et, porté par le son, il se tourna vers elle et ils dansèrent ensemble pendant quelques instants. Ne voyant pas bien son visage, il décida de pivoter pour qu’elle se retrouve face au projecteur. Son plan marcha comme sur des roulettes, il tournait petit à petit et elle se déplaçait pour rester devant lui. Soudain, Arnaud fit un pas en arrière. « Oh, putain » avait-il dit. Le projecteur avait illuminé le visage de sa cavalière révélant une femme d’une cinquantaine d’années, blonde platine, probablement accroc aux UV. Elle portait une jupe fendue sur la jambe gauche et un petit débardeur qu’Arnaud devina motifs panthère. Pour s’en défaire, le jeune homme s’approcha d’elle :
— Vas-y, continue à danser ! Attends-moi là, je vais chercher un verre –avait-il dit avec un petit sourire qu’il savait irrésistible.
Au bar, il retrouva Jérémy et Daphné, un couple d’amis.
— Wah, vous imaginez pas qui vient de me draguer ! –dit-il avant de boire une gorgée de bière.
— Si, un Cougar ! –répondit Daphné en rigolant. Fais gaffe, elle est derrière ton joli petit cul !
C’était vrai, elle s’était rapprochée, et se mit à lui lancer des regards très expressifs. Et alors qu’Arnaud cherchait une solution pour s’en débarrasser, la musique s’éteignit d’un coup, l’obscurité tomba dans la discothèque, accompagnées des « ouuh » des danseurs en pleine transe. Puis ce qu’il redoutait le plus se produisit. Il sentit la main de la cinquantenaire se promener sur ses fesses rondes avant de tenter une approche de son entre-jambe. Arnaud lui saisit la main et, discrètement, échangea sa place avec celle de Jérémy. Personne ne s’était rendu compte de rien. La Cougar poursuivait son expédition manuelle et Jérémy susurra à l’oreille de Daphné :
— Je savais pas que ça t’excitait de faire ça dans le noir.
— De quoi ? Qu’est-ce tu racontes toi ? –fit Daphné un peu étonnée.
— Bah, t’es gonflée toi ! Tu me plotes l’engin et tu fais comme si de rien n’était.
— Je te quoi ?
Quand la lumière réapparut, Arnaud se dirigeait vers la sortie. Il se retourna et remarqua que tout le monde avait formé un rond. Au centre, son amie Daphné tentait d’étrangler la blonde cinquantenaire.
— Espèce de connasse. Je vais te faire passer l’envie, moi ! –hurlait la jeune femme.
Arnaud sourit, remit sa veste en cuir et sortit de la discothèque.

METRO PARISIEN
En cette fin d’après-midi, Paris suffoquait sous la chaleur écrasante des derniers jours d’Août et l’agitation des âmes circulant par millions dans la capitale.
Heureux de pouvoir enfin partir en vacances, les époux Arraga étaient sortis à la hâte de leur petit appartement de la rue de Saintonge. Ils avaient choisi de s’envoler pour Mykonos, ses plages et son soleil et étaient impatients d’embarquer à bord du vol AF 3595. Poussés par l’angoisse du retard de Madame Arraga, ils pressaient le pas en direction de la bouche de métro. Après avoir réussi tant bien que mal à se faufiler à travers la foule, descendre les marches avec leurs bagages et arpenter les longs couloirs de la station des Filles du Calvaire, Monsieur et Madame attendirent sagement au bord du quai l’arrivée imminente de la rame.
Un fois à bord, Keisuki Arraga supportait mal la promiscuité avec tous ces inconnus. Elle posa délicatement sa main sur la barre métallique non sans montrer une petite moue de dégoût que reconnut son mari. Heureusement, elle se rappela qu’elle avait sa lotion alcoolique, tueuse de bactéries, dans son sac. Naguro Arraga, lui, prêtait attention aux jeunes gens bruyants, quelques mètres plus loin. C’étaient des supporters se rendant au Stade de France pour aller applaudir leur équipe.
Alors que Keisuki plongeait sa main dans son sac à main à la recherche de sa lotion, le métro s’arrêta d’un coup et toute la rame fut plongée dans l’obscurité la plus totale. Là où tous les voyageurs émettaient des soupirs et des « oh là là », Monsieur Arraga, lui, pensa immédiatement à son vol qu’ils allaient certainement rater. Il songea ensuite à son épouse. Bien que ne la voyant pas, il savait très bien qu’elle était totalement affolée et incommodée. En effet, elle ne supportait pas d’entendre plus distinctement la respiration de son voisin de gauche, la toux de son voisin de droite. Mise à part la vue, tous ses sens étaient soudainement en éveil, l’ouïe, l’odorat, le toucher… L’odeur de la transpiration envahissait ses narines, la sueur coulait sur son visage en de petites gouttelettes et elle se détesta sentir quelqu’un frôler sa main. Elle voulut s’approcher de son époux, sentir le réconfort en se blottissant contre lui mais il lui fut impossible de bouger. Son rythme cardiaque s’accéléra, sa respiration devenait de plus en plus bruyante… Elle avait l’impression d’être asphyxiée à cause de la chaleur et du manque d’espace… Elle avait peur.
— Naguro ? Naguro, tu es là ? –demanda-t-elle, apeurée.
— Je suis là, ne t’inquiète pas. Tout va s’arranger. –répondit-il de manière très calme.
— Naguro, j’ai peur. Je me sens pas bien. Je sens que je vais m’évanouir.
— Donne-moi ta main.
Elle lui tendit sa main et sentir celle de son mari, la chaleur qui s’en dégageait et la douceur de sa peau lui permit de se calmer. Après quelques minutes, la lumière réapparut et le métro reprit sa course.

LE COMA.
Aristide n’avait pas eu de chance. Ce jour là, après avoir suivi sa fiancée Candy dans les rayons lingerie, cosmétique, cuisine et vêtements des Grands Magasins, une folle envie d’uriner l’avait assailli. Se précipitant dans les toilettes du parking de la République, il avait marché sur son lacet, trébuché et s’était assommé sur le water. C’était Candy qui, inquiète en ne le voyant pas revenir, l’avait trouvé inconscient, la tête dans la cuvette.
Il était dans le coma désormais, totalement immobile. Mais alors que son entourage ne cessait de se ronger les sangs quant à l’évolution de son état, Aristide, lui, se promenait pénard dans son inconscient. Il courait, bondissait, galopait. Il riait, chantait, dansait. Tellement heureux de ne plus avoir à supporter l’exaspérante attitude de Candy, il avait finalement trouvé dans son sommeil artificiel la liberté dont il n’avait jamais imaginé pouvoir jouir.
Aujourd’hui, il dormait, calme comme l’immense océan de ses secrets et agité comme la lutte acharnée entre la vie et la mort. Mais alors qu’il se promenait dans un jardin luxuriant où triomphaient arbres et fleurs, parfums et caresses, soleil et brise fraîche, le rêve d’Aristide fut avorté : coupure d’électricité générale à l’Hôpital !
Mais le phénomène provoqua, tel un électrochoc, le réveil du patient. S’affairant autour de lui, les médecins ne remarquèrent pas qu’il avait ouvert les yeux. Ce qu’Aristide vit en se réveillant l’acheva ; Candy n’avait pas changé, elle avait toujours ses fichues manies de petite fille pourrie gâtée, son visage ingrat et sa diction incorrecte.
Cause donnée au décès d’Aristide Lestu : coma dépassé

Exercice d'écriture : « Coupure d'électricité », par Olivier Marchand

En photo : accouchement
par m1l35

Voici donc l'exercice d'écriture d'Olivier. Je ne peux manquer de vous joindre le mail de présentation qui l'accompagnait :

« J'ai enfin fini par accoucher de cet exercice d'écriture : la parturition a été difficile mais voici, après de nombreuses heures de travail en salle d'accouchement, le malingre bébé.
Comme tu pourras le remarquer, j'ai un peu triché (enfin, je dirais plus "joué avec les mots" !). Je me suis creusé la tête pendant plusieurs jours sans trouver d'intrigue, alors j'ai décidé d'assumer mon "hors-sujet" (qui n'en est pas tout à fait un) ainsi que mes complexes d'Oedipe (sur le saut de grenouille) et d'Electre (sur celui d'aujourd'hui).
Maintenant que la psychanalyse est fini, me voilà soulagé. »

Dissimulée sous une panne, j'avance dans la cité d'Électre. La riche étoffe qui me recouvre, achetée à un marchand d'Athènes, servira à étouffer le crime salvateur que je m'apprête à commettre. Ombre anonyme, marchande d'une mort certaine, je suis résolue à accomplir la mission qui m'a été confiée.
Je pressentais ce à quoi ma naissance me destinait mais, pendant bien des années, je me suis cachée de cette effroyable vérité. J'ai fui la réalité, je me suis bercée de chimères jusqu'à ce jour où les paroles avisées des Pythies sont venues confirmer mes craintes les plus profondes et ont scellé mon destin.
Le couteau au manche de nacre que je tiens à la main sera le pinceau qui mélangera le carmin de son sang au blanc marmoréen de la pierre. Ce n'est que lorsque cette lame de fer coupera sa laiteuse chair que les miens pourront vivre sereinement, sans plus jamais subir l'horrible sort que les Dieux nous réservaient jusque là. J'ai craint de ne jamais en être capable, j'ai eu peur que les remords m'assaillent, mais mon existence n'aura de sens que lorsque ses yeux, à jamais, se fermeront. Elle a séquestré ma joie, elle a bafoué mon honneur et violé ma nature ; je saurai l'affronter. Je n'ai jamais voulu devenir cette harpie sanguinaire, mais un seul instant à ses côtés a suffi à me transformer. Elle a fait de moi cet impétueux serpent et je ne retrouverai l'innocence et le calme que lorsque mes venimeux crochets se planteront en elle. Je l'ai vue tuer les miens, je l'ai vue ricaner de leur mort, je doute qu'aujourd'hui, elle puisse rire encore.
L'heure est venue. Impassible, je laisse derrière moi la lumière vespérale et les délicates effluves marines. Je m'en vais, sur l'autel de la vengeance, sacrifier ma mère.

À vos dicos…, 55

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : FRISELIS

Références culturelles, 712 : El Marimba

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marimba

samedi 22 janvier 2011

Exercice d'écriture : « Coupure d'électricité », par Vanessa Canavesi

En photo : coupure d'électricité
par nanouenafrique

« C'est quoi ce bruit ? »
Reyhan se redresse d'un coup. Aussitôt, un poids lui plombe l'estomac. Elle a parlé fort, elle s'en rend compte, mais elle était à moitié endormie et ne sait pas vraiment ce qui s'est passé. Les yeux hagards, elle se met à scruter l'obscurité. Pas un brin de lumière auquel accrocher son regard, pas le moindre objet qui se détache, elle vient de perdre tout repère dans l'espace. Comme elle s'entend haleter, elle tente de se calmer, et, sans bouger de sa place, elle étend ses bras des deux côtés. Elle sent quelque chose à sa droite.
Ce n'est que son mari. Il est là, recroquevillé, il dort profondément. Sa main touchant son visage, elle le devine dans le noir. Mais elle n'y tient plus. Elle se met à le secouer si brutalement qu'elle le frappe un peu, et elle chuchote en même temps : « réveille-toi, réveille-toi. »
« Quoi ?
— J'ai entendu un bruit, s'il-te-plaît, lève-toi, vas-voir ce que c'est !
— Tu l'as entendu à nouveau ?
— Oui, enfin non, je sais pas, j'ai peur... Cette fois-ci j'ai vraiment l'impression qu'il y a quelqu'un.
— Laisse-moi dormir Rey, laisse-moi dormir. Tu t'agites trop, tu vas finir par réveiller les autres. Je suis là et il ne se passera rien, d'accord ? Tu devrais dormir toi aussi. »
La jeune femme, décontenancée, s'allonge difficilement. Le tissu qui couvre normalement la planche sur laquelle elle se trouve s'est déplacé et elle peut sentir le contact du bois. Elle a froid. Elle tire la mince couverture sur ses épaules mais ne parvient pas à se réchauffer. Elle ne dormira pas, pas dans ces conditions. Alors elle attend. Un autre bruit, encore, beaucoup plus fort maintenant. Elle guette le retour de l'intrus. Il y en a toujours un qui se débrouille pour entrer, lui aussi. C'est pourtant leur repère à eux, et Ansar, un ami de son mari, leur a déjà fait comprendre que cet endroit n'était pas à prendre. Y'a rien à voir par ici. C'est privé. Trouvez-vous une autre planque. Un jour une femme est entrée avec un gamin, quatre ans à peine. Reyhan s'était dit que ça aurait pu être son frère, ou son cousin. La femme avait débarqué en pleine nuit et avait piétiné par erreur l'aîné d'Ansar qui dormait par terre. Elle l'avait effrayé bien sûr, et lui s'était relevé d'un bond et lui avait sauté à la gorge. Dans ces moments-là, il y en avait toujours un pour hurler à la mort, se mettre à insulter n'importe qui et faire trembler d''angoisse Reyhan.
Ce matin là sera comme les autres, pense-t-elle désormais. Mais, peut-être dix minutes après, là où Reyhan croit qu'elle peut enfin se reposer, survient ce qu'elle redoutait tant. Ils sont quatre, ils sont armés, il y un, deux, trois chiens, et ils hurlent eux aussi. Il y en a un qui tape sur un des étais avec une autre barre de fer qu'il a du dégoter on ne sait où. Alors, elle réveille à nouveau son mari, mais en vérité il est déjà debout, et lui et les autres courent dans tous les sens, souris prises au piège. Il fait noir, encore, pourquoi est-ce qu'il fait si noir ? Il y a de la lumière qui vient du couloir on dirait, mais rien dans l'appartement. Pourquoi est-ce que personne ne réagit, allumez, mais c'est pas vrai, allumez !
« Ils ont coupé l'électricité Rey. Il faut qu'on sorte de là. Suis-moi. »

Exercice d'écriture : « Coupure d'électricité », par Stéphanie Maze

En photo : Muy feo pa' la foto
par PedroVn

Monsieur Piadola rêvait d'être un de ces hommes qui attire l'attention en raison d'une caractéristique physique frappante même si cela avait dû être un nez crochu, un menton en galoche, des yeux globuleux ou encore des oreilles décollées. Malheureusement, le visage de Monsieur Piadola était un pot-pourri de tous ces défauts. Autant dire que son succès auprès des femmes n'était pas de notoriété publique. Miser sur son physique, voilà qui avait tout l'air d'une mission impossible. Aussi ce quinquagénaire passait-il ses journées à se creuser la tête, à retourner le problème dans tous les sens : comment parviendrait-il enfin à séduire une femme ? « Séduire » était un bien grand mot, mais il semblait que cette étape ne pût être éludée si toutefois il souhaitait un jour se réveiller aux côtés d'une femme. Il songea que se réveiller auprès d'une femme était le cadet de ses soucis, lui désirait uniquement... Mais il se ravisa et se dit qu'il devait penser avec finesse et délicatesse, s'il voulait arriver à ses fins. Tout à coup, il se rappela qu'il y a peu un ami lui avait parlé de ce bar près de Beaubourg. Un bar concept comme on dit aujourd'hui. Un bar plongé dans une obscurité totale. Là, tout près, se trouvait la solution. En effet, il savait qu'il ne pouvait rien changer à ce visage difforme que la nature lui avait octroyé... Le maquiller, le camoufler, il avait déjà tout envisagé, tout pratiqué, aucune solution n'avait porté ses fruits... Rien ne lui avait permis d'effleurer la peau d'une femme. Il avait pourtant usé de divers stratagèmes : dans la cour de récréation, feignant de tomber, il se raccrochait aux petites filles frêles qu'il ne manquait jamais d'entraîner dans sa chute et qui le remerciaient par le biais de quelques coups de pieds mal placés ; ou plus tard au lycée, lorsque son embonpoint commençait à atteindre des sommets, dès qu'il apercevait une camarade prête à entrer dans la classe, il se précipitait en direction de la porte mais finissait toujours par trébucher avant d'arriver à destination. Monsieur Piadola aurait donc dû se résigner, mais au lieu de ça il s'entêtait, obsédé par l'idée de copuler et, de ce fait, était devenu la risée de qui le connaissait. Il sentait qu'avec l'obscurité, il tenait la solution à son problème. Car dans le noir, toute sa disgrâce disparaîtrait. Il lui faudrait donc réunir plusieurs femmes, nécessairement inconnues, car toutes femmes saines d'esprit l'ayant déjà côtoyé lui opposerait immédiatement un refus. Des femmes donc. Un endroit où les réunir, endroit où elles accepteraient de se rendre. Des femmes inconnues dans un lieu indéterminé. Les choses se compliquaient... Puis soudain, la solution lui apparut, évidente. Où se concentre des femmes seules et/ou insatisfaites ? La salle de sport ! La salle de sport ! Il n'y débusquerait sans doute pas la perle rare qu'il se plaisait à imaginer entre ses draps, mais même flasque et ridée, la marchandise ferait l'affaire. Il se sentait à deux doigts du bonheur, rouge et transpirant d'excitation. Il se rendrait donc au gymnase dès le lendemain, repérerait le compteur et ni vu ni connu couperait le courant et jetterait son dévolu sur la première venue !

Celle-ci, elle est pour Vanessa

En photo : Dientes fosilizados de tiburón -...
par Gustavo Righelato

Vanessa, quelle est l'origine, quel est le sens et quelle traduction donnerais-tu à l'expression AVOIR LES DENTS MÊLÉES ?

À propos de la version pour le 29 janvier

Étant donné que nous avons utilisé le texte de Mendoza pour notre petite expérience lors de la dernière séance de traduction collective (d'ailleurs, je pense que ce serait une bonne idée de renouveler, non ?), je vous dispense de version pour ce tour-ci. Profitez-en pour bien avancer vos traductions longues.
(je laisse néanmoins figurer la date dans le calendrier des travaux à rendre, au cas où d'autres Tradabordiens aient l'intention de le faire et de l'envoyer).

Exercice d'écriture : « Coupure d'électricité », par Perrine Huet

En photo : Meetic logo
par benoit.darcy

Confortablement installée sur sa chaise de bureau matelassée, Nicole pianotait à une vitesse vertigineuse. La faible lumière de la lampe halogène lui permettait à peine de distinguer les différentes lettres. Autrefois, elle savait écrire sans regarder les touches, les yeux rivés sur l’écran, écoutant la voix morne et caverneuse de son ancien patron. Mais avec le temps, toute sa technique s’était évaporée, et elle était de nouveau contrainte à garder la tête baissée. Sans pratique, ces choses-là se perdent facilement, mais par chance, elle avait conservé sa rapidité et sa dextérité. En fond sonore tournait un vieux disque de Frank Sinatra, son chanteur favori. Ses grands yeux d’un bleu profond commençaient à la démanger, et ses poignets étaient tout endoloris. Il aurait été judicieux de faire une pause de quelques minutes, d’aller se dégourdir les jambes en sortant le chien, de reposer sa cornée en prenant un peu l’air. Or, il n’était pas question qu’elle quitte son poste maintenant, alors qu’ils étaient sur le point de s’envoyer de précieux documents.
De l’autre côté de l’écran, Jacques se délectait de cet échange passionné. Allongé sur son canapé de velours, il écrivait de sa main droite, tout en gobant d’énormes grains de muscat blanc de la gauche. Installé de la sorte, il avait tout l’air d’un Romain étendu au milieu de coussins, de plateaux de fruits et de coupes de vin. De temps à autre, il guettait la porte du salon, anxieux. Cette relation virtuelle qu’ils entretenaient depuis déjà des semaines stagnait de plus en plus, mais malgré sa vive curiosité et son désir grandissant, il n’avait encore osé fixer un rendez-vous, de peur de la brusquer. La femme avec qui il passait le plus clair de son temps, mais qu’il n’avait toujours pas rencontrée, lui semblait faire partie de cette catégorie de personnes réservées, prudentes, méfiantes, et résolument fermées à toutes sortes de relations extra-conjugales. Pourtant, c’était justement le détail qui l’excitait depuis ses fiançailles : tromper son épouse était l’une des prouesses qu’il réalisait le mieux et dans laquelle il prenait le plus de plaisir. C’était même le jour de son mariage qu’il avait débuté son existence de mari adultère en couchant avec la cousine de sa femme, et qu’il avait compris que son destin croiserait le chemin de bien d’autres maîtresses.
Les deux amants avaient découvert depuis peu les avantages qu’Internet pouvaient présenter, surtout lorsque l’on était célibataires, ou du moins à la recherche de nouvelles aventures. Chacun chez soi, ils avaient appris à se connaître, se livrant sans ambages, protégés par l’ordinateur qui dressait une barrière physique entre eux. Cette distance permettait à Jacques de mentir sur sa vie matrimoniale, et à Nicole de cacher sa longue abstinence sexuelle. Ils en étaient au moment d’échanger leurs photos respectives lorsqu’une coupure d’électricité frappa l’immeuble de la quadragénaire. Malheur ! Pas maintenant ! Pas à cet instant crucial ! Furieuse, elle se leva de son fauteuil, alla chercher une bougie à tâtons, trébucha à trois reprises contre la table basse, alluma la mèche et attendit, énervée, que la machine daigne se remettre en marche. Quant à Jacques, voyant sa dulcinée disparaître subitement, il crut y détecter un message clair et évident : cette femme était laide et n’avait pas eu le courage de le lui avouer. Il avait eu le temps, malgré tout, de lui transmettre son plus beau portrait, dont il était particulièrement fier : assis sur une balançoire, le magnifique siamois de la voisine – avec laquelle il avait aussi forniqué – sur les genoux, il esquissait son fameux sourire de star de cinéma.
La panne dura dix longues minutes, période dont tira profit Nicole pour émettre des hypothèses sur l’apparence de son interlocuteur. Elle avait évidemment imaginé maintes et maintes fois à quoi pouvait bien ressembler cet homme qui hantait ses nuits, mais elle était désormais si proche du but que l’image qu’elle s’en faisait à ce moment précis paraissait être la bonne. Elle le voyait grand, robuste, les épaules carrées, les traits fins, la barbe naissante, les yeux rieurs, les cheveux ondulés, d’un brun ténébreux, les lèvres parfaitement dessinées, douces, rebondies, le nez légèrement épaté et le teint halé. En définitive, l’homme parfait, selon ses propres critères.
Lorsque le courant fut enfin rétabli, elle appuya sur le bouton « power » et se reconnecta à son compte Meetic. Elle s’aperçut alors que Jacques était parvenu à lui envoyer son fichier. Elle l’ouvrit à la hâte et fut frappée d’horreur : la photographie qui apparaissait progressivement dévoilait le visage d’un homme hideux, accompagné d’un chat aussi immonde que lui. Jacques était petit, trapu, il avait un visage rond, juvénile, des yeux globuleux, une calvitie naissante, une bouche inexistante et un nez d’une longueur démesurée, en bref, tout l’opposé de son idéal. Déçue et outrée par tous les éloges dont ce menteur s’était couvert, elle ferma immédiatement la fenêtre, se déconnecta et désactiva son compte, afin de ne plus jamais avoir affaire avec ce bellâtre baratineur.

Exercice d'écriture : « Coupure d'électricité », par Julie Sanchez

En photo : Poulet rôti St Sever
par St Sever

Grégoire vivait seul. En hiver, les journées étaient courtes, mais peu lui importait. Il adorait rentrer chez lui à la nuit tombée et s’allumer un bon feu. Se reposer dans son fauteuil, laisser ses muscles se détendre et son corps s’imprégner de la chaleur que dégageait le bois… Quel bonheur ! Quand il faisait bien chaud, il allait en cuisine pour préparer son dîner.
Une vie simple, sans grands mystères. Toutefois, Grégoire aimait cette routine qui s’était installée et qui le rassurait.
Il était seul dans sa petite maison de campagne et même si la présence d’une femme lui manquait, il était heureux de vivre à son rythme dans un endroit si tranquille. Les soirs de tempête, il se délectait du bruit que faisait le vent en glissant sur les volets. On aurait dit un sifflement. Comme si un esprit l’appelait de sa douce voix pour le convaincre de le suivre dans les limbes… Cela ne l’inquiétait pas outre mesure. Son poulet rôti sentait délicieusement bon, ce soir-là, mais une coupure d’électricité l’ôta de ses pensées. Surpris, Grégoire ne perçut plus les sifflements du vent de la même façon. Il se mit en quête d’une lampe de poche. Il se leva de son fauteuil, et marcha en frôlant les murs pour ne pas trébucher. Le vent soufflait et l’orage grondait. À la recherche de sa lampe, il avançait dans ce qui lui semblait être une grotte, désormais. Le feu, au centre, aurait tout aussi bien pu lui servir de four. Il pensa d’ailleurs à son poulet rôti, qui ne serait jamais cuit si l’électricité ne se rétablissait pas. Qu’importe, il le ferait revenir dans une poêle sur la gazinière…
Les murs étaient froids et les flammes, qui se reflétaient dans le grand miroir de l’entrée, donnaient une ambiance chaleureuse à la pièce sombre.
En levant les yeux, il aperçut des stalactites ça et là. De petites gouttes de cristal perlaient à leur extrémité. Même si le feu était vif, Grégoire se mit à frissonner. Après avoir enfin trouvé sa lampe, il chercha sa couverture à poils longs dans le placard. Sa tanière était certes confortable mais elle se refroidissait vite. La pluie ne cessait pas et, curieux, Grégoire avait entrouvert un volet. En sécurité, emmitouflé dans sa couverture, il pouvait observer les éléments déchaînés. De gros éclairs se perdaient dans les champs alentours et le faisaient sursauter.
Grégoire prit conscience qu’il avait faim. Il ne devait pas être très tard mais il se dirigea tout de même vers la cuisine, la lampe de poche à la main. Afin d’avoir les mains libres pour pouvoir faire cuire son poulet, il attacha sa lampe au niveau du front avec un énorme élastique. Les flammes bleues se reflétaient sur la poêle et Grégoire avait l’air d’un spéléologue qui, prit dans un ouragan, se serait réfugié dans une cavité à l’abri du vent.
Se prenant au jeu, Grégoire décida de vivre comme dans une caverne ce soir-là. Histoire de briser la routine. Pour une fois, une toute petite fois…
En attendant que le poulet cuise dans la poêle, il installa sa couverture sur le sol du salon, tout près du feu, et se dit que ce soir, il mangerait sans couverts.
Quand le poulet fut bien grillé, il se dirigea dans le salon pour disposer le plat et de quoi boire sur son tapis de poils, tout en prenant soin d’éviter les stalactites de cristal.
Mais tout d’un coup, l’électricité revint, gâchant tout son plaisir d’aventurier affamé. Grégoire ne se laissa pas abattre. Il appuya sur l’interrupteur et revint pour déguster son dîner.

Complément d'informations / conférence Aline Schulman


Le navet des vertus… indispensable pour la traduction du Buscón

Références culturelles, 711 : Vicente Huidobro

http://es.wikipedia.org/wiki/Vicente_Huidobro
http://www.vicentehuidobro.uchile.cl/

À vos dicos…, 54

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : ATRABILAIRE

vendredi 21 janvier 2011

Entrevista con Rosa Montero

Des nouvelles de l'atelier de traduction tutoré de Caroline Lepage

Nous continuons à avancer… toujours lentement, car les voix n'ont pas encore trouvé leur tessiture et sont pour l'heure bien timides. Ça bafouille, ça bégaie, ça grince, ça couine. Oui, voilà, nous pourrions décrire cela comme la voix en train de muer d'un adolescent – un bel adolescent, ne croyez pas. Attendons par conséquent patiemment qu'il prenne des forces, de l'assurance.

ALEXIS

V.O. :
Porque, imaginate, ser alguien que pueda saltarle en los puentes, donde se supone que acecha, para hacerlo temblar del susto. Y es que parece un ser tan solitario. Su único oponente es Dios. Mientras el diablo es carne en acción, Dios es espiritu quieto.

1er jet :
Car, imagine, être quelqu'un qui puisse lui sauter dessus sur le pont, là où on imagine qu'il est, pour le faire trembler de peur. À vrai dire, il a l'air d'un être tellement solitaire. Son seul ennemi, c'est Dieu. Alors que le Diable est chair en action, Dieu est esprit tranquille.

Résultat :
T'imagines un peu être à même de pousser les autres / les gens du pont où, à ce qu'on dit / raconte, le diable est à l'affût, pour, à son tour, le faire trembler de peur. Et puis, il a l'air si solitaire. Il n'a d'autre opposant que Dieu. Là où le Diable est chair agissante, Dieu est esprit serein.

***

AUREBA

V.O. :
Por qué le habían cortado el cuello ? Por qué la mutiló después, dividiéndola en trozos, hirviéndolos, mesclándolos con arroz y dándoselos a comer a Tamagoshi ? Por qué no sintió ni una pizca de culpabilidad mientras quemó su ropa y sus pertenencias ? Por qué, tras repasarlo todo y pensar que nadie lo relacionaría con la desaparición de su madre, sintió ese pequeño placer que se experimenta cuando se hacen bien las cosas ?

Résultat :
Pourquoi lui avait-il tranché la gorge ? Pourquoi, ensuite, l'avait-il mutilée, découpée en morceaux, qu'il avait fait bouillir avec du riz et donnés à manger à Tanagoshi ? Pourquoi n'avait-il pas ressenti une once de culpabilité tandis qu'il brûlait ses vêtements et ses effets ? Pourquoi, après, avoir tout vérifié et conclu que personne ne le relierait à / avec la disparition de sa mère, éprouva-t-il ce petit plaisir que l'on goûte quand on fait bien les choses ?

Aline Schulman à la Librairie Mollat

En photo : Aline Schulman (à gauche) et Ghislaine Fournès (à droite)










Comme annoncé, nous avions hier l'agréable présence d'Aline Schulman sur nos terres bordelaises (interviewée par Ghislaine Fournès, Professeur à l'Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3). Elle était venue présenter sa traduction du Buscón, de Quevedo… et en réalité, parler de cela et de bien d'autres choses encore. Car il s'agit là d'une femme généreuse au moment de se raconter dans son travail sur le texte, sur les auteurs… sur leur transmission. Où l'on apprend comment on résoud des problèmes ponctuels qui vous poursuivent pendant des semaines et parfois même des mois, comment on tisse des liens d'amitié, d'amour, voire de haine avec celui à qui l'on apprend à s'exprimer dans notre langue, avec parfois le recul de plusieurs siècles. Pas si simple de faire entendre sa voix quand la poussière et parfois la crasse se sont accumulées, jusqu'à la défiguration. Il y aurait même, si l'on en croit ce que nous avons entendu, moyen de régler quelques petits comptes au détour d'une phrase… Paf, une tournure bien sentie et les déséquilibres se trouvent soudain rétablis. Une minuscule histoire de "fumée", le choix d'un verbe, qui n'ont l'air de rien et qui, pourtant, contiennent un univers de compassion et le devoir de rendre justice, d'assurer le continuum de la mémoire. Un anachronisme, opposera-t-on ? Elle vous répliquera que l'éthique est atemporelle. Mais on ne solde pas tous les comptes, car, à l'évidence, on ne peut s'offusquer sans cesse et il y a des désapprobations qu'on laisse traîner derrière soi, pour le prochain re-traducteur sans doute, celui qui vous « dévorera » comme vous avez dévoré le précédent. Impiotyable chaîne alimentaire qui semble malgré tout porter l'espoir qu'on aille vers du mieux en mieux, avec les petites conquêtes des uns et des autres et en dépit des reculs que font subir certains, les mauvais… Vous avez donc compris le message, mes chers apprentis traducteurs : de la passion et de la gloutonnerie ! Devenez des ogres, en somme !!!!

Rendez-vous…

Ajoutez à votre programme du second semestre une dernière conférence… avec Guillaume Rebillon, traducteur et ancien étudiant du Master 2 pro « Métiers de la traduction» / Parcours anglais. Nous le recevrons le 8 avril, de 10h30 à 12h30.

Tentative avortée de réalisation d'un entretien avec Alexis Poraszka

Références culturelles, 710 : Delmira Agustini

http://www.los-poetas.com/d/delmi.htm

À vos dicos…, 53

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : MULTITUDINAIRE

jeudi 20 janvier 2011

Collection de photos + 1

réalisation : Alexis Poraszka

Références culturelles, 709 : Santa Teresa de Jesús

http://www.biografiasyvidas.com/biografia/t/teresa_dejesus.htm

À vos dicos…, 52

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : QUANTIÈME

mercredi 19 janvier 2011

Références culturelles, 708 : San Juan de la Cruz

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croix

À vos dicos…, 51

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : PARTURITION

mardi 18 janvier 2011

La chanson du mardi, choisie par Julie

Une chanson dont le titre figurait dans un texte que nous avons vu ce matin lors du cours de références culturelles – avec Cecilia Gonzalez.
Qué bonita bandera (dans un texte portoricain).

Entrevista con Guillermo Fadanelli













Nouveau rendez-vous avec un éditeur : Benjamin Kuntzer

Réservez votre vendredi après-midi (14 heures) 15 avril pour rencontrer Benjamin Kuntzer – ancien étudiant de notre master / parcours anglais travaillant actuellement aux éditions Flammarion. Sans doute répondra-t-il aux interrogations de certains d'entre vous sur les débouchés de notre formation, notamment, concernant les passerelles visiblement naturelles vers le milieu éditorial.

À vos dicos…, 50

Le mot du jour à chercher dans le dictionnaire : ABSTÈME

Références culturelles, 707 : El huemul

El huemul
une idée d'Odile

http://es.wikipedia.org/wiki/Hippocamelus_bisulcus
http://www.parquesnacionales.gov.ar/03_ap/14_huemul_MN/14_huemul_MN.htm

lundi 17 janvier 2011

Rubrique petites annonces : Auteur cherche traducteur…

Voici le mail que j'ai reçu hier… Si l'un d'entre vous est intéressé par la réalisation de cette traduction ou du moins curieux d'en savoir plus, qu'il me le fasse savoir et je le mettrai en contact avec l'auteur (pour discussion, éventuellement interview et pour qu'il lui envoie le roman chez lui).

***

Bonsoir, Caroline,

Je tiens d’abord à me présenter, je suis un écrivain colombien installé en France depuis septembre 2010, pour poursuivre mes études à l’Université de Toulouse Le Mirail. Fin 2008 j’ai publié mon premier roman en Colombie, Fondoblanco (prix nationale de littérature du Ministère de la Culture). Comme je suis au courant de vos activités depuis le blog, je m’adresse à vous pour vous proposer le projet de traduction de cet ouvrage. Voici le commentaire que la Maison de l’Espagne à Marseille diffuse pour une prochaine conférence au mois de mars.
Je suis désormais à votre disposition pour de future conversation et pour vous faire parvenir une copie du livre si ça vous dit.

Sincèrement,

Alejandro Arciniegas

"Fondoblanco se déroule dans le milieu propre de la toxicomanie. D'un point de vue externe, on dirait que les cinq personnages du livre ne sont plus qu'un ensemble de drogués. Cependant, cette affirmation serait imprécise, parce que dans la vie pratique, on parle de toxicomanes lorsque des personnes sont entrées en relation avec des substances qui entraînent la dépendance et décident de recourir à un programme de contrôle et de désintoxication. Dans "Fondoblanco", ce n'est pas le cas, puisqu'on est devant un livre qui n'enferme aucun projet thérapeutique ni moralisant. "Fondoblanco" tombe parmi ce groupe de travaux que depuis Henry Miller on connaît d'habitude sous le nom d'anti-romans, c'est à dire, de livres qui procèdent si librement que leurs arguments, bien que travaillant avec toutes les conventions littéraires, n'obéissent pas aux règles traditionnelles de temps, de structure, d'univocité, de genre. Dans "Fondoblanco" vous aurez un très curieux mélange de narration, d'essai, de poésie et de cinéma. En plus, vous saurez pourquoi l'ivresse est la chose la plus semblable à l'expérience esthétique. Ce roman a tous les traits d'un livre de culte, un terme douteux, bien sur, mais que l'on utilise pour se référer à ce type d'œuvres autobiographiques qui comprennent une aventure humaine exceptionnelle, capable d'englober l'ego collectif, en articulant les caractéristiques d'une époque donnée. "Fondoblanco" se déroule à Bogota, surtout dans ces cercles où la drogue se commercialise et se consomme."

Pour l'atelier de traduction collective de jeudi

Je ne sais plus si je vous l'ai déjà dit, mais il aura désormais lieu en salle AMERIBER de la MPI… Nous serons bien mieux que dans la sinistre K 003, mais je vous précise qu'il n'y a pas d'ordinateurs et qu'il vous faudra donc apporter les vôtres.

Rendons justice à Julie

Un petit mail pour vous dire que je viens de découvrir quelque chose.
Vous vous souvenez peut-être qu'en cours de traduction collective, j'avais proposé le mot "papillonneur" pour coureur de jupons. Ce jour-là, tout le monde m'a soutenu que ça n'existait pas et je n'ai pas cherché. Or un copain vient de me signaler que ça existait bel et bien et même, surprise, que cela figure dans le Trésor de la Langue Française.
http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=1687902120

Finalement il n'allait pas si mal dans le texte, ce mot-là ; )

Version pour le 15 janvier

Por la noche, Gonzalo llamó a Ramón.
—He estado pensando. Tengo una idea, un buen desafío para ti. Pero creo que es demasiado fuerte.
—Te escucho.
—Bueno, si no te atreves lo comprenderé. No es tan fácil como irse de un sitio sin pagar. Puede ser peligroso.
—¿Y qué es?
—Bah, nada, olvídalo. Nos veremos mañana en clase.
—Te conozco —dijo Ramón sonriendo—, sé que haces todo esto para intrigarme. Suéltalo de una vez.
—No, en serio, primero quiero pensarlo despacio, y después será mejor que lo hablemos entre los tres. No quiero pasarme y que te ocurra algo por mi culpa.
—Escucha —se impacientó Ramón—, estoy en pijama, descalzo, y se me están quedando los pies helados. Me has sacado de la cama y ahora no me vas a dejar intrigado sin saber qué es lo que se te ha ocurrido. Así que dilo de una vez. ¡Ahora!
—En serio, no sería un juego. Podría acabar mal. Es... bueno, te lo digo y luego lo olvidas, ¿de acuerdo? Es como una prueba de supervivencia. Un plazo no muy largo, pongamos tres días. Tienes que sobrevivir tres días por tus propios medios. No vale pedir ayuda a tus padres ni a nadie que conozcas. Tú solo, tres días y tres noches.
—¿Quieres que me vaya a la selva a pasar tres días como Tarzán? —ironizó Ramón—. No sé qué habrás cenado, pero te ha sentado mal.
—A la selva no. A una gran ciudad.
Con el teléfono en la mano, Ramón se paseaba por el pasillo para combatir el frío. Se detuvo ante el espejo del recibidor, que le devolvió la imagen de un chico despeinado con un aspecto corriente, ni demasiado alto ni muy bajo, ni guapo ni feo. No era un atleta ni un héroe, y lo del restaurante había sido la primera cosa excepcional que hacía en su vida.
Comprendió que su amigo hablaba en serio. Sintió como un escalofrío anticipado. Por supuesto que sería peligroso. Sería una locura.
—Tengo que colgar —dijo Gonzalo sin darle tiempo a responder.
Y así fue como empezó todo.

Manuel L. Alonso, Juego de adultos

***

Perrine nous propose sa traduction :

En pleine nuit, Gonzalo appela Ramón.
— J’ai pensé à un truc. J’ai une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois qu’il est trop difficile.
— Je t’écoute.
— Bon, si t’oses pas, je comprendrai. C’est pas aussi simple que de partir d’un endroit sans payer. Ҫa peut être dangereux.
— Et c’est quoi ?
— Bah, rien, oublie. On se voit demain en cours.
— Je te connais – répondit Ramón en souriant – je sais que tu fais tout ça pour éveiller ma curiosité. Lâche le morceau une bonne fois pour toutes.
— Non, sans rire, je préfère d’abord y réfléchir tranquillement, et ensuite ce sera mieux qu’on en parle tous les trois. Je ne veux pas aller trop loin et qu’il t’arrive quelque chose par ma faute.
— Écoute – s’impatienta Ramón –, je suis en pyjama, les pieds nus, et ils sont en train de geler. Tu m’as sorti du lit et maintenant tu vas pas me laisser sur ma fin sans que je sache ce qu’il t’est passé par la tête. Alors dis-le d’une traite. Tout de suite !
— Sérieusement, ce ne serait pas un jeu. Ҫa pourrait mal finir. C’est…bon, je te le dis, et ensuite t’oublies, d’accord ? C’est comme une épreuve de survie. Une période pas très longue, disons trois jours. Tu dois survivre trois jours par tes propres moyens. Tu ne peux pas demander de l’aide à tes parents, ni à qui que ce soit que tu connaisses. Toi seul, trois jours et trois nuits.
— Tu veux que j’aille dans la forêt pour y passer trois jours comme Tarzan ? – ironisa Ramón –. Je sais pas ce que t’as bien pu dîner, mais ça t’a pas réussi.
— Pas dans la forêt, non. Dans une grande ville.
Le téléphone à la main, Ramón arpentait le couloir pour combattre le froid. Il s’arrêta devant le miroir de l’entrée, qui lui renvoya l’image d’un garçon décoiffé à l’aspect banal, ni trop grand ni trop petit, ni beau ni moche. Ce n’était ni un athlète, ni un héros, et l’histoire du restaurant avait été la première chose exceptionnelle qu’il faisait dans sa vie.
Il comprit que son ami parlait avec sérieux. Il ressentit comme un frisson anticipé. Évidemment que ce serait dangereux. Ce serait de la folie.
— Je dois raccrocher – conclut Gonzalo sans lui laisser le temps de répondre.
Et c’est ainsi que tout commença.

***

Vanessa nous propose sa traduction :

Dans la soirée, Gonzalo téléphona à Ramón.
— J'ai réfléchi. J'ai une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois que c'est trop gros.
— Je t'écoute.
— Bon, si tu n'oses pas, je comprendrais. C'est pas aussi facile que de s'en aller d'un endroit sans payer. Ça peut être dangereux.
— Et qu'est-ce que c'est ?
— Bah... Non, rien, oublie ça. On se verra demain en classe.
— Je te connais — répondit Rámon en souriant —, je sais que tu fais tout ça pour m'intriguer. Lâche le morceau.
— Non, vraiment ; d'abord, je veux y penser calmement, et ensuite, ce sera mieux si on en parle tous les trois entre nous. J'ai pas envie d'exagérer, et qu'il t'arrive quelque chose par ma faute.
— Écoute — s'impatienta Rámon —, je suis en pyjama, sans chaussures, et j'ai les pieds gelés. Tu m'as sorti du lit, alors maintenant, tu vas pas me laisser comme ça, intrigué, sans savoir ce qui t'est passé par la tête. Accouche. Maintenant !
— Sérieusement, ce serait pas un jeu. Ça pourrait finir mal. C'est... Bon, je te le dis, et ensuite tu oublies, d'accord ? C'est comme une épreuve de survie. Pas très longtemps, disons trois jours. Tu dois survivre trois jours par tes propres moyens. Interdiction de demander de l'aide à tes parents ou à quelqu'un que tu connais. Toi, seulement toi, trois jours et trois nuits.
— Tu veux que j'aille passer trois jours dans la jungle comme Tarzan ? — ironisa Rámon. Je ne sais pas ce que tu as mangé ce soir, mais ça t'a pas fait du bien.
— Dans la jungle non. Dans une grande ville.
Le téléphone à la main, Rámon faisait les cent pas dans le couloir pour combattre le froid. Il s'arrêta devant le miroir de l'entrée, qui lui renvoya l'image d'un garçon décoiffé, plutôt commun, ni trop grand ni trop petit, ni beau, ni laid. Ce n'était ni un athlète, ni un héros, et l'épisode du restaurant avait été la première chose exceptionnelle qu'il ait faite dans sa vie.
Il réalisa que son ami ne plaisantait pas. Il sentit comme un frisson à l'avance. Bien sûr que ce serait dangereux. Ce serait de la folie.
— Je dois raccrocher — lança Gonzalo sans lui laisser le temps de répondre.
Et c'est comme ça que tout a commencé.

***

Julie nous propose sa traduction :

Dans la nuit, Gonzalo appela Ramón.
— J’ai réfléchi. J’ai une idée, un super défi pour toi. Mais je crois que c’est trop risqué.
— Je t’écoute.
— Bon, si t’oses pas le faire, je comprendrai. C’est pas aussi simple que de partir d’un endroit sans payer. Ça peut être dangereux.
— Et c’est quoi ?
— Boh, rien, oublie. On se verra demain en classe.
— Je te connais – dit Ramón en souriant –, je sais que tu fais tout ça pour me mettre l’eau à la bouche. Lâche le morceau, une bonne fois pour toute !
— Non, sérieusement, je veux d’abord prendre mon temps pour y penser, et après il vaudra mieux qu’on en parle tous les trois ensemble. Je ne veux pas insister et qu’il t’arrive quelque chose à cause de moi.
— Écoute – s’impatienta Ramón –, je suis en pyjama, pieds nus et ils sont glacés. Tu m’as sorti du lit et maintenant, tu ne vas pas me laisser intrigué sans que je sache ce à quoi tu as pensé. Alors dis-le une fois pour toute. Maintenant !
— Sérieusement, ça ne serait pas un jeu. Ça pourrait mal se terminer. C’est… bon, je te le dis et puis tu oublies, d’accord ? C’est comme une épreuve de survie. Ça ne durerait pas très longtemps, disons trois jours. Tu dois survivre pendant trois jours par tes propres moyens. Tu ne peux pas demander de l’aide à tes parents ni à aucune de tes connaissances. Juste toi, trois jours et trois nuits.
— Tu veux que j’aille dans la jungle pour passer trois jours comme Tarzan ? – ironisa Ramón –. Je ne sais pas ce que tu as mangé, mais ça ne t’a pas réussi.
— Dans la jungle, non. Dans une grande ville.
Le téléphone à la main, Ramón se promenait dans le couloir pour lutter contre le froid. Il s’arrêta devant le miroir de l’entrée, qui lui renvoya l’image d’un garçon décoiffé à l’air banal, ni trop grand ni trop petit, ni beau ni laid. Il n’était ni un athlète ni un héros, et en ce qui concernait le restaurant, ça avait été la première chose exceptionnelle qu’il faisait dans sa vie.
Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il eu comme un frisson anticipé. Bien sûr que ce serait dangereux. Ce serait une folie.
— Je dois raccrocher – dit Gonzalo sans lui donner le temps de répondre.
Et c’est ainsi que tout a commencé.

***

Olivier nous propose sa traduction :

La nuit, Gonzalo appela Ramón :
« J'ai réfléchi. J'ai une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois que c'est trop difficile.
—Je t'écoute.
—Bon, si tu n'oses pas, je comprendrai. Ce n'est pas aussi facile que de partir d'un endroit sans payer. Cela peut-être dangereux.
—Et qu'est-ce que c'est ?
—Bah… rien, oublie ça. Nous nous verrons demain en cours.
—Je te connais —répondit Ramón en souriant—, je sais que tu fais tout cela pour éveiller ma curiosité. Lâche-le morceau une bonne fois pour toutes.
—Non, sérieusement, je veux d'abord y réfléchir tranquillement, et ce sera mieux que nous en parlions après tous les trois. Je ne veux pas aller trop loin et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose par ma faute.
—Écoute —s'impatienta Ramón—, je suis en pyjama, pieds-nus et j'ai les pieds qui commencent à geler. Tu m'as fait sortir du lit et tu ne vas pas me laisser me faire de la bile sans savoir ce qu'il t'est passé par la tête. Aussi, dis-le moi une bonne fois pour toutes. Tout de suite !
—Sérieusement, ce ne serait pas un jeu. Cela pourrait mal finir. C'est… bon, je te le dis et après tu l'oublies, d'accord ? C'est comme un épreuve de survie. Un délai pas trop long, disons trois jours. Tu dois survivre trois jours par tes propres moyens. Il est interdit de demander de l'aide à tes parents, ni à aucune des personnes que tu connais. Toi, tout seul, trois jours et trois nuits.
—Tu veux que j'aille passer trois jours dans la jungle comme Tarzan —ironisa Ramón —. Je ne sais pas ce que tu as avalé, mais ça ne t'a pas réussi.
—Non, pas dans la jungle. Dans une grande ville.
Le téléphone à la main, Ramón faisait les cent pas dans le couloir pour combattre le froid. Il s'arrêta devant le miroir de l'entrée qui lui renvoya l'image d'un jeune homme aux cheveux ébouriffés, avec une apparence lambda, ni trop haut ni trop petit, ni beau ni laid. Il n'était ni un athlète, ni un héros, et ce qui s'était passé au restaurant avait été la première chose exceptionnelle qu'il avait accomplie dans sa vie.
Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il en ressentit comme un frisson anticipé. Évidemment que cela serait dangereux. Ce serait de la folie.
—Il faut que je raccroche — lança Gonzalo sans lui donner le temps de répondre.
Et c'est ainsi que tout commença.

***

Stéphanie nous propose sa traduction :

Durant la nuit, Gonzalo appela Ramón.
— J'ai réfléchi. J'ai une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois que c'est trop difficile.
— Je t'écoute.
— Hé bien, si tu n'oses pas, je comprendrais. Ce n'est pas aussi facile que de partir d'un endroit sans payer. Ça peut être dangereux.
— Et qu'est-ce que c'est ?
— Non, rien, oublie. On se verra demain en cours.
— Je te connais – dit Ramón en souriant –, je sais que tu fais tout ça pour titiller ma curiosité. Lâche le morceau une bonne fois pour toutes.
— Non, sérieusement, d'abord je veux y réfléchir tranquillement, et ensuite il vaudra mieux en parler tous les trois. Je ne veux pas aller trop loin et que quelque chose t'arrive par ma faute.
— Écoute – s'impatienta Ramón –, je suis en pyjama, pieds nus, et j'ai les pieds comme des glaçons. Tu m'as tiré du lit et maintenant tu ne vas pas me laisser, intrigué, sans savoir quelle idée tu as eu. Alors dis-le d'une traite. Maintenant !
— Vraiment, ce ne serait pas un jeu. Ça pourrait mal finir. C'est..., bon, je te le dis mais ensuite tu oublies, d'accord ? Ce serait comme une épreuve de survie. Un délai pas très long, mettons trois jours. Tu dois survivre trois jours par tes propres moyens. Pas le droit de demander de l'aide à tes parents ni à personne que tu connaisses. Toi seul, trois jours et trois nuits.
— Tu veux que je parte dans la jungle passer trois jours avec Tarzan – ironisa Ramón –. Je ne sais pas ce que t'as dîné, mais ce n'est pas bien passé.
— Dans la jungle, non. Dans une grande ville.
Le téléphone dans la main, Ramón se promenait dans le couloir pour combattre le froid. Il s'arrêta face au miroir de l'entrée, qui lui renvoya l'image d'un garçon décoiffé avec un aspect courant, ni trop grand, ni trop petit, ni beau ni moche. Ce n'était pas un athlète ni un héros, et l'histoire du restaurant avait été la première chose exceptionnelle qu'il faisait dans sa vie.
Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il sentit comme un frisson anticipé. Bien sûr que ça serait dangereux. Ce serait de la folie.
— Je dois raccrocher – dit Gonzalo sans lui laisser le temps de répondre.
C'est ainsi que tout a commencé.

***

Alexis nous propose sa traduction :

La nuit, Gonzalo appela Ramón.
—J’ai réfléchi et j’ai une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois que c’est trop risqué.
—Je t’écoute.
—Bon, si tu n’oses pas, je comprendrai. Ce n’est pas aussi facile que de se tirer d’un endroit sans payer. Ca peut être dangereux.
—Et c’est quoi ?
—Bah, rien, oublie. On se voit demain en cours.
—Je te connais –dit Ramón en souriant–, je sais que tu fais tout ça pour m’intriguer. Balance, vas-y !
—Non, sérieusement, d’abord je veux y songer tranquillement, ensuite c’est mieux qu’on en parle les trois. Je veux pas m’avancer et qu’il t’arrive quelque chose à cause de moi.
—Ecoute –s’impatienta Ramón–, je suis en pyjama, les pieds nus et gelés. Tu m’as tiré du lit et maintenant tu ne vas tout de même pas me laisser avec la curiosité piquée sans savoir ce qui t’es passé par la tête. Alors dit-le une bonne fois pour toutes. Et maintenant !
—Sérieusement, ce n’est pas un jeu. Ca pourrait mal finir. C’est… bon, je te le dis et ensuite tu l’oublies, d’accord ? C’est comme une épreuve de survie. Un délai pas très long, disons trois jours. Tu dois survivre trois jours par tes propres moyens. Il ne faut pas demander de l’aide à tes parents ni a personne d’autre. Toi, tout seul, trois jours et trois nuits.
—Tu veux que j’aille dans la forêt pour passer trois jours comme Tarzan ? –ironisa Ramón. Je ne sais pas ce que tu as dîné, mais ça te réussit pas.
—Non, pas dans la forêt, dans une grande ville.
Le téléphone à la main, Ramón parcourrait le couloir pour combattre le froid. Il s’arrêta face au miroir de l’entrée qui lui renvoya l’image d’un jeune garçon décoiffé d’un aspect commun, ni trop grand ni très petit, ni beau ni laid. Il n’était ni un athlète ni un héros, et pour le restaurant, ça avait été la première chose exceptionnelle qu’il avait faite dans sa vie.
Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il sentit comme un frisson anticipé. Evidemment que ça serait dangereux. Ce serait une folie.
—Je dois raccrocher –dit Gonzalo sans lui donner le temps de répondre.
Et c’est ainsi que tout a commencé.

***

Laëtitia Sw nous propose sa traduction :

Pendant la nuit, Gonzalo appela Ramón.
— J’ai réfléchi. J’ai une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois que c’est trop dur.
— Je t’écoute.
— Bon, si tu n’oses pas, je comprendrai. Ce n’est pas aussi facile que de partir d’un endroit sans payer. Ça peut être dangereux.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Bah, rien, oublie. On se voit demain en cours.
— Je te connais — dit Ramón en souriant —, je sais que tu fais tout ça pour m’intriguer. Dis-le une bonne fois pour toutes !
— Non, sérieux, je veux d’abord y penser tranquillement, et puis ce sera mieux qu’on en parle tous les trois. Je ne veux pas dépasser les bornes et qu’il t’arrive quelque chose par ma faute.
— Écoute — s’impatienta Ramón —, je suis en pyjama, pieds nus : j’ai les pieds gelés. Maintenant que tu m’as tiré du lit, tu ne vas pas me laisser dans le doute sans que je sache ce dont tu as eu l’idée. Allez, accouche !
— Sérieux, il ne s’agit pas d’un jeu. Ça pourrait mal finir. C’est... bon, je te le dis et ensuite tu oublies, d’accord ? C’est comme une épreuve de survie. Pas d’une durée très longue, mettons trois jours. Tu dois survivre trois jours par tes propres moyens. Tu n’as pas le droit de demander de l’aide à tes parents ni à quelqu’un que tu connaîtrais. Toi seul, trois jours et trois nuits.
— Tu veux que j’aille passer trois jours en forêt comme Tarzan ? — ironisa Ramón. Je ne sais pas ce que tu as dû manger hier soir, mais ça ne t’a pas réussi.
— Pas en forêt. Dans une grande ville.
Le téléphone à la main, Ramón se promenait dans le couloir pour lutter contre le froid. Il s’arrêta devant le miroir de l’entrée, qui lui renvoya l’image d’un garçon décoiffé, à l’aspect ordinaire, ni trop grand ni très petit, ni beau ni laid. Ce n’était ni un athlète ni un héros, et le coup du restaurant avait été la première chose exceptionnelle qu’il faisait dans sa vie.
Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il éprouva une sorte de frisson, par anticipation. Bien sûr que ce serait dangereux. Ce serait une folie.
— Je dois raccrocher — souffla Gonzalo sans lui laisser le temps de répondre.
Et c’est ainsi que tout commença.

***

Auréba nous propose sa traduction :

Le soir, Gonzalo appela Ramónr
J’ai bien réfléchi. J’ai une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois que c’est trop difficile.
Je t’écoute.
Bon, si tu n’oses pas, je comprendrai tout à fait. Ce n’est pas aussi facile que de partir d’un endroit sans payer. Ça peut être dangereux.
Et qu’est-ce que c’est ?
Bah, rien, oublie ça. Nous nous verrons demain en cours.
Je te connais – dit Ramón en souriant – je sais que tu fais tout ceci pour m’intriguer. Accouche!
Non, sérieusement, d’abord, je veux y réfléchir tranquillement, et puis il vaut peut-être mieux qu’on en parle quand on sera tous les trois. Je ne veux pas aller trop loin et qu’il t’arrive quelque chose par ma faute.
Écoute – s’impatienta Ramón – je suis en pyjama, pieds nus, et je commence à avoir les pieds gelés. Tu m’as fait sortir du lit et maintenant, après m’avoir intrigué, tu ne vas tout de même pas me laisser comme ça, sans savoir qu’est-ce qui t’est passé par la tête. Alors dis le moi une bonne fois pour toutes. Maintenant !
Sérieusement, ça ne serait pas un jeu. Ça pourrait mal finir. C’est...bon, je te le dis, mais ensuite, tu l’oublies, d’accord ? C’est comme une épreuve de survie. Un délai pas très long. Mettons trois jours. Ce n’est pas la peine de demander de l’aide à tes parents ni à qui que ce soit que tu connaisses. Toi seul, trois jours et trois nuits.
Tu veux que j’aille passer trois jours à la jungle comme Tarzan ? — ironisa Ramón —. Je ne sais pas ce que tu as bien pu manger, ce soir, mais ça ne t’a pas réussi.
Pas dans la jungle. Dans une grande ville.
Le téléphone dans la main, Ramón se promenait dans le couloir pour combattre le froid. Il s’arrêta devant le miroir de l’entrée, qui lui renvoya l’image d’un garçon décoiffé avec un aspect ordinaire, ni trop grand ni trop petit, ni beau ni laid. Ce n’était pas un athlète ni un héros, et le truc du resto-basket, c’avait été la première chose exceptionnelle qu’il faisait de sa vie.
Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il eut comme un frisson anticipé. Évidemment que ce serait dangereux. Ce serait une folie.
Je dois raccrocher – dit Gonzalo sans lui laisser le temps de répondre. Et c’est ainsi que tout a commencé.

***

Florian nous propose sa traduction :

Dans la nuit, Gonzalo appela Ramón.
- J'étais entrain de réfléchir et j'ai eu une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois qu'il est trop compliqué.
- Je t'écoute.
- Bon si t' oses pas, je comprendrai. Il est pas aussi simple que de s'en aller d'un endroit sans payer. Il peut être dangereux.
- Qu'est ce que c'est?
- Arf rien, oublie. On se voit demain en cours.
- J' te connais, répondis Ramón en souriant, je sais que tu fais tout pour m'intriguer. Dis-le moi une bonne fois pour toute.
- Non, vraiment, je veux d'abord y réfléchir tranquillement, en ensuite ce sera mieux qu'on en parle d'ici trois jours. J' veux pas me dépêcher et qu'il t'arrive un truc ma faute.
- Bon écoute, s'impatienta Ramón, je suis en pyjama, j'ai pas de chaussettes, et je suis entrain de me geler les pieds. Tu m'as sortis du lit, et maintenant tu vas m'intriguer sans me dire ce qui t'as traverser l'esprit! Donc dis-le une fois pour toute, tout de suite!
- Mais vraiment, ce serait pas un jeu. Ça pourrait mal finir. C'est...bon aller, j' te le dis, mais après tu l'oublie, d'accord? C'est comme un test de survie. Faut que tu survives trois jours par tes propres moyens. T'as pas le droit de demander de l'aide à tes parents ni à quelqu'un que tu connaisses. Toi, tout seul, trois jours et trois nuit.
-Tu veux que j'aille en forêt pendant trois jours à la Tarzan? plaisanta Ramón. J' sais pas ce que t'as bien pu manger, mais c'est pas bien passé.
-Pas en forêt. Dans une grande ville.
Le téléphone à la main,Ramón faisait les cent pas dans le couloir pour combattre le froid. Il s'arrêta devant le miroir de l'entrée, qui lui renvoya l'image d'un garçon dépeigné à l'aspect banal, ni trop grand, ni trop petit, ni beau, ni laid. Il n'était ni un athlète ni un héros, du reste le coup du restaurant avait été la première chose exceptionnelle qu'il avait fait dans sa vie. Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il ressenti comme un frisson rien qu'en y pensant. Évidemment que ce serait dangereux. Ce serait une folie.
- Faut que je raccroche, dis Gonzalo sans lui donner le temps de répondre.
Et c'est ainsi que tout commença.

***


Pauline nous propose sa traduction :

La nuit, Gonzalo appela Ramón.
« J’étais en train de penser. J’ai une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois que c’est trop fort.
—Je t’écoute.
—Enfin, si tu n’oses pas, je le comprendrai. Ce n’est pas aussi facile que de s’en aller d’un endroit sans payer. Cela peut être dangereux.
—Et qu’est-ce que c’est ?
—Bah, rien, oublie. On se verra demain en cours.
—Je te connais― dit Ramón en souriant―, je sais que tu fais tout ça pour m’intriguer.
—Accouche une bonne fois pour toutes.
—Non, sérieusement, je voudrais d’abord longuement y réfléchir, et il sera mieux qu’on en parle après tous les trois. Je ne veux pas pousser et qu’il t’arrive quelque chose à cause de moi.
—Ecoute―s’impatienta Ramón―, je suis en pyjama, sans chaussons, et mes pieds se gèlent. Tu m’as sortit du lit et maintenant, tu ne vas pas me laisser intrigué sans savoir qu’est-ce qui t’est arrivé. Alors, dis-le une bonne fois pour toutes. Maintenant !
—Sérieusement, ce ne serait pas un jeu. Cela pourrait mal se finir. C’est…bon, je te le dis et ensuite, tu l’oublies, d’accord ? C’est comme une preuve de survie. Un délai pas très long, disons trois jours. Tu dois survivre trois jours par tes propres moyens. Il est inutile de demander de l’aide à tes parents, ni à personne que tu connaisses. Toi, seul, trois jours et trois nuits.
—Tu veux que j’aille dans la jungle passer trois jours comme Tarzan ?― ironisa Ramón―. Je ne sais pas ce que tu as dîné, mais ça ne t’a pas réussit.
—Dans la jungle, non. Dans une grande ville. »
Téléphone à la main, Ramón se promenait dans le couloir pour combattre le froid. Il s’arrêta devant le miroir du vestibule, qui lui renvoya l’image d’un garçon décoiffé, d’un aspect courant, ni trop grand ni très petit, ni beau ni laid. Il n’était pas un athlète, ni un héros, et le restaurant avait été la première chose exceptionnelle qu’il faisait dans sa vie.
Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il sentit comme un frisson anticipé. Bien sûr que ce serait dangereux. Ce serait une folie.
« Je dois raccrocher. »― dit Gonzalo sans lui donner le temps de répondre.
Et ce fut ainsi que tout commença.

***

Léa nous propose sa traduction :

Version du 15 janvier

Dans la nuit, Gonzalo appela Ramón.
-J’étais en train de penser. J’ai une idée, un bon défi pour toi. Mais je crois que c’est trop dur.
-Je t’écoute.
-Bon, si tu n’oses pas je le comprendrai. Ce n’est pas aussi simple que de quitter un endroit sans payer. Ca peut être dangereux.
-Et qu’est-ce que c’est ?
-Bah, rien, oublie. On se voit demain en cours.
-Je te connais –dit Ramón en souriant-, je sais que tu fais tout ça pour m’intriguer. Lâche le morceau d’un coup.
-Non, sérieusement, je veux d’abord y penser tranquillement, et après ce sera mieux que nous en parlions d’ici trois jours. Je ne veux pas dépasser les bornes et qu’il t’arrive quelque chose par ma faute.
-Ecoute- s’impatienta Ramón-, je suis en pyjama, et mes pieds sont en train de geler. Tu m’as sorti du lit et maintenant tu ne vas pas me laisser en suspens sans savoir ce qu’il t’est arrivé. Donc dis le d’un coup. Maintenant !
-Sérieusement, ce ne serait pas un jeu. Ca pourrait mal se terminer. C’est.bon, je te le dis et après tu l’oublies, d’accord ? C’est comme une épreuve de survie. Un délai plutôt court, nous mettrons trois jours. Tu dois survivre trois jours par tes propres moyens. Il ne faut pas demander de l’aide à tes parents ni à personne que tu connais. Toi seul, trois jours et trois nuits.
-Tu veux que j’aille dans la jungle passer trois jours comme Tarzan ? – ironisa Ramón- Je ne sais pas ce que tu as dîné mais ca ne t’a pas réussi.
-Dans la jungle non. Dans une grande ville.
Le téléphone à la main, Ramón marchait dans le couloir pour combattre le froid. Il s’arrêta face au miroir de l’entrée, qui lui renvoya l’image d’un garçon décoiffé d’un aspect courant, ni trop grand ni très petit, ni beau ni laid. Il n’était pas un athlète ni un héros, et l’histoire du restaurant avait été la première chose exceptionnelle qu’il faisait dans sa vie. Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il sentit comme un frisson d’avance. Evidemment ce serait dangereux. Ce serait une folie.
-Je dois raccrocher –dit Gonzalo sans lui laisser le temps de répondre. Et c’est ainsi que tout commença.