Forts d'expériences mitigées ou carrément désastreuses, nombreux seront les traducteurs qui vous diront qu'il est plus simple de s'attaquer aux textes d'auteurs morts… Il y en a d'ailleurs sans doute tout autant pour vous dire le contraire. Personnellement, je me félicite régulièrement d'avoir fait la connaissance de Daína Chaviano – une auteure superbe et un ange de gentillesse et de générosité avec ses traducteurs – et, parallèlement, je me souviens encore, alors que je débutais ou presque, du curieux décalage entre les nombreuses félicitations et marques d'amitié que j'avais reçues par mail pour la qualité de ma traduction et globalement le respect que j'y manifestais par un auteur (bilingue mais écrivant en espagnol) qui, quand je l'ai rencontré lors d'un salon du livre parisien a été horrifié de me découvrir si jeune et s'est soudain montré fort inquiet de la qualité de mon travail. N'étais-je pas nécessairement inexpérimentée, éventuellement incompétente… et, quoi qu'il en soit, peu à même de comprendre l'imaginaire et l'univers lexical d'un monsieur de près de quarante ans mon aîné ? J'avoue que je le comprends et, afin que l'anecdote prenne sa véritable mesure, il me faut compléter l'histoire en disant que nous avons ensuite beaucoup parlé, que nous nous sommes finalement bien entendus et que chacun est reparti rassuré et content… Car si les débuts peuvent être chaotiques, une relation auteur / traducteur est susceptible de donner lieu à de belles aventures et le risque de problèmes ne doit pas freiner l'envie d'aller frapper à la porte de l'autre. Nous en avons encore un exemple maintenant… dans le cadre de notre projet SF. En spécialiste des relations franco / latino-américaines et en diplomate aguerrie, c'est Elena qui s'est chargée d'une grande partie des négociations et autres contacts que nous avons eus jusque-là avec nos interlocuteurs outre Atlantique. Or ce matin, elle a reçu un très gentil mail de Ronald Delgado pour lui signaler qu'il y avait un problème dans le titre retenu pour la traduction de sa nouvelle « réplica » ; eu égard au contenu et à ma culture SF, j'étais effectivement persuadée qu'il y avait là jeu intertextuel manifeste avec les « réplicants » de Blade Runner et que l'auteur voulait d'emblée que le système des miroirs et des échos fonctionne… en même temps que celui consistant à rendre un hommage implicite à ses prédécesseurs et inspirateurs. En fait, non, Ronald a bien précisé qu'il n'en était rien, qu'il avait utilisé le terme « réplica » uniquement dans le sens de copie, de clone, de double… Je m'empresse donc de modifier et de faire amende honorable auprès de lui et des traductrices ;-) Pour l'heure, nous retiendrons donc « répliques » et nous verrons en toute fin de parcours s'il y a lieu de choisir autre chose. De sorte que oui, il y a du bon à être en contact avec « son » auteur, à lui demander conseils en cas de doute et à lui prêter une oreille attentive quand il fait valoir son point de vue. On ne sait pas tout, on ne comprend pas tout, on n'anticipe pas tout. Et on ne déchoit pas de se faire remettre sur la bonne voie ; à plus forte raison quand cela est demandé avec tant de simplicité. Il va de soi qu'une fois le début des « négociations » lancé, vous ne serez pas, loin de là, libéré de la peur que la brèche une fois ouverte, ce soit des tergiversations sans fin, mais cela en vaut la chandelle.
Merci Ronald !
2 commentaires:
Elena, je crois avoir remplacer tous les « réplicants » semés ici ou là, mais tu vérifieras…
J'ai vérifié et tout va bien ;-)
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