Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage et comme c'est celui-là qui conquit la toison.
Un jeune homme qui laisse derrière lui la cheminée fumante de sa chaumière bretonne et des parents tristes de le voir s'éloigner d'eux, mais néanmoins heureux qu'il entreprenne un tel voyage. Sur le quai, son laisser-passer à la main et un sourire aux lèvres, il dit au revoir à sa contrée natale, salue son Loire Gaulois, son petit Liré, et grimpe les quelques marches qui le conduisent au cœur de l'embarcation. Là, l'attendent six compagnons de bord avec lesquels il partagera ce voyage. C'est avec eux et grâce à eux qu'il pourra surmonter les épreuves qui l'attendent, vaincre les obstacles qui se dresseront sur son passage et combattre les monstres qui assailliront, à chaque instant, le navire qui l'amène au loin. Il n'est pas seul. Outre ses camarades, une force supérieure, Athéna Lepagienne, veille sur eux : divinité de la ruse et de la sagesse, elle a décidé de protéger de sa personne cette frêle embarcation.
Le navire s'éloigne sous un ciel immaculé, mais, à peine quelques milles effectués, il lui faut déjà combattre un premier ennemi. Dans un ballet aquatique, les sirènes font leur apparition et viennent caresser, de leurs doigts nacrés, le bois de la coque. Leurs chants envoutants, qui invitent à l'oisiveté et à la paresse, se frayent un chemin jusqu'aux oreilles du jeune homme. Ces douces paroles, qui ont déjà, il y a bien longtemps, eu sur lui l'effet escompté, viennent lui chatouiller la conscience et se font de plus en plus persistantes. C'est retranché dans une cale et les tympans percés que le jeune homme trouve l'antidote à ces langoureuses supplications. Enfermé et renfermé pendant des jours, il finit par oublier ces appels à l'indolence et se laisse emporter sur les flots de la volonté.
Les semaines passent, paisibles, heureuses, partagées entre les travaux et la lecture d'incunables. Les ennemis semblent avoir abandonné leurs turpitudes à son égard et le navire fend les flots sans embûches. Mais un beau jour, quelques temps après son départ, par un après-midi brumeux, le jeune marin reçoit un message de la divinité Lepagienne. Sur un simple vélin, est inscrit le message suivant :
« Au cours du mois de Mœmactérion,
avant le solstice d'hiver,
tu devras, en ta possession,
avoir ta Toison de liber.
En son absence, je ne saurais
te dire en quelle saison
moi, Athéna, te laisserai
revoir le toit de ta maison. »
En proie à l'anxiété, le jeune marin parcoure les mers intérieures, l'œil aux aguets, l'esprit affuté, à la recherche de sa toison. Voguant sans relâche pendant des jours et des nuits, il finit par débarquer au pays lestrygon. L'île est fascinante. Il se promène dans les champs d'orangers, se balade sur les sables blancs de la côte et quelques heures après avoir accosté, il trouve, étendue au beau milieu d'un sanctuaire à l'effigie du Dieu des mers, une toison de liber parsemé de fleurs de safran. À peine son index a-t-il effleuré le doux objet qu'une certitude pénètre son esprit : il tient entre ses mains l'objet de ses désirs, la toison de liber qu'avidement il recherchait. Il lui faut l'arracher à son berceau originel, le dérober et l'emporter, dans sa besace, à bord du navire.
Allant de Charybde en Scylla, le jeune homme parvient à dompter ladite toison. Il la découvre, la caresse, l'observe dans ses moindres détails, la débarrasse de ses parties obscures et se l'approprie. Désormais, elle est sienne et sienne elle restera. Le Dieu Poséidon, voulant se venger de l'affront que le jeune marin a commis en profanant un lieu sacré qui lui était dédié, fait, en de nombreuses occasions, vaciller l'embarcation, menaçant parfois de la faire chavirer. Il déclenche des vagues affamées de ravage sur le fragile navire de bois, cherchant de la sorte à arracher, à l'esprit du jeune homme, l'assurance de la réussite. Il est sur le point d'y parvenir bien des fois, mais le jeune marin, tenant d'une main ferme le gouvernail du navire garde le cap sur son objectif.
Et bien des lunes plus tard, les bras engourdis de fatigue, l'esprit harassé et les mains tétanisées à force de serrer contre lui sa toison, le jeune marin aperçoit, enfin, le port blanc qui l'a vu partir. Les jambes vacillantes, en proie au doute, il foule la terre ferme, se dirige sans tarder vers le cœur du sanctuaire et dépose, dans un coffre doré estampillé d'un oiseau-flèche, la toison, à l'attention des dieux de l'Olympe.
Le cœur léger, l'esprit rasséréné, il referme le coffre et regagne, plein d'usage et raison, le séjour qu'ont bâti ses aïeux. Aujourd'hui encore, derrière le clos de sa pauvre maison, le jeune marin attend la réaction des Dieux. Ont-ils, oui ou non, apprécié l'offrande ? Leur réponse ne devrait plus tarder…
Un jeune homme qui laisse derrière lui la cheminée fumante de sa chaumière bretonne et des parents tristes de le voir s'éloigner d'eux, mais néanmoins heureux qu'il entreprenne un tel voyage. Sur le quai, son laisser-passer à la main et un sourire aux lèvres, il dit au revoir à sa contrée natale, salue son Loire Gaulois, son petit Liré, et grimpe les quelques marches qui le conduisent au cœur de l'embarcation. Là, l'attendent six compagnons de bord avec lesquels il partagera ce voyage. C'est avec eux et grâce à eux qu'il pourra surmonter les épreuves qui l'attendent, vaincre les obstacles qui se dresseront sur son passage et combattre les monstres qui assailliront, à chaque instant, le navire qui l'amène au loin. Il n'est pas seul. Outre ses camarades, une force supérieure, Athéna Lepagienne, veille sur eux : divinité de la ruse et de la sagesse, elle a décidé de protéger de sa personne cette frêle embarcation.
Le navire s'éloigne sous un ciel immaculé, mais, à peine quelques milles effectués, il lui faut déjà combattre un premier ennemi. Dans un ballet aquatique, les sirènes font leur apparition et viennent caresser, de leurs doigts nacrés, le bois de la coque. Leurs chants envoutants, qui invitent à l'oisiveté et à la paresse, se frayent un chemin jusqu'aux oreilles du jeune homme. Ces douces paroles, qui ont déjà, il y a bien longtemps, eu sur lui l'effet escompté, viennent lui chatouiller la conscience et se font de plus en plus persistantes. C'est retranché dans une cale et les tympans percés que le jeune homme trouve l'antidote à ces langoureuses supplications. Enfermé et renfermé pendant des jours, il finit par oublier ces appels à l'indolence et se laisse emporter sur les flots de la volonté.
Les semaines passent, paisibles, heureuses, partagées entre les travaux et la lecture d'incunables. Les ennemis semblent avoir abandonné leurs turpitudes à son égard et le navire fend les flots sans embûches. Mais un beau jour, quelques temps après son départ, par un après-midi brumeux, le jeune marin reçoit un message de la divinité Lepagienne. Sur un simple vélin, est inscrit le message suivant :
« Au cours du mois de Mœmactérion,
avant le solstice d'hiver,
tu devras, en ta possession,
avoir ta Toison de liber.
En son absence, je ne saurais
te dire en quelle saison
moi, Athéna, te laisserai
revoir le toit de ta maison. »
En proie à l'anxiété, le jeune marin parcoure les mers intérieures, l'œil aux aguets, l'esprit affuté, à la recherche de sa toison. Voguant sans relâche pendant des jours et des nuits, il finit par débarquer au pays lestrygon. L'île est fascinante. Il se promène dans les champs d'orangers, se balade sur les sables blancs de la côte et quelques heures après avoir accosté, il trouve, étendue au beau milieu d'un sanctuaire à l'effigie du Dieu des mers, une toison de liber parsemé de fleurs de safran. À peine son index a-t-il effleuré le doux objet qu'une certitude pénètre son esprit : il tient entre ses mains l'objet de ses désirs, la toison de liber qu'avidement il recherchait. Il lui faut l'arracher à son berceau originel, le dérober et l'emporter, dans sa besace, à bord du navire.
Allant de Charybde en Scylla, le jeune homme parvient à dompter ladite toison. Il la découvre, la caresse, l'observe dans ses moindres détails, la débarrasse de ses parties obscures et se l'approprie. Désormais, elle est sienne et sienne elle restera. Le Dieu Poséidon, voulant se venger de l'affront que le jeune marin a commis en profanant un lieu sacré qui lui était dédié, fait, en de nombreuses occasions, vaciller l'embarcation, menaçant parfois de la faire chavirer. Il déclenche des vagues affamées de ravage sur le fragile navire de bois, cherchant de la sorte à arracher, à l'esprit du jeune homme, l'assurance de la réussite. Il est sur le point d'y parvenir bien des fois, mais le jeune marin, tenant d'une main ferme le gouvernail du navire garde le cap sur son objectif.
Et bien des lunes plus tard, les bras engourdis de fatigue, l'esprit harassé et les mains tétanisées à force de serrer contre lui sa toison, le jeune marin aperçoit, enfin, le port blanc qui l'a vu partir. Les jambes vacillantes, en proie au doute, il foule la terre ferme, se dirige sans tarder vers le cœur du sanctuaire et dépose, dans un coffre doré estampillé d'un oiseau-flèche, la toison, à l'attention des dieux de l'Olympe.
Le cœur léger, l'esprit rasséréné, il referme le coffre et regagne, plein d'usage et raison, le séjour qu'ont bâti ses aïeux. Aujourd'hui encore, derrière le clos de sa pauvre maison, le jeune marin attend la réaction des Dieux. Ont-ils, oui ou non, apprécié l'offrande ? Leur réponse ne devrait plus tarder…
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