Desamparo
Hoy Gonzalo cumple cinco años, pero nadie se lo ha dicho. Es de noche, está solo, en la casilla donde vive hace frío —aunque él no se de cuenta—. Busca una hoja de papel, blanca, de ser posible. Si apareciera una de color también la aceptaría, hasta con un pedazo de diario se conforma. Descubre una de color madera bajo las papas, sucia de tierra, arrugada, manchada con grasa. A esto le llama tener suerte. Quita la taza de la mesa y apoya la hoja estirándola lo mejor que puede. Agarra el lápiz naranja, lo encontró en el barro hace un rato. Lo que dibuje será su amigo, su compañía, piensa. No se decide. Los perros le dan miedo, gatos no quiere. Un nene chiquito tampoco, tendría que cuidarlo. Las mujeres son un problema: la abuela se murió y su mamá sale todas las noches; vuelve de mañana, cansada, de mal humor, y a pesar de que siempre tiene puestas pinturas de colores lindos sobre la cara hasta enferma parece. Claro que también hay hombres en el mundo, cada tanto aparece alguno por la casilla. A él, ni lo miran. Doña Amanda es otra cuestión. Una gorda de piel áspera y mirada suavecita que tiene una parte del pelo negro y otra parte blanca y otra anaranjada. Ella es la que todas las noches trae el café con leche pero después se vuelve a su casa y hasta ahora no lo ha invitado. Gonzalo piensa en Amanda y dibuja una señora. La cara un redondel con rulos, como ella. La boca una raya derecha, nunca la vio sonreír. Un triángulo por vestido. Los pies los hace de cualquier forma pero con las manos es cuidadoso, esas son las únicas manos que lo acarician. Al dibujo terminado lo guarda bajo la almohada. No es quiera tenerla encerrada pero ya se sabe como son los grandes, a la primera oportunidad, se escapan.
Traduction temporaire :
Abandon
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Gonzalo, il a cinq ans. Mais personne ne lui a souhaité. C'est la nuit, il est seul. Dans la cabane où il habite, il fait froid – même s'il ne s'en rend pas compte. Il cherche une feuille de papier, blanche si possible. S'il en trouvait une de couleur, il la prendrait aussi, il se contenterait même d'un morceau de journal. Il en découvre une marron sous les patates, maculée de terre, froissée, avec des taches de graisse. Il appelle ça avoir de la chance. Il enlève sa tasse de la table et y pose la feuille en l'étalant du mieux qu'il peut. Il attrape le crayon orange qu'il a trouvé dans la boue il y a un moment. Son dessin deviendra son ami, lui tiendra compagnie, se dit-il. Il ne se décide pas. Les chiens lui font peur. Il ne veut pas de chats. Un enfant non plus, il lui faudrait s'en occuper. Les femmes sont un problème : sa grand-mère est morte et sa maman sort tous les soirs ; le matin, elle rentre fatiguée, de mauvaise humeur, et malgré son visage toujours bien maquillé, elle a quand même l'air malade. Bien sûr qu'il y a aussi des hommes dans le monde et de temps en temps, l'un d'entre eux fait son apparition dans la cabane. Lui, ils ne le regardent même pas. Doña Amanda, elle, c'est différent. Une grosse à la peau rugueuse et au regard tout doux, dont une partie des cheveux est noire, une autre blanche et la dernière orange. C'est elle qui, tous les soirs, lui apporte son café au lait, mais rentre ensuite chez elle. Jusqu'à présent, elle ne l'a pas invité. Gonzalo pense à Amanda et dessine une dame. Le visage, un rond avec des boucles, comme elle. La bouche, un trait droit, il ne l'a jamais vue sourire. Un triangle pour la robe. Les pieds, il les dessine n'importe comment. Par contre, pour les mains, il s'applique. Ces mains-là sont les seules qui le caressent. Il range le dessin terminé sous son oreiller. Non qu'il veuille la garder enfermée, mais on sait bien comment sont les adultes, à la première occasion, ils s'échappent.