C'est à désespérer...
De quoi, me direz-vous ? Mais de la nature humaine (et de la mienne, en particulier). Pour quelle raison ? C'est simple : je m'aperçois au fil des lectures correctives auxquelles je soumets jour après jour ma traduction longue que je suis incapable de venir à bout des erreurs, des fautes, des coquilles qui se cachent dans chaque feuillet... Plus je relis et plus j'en trouve ! C'est pas possible... Quelqu'un vient dans la nuit pour les y déposer, je ne vois que ça ! Enfin, je ne vois que ça, façon de parler : je devrais plutôt dire que je ne vois rien ! Comment expliquer que malgré une concentration extrême qui me vaut d'avoir mal à la tête dès 10h du matin, je laisse passer ici une faute de frappe, là une erreur de ponctuation... ? En fait, ce ne sont pas mes yeux qui travaillent mais mon cerveau : il ne déchiffre pas ce qui est écrit, il le reconnaît et le survole. Du coup, je ne suis pas en mesure de porter un regard objectif sur ce que j'ai produit. Que faire ?
D'abord me tourner vers notre capitaine, qui forte de son expérience, me rassure : c'est le lot commun; même avec la meilleure volonté, personne ne peut tout voir, tout corriger. Ah bon, ça ne vient pas de moi, alors ? Me voilà soulagée. Et d'ajouter : « tu auras beau relire 100 fois ton texte, tu laisseras toujours passer quelque chose ». Mais c'est terrible ! Comment vais-je pouvoir rendre ma traduction sachant qu'elle renferme encore quantité de coquilles que je n'ai pas pu dénicher ?
Seule solution : recourir à des yeux neufs. Et là, je me tourne vers une camarade de promotion qui vit le même cauchemar quotidien et nous nous mettons à scruter attentivement nos textes respectifs, soulignant, biffant, rectifiant tout ce qui ne semble pas orthodoxe. C'est assez réconfortant de pouvoir voir ce qui ne va pas chez l'autre, à défaut de voir ce qui ne va pas chez soi.
Morale de l'histoire : la traduction, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'est pas un espace de solitude. Travailler en binôme semble être une bonne méthode.
Et puis, en faisant lire ma traduction et ce, pour la première fois, j'ai commencé à me détacher de MON texte pour le laisser vivre sa vie : eh oui, je l'ai couvé pendant des mois mais il ne m'appartient pas, il va me quitter pour aller à la rencontre de gens que je ne connais pas, qui vont l'apprécier ou le rejeter ; or tout ce que j'espère c'est lui avoir donné ce dont il aura besoin pour être autonome et trouver sa voie.
Quelle mère admirable ! Bon, on en reparlera quand j'aurai déposé mon manuscrit. On verra si je suis toujours aussi raisonnable. Il va bien me manquer un peu mon petit texte, non ? Si c'est le cas, j'en ferai l'objet d'un post (si je n'en prend pas l'initiative, je sais déjà qui va me solliciter pour faire part de mon expérience... vous aussi, vous voyez de qui je veux parler ?).
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