« Dialogue impossible »
Mû par un irrépressible besoin de connaître la vérité, j’ai parcouru des kilomètres, franchi des montagnes et traversé de nombreux fleuves pour me retrouver là, assise à ses côtés. Afin de ne pas le brusquer, j’applique délicatement ma main contre sa peau parcheminée pour lui manifester ma présence. Le cœur serré, je ne peux m’empêcher de poser mon regard sur les nombreuses traces de pas qui l’entourent, témoignant d’une grande agitation. Je prends une profonde inspiration pour me donner le courage d’énoncer à voix haute la question qui me tourmente, m’obsède et accapare mes pensées. D’une voix éraillée, trahissant un trop-plein d’émotion, je parviens à prononcer douloureusement le mot : pourquoi ? Puis rien. Seulement le bruit de ma respiration entrecoupée, inquiète. Alors, je prends subitement conscience de l’inutilité de toute tentative de dialogue et mon rythme cardiaque s’accélère, mes yeux s’emplissent de larmes, mes doigts se crispent, s’enfoncent dans les irrégularités de la peau rugueuse de ce témoin muet. Dans un ultime espoir, je le secoue, le frappe, crie, hurle : POURQUOI ? Mais malgré mes efforts, je n’obtiens pour réponse que le bruissement de ses feuilles et le grincement d’une corde qui, sous l’effet de mes coups désespérés, se tortille, libérée de toute tension, pendant de la plus grosse branche de l’arbre.
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