lundi 4 février 2013

Entraînement CAPES, 4


Muchas veces recuerdo cómo éramos antes, cómo éramos cuando nos conocimos. Yo,  por entonces, acababa de llegar a Santiago y tenía la inocencia de un cubo. Llevaba el pelo largo, chirucas agujereadas y siempre un libro o un bocata en el bolsillo. Recuerdo aquel deslumbramiento inicial frente a la libertad. Me vi embriagado de posibilidades,  de madurez, de independencia. Fue el año de las grandes borracheras y de la búsqueda.
Vivía en una pensión llena de novatos asquerosos. Recuerdo aquellas comidas acnéicas en las que reinaba el repollo y sólo se hablaba de sexo. Hablábamos de sexo, noche y día, como si estuviésemos en la mili, de un sexo pobre de revista manoseada.
Empecé mis estudios con tan poco entusiasmo como era de esperar. Jamás iba a clase. La economía, ya por entonces, se me antojaba un cúmulo de inmoralidades amparadas por la ley. Ahora, cinco años después, puedo deciros que me importa un pito. En esto consiste ser adulto. Con diecinueve años,  uno obvia el sustento. A los veinticuatro, uno sólo quiere que le renueven la beca y dejarse de virguerías.
Pero volvamos a aquel año. LLovió mucho o eso me dijeron. Yo nunca vi llover tras los cristales de mi cuarto. Mi cuarto era interior, daba a un patio de luces cubierto por donde apenas entraba aire. Pero yo no era como ellos. Yo no era como todos aquellos mocosos granujientos de la pensión. Yo quería ver las cosas, quería conocer gente distinta,  gente original, gente inquieta. Empecé a andar solo, a frecuentar el teatro y los ciclos de cine del Principal. Asistí a miles de fiestas reivindicativas y antiimperialistas,  a cientos de conciertos de música, flok, country o new-age, y a una docena de recitales de poesía erótica. 

Blanca Riestra, Anatol y dos más, Barcelona, Anagrama, 1996, p. 27


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Nancy nous propose sa traduction :

Souvent, je me rappelle comment nous étions avant, comment nous étions quand nous nous sommes connus. Moi, à ce moment-là, je venais d'arriver à Santiago et j'étais innocent comme un enfant. J'avais les cheveux longs, des chaussures « Chiruca » trouées et toujours un livre ou un sandwich dans la poche. Je me rappelle cet éblouissement initial face à la liberté. Je me suis trouvé enivré par tant de possibilités, de maturité et d'indépendance. Ç'a été l'année des grandes beuveries et de la quête.
Je vivais dans une pension pleine de novices répugnants. Je me rappelle ces repas acnéiques où régnait l'ennui et où l'on ne parlait que de sexe. Nous parlions de sexe, nuit et jour, comme si nous étions à l'armée, d'un sexe pauvre de revue tripotée.
J'ai commencé mes études avec aussi peu d'enthousiasme qu'il fallait s'y attendre. Jamais je n'allais en cours. L'économie, déjà à cette époque, me semblait être un amas d'immoralités protégées par la loi. Maintenant,  cinq ans plus tard,  je peux vous dire que je m'en fiche complètement. Être adulte consiste à cela. À dix-neuf ans,  on fuit les aides. À vingt-quatre ans,  on veut seulement qu'on nous renouvelle les bourses et arrêter les futilités.
Mais revenons à cette année-là. Il a beaucoup plu ou c'est ce que l'on m'a dit.
Moi, je n'ai jamais vu la pluie derrière les vitres de ma chambre. Ma chambre était intérieure,  elle donnait sur un patio couvert,  par lequel l'air entrait à peine. Mais moi, je n'étais pas comme eux. Moi, je n'étais pas comme tous ces morveux boutonneux de la pension. Moi, je voulais voir les choses, je voulais rencontrer des gens différents, des gens originaux, des gens préoccupés. J'ai commencé à partir seul, à fréquenter le théâtre et les cycles de cinéma du Principal. J'ai assisté à des milliers de fêtes revendicatives et anti-impérialistes, à des centaines de concerts de musique folk, country ou new age, et à une douzaine de récitations de poésie érotique.

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Nadia nous propose sa traduction :

Souvent, je me souviens de comment on était avant, de comment on était quand on s’est connus. À cette époque-là, je venais d’arriver à Santiago et j’avais l’innocence d’un cube. J’avais les cheveux longs, des pataugas trouées et toujours un livre ou un sandwich dans ma poche. Je me souviens de cet éblouissement initial face à la liberté. Je me suis retrouvé ivre de possibilités, de maturité,  d’indépendance. Ce fut l’année des grosses cuites et de la quête.
Je vivais dans une pension remplie de novices dégueulasses. Je me souviens de ces repas acnéiques où régnait le chou pommé et où on ne parlait que de sexe. On parlait de sexe, jour et nuit, comme si on était au service militaire, d’un piètre sexe de magazine tripoté.
J’ai commencé mes études avec très peu d’enthousiasme comme il fallait s’y attendre. Je n’allais jamais en cours. Déjà en ce temps-là, je considérais l’économie comme un cumul d’immoralités protégées par la loi. Maintenant, cinq ans après,  je peux vous dire que je m’en fous. C’est cela être adulte. À dix-neuf ans, on cherche de quoi se nourrir. À vingt-quatre, on veut juste qu’on nous renouvelle notre bourse et arrêter les exploits.
Mais revenons à cette année-là. Il a beaucoup plu, du moins c’est ce que l’on m’a dit. Moi, je n’ai jamais vu pleuvoir de derrière les vitres de ma chambre. Ma chambre était intérieure, elle donnait sur une cour couverte où l’air entrait à peine. Mais moi, je n’étais pas comme eux. Moi, je n’étais pas comme tous ces morveux granuleux de la pension. Moi, je voulais voir des choses, connaître des gens différents, des gens originaux, des gens agités. J’ai commencé à sortir seul, à fréquenter le théâtre et les cycles de cinéma du Principal. J’ai assisté à des milliers de fêtes revendicatives et anti-impérialistes, à des centaines de concerts de musique, folk, country ou new-age et à une douzaine de récitals de poésie érotique.

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Manon nous propose sa traduction :

Souvent, je me rappelle comment nous étions avant, comment nous étions quand nous nous sommes rencontrés. Moi,  à l’époque, je venais d’arriver à Santiago et j’étais empli d’une grande innocence. J’avais les cheveux longs, des pataugas trouées et toujours un livre ou un sandwich dans mon sac. Je me rappelle cet aveuglement initial devant la liberté. Je me suis vu enivré par les possibilités, par la maturité, par l’indépendance. Ça a été l’année des grandes beuveries et de la recherche.
Je vivais dans une pension pleine de novices répugnants. Je me rappelle ces repas acnéiques où le chou paumé régnait et où on parlait sexe. Nous parlions de sexe, nuit et jour, comme si nous étions dans l’armée ; de sexe pauvre de revue tripotée.
J’ai commencé mes études avec aussi peu d’enthousiasme que ce à quoi on pouvait s’attendre. Je n’allais jamais en cours. Déjà, à l’époque, l’économie me donnait l’impression d’être un ramassis d’immoralités protégées par la loi. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, je peux vous affirmer que je m’en fous comme de l’an quarante. Être adulte consiste en cela. À dix-neuf ans, on fuit le soutien. À vingt-quatre, on veut seulement voir ses bourses renouvelées et cesser de faire des choses inutiles.
Mais revenons à cette année-là. Il a beaucoup plu, ou plutôt on m’a dit qu’il avait beaucoup plu. Moi, je n’ai jamais vu de pluie derrière les vitres de ma chambre. Ma chambre ne donnait pas sur la rue, elle donnait sur un patio éclairé et couvert,  par où l’air entrait à peine. Mais moi, je n’étais pas comme eux. Moi, je n’étais pas comme tous ces morveux boutonneux de la pension. Moi, je voulais voir les choses, je voulais connaître des gens différents, originaux, vifs. J’ai commencé à marcher seul,  à fréquenter le théâtre et les cycles du cinéma del Principal. J’ai assisté à des milliers de fêtes revendicatives et anti-impérialistes, à des centaines de concerts de musique, folk, country ou new-age, et à une douzaine de récitals de poésie érotique.

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Élise nous propose sa traduction :

Je me souviens souvent de comment nous étions avant, comment nous étions quand nous nous sommes connus. Moi, à cette époque-là, je venais d’arriver à Santiago et j’avais l’innocence d’un cube. J’avais les cheveux longs, des godasses chirucas trouées et toujours un livre ou un sandwich fourré dans la poche. Je me rappelle cet aveuglement initial face à la liberté. Je me suis vu ivre de possibilités, de maturité, d’indépendance. Ça a été l’année des grandes beuveries et de l’exploration.
Je vivais dans une pension remplie de bizuts dégoutants. Je me rappelle ces repas acnéiques où régnait le chou pommé et où ça parlait que de cul. Nous parlions de cul, nuit et jour, comme si nous étions à l’armée, d’un  cul minable digne d’une revue tripotée.
J’ai commencé mes études avec tellement peu d’enthousiasme, comme il fallait s’y attendre. J’allais jamais en cours. L’économie, déjà en ce temps-là, me donnait l’impression d’être un amas d’immoralités protégées par la loi. Maintenant, cinq ans plus tard, je peux vous dire que je m’en balance. Ça consiste à ça, être adulte. Quand on a dix-neuf ans,  on veut gagner sa vie. Quand on en a vingt-quatre, on veut juste qu’on nous reconduise notre bourse et se passer du superflu.
Mais revenons-en à cette année-là. Il a beaucoup plu, enfin, à ce qu’on m’a dit. Moi, j’ai jamais vu pleuvoir à travers les vitres de ma chambre. Ma chambre était une pièce aveugle, elle donnait sur une cour intérieure couverte d’où l’air entrait à peine. Mais moi, j’étais pas comme eux. Moi,  j’étais pas comme tous les morveux bourgeonneux de la pension. Moi, je voulais voir les choses de la vie, je voulais rencontrer des gens différents, des gens originaux, des gens animés. J’ai commencé à trainer tout seul, à aller au théâtre et aux conférences au cinéma du Principal. J’ai assisté à des milliers de fêtes revendicatives et anti-impérialistes, à des centaines de concerts de musique folk, country ou New Age,  et à une douzaine de récitals de poésie érotique. 

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