« Description d'un nuage »
Par une superbe après-midi de printemps, j’étais paisiblement allongé sur l’herbe tendre d’une prairie émaillée de fleurs, à savourer ma jeunesse et les premières caresses du soleil sur ma peau lorsque je le vis. Il était gigantesque,pour le moins aussi volumineux qu’une pyramide égyptienne, quoiqu’il n’en n’eût absolument pas l’allure. Son envergure était telle qu’il projetait sur les champs alentour une monstrueuse ombre destinée à engloutir la moindre trace de vie existante. De toute évidence, il ne faisait pas partie de la famille de ces tendres nuages immaculés aux formes rebondies, si enchanteurs que les plus gourmands rêvent de les dévorer et les plus fainéants d’aller s’y prélasser. Non, sa couleur gris anthracite, son opacité et sa texture granuleuse l’assimilaient davantage à une épaisse fumée grasse et suffocante qu’à un bol de crème chantilly. Quiconque eut ce jour-là le malheur de l’apercevoir est encore en mesure de dessiner dans le moindre détail le titan dévastateur qui avait subitement mis un terme à cette magnifique journée et à mes espérances de jeune adolescent. Même aujourd’hui, sur mon lit d’hôpital, je puis me rappeler sa vague forme de champignon et ce petit goût métallique dans la bouche qui ne m’a pas quitté depuis.
1 commentaire:
"J'aime"
Enregistrer un commentaire