« Description d'un nuage »
C'est une histoire chargée de rides, de larmes et de sourires que je vais vous conter.
L'histoire d'un vieillard qui regarde le ciel, non pas en quête d'étoiles mais de nuages. Dans le marron rieur de ses yeux ornés de magnifiques pattes d'oie qui à elles seules rempliraient un livre, on y décèle une invitation au voyage.
Un voyage à travers le monde doux et mystérieux des nuages. Un royaume où seuls les êtres de lumière ont accès.
Laissez-vous porter par le léger bruissement des branches, le chant des rossignols et revivez avec moi ce moment magique où Noah est entré dans le monde merveilleux des nuages.
C'est quand on est enfant que notre coeur est le plus pur, et du haut de ses huit ans, Noah aimait à regarder les nuages, jonché sur la balançoire du parc dont le banc, autrefois d'un rouge flamboyant, était écaillé ici et là.
Mais, contrairement aux autres enfants qui tentaient de deviner leur forme, Noah lui, il apprenait la langue des nuages. Une langue secrète dont les sonorités teintées de bleu, blanc et gris berçaient ses envolées entre la terre et le ciel.
Ce jour-là, tandis qu'il se balançait, Noah tendait ses jambes menues vers le ciel et penchait la tête en arrière comme pour se donner davantage d'élan. Soudain, il sentit un léger frôlement sous ses pieds nus. Un gros nuage rêveur vêtu d'un magnifique manteau en velours blanc lui signifiait la bienvenue dans le pays des nuages. Noah avait attendu ce moment-là bien longtemps, c'est pourquoi il ne sursauta pas et continua son va et vient entre le vert de la pelouse et le bleu et blanc du ciel. Ils discutèrent longtemps sur les couleurs que l'arc-en-ciel avait laissées sur son beau manteau. Les gouttes de la pluie qui venait de tomber y perlaient encore reflétant une infinité de coloris.
Depuis, Noah n'avait cessé d'aller se promener sur les nuages qui aimaient à chatouiller ses petits orteils frileux.
Même maintenant, à ses quatre-vingt-quinze ans, il ne manque jamais une occasion d'aller leur rendre visite et de parler avec eux dans cette langue si harmonieuse.
Il se demande souvent si les nuages savent qu'il leur a volé un peu de leur magie…
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