À la fin du mois de juin, l'école était enfin terminée. La perspective du séjour chez sa grande-tante ravissait Clara, qui n'appréciait guère ces deux longs mois de solitude annuels. Elle était un peu triste de quitter ses camarades, mais elle savait que la jeune sœur de son grand-père vivait sur une île très lointaine, là où la mer recèle des trésors inouïs, comme les décrivait souvent le vieillard.
Enfin arriva ce jour où l'avion devait s'envoler pour l'île. Pendant le voyage, Clara imagina tout ce qu'elle allait découvrir. Sa maman lui avait offert avant son départ un petit carnet beige au papier vieilli, imitant les anciens cahiers d'école. Sur la jolie étiquette de la couverture, la fillette s'appliqua à inscrire son prénom, et l'orna de petites fleurs. Dès la sortie de l'aéroport, la végétation luxuriante débordant sur les routes accueillaient les nouveaux arrivants. Clara se sentit aussitôt rassurée : ces vacances-là allaient être différentes. La petite fille aurait voulu pouvoir graver ces images dans son esprit ; mais, effrayée à l'idée que certains souvenirs pourraient s'évaporer, elle avait échafaudé un plan : chaque jour, elle remplirait une page de son petit carnet. Le papier recyclé et fripé absorbait l'encre de son stylo, et c'était comme si les mots qu'elle y inscrivait se scellaient à jamais dans les fibres entremêlées. Les lignes étaient déjà imprimées, ainsi que les numéros en bas et au milieu de chaque page, que Clara avait entrepris d'entourer, au fur et à mesure, de petits pétales colorés. Son séjour se déroulait bien ; sa grande-tante était extrêmement douce, et maternelle, et la petite fille n'avait pas tardé à se sentir comme chez elle. Quelques gamins s'amusaient dans les cours voisines, et elle réussit à se lier à leurs jeux. Elle en avait fait une habitude : le matin, après avoir dormi aussi longtemps qu'elle le souhaitait, elle ouvrait son carnet et lui racontait la journée de la veille. Ensuite, elle sortait dans le jardin, s'asseyait sur la vieille balançoire sous le chêne, et attendait là toute une partie de la matinée, jusqu'à ce que les petits voisins l'appellent à grands cris à travers le portail de l'entrée. Une fois l'allégresse des premières semaines de découverte passée, Clara commença à s'ennuyer. Il lui semblait que l'été ne finirait jamais, et elle se languissait de retrouver les siens. Plus d'un mois avait passé, et ses parents ne devaient la rejoindre qu'à la fin de l'été. Un matin, sa grande-tante l'appela pour le petit-déjeuner. Clara abandonna la page inachevée, et durant tout le repas elle songea à la manière dont elle allait raconter la randonnée de la veille jusqu'aux cascades dans la montagne. Elle avait décidé de livrer l'ensemble de ses émotions, à ce qui était désormais plus un journal intime qu'un carnet de voyage. Soudain arrachée à ses pensées, elle put entendre la terre gronder, sans comprendre ce qui se passait réellement, et, croisant le regard de la vieille dame, elle se sentit perdre l'équilibre. Tout ce qui était dans la pièce tremblait, valsait... La grande-tante embrassait Clara, et se signait sans arrêt. Les tremblements de terre étaient fréquents sur l'île, mais celui-ci serait sans précédent. L'histoire s'arrêtait à la page 49...
Enfin arriva ce jour où l'avion devait s'envoler pour l'île. Pendant le voyage, Clara imagina tout ce qu'elle allait découvrir. Sa maman lui avait offert avant son départ un petit carnet beige au papier vieilli, imitant les anciens cahiers d'école. Sur la jolie étiquette de la couverture, la fillette s'appliqua à inscrire son prénom, et l'orna de petites fleurs. Dès la sortie de l'aéroport, la végétation luxuriante débordant sur les routes accueillaient les nouveaux arrivants. Clara se sentit aussitôt rassurée : ces vacances-là allaient être différentes. La petite fille aurait voulu pouvoir graver ces images dans son esprit ; mais, effrayée à l'idée que certains souvenirs pourraient s'évaporer, elle avait échafaudé un plan : chaque jour, elle remplirait une page de son petit carnet. Le papier recyclé et fripé absorbait l'encre de son stylo, et c'était comme si les mots qu'elle y inscrivait se scellaient à jamais dans les fibres entremêlées. Les lignes étaient déjà imprimées, ainsi que les numéros en bas et au milieu de chaque page, que Clara avait entrepris d'entourer, au fur et à mesure, de petits pétales colorés. Son séjour se déroulait bien ; sa grande-tante était extrêmement douce, et maternelle, et la petite fille n'avait pas tardé à se sentir comme chez elle. Quelques gamins s'amusaient dans les cours voisines, et elle réussit à se lier à leurs jeux. Elle en avait fait une habitude : le matin, après avoir dormi aussi longtemps qu'elle le souhaitait, elle ouvrait son carnet et lui racontait la journée de la veille. Ensuite, elle sortait dans le jardin, s'asseyait sur la vieille balançoire sous le chêne, et attendait là toute une partie de la matinée, jusqu'à ce que les petits voisins l'appellent à grands cris à travers le portail de l'entrée. Une fois l'allégresse des premières semaines de découverte passée, Clara commença à s'ennuyer. Il lui semblait que l'été ne finirait jamais, et elle se languissait de retrouver les siens. Plus d'un mois avait passé, et ses parents ne devaient la rejoindre qu'à la fin de l'été. Un matin, sa grande-tante l'appela pour le petit-déjeuner. Clara abandonna la page inachevée, et durant tout le repas elle songea à la manière dont elle allait raconter la randonnée de la veille jusqu'aux cascades dans la montagne. Elle avait décidé de livrer l'ensemble de ses émotions, à ce qui était désormais plus un journal intime qu'un carnet de voyage. Soudain arrachée à ses pensées, elle put entendre la terre gronder, sans comprendre ce qui se passait réellement, et, croisant le regard de la vieille dame, elle se sentit perdre l'équilibre. Tout ce qui était dans la pièce tremblait, valsait... La grande-tante embrassait Clara, et se signait sans arrêt. Les tremblements de terre étaient fréquents sur l'île, mais celui-ci serait sans précédent. L'histoire s'arrêtait à la page 49...
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