Vous avez sans doute lu l'entretien publié il y a peu avec Rafael Blanco Vázquez, traducteur du français vers l'espagnol, auteur… et membre de Tradabordo. Il va de soi que la présence parmi nous de quelqu'un combinant ces deux activités généralement séparées de la traduction et de l'écriture est en soi intéressante (personnellement cela éveille ma curiosité) ; raison pour laquelle outre l'interroger avec quelques questions supplémentaires ciblées dans notre questionnaire spécial traducteur sur les rapports (complémentaires ? Schizophréniques ? Ou éventuellement docteur-Jeckyll-et-Mister-Hydesques ?) qu'il entretien avec ses deux « moi » (ou, peut-être préférera-t-il l'expression son « moi double ») et outre pour le remercier de nous avoir consacré un peu de son temps, j'ai accepté la proposition que m'a faite Rafael de faire traduire l'une de ses propres nouvelles par deux membres de notre collectif des C2C, en l'occurrence Vanessa Canavesi et Justine Ladaique… avec cette précision qu'il s'agira de convertir l'aventure en expérience de traduction. L'une des questions incontournables de l'interview de traducteur est de savoir quelles relations le traducteur établit – quand il en a le loisir, cela va de soi – avec l'auteur sur le texte duquel il travaille : se présente-t-il avant de commencer ou opte-t-il au contraire pour l'isolement, de peur de subir le charme / désenchantement de la voix de l'auteur… ? Demande-t-il des consignes globales ? Lui arrive-t-il d'avoir besoin d'aide, le cas échéant pour quoi (du lexique, etc.) ? Quel accueil reçoit-il ?
L'expérience menée ici est donc générée par ces questions et s'appuient sur elles pour partir de ce postulat que là, le contact est non seulement créé entre Rafael, Vanessa et Justine… mais qu'à ma demande, Rafael a concocté un petit texte de présentation de sa nouvelle exprès pour ses traductrices. Je me souviens avoir reçu un jour plusieurs pages d'informations diverses de la part d'une auteure que je devais traduire ; dans un premier temps, je l'avoue, j'avais été assez surprise et un peu intimidée, et, surtout, j'avais senti ma liberté de mouvement limitée… – d'autant plus que ledit topo était envoyé à tous les traducteurs comme une sorte de kit de mise en route (le roman avait déjà été traduit dans une quinzaine de langues). Or passé l'étonnement et le sentiment plus que mitigé que j'avais éprouvé, j'avais trouvé non seulement que l'aide était utile, précieuse, intelligente et que cela me donnait l'agréable impression d'avoir un compagnon de route à mes côtés. Comment se sentiront nos deux jeunes traductrices : plus confiantes de savoir, même succinctement, ce qu'attend d'elle l'auteur ou, inversement, surveillées. Seront-elles poussées ou inhibées ?
Voyons cela !
Encore merci à Rafael d'avoir accepté d'être cobaye dans cette histoire… Par ailleurs, s'il souhaite suivre l'avancée de la traduction (qui se fera, comme toujours, ligne à ligne dans les commentaires), je lui demande pour l'instant de s'en tenir à strictement répondre aux éventuelles questions qui lui seraient posées. Ce qui ne l'empêchera nullement, après, de faire valoir son point de vue – important, mais pas nécessairement définitif pour « trancher ». Cela aussi, nous le verrons de près. Que se passe-t-il quand l'auteur relit le travail de son traducteur ?
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EL RELOJ DE PÉNDULO, GUÍA PARA LAS TRADUCTORAS, Por Rafael Blanco Vázquez
En «El reloj de péndulo» está todo lo que a mí me gusta, todo lo que yo soy. El tema es, digamos, el sentido último de la existencia. Pero no falta el humor y todo está hecho a partir del lenguaje: la historia se construye en torno a un juego de palabras. Es un relato muy representativo de mi estilo, un estilo basado en la repetición-variación: a base de repeticiones se van introduciendo pequeñas variaciones, y nada define mejor la vida.
En ese sentido es fundamental, al traducirlo, respetar las repeticiones y la sonoridad, sin las cuales sería otro relato de otro autor que no sería yo sino otro.
No hay que tenerle miedo, pues, a la repetición, ya que es ella la que lo vertebra.
Tampoco hay que tenerle miedo a forzar el lenguaje. Quiero decir: en español no se utiliza la palabra “tipa”, y si se utiliza, tiene una sonoridad despectiva que expresa muy bien lo que quiero, porque aunque el personaje femenino no es negativo, sí es un personaje extraño para el tipo, una especie de imposición fatal, inevitable. A mí me gusta mucho un término francés antiguo: es la palabra drôlesse, que era, por supuesto, un insulto. De modo que me imagino perfectamente la palabra tipa traducida como typesse. No tiene por qué ser así, pero a mí me gusta.
Sin más, me tienen a su entera disposición para cualquier duda, inquietud o angustia.
Un saludo, Rafael Blanco Vázquez
superrafablanco@gmail.com
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EL RELOJ DE PÉNDULO, de Rafael Blanco Vázquez
Un tipo va por la calle, pero la calle está llena de tipos. Tipos de todo tipo. El tipo se angustia y se vuelve a su casa, donde también se angustia. Todo tipo de angustias se abaten sobre el tipo. ¿Qué tipo de vida es ésta?, se angustia el tipo. El tipo sigue yendo de la calle a su casa, sin saber qué hacer con tanta angustia.
Un día conoce a una tipa. No parece angustiada. El tipo se emociona y aparca sus angustias, que reaparecen cuando más tranquilo está. De pronto, el tipo y la tipa se angustian mutuamente, y todo se vuelve un lío que ninguno de los dos es capaz de desanudar.
Ahora sí que el tipo ya no sabe qué hacer. Entre la angustia de la multitud y la angustia de la soledad parecía haber un remanso, pero las aguas del remanso se han enfurecido y el tipo, que no sabe nadar, consigue salir a flote sin entender nada. ¿Qué tipo de oleaje es éste que deja salir a flote a un tipo como yo?, se sorprende el tipo, que tiene una pregunta para cada tipo de situación.
Cuando quiere darse cuenta, el tipo ha aprendido, digamos, a oscilar entre las tres situaciones: a veces se da un atracón de multitud, a veces se encierra hasta el hartazgo, a veces vivir de a dos parece ser placentero. A veces el tipo hace tríos: multitud, soledad y tipa. Pero el tipo se angustia haga lo que haga, así que el tipo decide que es lo que hay, y así se lo dice a la vida:
- Cuando tienes razón tienes razón.
Y el tipo deja pasar la vida entre angustias sin remanso y remansos de angustias escondidas. Fuma cigarrillos, bebe alcohol, juega al fútbol y cena con amigos. En ocasiones se le olvida que la vida tiene razón y se deja llevar por ataques de ira de un negro insondable. De tanto en tanto conoce a grandes tipos pero siempre tiene presente la frase de La Bruyère, que decía: “Cuanto más se acerca uno a los grandes hombres, más cuenta se da de que son hombres”.
3 commentaires:
Muchas gracias Rafael, por participar y por la guía de traducción.
Muchas gracías también por permitirnos vivir tal experiencia.
Muchas gracias a vosotras, chicas, por traducir mi texto a vuestro bello idioma.
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