par nanouenafrique
« C'est quoi ce bruit ? »
Reyhan se redresse d'un coup. Aussitôt, un poids lui plombe l'estomac. Elle a parlé fort, elle s'en rend compte, mais elle était à moitié endormie et ne sait pas vraiment ce qui s'est passé. Les yeux hagards, elle se met à scruter l'obscurité. Pas un brin de lumière auquel accrocher son regard, pas le moindre objet qui se détache, elle vient de perdre tout repère dans l'espace. Comme elle s'entend haleter, elle tente de se calmer, et, sans bouger de sa place, elle étend ses bras des deux côtés. Elle sent quelque chose à sa droite.
Ce n'est que son mari. Il est là, recroquevillé, il dort profondément. Sa main touchant son visage, elle le devine dans le noir. Mais elle n'y tient plus. Elle se met à le secouer si brutalement qu'elle le frappe un peu, et elle chuchote en même temps : « réveille-toi, réveille-toi. »
« Quoi ?
— J'ai entendu un bruit, s'il-te-plaît, lève-toi, vas-voir ce que c'est !
— Tu l'as entendu à nouveau ?
— Oui, enfin non, je sais pas, j'ai peur... Cette fois-ci j'ai vraiment l'impression qu'il y a quelqu'un.
— Laisse-moi dormir Rey, laisse-moi dormir. Tu t'agites trop, tu vas finir par réveiller les autres. Je suis là et il ne se passera rien, d'accord ? Tu devrais dormir toi aussi. »
La jeune femme, décontenancée, s'allonge difficilement. Le tissu qui couvre normalement la planche sur laquelle elle se trouve s'est déplacé et elle peut sentir le contact du bois. Elle a froid. Elle tire la mince couverture sur ses épaules mais ne parvient pas à se réchauffer. Elle ne dormira pas, pas dans ces conditions. Alors elle attend. Un autre bruit, encore, beaucoup plus fort maintenant. Elle guette le retour de l'intrus. Il y en a toujours un qui se débrouille pour entrer, lui aussi. C'est pourtant leur repère à eux, et Ansar, un ami de son mari, leur a déjà fait comprendre que cet endroit n'était pas à prendre. Y'a rien à voir par ici. C'est privé. Trouvez-vous une autre planque. Un jour une femme est entrée avec un gamin, quatre ans à peine. Reyhan s'était dit que ça aurait pu être son frère, ou son cousin. La femme avait débarqué en pleine nuit et avait piétiné par erreur l'aîné d'Ansar qui dormait par terre. Elle l'avait effrayé bien sûr, et lui s'était relevé d'un bond et lui avait sauté à la gorge. Dans ces moments-là, il y en avait toujours un pour hurler à la mort, se mettre à insulter n'importe qui et faire trembler d''angoisse Reyhan.
Ce matin là sera comme les autres, pense-t-elle désormais. Mais, peut-être dix minutes après, là où Reyhan croit qu'elle peut enfin se reposer, survient ce qu'elle redoutait tant. Ils sont quatre, ils sont armés, il y un, deux, trois chiens, et ils hurlent eux aussi. Il y en a un qui tape sur un des étais avec une autre barre de fer qu'il a du dégoter on ne sait où. Alors, elle réveille à nouveau son mari, mais en vérité il est déjà debout, et lui et les autres courent dans tous les sens, souris prises au piège. Il fait noir, encore, pourquoi est-ce qu'il fait si noir ? Il y a de la lumière qui vient du couloir on dirait, mais rien dans l'appartement. Pourquoi est-ce que personne ne réagit, allumez, mais c'est pas vrai, allumez !
« Ils ont coupé l'électricité Rey. Il faut qu'on sorte de là. Suis-moi. »
Reyhan se redresse d'un coup. Aussitôt, un poids lui plombe l'estomac. Elle a parlé fort, elle s'en rend compte, mais elle était à moitié endormie et ne sait pas vraiment ce qui s'est passé. Les yeux hagards, elle se met à scruter l'obscurité. Pas un brin de lumière auquel accrocher son regard, pas le moindre objet qui se détache, elle vient de perdre tout repère dans l'espace. Comme elle s'entend haleter, elle tente de se calmer, et, sans bouger de sa place, elle étend ses bras des deux côtés. Elle sent quelque chose à sa droite.
Ce n'est que son mari. Il est là, recroquevillé, il dort profondément. Sa main touchant son visage, elle le devine dans le noir. Mais elle n'y tient plus. Elle se met à le secouer si brutalement qu'elle le frappe un peu, et elle chuchote en même temps : « réveille-toi, réveille-toi. »
« Quoi ?
— J'ai entendu un bruit, s'il-te-plaît, lève-toi, vas-voir ce que c'est !
— Tu l'as entendu à nouveau ?
— Oui, enfin non, je sais pas, j'ai peur... Cette fois-ci j'ai vraiment l'impression qu'il y a quelqu'un.
— Laisse-moi dormir Rey, laisse-moi dormir. Tu t'agites trop, tu vas finir par réveiller les autres. Je suis là et il ne se passera rien, d'accord ? Tu devrais dormir toi aussi. »
La jeune femme, décontenancée, s'allonge difficilement. Le tissu qui couvre normalement la planche sur laquelle elle se trouve s'est déplacé et elle peut sentir le contact du bois. Elle a froid. Elle tire la mince couverture sur ses épaules mais ne parvient pas à se réchauffer. Elle ne dormira pas, pas dans ces conditions. Alors elle attend. Un autre bruit, encore, beaucoup plus fort maintenant. Elle guette le retour de l'intrus. Il y en a toujours un qui se débrouille pour entrer, lui aussi. C'est pourtant leur repère à eux, et Ansar, un ami de son mari, leur a déjà fait comprendre que cet endroit n'était pas à prendre. Y'a rien à voir par ici. C'est privé. Trouvez-vous une autre planque. Un jour une femme est entrée avec un gamin, quatre ans à peine. Reyhan s'était dit que ça aurait pu être son frère, ou son cousin. La femme avait débarqué en pleine nuit et avait piétiné par erreur l'aîné d'Ansar qui dormait par terre. Elle l'avait effrayé bien sûr, et lui s'était relevé d'un bond et lui avait sauté à la gorge. Dans ces moments-là, il y en avait toujours un pour hurler à la mort, se mettre à insulter n'importe qui et faire trembler d''angoisse Reyhan.
Ce matin là sera comme les autres, pense-t-elle désormais. Mais, peut-être dix minutes après, là où Reyhan croit qu'elle peut enfin se reposer, survient ce qu'elle redoutait tant. Ils sont quatre, ils sont armés, il y un, deux, trois chiens, et ils hurlent eux aussi. Il y en a un qui tape sur un des étais avec une autre barre de fer qu'il a du dégoter on ne sait où. Alors, elle réveille à nouveau son mari, mais en vérité il est déjà debout, et lui et les autres courent dans tous les sens, souris prises au piège. Il fait noir, encore, pourquoi est-ce qu'il fait si noir ? Il y a de la lumière qui vient du couloir on dirait, mais rien dans l'appartement. Pourquoi est-ce que personne ne réagit, allumez, mais c'est pas vrai, allumez !
« Ils ont coupé l'électricité Rey. Il faut qu'on sorte de là. Suis-moi. »
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