On dit souvent qu'à l'orée de la mort, on voit sa vie défiler, que les souvenirs les plus marquants nous reviennent...
Mais rassurez-vous, ici pas de mélodrame, encore moins de tragédie. Je n'ai que du grotesque à vous proposer. Difficile de faire autrement, quand on est éléphant de cirque... Ce n'est pas le destin rêvé, je vous l'accorde. Je n'avais rien demandé à personne moi, avant d'atterrir ici. On m'a extirpé de ma jungle où je vivais tranquillement, sans me soucier de ce qui m'entourait. Et brusquement, sans comprendre pourquoi je me suis retrouvé sous ce chapiteau, où on m'a affublé d'un nom bouffon, parce que oui, pour le dressage, on vous octroie un joli petit nom, faudrait quand même pas risquer de vous confondre avec vos petits camarades. Pourtant, le spectateur, que tu sois Joe ou Hector, c'est le cadet de ses soucis. Ce qu'il veut c'est être impressionné, que le gros balourd se mette sur ses deux papattes, qu'il s'assoie sur une chaise, ou monte sur un tabouret. Vous parlez d'un spectacle ! Aucune grâce, aucune finesse... Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, dit-on. Alors pourquoi viennent-ils toujours aussi nombreux ? Pas pour nous admirer, c'est certain. L'équilibriste, le funambule, la trapéziste emportent la ferveur du public. Les autres animaux, inutile d'en parler, face à eux, paradoxalement, on ne fait pas le poids. Pour le lion, la foule se déchaîne, du vrai délire lorsqu'il entre en piste, même l'otarie tire son épingle du jeu, elle a au moins le mérite d'amuser la galerie, mais nous...? Rien. Pas de rire, pas de souffle coupé, pas même un « oh » de surprise. On nous applaudit malgré tout, réaction automatique, mais aucune émotion ne se dégage lorsqu'on exécute un numéro.
Alors un jour, avec les copains, on en a eu marre. On a décidé d'inverser les rôles, il n'a pas fait son malin le dompteur. Un coup de trompe par-ci, un autre par-là. Vous croyez peut-être que c'est à coups de caresses qu'on a fini par lui obéir ? Alors un jour, on a voulu se venger, je peux vous dire qu'il en a monté et descendu des tabourets ce soir-là, et hop à quatre pattes, et hop debout. Je crois que c'est la première fois que le public a vraiment réagi, je pense même qu'il a cru que c'était un fait exprès. Il riait à n'en plus finir, on se sentait bien, dans notre élément. Le numéro a tellement marché que le cirque en a redemandé et me voici devenu « Joe, le dresseur de dompteur ».
Mais rassurez-vous, ici pas de mélodrame, encore moins de tragédie. Je n'ai que du grotesque à vous proposer. Difficile de faire autrement, quand on est éléphant de cirque... Ce n'est pas le destin rêvé, je vous l'accorde. Je n'avais rien demandé à personne moi, avant d'atterrir ici. On m'a extirpé de ma jungle où je vivais tranquillement, sans me soucier de ce qui m'entourait. Et brusquement, sans comprendre pourquoi je me suis retrouvé sous ce chapiteau, où on m'a affublé d'un nom bouffon, parce que oui, pour le dressage, on vous octroie un joli petit nom, faudrait quand même pas risquer de vous confondre avec vos petits camarades. Pourtant, le spectateur, que tu sois Joe ou Hector, c'est le cadet de ses soucis. Ce qu'il veut c'est être impressionné, que le gros balourd se mette sur ses deux papattes, qu'il s'assoie sur une chaise, ou monte sur un tabouret. Vous parlez d'un spectacle ! Aucune grâce, aucune finesse... Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, dit-on. Alors pourquoi viennent-ils toujours aussi nombreux ? Pas pour nous admirer, c'est certain. L'équilibriste, le funambule, la trapéziste emportent la ferveur du public. Les autres animaux, inutile d'en parler, face à eux, paradoxalement, on ne fait pas le poids. Pour le lion, la foule se déchaîne, du vrai délire lorsqu'il entre en piste, même l'otarie tire son épingle du jeu, elle a au moins le mérite d'amuser la galerie, mais nous...? Rien. Pas de rire, pas de souffle coupé, pas même un « oh » de surprise. On nous applaudit malgré tout, réaction automatique, mais aucune émotion ne se dégage lorsqu'on exécute un numéro.
Alors un jour, avec les copains, on en a eu marre. On a décidé d'inverser les rôles, il n'a pas fait son malin le dompteur. Un coup de trompe par-ci, un autre par-là. Vous croyez peut-être que c'est à coups de caresses qu'on a fini par lui obéir ? Alors un jour, on a voulu se venger, je peux vous dire qu'il en a monté et descendu des tabourets ce soir-là, et hop à quatre pattes, et hop debout. Je crois que c'est la première fois que le public a vraiment réagi, je pense même qu'il a cru que c'était un fait exprès. Il riait à n'en plus finir, on se sentait bien, dans notre élément. Le numéro a tellement marché que le cirque en a redemandé et me voici devenu « Joe, le dresseur de dompteur ».
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