vendredi 5 février 2010

Exercice d'écriture

Au menu aujourd'hui : décrire une fleur

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Amélie :
Là-haut, sur les hauteurs de la montagne dont elles tapissent les flancs, elles se détachent sur le ciel bleu telles les étoiles dans la nuit noire. Nos yeux sont d’abord attirés par la blancheur de leurs pétales, corolle immaculée entourant l’essaim de minuscules boules jaunes. À mieux y regarder, ces pétales sont en réalité de longs poils laineux qui protègent du froid les six capitules, le véritable trésor de la plante. Sous le soleil printanier, l’éclat du lit de fleurs sauvages rappelle aux randonneurs nostalgiques leur dernière saison de ski dans la poudreuse. Quand on s’en approche vraiment et que l’on frôle du doigt l’une d’entre elles, le contact de la tige et des quelques feuilles font penser à la douceur veloutée d’une peau de pêche. Mais difficile de l’observer de plus près, à moins de s’allonger sur le sentier : sa cueillette est interdite –en théorie. Enracinée dans la roche, elle porte bien son nom de « pied-de-lion ». Comment expliquer qu’une fleur aussi petite et délicate que l’edelweiss ait assez de force pour opposer une telle résistance aux conditions extrêmes auxquelles elle est soumise ? Un mystère de la nature, sans aucun doute.

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Coralie :

Qu'elle était belle cette rose aux allures de reine dans sa robe pourpre ! Ses pétales en corolle libéraient un parfum enivrant qui charmait si bien les papillons que les amoureux. Elle était heureuse dans son jardin, jouissant des doux rayons du soleil matinal, s'épanouissant naturellement au gré du temps...
Qu'elle était belle cette rose dans son soliflore de cristal ! Mais qu'elle était triste ! Bien sûr, elle avait redonné le sourire à cette femme et contribué à ce retour au calme... La tempête passée, elle s'était retrouvée seule, abandonnée, dans cette eau trouble. Plus personne ne lui prêtait attention. Sa robe fanait, ses pétales se flétrissait, avant de tomber, une à une. Elle ne serait bientôt plus qu'une tige sèche et noirâtre baignée d'un liquide stagnant, visqueux et nauséabond. Elle finirait au fond d'une poubelle, entre les épluchures, les mégots, les coquilles d'œufs et les papiers gras. Dramatique destin pour la reine du jardin...
Pauvre rose !

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Laëtitia :

Elle fait partie de nos vies. On la voit chaque jour, sans la regarder, on n’y prête pas attention. Pourtant, elle est là, dehors, esseulée, dans une brèche du bitume ou à côté d’un tuyau d’évacuation. Elle n’attire pas le regard pourtant, d’un jaune éclatant réfléchissant la lumière, contrastant avec le gris alentour, elle n’aurait rien à envier aux plus belles pièces du fleuriste. Ses pétales sont innombrables si bien que jouer à je t’aime, un peu, beaucoup, avec elle, prendrait une tournure quelque peu masochiste et on aurait tôt fait de tout arracher sur « passionnément ». Mais de toute façon, qui aurait l’idée de la ramasser ? Elle n’intéresse personne, à part les chiens dont elle subit l’humiliation quotidienne. Elle est la reine de la ville, la seule assez tenace pour tout supporter. Ni le froid, ni le vent, ni la pluie n’ont raison d’elle. Elle a l’air si frêle. Mais ses racines enfoncées au plus profond sous nos pieds, lui assure une pérennité amplement méritée.

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Chloé :

Sur sa tige duveteuse
Il me laisse rêveuse
Fleur sans prétention
Faite de papier crépon
Quatre pétales fragiles
Symbole d’ardeur fébrile
Ces Princes rougeoyants
Envahissent les champs
Beauté trop fière
Cueillie est éphémère
Dévoilant son cœur noir
Coquelicot meurt sans espoir

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Laëtitia Sw.

Commencez par prendre une tige. Attention, pas n’importe laquelle. Elle doit être lisse, robuste et d’un beau vert, vous savez, de ce vert qui suggère une végétation luxuriante, gorgée de sève. Allongez-la d’un bon mètre, en décrivant un mouvement légèrement convexe. Maintenant, posez à son sommet une délicate corolle à laquelle vous vous efforcerez de donner une blancheur laiteuse. Veloutez-en la surface, évasez-en les bords que vous devrez ensuite élégamment incurver puis, surtout, étirez l’arrière en une fine pointe, et fendez l’avant de façon à obtenir l’esquisse d’un cœur. Terminez par ficher en son centre un pistil charnu d’un jaune flamboyant qui, tel un index dressé, pointera en direction du soleil. Enfin, garnissez le tout de larges feuilles ondulantes d’un vert profond. Répétez à loisir l’opération. Ainsi, vous obtiendrez un magnifique massif d’arums.
Je crois que c’est à cause de ces fleurs que j’affectionne autant les tableaux de Diego Rivera... Les arums y sont partout, enfin presque... En tous cas, ils peuplent nombre de ses toiles. Véritables personnages, ils y occupent une place prépondérante. Souvent, ils accompagnent les figures féminines. Ils rehaussent la beauté de leur corps : ils en évoquent la peau, la douceur de son toucher, son parfum, ils en traduisent la paradoxale force et fragilité, ils en soulignent le galbe... Mais ils témoignent aussi d’une réalité quotidienne laborieuse : la récolte des fleurs dans les champs, les opérations de nettoyage et d’assemblage des bouquets, leur vente sur les marchés. Là encore, les lignes ne sont qu’arrondis, mais elles dessinent cette fois-ci l’arc des dos courbés par l’effort. Quoiqu’il en soit, les arums offrent toujours une explosion de couleurs, de senteurs, de rondeurs, de vie... À contempler sans modération...
















Diego Rivera, Desnudo con alcatraces, 1944














Diego Rivera, Retrato de Natasha Zakólkowa Gelman (1943)



















Diego Rivera, Vendedora de flores (1949)

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