Deux messieurs, attablés à la terrasse d'un café, lisent chacun un exemplaire du journal local. La nouvelle qu'ils viennent d'apprendre les a rendus perplexes.
— Ah, c'est trop fort. Tout ce tapage, pour un rien, je vous le dis, on en fait beaucoup trop. Si vous voulez mon avis, Gustave, ce bonhomme-là n'était pas dans son assiette lors des événements.
— (Gustave lit.) « Le jeune homme, freluquet à la houppe, a prétendu avoir vu depuis son balcon, – tenez-vous bien – une sorte d'objet lumineux, de forme soucoupique, qui se dirigeait vers l'immeuble. Ne sachant que faire, il a appelé les forces de l'ordre, qui ont réagi, avec toute la diligence qu'on leur connaît, et ont accouru sous les lieux soupçonnés exacts de l'apparition. L'objet en question avait disparu, mais c'est une affaire sur laquelle la police enquête très sérieusement. »
— (L'autre, euphorique, le coupe.) Non, non, la coupe est pleine, c'est la goutte de café qui vient faire déborder la sous-tasse, comment, comment je vous le demande ? Comment peut-on s'abaisser à écrire de la sorte. Une soucoupe volante ! (Articulant.) « De forme soucoupique » !
— Était-elle lente, à votre avis ?
— La soucoupe ? Mais qu'en sais-je ? Mon ami, je vous le répète, la presse, sous couvert de la police, veut nous faire avaler toutes les couleuvres qu'elle ramasse en chemin. Et ce gringalet est certainement sous la coupe d'un organisme quelconque de la corruption publique. Quel souk !
Gustave, qui a de l'esprit, mais peu de paroles, réfléchit un moment. Puis il expose, faisant varier le tempo au rythme de ses adverbes :
— Lentement, c'est une soucoupe. Rapidement, c'est un scoop. De là à en faire tout un plat, il n'y a qu'un pas.
— Mon cher, vous avez définitivement le sens de la formule.
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