AFFÉTERIE, substantif féminin Péjoratif : Manière pleine d'affectation par laquelle, dans le dessein de plaire, on s'éloigne du naturel et tombe dans un excès de recherche superficielle ou contraire au bon goût.
A. [En parlant d'une pers.] : "Qu'importe si la délicieuse statue de Bagard (1639-1709), garçonnière maligne et touchante qui porte un médaillon, nous ravit et nous retient longuement dans le rez-de-chaussée du musée lorrain! C'est une grande dame raffinée; sa spirituelle afféterie mondaine ferait paraître un peu grossière la simplicité, la gouaillerie de nos meilleurs aïeux. Elle est bien du passé, l'âme lorraine : Bagard n'y songe guère... et nous-mêmes, Simon, il nous faut un effort pour la retrouver sous nos âmes acquises." M. BARRÈS, Un Homme libre, 1889, p. 111.
B. [En parlant de la création artistique ou littér.] : "La prétention de tout ennoblir, d'éloigner les contrastes en ramenant tous les objets à des formes de convention, commence à se faire remarquer jusque dans les arts et dans les lettres. On craint de dégrader son burin, sa plume ou son pinceau, en descendant à la peinture des scènes populaires; et abusant du principe que les arts ne doivent se proposer que l'imitation d'une nature choisie, on s'expose à retomber dans l'afféterie et dans le maniéré." V. DE JOUY, L'Hermite de la chaussée d'Antin, t. 3, 1813, pp. 25-26.
Au pluriel, rare (avec un sens plus concrets). Traits qui dénotent l'affectation et le maniérisme : "Les Juifs parisianisés (et les chrétiens judaïsés), qui foisonnaient au théâtre, y avaient introduit le mic-mac de sentiments, qui est le trait distinctif d'un cosmopolitisme dégénéré. (...). Leur style n'était pas moins mêlé que leurs sentiments. Ils s'étaient fait un argot composite, d'expressions de toutes classes et de tous pays, pédantesque, chatnoiresque, classique, lyrique, précieux, poisseux, poissard, mixture de coq-à-l'âne, d'afféteries, de grossièretés et de mots d'esprit, qui semblaient avoir un accent étranger." R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, pp. 708-709.
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AFFÉTERIE, substantif féminin
Péjoratif :
Manière pleine d'affectation par laquelle, dans le dessein de plaire, on s'éloigne du naturel et tombe dans un excès de recherche superficielle ou contraire au bon goût.
A. [En parlant d'une pers.] :
"Qu'importe si la délicieuse statue de Bagard (1639-1709), garçonnière maligne et touchante qui porte un médaillon, nous ravit et nous retient longuement dans le rez-de-chaussée du musée lorrain! C'est une grande dame raffinée; sa spirituelle afféterie mondaine ferait paraître un peu grossière la simplicité, la gouaillerie de nos meilleurs aïeux. Elle est bien du passé, l'âme lorraine : Bagard n'y songe guère... et nous-mêmes, Simon, il nous faut un effort pour la retrouver sous nos âmes acquises." M. BARRÈS, Un Homme libre, 1889, p. 111.
B. [En parlant de la création artistique ou littér.] :
"La prétention de tout ennoblir, d'éloigner les contrastes en ramenant tous les objets à des formes de convention, commence à se faire remarquer jusque dans les arts et dans les lettres. On craint de dégrader son burin, sa plume ou son pinceau, en descendant à la peinture des scènes populaires; et abusant du principe que les arts ne doivent se proposer que l'imitation d'une nature choisie, on s'expose à retomber dans l'afféterie et dans le maniéré." V. DE JOUY, L'Hermite de la chaussée d'Antin, t. 3, 1813, pp. 25-26.
Au pluriel, rare (avec un sens plus concrets). Traits qui dénotent l'affectation et le maniérisme :
"Les Juifs parisianisés (et les chrétiens judaïsés), qui foisonnaient au théâtre, y avaient introduit le mic-mac de sentiments, qui est le trait distinctif d'un cosmopolitisme dégénéré. (...). Leur style n'était pas moins mêlé que leurs sentiments. Ils s'étaient fait un argot composite, d'expressions de toutes classes et de tous pays, pédantesque, chatnoiresque, classique, lyrique, précieux, poisseux, poissard, mixture de coq-à-l'âne, d'afféteries, de grossièretés et de mots d'esprit, qui semblaient avoir un accent étranger." R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, pp. 708-709.
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