Je sors de l’apnée dans laquelle je suis plongée depuis quelques semaines et ma première bouffée d’oxygène est pour Tradabordo. Dans un post récent, Nathalie vous a donné ses impressions sur l’« atelier de traduction » informel que nous avons formé spontanément, elle et moi ; en écho, je vais vous faire part des miennes.
En fait, tout est parti d’un coup de fil amical où nous exprimions nos craintes réciproques de laisser des coquilles dans ce que nous souhaitions être un travail « sans reproche » ou presque ; une séance de deux ou trois heures serait suffisante, pensions-nous, pour relire nos documents réciproques avant impression. Rendez-vous pris, nous nous mettons au travail, l’une en face de l’autre.
Nous nous mettons alors à exprimer nos doutes, nos remarques à haute voix et de fil en aiguille, nous consacrons… cinq séances de cinq heures chacune à ce travail de relecture approfondie !
Animées d’une même exigence, d’un même désir de perfectionnisme, nous découvrons que nous nous entendons parfaitement dans cet échange. Nous remarquons que nous trouvons assez facilement le mot que nous estimons juste pour le texte de l’autre alors que nous avons sué sang et eau sur le nôtre.
Ce travail m’a permis de confirmer plusieurs choses : d’abord, ce que je préfère, c’est le travail en groupe ou en binôme, un esprit de saine émulation me permet de tirer le meilleur parti de mes connaissances et de me dépasser pour aider l’autre – et réciproquement je crois – Certes il n’existe pas d’atelier de traduction quand on aborde une démarche professionnelle, mais rien n’interdit d’en créer un !
Ensuite, que le travail de traducteur est particulièrement difficile : malgré les multiples versions que nous avions faites avant de nous rencontrer, force est de constater qu’il restait des imperfections (il en reste sans doute encore) ; c’est donc une école de persévérance et d’humilité.
Mais c’est un travail qui donne des satisfactions insoupçonnées : moi, la « plus que très » active, j’ai pu rester des heures sans me lever, totalement absorbée par le choix d’un mot, la correction typographique, l’histoire. Celle de Nathalie, vous verrez est bien jolie, délicate, avec juste ce qu’il faut d’humour ; en revanche, elle a dû souffrir en creusant stoïquement « la mienne », car à la fin, elle m’a posé cette question : « Comment supporter la promiscuité, la violence, la saleté… omniprésentes dans le texte ? » Eh bien, chère Nathalie, grâce à l’amour, celui que j’ai éprouvé pour tous ces prisonniers, ils sont pour moi bien réels, et au-delà, pour toutes les victimes de l’enfermement ; il m’a semblé qu’en peinant pour rendre leurs sentiments, au –delà de leurs actes, je faisais œuvre utile, œuvre d’amour. Mais n’étant pas Mère Teresa, il est évident que j’ai parfois eu, comme toi, la nausée. Tu m’as demandé aussi si « cela aurait pu être un critère de non traduction ? » Ma réponse est claire : non, mille fois non. Toute histoire a sa valeur, parfois cachée, à nous de la débusquer et de la rendre du mieux possible. Se colleter avec un texte qui n’est pas des plus faciles m’a obligée à sortir de mes sentiers battus ; à vrai dire, je crois que c’est un travail qui a changé mon regard.
Tout comme notre expérience a été en quelque sorte « la cerise sur le gâteau » : nous avons travaillé dans la bonne humeur, avec parfois des fous rires de collégiennes et tout cela a été bien gratifiant.
À la fin de cette année, sans préjuger de ce qui en sera la conclusion, les apprenties traductrices de Tradabordo nous sentons fières du moins de l’effort accompli ; à cet égard, j’ai beaucoup apprécié l’illustration qui ornait le dernier post du Capitaine, un magnifique paquebot… c’est comme si après avoir embarqué sur le voilier des pionniers, nous jetions enfin l’ancre dans des eaux majestueuses et calmes ! Tout cela me renvoie à l’idée de la soutenance, une autre épreuve, la dernière. La dernière ?
En fait, tout est parti d’un coup de fil amical où nous exprimions nos craintes réciproques de laisser des coquilles dans ce que nous souhaitions être un travail « sans reproche » ou presque ; une séance de deux ou trois heures serait suffisante, pensions-nous, pour relire nos documents réciproques avant impression. Rendez-vous pris, nous nous mettons au travail, l’une en face de l’autre.
Nous nous mettons alors à exprimer nos doutes, nos remarques à haute voix et de fil en aiguille, nous consacrons… cinq séances de cinq heures chacune à ce travail de relecture approfondie !
Animées d’une même exigence, d’un même désir de perfectionnisme, nous découvrons que nous nous entendons parfaitement dans cet échange. Nous remarquons que nous trouvons assez facilement le mot que nous estimons juste pour le texte de l’autre alors que nous avons sué sang et eau sur le nôtre.
Ce travail m’a permis de confirmer plusieurs choses : d’abord, ce que je préfère, c’est le travail en groupe ou en binôme, un esprit de saine émulation me permet de tirer le meilleur parti de mes connaissances et de me dépasser pour aider l’autre – et réciproquement je crois – Certes il n’existe pas d’atelier de traduction quand on aborde une démarche professionnelle, mais rien n’interdit d’en créer un !
Ensuite, que le travail de traducteur est particulièrement difficile : malgré les multiples versions que nous avions faites avant de nous rencontrer, force est de constater qu’il restait des imperfections (il en reste sans doute encore) ; c’est donc une école de persévérance et d’humilité.
Mais c’est un travail qui donne des satisfactions insoupçonnées : moi, la « plus que très » active, j’ai pu rester des heures sans me lever, totalement absorbée par le choix d’un mot, la correction typographique, l’histoire. Celle de Nathalie, vous verrez est bien jolie, délicate, avec juste ce qu’il faut d’humour ; en revanche, elle a dû souffrir en creusant stoïquement « la mienne », car à la fin, elle m’a posé cette question : « Comment supporter la promiscuité, la violence, la saleté… omniprésentes dans le texte ? » Eh bien, chère Nathalie, grâce à l’amour, celui que j’ai éprouvé pour tous ces prisonniers, ils sont pour moi bien réels, et au-delà, pour toutes les victimes de l’enfermement ; il m’a semblé qu’en peinant pour rendre leurs sentiments, au –delà de leurs actes, je faisais œuvre utile, œuvre d’amour. Mais n’étant pas Mère Teresa, il est évident que j’ai parfois eu, comme toi, la nausée. Tu m’as demandé aussi si « cela aurait pu être un critère de non traduction ? » Ma réponse est claire : non, mille fois non. Toute histoire a sa valeur, parfois cachée, à nous de la débusquer et de la rendre du mieux possible. Se colleter avec un texte qui n’est pas des plus faciles m’a obligée à sortir de mes sentiers battus ; à vrai dire, je crois que c’est un travail qui a changé mon regard.
Tout comme notre expérience a été en quelque sorte « la cerise sur le gâteau » : nous avons travaillé dans la bonne humeur, avec parfois des fous rires de collégiennes et tout cela a été bien gratifiant.
À la fin de cette année, sans préjuger de ce qui en sera la conclusion, les apprenties traductrices de Tradabordo nous sentons fières du moins de l’effort accompli ; à cet égard, j’ai beaucoup apprécié l’illustration qui ornait le dernier post du Capitaine, un magnifique paquebot… c’est comme si après avoir embarqué sur le voilier des pionniers, nous jetions enfin l’ancre dans des eaux majestueuses et calmes ! Tout cela me renvoie à l’idée de la soutenance, une autre épreuve, la dernière. La dernière ?
1 commentaire:
Que les « nouvelles » en prennent de la graine… ! Oui, ce serait une bonne idée de former des binômes pour un travail en commun, dès le début.
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