vendredi 26 février 2010

Exercice de version, 98

Eugenia, Iris, Lucía y Nieves eran amigas desde Pri­maria. Salvo cuando alguna estaba de viaje, se reunían cada dos viernes para intercambiar chismes y nostal­gias. Las cuatro estaban casadas, pero no tenían hijos. Gracias a las lucrativas profesiones de sus maridos (un abogado, dos contadores, un arquitecto), gozaban de un buen nivel de vida y lo aprovechaban para mane­jarse en un plausible estrato cultural.
Fue en uno de esos viernes que Iris aguardó a sus amigas con un planteo original.
-¿Saben qué estuve pensando? Que nuestros queri­dos maridos nos llevan algunos años, así que lo más probable es que se mueran antes que nosotras. Ojalá que no, pero es bastante probable. Mientras tanto ¿qué podemos hacer? Pensando y pensando, de insomnio en insomnio, llegué a la conclusión de que en ese caso infortunado, nosotras, cuatro viudas todavía presenta­bles, podríamos alquilar (o adquirir) una casa bien confortable, con un dormitorio para cada una, con una sola mucama y una sola cocinera (¿para qué más?). Y un solo automóvil, a financiar colectivamente. ¿Qué les parece? Ya hablé con el Flaco y me dio su visto bueno.
Las otras tres se miraron casi estupefactas, pero al cabo de una media hora esbozaron una sonrisa no exenta de esperanza.
Seis meses después de ese viernes tan peculiar, una de las cuatro, la pelirroja Lucía, sucumbió como consecuencia de un infarto totalmente inesperado. Para las otras tres fue un golpe sobrecogedor, algo así como si la infancia se les hubiera quebrado para siempre. También a Edmundo, el viudo de Lucía, le costó sobreponerse.

Mario Benedetti, « El gran quizás »

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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Eugenia, Iris, Lucía et Nieves étaient amies depuis le Primaire. Quand l’une d’elles n’était pas en voyage, elles se réunissaient un vendredi sur deux, pour échanger potins et souvenirs. Toutes les quatre étaient mariées, mais elles n’avaient pas d’enfants. Grâce aux professions lucratives de leurs maris (un avocat, deux comptables, un architecte), elles jouissaient d’un bon niveau de vie qui leur permettait d’évoluer favorablement dans un hypothétique milieu culturel.
Un de ces vendredis, Iris attendit ses amies avec un projet original.
– Vous savez à quoi j’ai pensé ? Je me suis dit que nos chers maris sont plus âgés que nous de quelques années, et que donc, ils risquent fort de mourir avant nous. Espérons que non, mais c’est assez probable. En attendant, que pouvons-nous faire ? À force d’y penser pendant mes insomnies, je suis arrivée à la conclusion que, dans cette éventualité malheureuse, nous pourrions, nous, qui serions quatre veuves toujours présentables, louer (ou acheter) une maison très confortable, avec une chambre pour chacune de nous, une seule domestique et une seule cuisinière (pourquoi davantage ?) ; et une seule voiture, que nous financerions collectivement. Qu’en pensez-vous ? J’en ai déjà parlé au Maigre qui a approuvé mon idée.
Le trois autres se regardèrent avec stupéfaction, ou presque, mais au bout d’une demie heure, elles esquissèrent un sourire non dépourvu d’espoir.
Six mois après ce vendredi si particulier, l’une des quatre, Lucía, la rousse, succomba à un infarctus de façon totalement inattendue. Pour les trois autres, ce fut un choc terrible, comme si leur enfance avait été brisée pour toujours. Edmundo, le veuf de Lucía, eut beaucoup de mal, lui aussi, à surmonter cette épreuve.

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Amélie nous propose sa traduction :

Eugenia, Iris, Lucía et Nieves étaient amies depuis l’école primaire. Elles se réunissaient un vendredi sur deux pour échanger les derniers potins et se rappeler le bon vieux temps, sauf quand l’une d’entre elles partait en voyage. Elles étaient toutes les quatre mariées, mais aucune n’avait d’enfants. Grâce aux professions lucratives de leurs maris (un avocat, deux comptables, un architecte), elles jouissaient d’un niveau de vie agréable et en profitaient pour se maintenir dans des sphères culturelles acceptables.
Ce fut à l’occasion d’un de ces fameux vendredis qu’Iris suscita une forte attente chez ses amies, en leur faisant une proposition originale.
— Savez-vous à quoi j’ai pensé ? Nos chers maris ont quelques années de plus que nous, n’est-ce pas, donc il est probable qu’ils meurent avant nous. J’espère que non, bien entendu, mais cela risque fort d’arriver. En attendant, que pouvons-nous faire ? À force de réflexions et d’insomnies, je suis arrivée à la conclusion que dans ce malheureux cas de figure, nous autres, quatre veuves encore présentables, pourrions louer (ou acheter) une maison assez confortable, avec une chambre pour chacune, mais un seul domestique et une seule cuisinière (pourquoi en avoir plus ?). Et une seule voiture, dont on partagera les frais. Vous en pensez quoi ? J’en ai déjà parlé avec le Maigrichon, qui m’a dit qu’il était d’accord.
Les trois autres se regardèrent, sidérées, mais au bout d’une demi-heure, elles esquissèrent un sourire emprunt d’espoir.
Six mois après ce vendredi si particulier, une des quatre, Lucía la rousse, succomba des suites d’un infarctus complètement inattendu. Pour les trois autres, ce fut un choc douloureux, comme si toute leur enfance était brisée à jamais. Edmundo, le veuf de feu Lucía, eut également du mal à surmonter sa mort.

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Chloé nous propose sa traduction :

Eugenia, Iris, Lucía et Nieves étaient amies depuis l’école primaire. Elles se réunissaient un vendredi sur deux, sauf quand l’un d’entre elles partait en voyage, pour échanger des potins et se rappeler le bon vieux temps. Toutes les quatre étaient mariées, mais aucune n’avait d’enfants. Grâce aux professions lucratives de leur maris ( un avocat, deux comptables, un architecte), elles jouissaient d’un bon niveau de vie et elles en profitaient pour se maintenir dans des sphères culturelles acceptables.
Ce fut lors d’un de ces vendredis qu’Iris attendit ses amies avec une proposition originale.
Savez-vous à quoi j’ai pensé ? Nos chers maris ont quelques années de plus que nous, il est donc probable qu’ils meurent avant nous. J’espère que non, bien sûr, mais cela risque fort d’arriver. En attendant, que pouvons nous faire ? De réflexions en réflexions, d’insomnies en insomnies, je suis arrivée à la conclusion que dans ce malheureux cas de figure, nous, quatre veuves encore présentables, nous pourrions louer (ou acheter) une maison assez confortable, avec une chambre pour chacune, avec une seule domestique et une seule cuisinière (pourquoi en avoir plusieurs ?). Et une seule voiture, que nous financerions collectivement. Qu’en pensez-vous ? J’en ai déjà parlé avec le Maigre, et il a approuvé mon idée.
Les trois autres se regardèrent, comme sidérées, mais au bout d’une demi-heure, elles esquissèrent un sourire non dépourvu d’espoir.
Six mois après ce vendredi si particulier, une des quatre, Lucía la rousse, succomba suite à un infarctus totalement inattendu. Pour les trois autres, ce fut un choc terrible, comme si leur enfance s’était brisée à tout jamais. Edmundo, le mari de feu Lucía, eut beaucoup de mal, lui aussi, à surmonter cette épreuve.

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Laëtitia nous propose sa traduction :

Eugenia, Iris, Lucía et Nieves étaient amies depuis le primaire. Excepté quand l’une d’entre elles était en voyage, elles se réunissaient un vendredi sur deux pour échanger des potins et des souvenirs nostalgiques. Toutes les quatre étaient mariées, mais elles n’avaient pas d’enfants. Grâce aux professions lucratives de leurs maris (un avocat, deux comptables, un architecte), elles jouissaient d’un bon niveau de vie et elles en profitaient pour se mouvoir dans les sphères d’une estimable strate culturelle.
C’est au cours de l’un de ces vendredis qu’Iris reçut ses amies avec une proposition originale.
-Vous savez ce à quoi j’ai pensé ? Que nos maris chéris ont quelques années d’avance sur nous, donc le plus probable est qu’ils meurent avant nous. Espérons que ce ne soit pas le cas, mais c’est assez probable. Pendant ce temps, que pouvons-nous faire ? En pensant et en repensant, d’insomnie en insomnie, j’en suis arrivée à la conclusion que dans ce malheureux cas, nous, quatre veuves encore présentables, nous pourrions louer (ou acquérir) une maison bien confortable, avec une chambre pour chacune, une seule bonne et une seule cuisinière (que demander de plus ?). Et une seule voiture, que nous financerions collectivement. Qu’en dites-vous ? J’en ai déjà parlé au Gringalet et il m’a donné son aval.
Les trois autres se regardèrent presque sidérées, mais au bout d’une demi-heure elles ébauchèrent un sourire non exempt d’espoir.
Six mois après ce vendredi si particulier, l’une des quatre, la rousse Lucía, succomba à la suite d’un infarctus totalement inattendu. Pour les trois autres ce fut un coup saisissant, un peu comme si l’enfance s’était brisée pour toujours. Edmundo, le veuf de Lucía, eut lui aussi du mal à s’en remettre.

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