vendredi 13 août 2010

« Un souvenir de Joe, l'éléphant de cirque », par Auréba Sadouni

En photo : LLAMA (Lama glama glama), par turdusprosopis

Samedi dernier, en allant faire mes courses hebdomadaires, j’ai vu un lama sur le parking du supermarché. Animal emblématique du Pérou, sa présence près de nous étonne. Sa place, pendant un temps indéterminé, se trouve au cirque, là où des spectateurs de tous âges cherchent à offrir à leur regard une distraction amusante.
Au cirque, nous nous trouvons dans l’enceinte du royaume de l’insolite. Sous un chapiteau qui représente la transition entre le réel et l’imaginaire, entre l’ici et l’ailleurs, nous sommes comme dans un non-lieu, comme sur une île imaginaire. Notre admiration est prise en otage par des gens et des animaux qui savent, de façon volontaire ou non, nous manipuler, et nous arracher des applaudissements avec n’importe quoi…
Prenons l’exemple des éléphants. Personnellement, de toutes les fois où je suis allée au cirque – et il y a bien longtemps de cela – je n’ai pas le souvenir d’en avoir vu. Mais aujourd’hui, grâce à Internet, si l’on est curieux et que l’on a du temps, on peut voir beaucoup de choses.
Au cirque, les éléphants sont parmi nous alors qu’ils viennent de loin… Roulement de tambours... Ils nous dépassent par leur taille et leur poids… Applaudissements… Ils sont différents de nous… Applaudissements... Malgré tout, ils s’efforcent de faire comme nous… Applaudissements… Ils s’assoient alors qu’ils pèsent des tonnes… Applaudissements… Ils arrivent à bouger en rythme un pied après l’autre... Applaudissements… Ils sont joliment parés, avec des bijoux sur la tête et aux pattes… Mais pourquoi les applaudit-on, bon sang !
Est-ce que s’asseoir requiert une maîtrise qui soit digne d’applaudissements ? Applaudissons-nous les gens qui ont du mal à s’asseoir, une fois qu’ils ont posé leur cul sur leur siège? Il n’y a pas si longtemps, j’applaudissais ma petite-nièce quand elle parvenait à s’asseoir, mais maintenant, j’ai arrêté, et aujourd’hui, je l’applaudis quand elle réussit d’autres exploits, comme obéir, par exemple, parce qu’il faut dire que ça fait plaisir quand on est obéi.
Les éléphants, au cirque, on les applaudit peut-être parce qu’ils ont obéi, comme si c’étaient des bébés en phase d’apprentissage dont on récompense les bonnes actions… C’est bien ! Tu es sage ! Tu acceptes de suivre nos règles, tu essaies de t’adapter à notre culture ! En fait, nous les applaudissons parce qu’ils font des choses qui pour eux n’étaient pas habituelles. Le deviendront-elles ?
Nous applaudissons leurs pantomimes, pour les encourager à jouer encore plus le jeu, mais ce jeu d’acteur a des limites et nous le savons.
Le cirque est en quelque sorte le lieu métaphorique de notre potentiel à nous émerveiller devant l’insolite, devant la nouveauté. On veut y rêver en gardant les yeux grands ouverts car en dehors du cirque, nous avons plus ou moins perdu cette capacité depuis que nous avons commencé à grandir, car l’on ne s’émerveille jamais trop longtemps.
Au cirque, notre capacité à nous émerveiller se manifeste plus qu’ailleurs. Quand nous nous émerveillons en voyant les éléphants s’asseoir ou danser, nous admirons en fait des choses qui pour nous sont simples. Mais s’ils continuent à nous imiter, un jour, ce ne sera plus nous qui verrons les éléphants au cirque, mais les éléphants qui nous verrons, nous, dans leur cirque. Arriverons-nous à leur offrir d’aussi belles pantomimes? Arriverons-nous à les faire rêver ?

1 commentaire:

Auréba a dit…

Je suis désolée d'être aussi distraite, mais en voyant l'intitulé, je me rends compte que j'ai fait un bel hors sujet parce que j'ai mal lu la consigne. J'ai fait "les éléphants au cirque". Ouh la honte!