El Palacio Imperial de Constantinopla tenía la brutal suntuosidad de una alucinación. Todo en él era rebuscado y desorbitado, con gigantescas salas de mármol, jaspes y cuarzos contrastando con la brillante policromía de los mosaicos de fondo azul y motivos dorados en lucha cromática; matizados por la luz filtrada por el alabastro, que impregnaba todo de un tono ocre mate. Los techos de las salas, recargados, castigados por el peso de los adornos, se desplomaban sobre columnas con bellos capiteles.
Chambelanes y altos dignatarios, embutidos en seda y envueltos en bordados de oro, se arrastraban chispeantes, como gusanos luminosos, por sus salones y pasillos.
Aquella mañana del año de Nuestro Señor de mil trescientos dos, yo, Ramón Llull había atravesado las calles de Constantinopla escoltado por una docena de fieros almogávares, vestidos con pieles de bestias y cargados de armas.
El contraste podía resultar divertido.
Constantinopla era una abigarrada aglomeración, con una saturada y penetrante mezcla de olores; una enorme ciudad retorcida y cenagosa, con viejas y miserables chozas de madera recostadas contra las paredes de impresionantes palacios de mármol. Con una absurda mezcla de refinamiento y suciedad, la brillante seda de los trajes de los cortesanos que detenían su paso para observarnos, estaba salpicada, en sus bajos, de barro y de las heces de los perros vagabundos que nos ladraban lúgubremente.
Un tieso chambelán me esperaba en una de las entradas del Palacio, y me guió, en silencio, a través de aquellos enormes cajones arquitectónicos.
En la desproporción de líneas y de perspectivas, aquel servidor imperial que me precedía, autocomplacido y emperifollado, era sólo una brizna rutilante, una piedrecita del enorme mosaico que me rodeaba.
Descendimos a través de unas escalinatas cada vez más oscuras hasta el último y más profundo socavón lateral del Palacio. Nos vimos rodeados por paredes mohosas, rezumantes de humedad y olor a fiebre. Pregunté al chambelán dónde me conducía; a lo que él respondió simplemente:
—Ya estamos cerca, protosebasto1. El condotiero aguarda...
Chambelanes y altos dignatarios, embutidos en seda y envueltos en bordados de oro, se arrastraban chispeantes, como gusanos luminosos, por sus salones y pasillos.
Aquella mañana del año de Nuestro Señor de mil trescientos dos, yo, Ramón Llull había atravesado las calles de Constantinopla escoltado por una docena de fieros almogávares, vestidos con pieles de bestias y cargados de armas.
El contraste podía resultar divertido.
Constantinopla era una abigarrada aglomeración, con una saturada y penetrante mezcla de olores; una enorme ciudad retorcida y cenagosa, con viejas y miserables chozas de madera recostadas contra las paredes de impresionantes palacios de mármol. Con una absurda mezcla de refinamiento y suciedad, la brillante seda de los trajes de los cortesanos que detenían su paso para observarnos, estaba salpicada, en sus bajos, de barro y de las heces de los perros vagabundos que nos ladraban lúgubremente.
Un tieso chambelán me esperaba en una de las entradas del Palacio, y me guió, en silencio, a través de aquellos enormes cajones arquitectónicos.
En la desproporción de líneas y de perspectivas, aquel servidor imperial que me precedía, autocomplacido y emperifollado, era sólo una brizna rutilante, una piedrecita del enorme mosaico que me rodeaba.
Descendimos a través de unas escalinatas cada vez más oscuras hasta el último y más profundo socavón lateral del Palacio. Nos vimos rodeados por paredes mohosas, rezumantes de humedad y olor a fiebre. Pregunté al chambelán dónde me conducía; a lo que él respondió simplemente:
—Ya estamos cerca, protosebasto1. El condotiero aguarda...
Juan Miguel Aguilera, La locura de los dioses
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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :
Le Palais Impérial de Constantinople avait la somptuosité brutale d’une hallucination. Tout en lui était recherché et exagéré : de gigantesques salles de marbre, de jaspe et de quartz contrastaient avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en lutte chromatique, que nuançait la lumière filtrée par l’albâtre, qui imprégnait tout d’un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés, punis par le poids des ornements, pesaient sur des colonnes aux beaux chapiteaux.
Chambellans et hauts dignitaires, engoncés dans la soie et couverts de broderies d’or, se traînaient, étincelants comme des vers luisants, à travers leurs salons et couloirs.
Ce matin de l’an de grâce mille trois cent deux, moi, Ramón Llull, j’avais traversé les rues de Constantinople, escorté par une douzaine de terribles Almogavares (1), vêtus de peaux de bêtes et chargés d’armes.
Le contraste pouvait être amusant.
Constantinople était une agglomération bigarrée, aux odeurs mêlées, saturées et pénétrantes ; une énorme ville tordue et fangeuse, avec de vieilles et misérables masures en bois, appuyées aux murs d’impressionnants palais de marbre. Dans un absurde mélange de raffinement et de saleté, les costumes de soie brillante des courtisans, qui suspendaient leur pas pour nous observer, apparaissaient maculés, en bas, de boue et des déjections des chiens errants qui aboyaient lugubrement vers nous.
Un chambellan guindé, qui m’attendait à une des entrées du Palais, me guida, en silence, à travers ces immenses caissons architectoniques.
Dans la disproportion des lignes et des perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, aussi prétentieux que pompeusement vêtu, n’était plus qu’un brin rutilant, une petite pierre de l’énorme mosaïque environnante.
Du perron, nous descendîmes le long d’escaliers de plus en plus obscurs jusqu’à la dernière et plus profonde galerie latérale du Palais. Nous nous vîmes entourés par des murs moisis, suintants d’humidité et d’odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait, ce à quoi il répondit simplement :
— Nous sommes presque arrivés, Protosebaste (2). Le condottiere attend...
(1) soldats catalans à pieds très redoutés aux XIIIe et XIVe siècles
(2) titre honorifique concédé aux grandes personnalités
Le Palais Impérial de Constantinople avait la somptuosité brutale d’une hallucination. Tout en lui était recherché et exagéré : de gigantesques salles de marbre, de jaspe et de quartz contrastaient avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en lutte chromatique, que nuançait la lumière filtrée par l’albâtre, qui imprégnait tout d’un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés, punis par le poids des ornements, pesaient sur des colonnes aux beaux chapiteaux.
Chambellans et hauts dignitaires, engoncés dans la soie et couverts de broderies d’or, se traînaient, étincelants comme des vers luisants, à travers leurs salons et couloirs.
Ce matin de l’an de grâce mille trois cent deux, moi, Ramón Llull, j’avais traversé les rues de Constantinople, escorté par une douzaine de terribles Almogavares (1), vêtus de peaux de bêtes et chargés d’armes.
Le contraste pouvait être amusant.
Constantinople était une agglomération bigarrée, aux odeurs mêlées, saturées et pénétrantes ; une énorme ville tordue et fangeuse, avec de vieilles et misérables masures en bois, appuyées aux murs d’impressionnants palais de marbre. Dans un absurde mélange de raffinement et de saleté, les costumes de soie brillante des courtisans, qui suspendaient leur pas pour nous observer, apparaissaient maculés, en bas, de boue et des déjections des chiens errants qui aboyaient lugubrement vers nous.
Un chambellan guindé, qui m’attendait à une des entrées du Palais, me guida, en silence, à travers ces immenses caissons architectoniques.
Dans la disproportion des lignes et des perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, aussi prétentieux que pompeusement vêtu, n’était plus qu’un brin rutilant, une petite pierre de l’énorme mosaïque environnante.
Du perron, nous descendîmes le long d’escaliers de plus en plus obscurs jusqu’à la dernière et plus profonde galerie latérale du Palais. Nous nous vîmes entourés par des murs moisis, suintants d’humidité et d’odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait, ce à quoi il répondit simplement :
— Nous sommes presque arrivés, Protosebaste (2). Le condottiere attend...
(1) soldats catalans à pieds très redoutés aux XIIIe et XIVe siècles
(2) titre honorifique concédé aux grandes personnalités
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Laëtitia nous propose sa traduction :
Le Palais Impérial de Constantinople arborait la brutale somptuosité d’une hallucination.
Tout en lui était recherché et exorbitant, avec de gigantesques salles en marbre, des jaspes et des quartz contrastant avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en lutte chromatique ; nuancés par la lumière filtrée par l’albâtre, qui imprégnait tout d’un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés, accablés par le poids des ornementations, s’effondraient sur des colonnes avec de beaux chapiteaux.
Des chambellans et de hauts dignitaires, ficelés dans de la soie et enveloppés dans des broderies en or, rampaient étincelants, comme des vers luisants, dans ses salons et ses couloirs.
Ce matin-là de l’an de grâce mille-trois-cent-deux, moi, Ramon Llull j’avais traversé les rues de Constantinople escorté par une douzaine de soldats féroces, vêtus de peaux de bêtes et armés jusqu’aux dents.
Le contraste pouvait s’avérer amusant.
Constantinople était une agglomération bigarrée, avec un mélange saturé et pénétrant d’odeurs ; une énorme ville sinueuse et embourbée, avec de vieilles et misérables cabanes en bois adossées aux murs d’impressionnants palais en marbre. Avec un mélange absurde de raffinement et de saleté, la soie brillante des habits des courtisans qui interrompaient leur marche pour nous observer, était parsemée, sur ses ourlets, de boue et des selles des chiens errants qui lugubrement aboyaient après nous.
Un chambellan guindé m’attendait devant une des entrées du Palais, et me guida, en silence, à travers ces énormes caissons architectoniques.
Dans la disproportion de lignes et de perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, outrecuidant et pomponné, n’était qu’une brindille rutilante, une petite pierre de l’énorme mosaïque qui m’entourait.
Nous descendîmes par des escaliers de plus en plus sombres jusqu’à la dernière et la plus profonde des galeries latérales du Palais. Nous nous trouvâmes cernés par des murs moisis, suintants d’humidité et d’odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait ; à quoi il répondit simplement :
– Nous ne sommes plus très loin, protosébaste. Le condottiere attend...
***Le Palais Impérial de Constantinople arborait la brutale somptuosité d’une hallucination.
Tout en lui était recherché et exorbitant, avec de gigantesques salles en marbre, des jaspes et des quartz contrastant avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en lutte chromatique ; nuancés par la lumière filtrée par l’albâtre, qui imprégnait tout d’un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés, accablés par le poids des ornementations, s’effondraient sur des colonnes avec de beaux chapiteaux.
Des chambellans et de hauts dignitaires, ficelés dans de la soie et enveloppés dans des broderies en or, rampaient étincelants, comme des vers luisants, dans ses salons et ses couloirs.
Ce matin-là de l’an de grâce mille-trois-cent-deux, moi, Ramon Llull j’avais traversé les rues de Constantinople escorté par une douzaine de soldats féroces, vêtus de peaux de bêtes et armés jusqu’aux dents.
Le contraste pouvait s’avérer amusant.
Constantinople était une agglomération bigarrée, avec un mélange saturé et pénétrant d’odeurs ; une énorme ville sinueuse et embourbée, avec de vieilles et misérables cabanes en bois adossées aux murs d’impressionnants palais en marbre. Avec un mélange absurde de raffinement et de saleté, la soie brillante des habits des courtisans qui interrompaient leur marche pour nous observer, était parsemée, sur ses ourlets, de boue et des selles des chiens errants qui lugubrement aboyaient après nous.
Un chambellan guindé m’attendait devant une des entrées du Palais, et me guida, en silence, à travers ces énormes caissons architectoniques.
Dans la disproportion de lignes et de perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, outrecuidant et pomponné, n’était qu’une brindille rutilante, une petite pierre de l’énorme mosaïque qui m’entourait.
Nous descendîmes par des escaliers de plus en plus sombres jusqu’à la dernière et la plus profonde des galeries latérales du Palais. Nous nous trouvâmes cernés par des murs moisis, suintants d’humidité et d’odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait ; à quoi il répondit simplement :
– Nous ne sommes plus très loin, protosébaste. Le condottiere attend...
Coralie nous propose sa traduction :
Le Palais Impérial de Constantinople avait la somptuosité brutale d'une hallucination. Tout en lui était précieux et exorbitant, avec de gigantesques salles de marbre, jaspes et quartz contrastant avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en lutte chromatique ; nuancés par la lumière filtrée par l'albâtre, qui imprégnait le tout d'un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés, malmenés par le poids des ornements, s'effondraient sur des colonnes aux beaux chapiteaux. Des chambellans et de hauts dignitaires, saucissonnés dans de la soie et enveloppés dans des broderies d'or, rampaient, étincelants, comme des vers luisants, dans leurs salons et couloirs. En cette matinée de l'an mille trois cent deux de Notre Seigneur, moi, Ramón Llull, j'avais traversé les rues de Constantinople escorté par une douzaine de féroces pillards, vêtus de peaux de bêtes et chargés d'armes. Le contraste pouvait paraître amusant. Constantinople était une agglomération bigarrée, au mélange d'odeurs saturé et pénétrant ; une énorme ville alambiquée et bourbeuse, avec de vieilles et misérables huttes en bois appuyées contre les parois d'impressionnants palais de marbre. Avec un absurde mélange de raffinement et de saleté, la soie brillante des costumes des courtisans qui s'attardaient pour nous observer, était éclaboussée, à son bas, de boue et des excréments des chiens errants qui nous aboyaient dessus de façon lugubre. Un chambellan guindé m'attendait à l'une des entrées du Palais, et me guida, en silence, au travers de ces énormes caisses architectoniques.
Au milieu de la disproportion de lignes et de perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, auto suffisant et pomponné, n'était qu'une brindille resplendissante, une petite pierre de la mosaïque démesurée qui m'entourait. Nous descendîmes des perrons chaque fois plus sombres jusqu'à la dernière et à la plus profonde cavité latérale du Palais. Nous nous vîmes entourés de murs moisis, suintants d'humidité et d'odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait ; ce à quoi il répondit simplement :
— On y est presque, protosébaste 1. Le condottiere attend...
Le Palais Impérial de Constantinople avait la somptuosité brutale d'une hallucination. Tout en lui était précieux et exorbitant, avec de gigantesques salles de marbre, jaspes et quartz contrastant avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en lutte chromatique ; nuancés par la lumière filtrée par l'albâtre, qui imprégnait le tout d'un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés, malmenés par le poids des ornements, s'effondraient sur des colonnes aux beaux chapiteaux. Des chambellans et de hauts dignitaires, saucissonnés dans de la soie et enveloppés dans des broderies d'or, rampaient, étincelants, comme des vers luisants, dans leurs salons et couloirs. En cette matinée de l'an mille trois cent deux de Notre Seigneur, moi, Ramón Llull, j'avais traversé les rues de Constantinople escorté par une douzaine de féroces pillards, vêtus de peaux de bêtes et chargés d'armes. Le contraste pouvait paraître amusant. Constantinople était une agglomération bigarrée, au mélange d'odeurs saturé et pénétrant ; une énorme ville alambiquée et bourbeuse, avec de vieilles et misérables huttes en bois appuyées contre les parois d'impressionnants palais de marbre. Avec un absurde mélange de raffinement et de saleté, la soie brillante des costumes des courtisans qui s'attardaient pour nous observer, était éclaboussée, à son bas, de boue et des excréments des chiens errants qui nous aboyaient dessus de façon lugubre. Un chambellan guindé m'attendait à l'une des entrées du Palais, et me guida, en silence, au travers de ces énormes caisses architectoniques.
Au milieu de la disproportion de lignes et de perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, auto suffisant et pomponné, n'était qu'une brindille resplendissante, une petite pierre de la mosaïque démesurée qui m'entourait. Nous descendîmes des perrons chaque fois plus sombres jusqu'à la dernière et à la plus profonde cavité latérale du Palais. Nous nous vîmes entourés de murs moisis, suintants d'humidité et d'odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait ; ce à quoi il répondit simplement :
— On y est presque, protosébaste 1. Le condottiere attend...
***
Chloé nous propose sa traduction :
Le Palais Impérial de Constantinople avait la somptuosité brutale d’une hallucination. Tout en lui était recherché et exagéré : de gigantesques salles de marbre, de jaspe et de quartz contrastaient avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en lutte chromatique, nuancées par la lumière filtrée par l’albâtre, qui imprégnait tout d’un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés, malmenés par le poids des ornements, pesaient sur des colonnes aux beaux chapiteaux.
Chambellans et hauts dignitaires, engoncés dans de la soie et couverts de broderies d’or, se traînaient, étincelants comme des vers luisants, à travers ses salons et couloirs.
Ce matin de l’an mille trois cent deux de Notre Seigneur, moi, Ramón Llull j’avais traversé les rues de Constantinople escorté par une douzaine de féroces pillards, vêtus de peaux de bêtes et armés jusqu’aux dents.
Le contraste pouvait être amusant.
Constantinople était une agglomération bigarrée, avec un mélange d’odeurs saturé et pénétrant ; une énorme ville tortueuse et boueuse, avec de vieilles et misérable huttes en bois appuyées contre les murs d’impressionnants palais de marbre. Dans un mariage absurde de raffinement et de saleté, la soie brillante des costumes des courtisans qui ralentissaient le pas pour nous observer, semblait maculée, au niveau des ourlets, de boue et d’excréments de chiens errants qui aboyaient lugubrement vers nous.
Un chambellan guindé m’attendait devant l’une des entrées du Palais, et me guida, en silence, à travers ces énormes caissons architectoniques.
Dans la disproportion des lignes et des perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, suffisant et pompeusement vêtu, n’était plus qu’un brin rutilant, une petite pierre de l’immense mosaïque qui m’entourait.
Nous descendîmes par des escaliers de plus en plus obscurs, jusqu’à la dernière et plus profonde galerie latérale du Palais. Nous nous vîmes cernés de murs moisis, suintants l’humidité et dégageant une odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait, ce à quoi il répondit simplement :
— Nous sommes presque arrivés, protosébaste. Le condottiere attend…
Le Palais Impérial de Constantinople avait la somptuosité brutale d’une hallucination. Tout en lui était recherché et exagéré : de gigantesques salles de marbre, de jaspe et de quartz contrastaient avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en lutte chromatique, nuancées par la lumière filtrée par l’albâtre, qui imprégnait tout d’un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés, malmenés par le poids des ornements, pesaient sur des colonnes aux beaux chapiteaux.
Chambellans et hauts dignitaires, engoncés dans de la soie et couverts de broderies d’or, se traînaient, étincelants comme des vers luisants, à travers ses salons et couloirs.
Ce matin de l’an mille trois cent deux de Notre Seigneur, moi, Ramón Llull j’avais traversé les rues de Constantinople escorté par une douzaine de féroces pillards, vêtus de peaux de bêtes et armés jusqu’aux dents.
Le contraste pouvait être amusant.
Constantinople était une agglomération bigarrée, avec un mélange d’odeurs saturé et pénétrant ; une énorme ville tortueuse et boueuse, avec de vieilles et misérable huttes en bois appuyées contre les murs d’impressionnants palais de marbre. Dans un mariage absurde de raffinement et de saleté, la soie brillante des costumes des courtisans qui ralentissaient le pas pour nous observer, semblait maculée, au niveau des ourlets, de boue et d’excréments de chiens errants qui aboyaient lugubrement vers nous.
Un chambellan guindé m’attendait devant l’une des entrées du Palais, et me guida, en silence, à travers ces énormes caissons architectoniques.
Dans la disproportion des lignes et des perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, suffisant et pompeusement vêtu, n’était plus qu’un brin rutilant, une petite pierre de l’immense mosaïque qui m’entourait.
Nous descendîmes par des escaliers de plus en plus obscurs, jusqu’à la dernière et plus profonde galerie latérale du Palais. Nous nous vîmes cernés de murs moisis, suintants l’humidité et dégageant une odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait, ce à quoi il répondit simplement :
— Nous sommes presque arrivés, protosébaste. Le condottiere attend…
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Morgane nous propose sa traduction :
Le Palais Impérial de Constantinople possédait l’outrageuse somptuosité d’une hallucination. Tout en lui était recherche et excès, avec de gigantesques salles de marbre, jaspe et quartz contrastant avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en variante chromatique ; nuancés par la lumière filtrée par l’albâtre, qui imprégnait tout d’un ton ocre mate. Les toits des salles, surchargés, condamnés par le poids des décors, s’effondraient sur des colonnes recouvertes de beaux chapiteaux.
Chambellans et hauts dignitaires, recouverts de cire et enrobés de broderie d’or, se traînaient luisants, tels des vers lumineux, à travers leurs salons et couloirs.
Ce matin de l’année de Notre Seigneur de mille trois cent deux, moi, Ramón Llull avait traversé les rues de Constantinople escorté d’une douzaine de rudes mercenaires au service de la couronne catalano-aragonaise , vêtus de peaux de bêtes et chargés d’armes. Le contraste pouvait résulter divertissant. Constantinople était une agglomération bigarrée, avec un mélange d’odeur saturée et pénétrante ; une énorme ville déformée et bourbeuse, avec des vieilles et misérables huttes de bois appuyées contre les murs des impressionnants palaces de marbre. Avec un absurde mélange de raffinement et de saleté, la soie brillante des costumes des courtisans qui retenaient leur pas pour observer, était éclaboussé, dans la partie basse, de boue et de selles de chien vagabonds qui nous aboyaient dessus lugubrement.
Un chambellan guindé m’attendait à une des entrées du Palais, et me guida, en silence, à travers quelques énormes couloirs architecturaux. Dans la disproportion des lignes et des perspectives, ce serviteur impérial qui me suivait, satisfait de sa personne et pomponné, n’était qu’un souffle étincelant, une petite pierre de l’énorme mosaïque qui m’entourait. Nous descendîmes à travers des perrons de plus en plus obscures jusqu’au dernier et plus profond effondrement latéral du Palais. Nous nous vîmes entourés de murs moisis, pleine d’humidité et d’odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait ; ce à quoi il répondit simplement :
— Nous sommes déjà près, protosebastos. Le condotiero est dans l’attente.
Le Palais Impérial de Constantinople possédait l’outrageuse somptuosité d’une hallucination. Tout en lui était recherche et excès, avec de gigantesques salles de marbre, jaspe et quartz contrastant avec la brillante polychromie des mosaïques au fond bleu et aux motifs dorés en variante chromatique ; nuancés par la lumière filtrée par l’albâtre, qui imprégnait tout d’un ton ocre mate. Les toits des salles, surchargés, condamnés par le poids des décors, s’effondraient sur des colonnes recouvertes de beaux chapiteaux.
Chambellans et hauts dignitaires, recouverts de cire et enrobés de broderie d’or, se traînaient luisants, tels des vers lumineux, à travers leurs salons et couloirs.
Ce matin de l’année de Notre Seigneur de mille trois cent deux, moi, Ramón Llull avait traversé les rues de Constantinople escorté d’une douzaine de rudes mercenaires au service de la couronne catalano-aragonaise , vêtus de peaux de bêtes et chargés d’armes. Le contraste pouvait résulter divertissant. Constantinople était une agglomération bigarrée, avec un mélange d’odeur saturée et pénétrante ; une énorme ville déformée et bourbeuse, avec des vieilles et misérables huttes de bois appuyées contre les murs des impressionnants palaces de marbre. Avec un absurde mélange de raffinement et de saleté, la soie brillante des costumes des courtisans qui retenaient leur pas pour observer, était éclaboussé, dans la partie basse, de boue et de selles de chien vagabonds qui nous aboyaient dessus lugubrement.
Un chambellan guindé m’attendait à une des entrées du Palais, et me guida, en silence, à travers quelques énormes couloirs architecturaux. Dans la disproportion des lignes et des perspectives, ce serviteur impérial qui me suivait, satisfait de sa personne et pomponné, n’était qu’un souffle étincelant, une petite pierre de l’énorme mosaïque qui m’entourait. Nous descendîmes à travers des perrons de plus en plus obscures jusqu’au dernier et plus profond effondrement latéral du Palais. Nous nous vîmes entourés de murs moisis, pleine d’humidité et d’odeur de fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisait ; ce à quoi il répondit simplement :
— Nous sommes déjà près, protosebastos. Le condotiero est dans l’attente.
***
Alexandra nous propose sa traduction :
Le Palais Impérial de Constantinople possédait la somptuosité brutale d'une hallucination. Tout ce qui se trouvait à l’intérieur était recherché et exorbitant ; des gigantesques salles en marbre, en jaspes et quartz contrastaient avec la polychromie brillante des mosaïques au fond bleu et des motifs dorés en lutte chromatique, nuancés par la lumière filtrée par l'albâtre, qui imprégnait tout d'un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés et accablés par le poids des ornements, s'écroulaient sur les colonnes aux beaux chapiteaux.
Les chambellans et les hauts dignitaires, drapés de soie et enveloppés de broderies en or, se trainaient étincelants, comme des vers lumineux, à travers les salons et les couloirs.
Ce matin-là de l'année de Notre Seigneur, l’an mille trois cent deux, moi, Ramon Llull, j'avais traversé les rues de Constantinople escorté par une douzaine de soldats féroces, vêtus de peaux de bêtes et portant des armes.
Le contraste pouvait être amusant.
Constantinople était une agglomération bigarrée, avec un mélange saturé et pénétrant d'odeurs; une énorme ville alambiquée et bourbeuse, avec de misérables cabanes en bois appuyées contre les murs impressionnants des palais en marbre. Avec un absurde mélange de raffinement et de saleté, la soie brillante des habits des hommes de la cour, lesquels arrêtaient le pas pour nous observer, avait été éclaboussée, en bas, par la boue et par les selles de chiens vagabonds qui nous aboyaient lugubrement.
Un chambellan tendu m'attendait à une des entrées du Palais, et il me guida, en silence, à travers ces énormes blocs architectoniques. Dans la disproportion de lignes et de perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, heureux et pomponné, était seulement un brin brillant, une petite pierre de l'énorme mosaïque qui m'entourait.
Nous descendîmes des escaliers de plus en plus obscures jusqu'au dernier et au plus profond souterrain du Palais. Nous nous retrouvâmes entourés par des murs moisis, suintant l'humidité et qui sentait la fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisit; ce à quoi il me répondit simplement :
- Nous sommes tout près, protosebasto1. Le condottière attend...
Le Palais Impérial de Constantinople possédait la somptuosité brutale d'une hallucination. Tout ce qui se trouvait à l’intérieur était recherché et exorbitant ; des gigantesques salles en marbre, en jaspes et quartz contrastaient avec la polychromie brillante des mosaïques au fond bleu et des motifs dorés en lutte chromatique, nuancés par la lumière filtrée par l'albâtre, qui imprégnait tout d'un ton ocre mat. Les plafonds des salles, surchargés et accablés par le poids des ornements, s'écroulaient sur les colonnes aux beaux chapiteaux.
Les chambellans et les hauts dignitaires, drapés de soie et enveloppés de broderies en or, se trainaient étincelants, comme des vers lumineux, à travers les salons et les couloirs.
Ce matin-là de l'année de Notre Seigneur, l’an mille trois cent deux, moi, Ramon Llull, j'avais traversé les rues de Constantinople escorté par une douzaine de soldats féroces, vêtus de peaux de bêtes et portant des armes.
Le contraste pouvait être amusant.
Constantinople était une agglomération bigarrée, avec un mélange saturé et pénétrant d'odeurs; une énorme ville alambiquée et bourbeuse, avec de misérables cabanes en bois appuyées contre les murs impressionnants des palais en marbre. Avec un absurde mélange de raffinement et de saleté, la soie brillante des habits des hommes de la cour, lesquels arrêtaient le pas pour nous observer, avait été éclaboussée, en bas, par la boue et par les selles de chiens vagabonds qui nous aboyaient lugubrement.
Un chambellan tendu m'attendait à une des entrées du Palais, et il me guida, en silence, à travers ces énormes blocs architectoniques. Dans la disproportion de lignes et de perspectives, ce serviteur impérial qui me précédait, heureux et pomponné, était seulement un brin brillant, une petite pierre de l'énorme mosaïque qui m'entourait.
Nous descendîmes des escaliers de plus en plus obscures jusqu'au dernier et au plus profond souterrain du Palais. Nous nous retrouvâmes entourés par des murs moisis, suintant l'humidité et qui sentait la fièvre. Je demandai au chambellan où il me conduisit; ce à quoi il me répondit simplement :
- Nous sommes tout près, protosebasto1. Le condottière attend...
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