La consigne pour aujourd'hui était la suivante : écrire la suite de la première phrase du roman de Raymond Queneau, Loin de Rueil, 1944 :
« Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. »
Amélie :
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Les yeux hagards, elle resta là, plantée devant cette fichue poubelle, encore abasourdie par les événements qui venaient de se produire.
La journée avait pourtant bien débuté, elle s’était levée du bon pied, avait fait un brin de ménage et, dans son enthousiasme, était partie faire quelques emplettes pour le dîner, puisque Louis avait convié ses parents à venir partager leur table le soir même. Loin d’elle l’idée de les impressionner, même si c’était la première qu’ils allaient mettre les pieds dans leur nouveau logis. Non, ce n’était pas cela, elle avait plutôt envie de se lancer un défi et de cuisiner pour une fois, sans que cela consiste à enfourner des plats préparés – bien que ceux-ci pussent être succulents. Le problème ne venait pas du dessert, elle maîtrisait relativement bien le sujet, une dizaine de mignardises, quelques verrines et elle savait pertinemment que tout le monde serait conquis. Non, son souci majeur concernait le plat de résistance : comme toujours, elle n’avait pas la moindre idée, hormis les traditionnelles « pâtes carbo », repas de prédilection de leurs soirées entre amis. A son grand désespoir, elle n’était pas de celles capables de charmer les papilles de leurs convives en un tour de cuillère, il y avait toujours un raté, la pâte ne gonflait pas, le fond du plat était brûlé, la cuisson était trop comme ci, ou pas assez comme ça… Toujours est-il que, ce matin, devant les rayons du supermarché, elle s’était décidée pour un hachis parmentier façon gratin de courgettes, cela ferait l’affaire ! De la viande de bœuf, quelques pommes de terre, six courgettes, du fromage râpé, voilà pour le plat. Quant au dessert, elle avait jeté son dévolu sur des pommes et de la glace : elle avait délaissé les verrines, préférant se hasarder à confectionner une tarte tatin accompagnée d’une boule vanille…
De retour à la maison, elle déposa ses achats sur la table de la cuisine, fila enfiler un vieux survêtement ayant appartenu à Louis – la cuisine étant un sport reconnu, comme chacun sait – et s’installa derrière les fourneaux. Elle passa un délicieux moment à nettoyer, éplucher, trancher, presser, hacher puis superposer le tout dans le plat à gratin, qu’elle inaugurait pour l’occasion. Elle avait l’impression d’être la vedette de la fameuse émission « Un dîner presque parfait », dans un épisode spécial : « Je suis une catastrophe en cuisine, mais l’important, c’est de participer ». Pour le moment, elle ne s’en sortait pas si mal, elle était même plutôt fière de ses prouesses culinaires du jour. N’ayant fait que la moitié du repas, elle se remit à l’œuvre, et reprit le nettoyage, mixage, épluchage, tranchage, assemblage puis enfournage de ses plats dans le nouveau four à chaleur tournante qui, il faut l’avouer, ne lui avait pas encore livré tous ses secrets. Un petit coup d’œil aux recettes, même thermostat pour les deux cuissons, elle avait donc une heure de libre devant elle avant d’ôter la tarte du four et de la démouler. Un temps suffisant pour se pelotonner dans une couverture sur le canapé avec un bon livre. Une demi-heure plus tard, la sonnerie du téléphone la fit tressauter, la tirant par là même de sa rêverie. Sa mère, une nouvelle fois. Elle avait besoin de certains renseignements la concernant ; Sophie changea donc de pièce pour aller lui chercher les papiers nécessaires.
A son retour au salon, elle ne distinguait plus rien, une fumée opaque avait envahi la pièce et se propageait dans tout l’étage. Elle comprit immédiatement ce qui survenait, sans pour autant savoir quelle en était la raison, et se hâta vers la cuisine. L’air y était irrespirable, elle ne parvenait plus à atteindre le four. Prise de panique, elle ne se souvenait plus du numéro de pompiers : elle appela Louis, il était sur répondeur, sa mère ne décrochait plus, et elle savait que les voisins travaillaient toute la journée. En désespoir de cause, elle ouvrit une fenêtre et cria au feu. Elle avait vraiment l’air grotesque, mais elle était terrorisée, leur nouvelle maison partait en fumée sous ses yeux sans qu’elle ne puisse rien faire pour y mettre un terme. Alertés par un passant, les pompiers finirent par arriver, suivis de près par Louis, sa mère, et sa belle-mère.
Trois-quarts d’heure plus tard, tout était à peu près rentré dans l’ordre, elle en était quitte pour une belle frayeur et pour acheter un nouveau four. Louis annula le repas du soir, lui assura qu’elle n’y était pour rien et ne la lâcha pas d’une semelle de toute la soirée, sauf quand elle descendit vider la poubelle, ultime témoin de ses déconvenues de cuisinière du dimanche.
« Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. »
Amélie :
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Les yeux hagards, elle resta là, plantée devant cette fichue poubelle, encore abasourdie par les événements qui venaient de se produire.
La journée avait pourtant bien débuté, elle s’était levée du bon pied, avait fait un brin de ménage et, dans son enthousiasme, était partie faire quelques emplettes pour le dîner, puisque Louis avait convié ses parents à venir partager leur table le soir même. Loin d’elle l’idée de les impressionner, même si c’était la première qu’ils allaient mettre les pieds dans leur nouveau logis. Non, ce n’était pas cela, elle avait plutôt envie de se lancer un défi et de cuisiner pour une fois, sans que cela consiste à enfourner des plats préparés – bien que ceux-ci pussent être succulents. Le problème ne venait pas du dessert, elle maîtrisait relativement bien le sujet, une dizaine de mignardises, quelques verrines et elle savait pertinemment que tout le monde serait conquis. Non, son souci majeur concernait le plat de résistance : comme toujours, elle n’avait pas la moindre idée, hormis les traditionnelles « pâtes carbo », repas de prédilection de leurs soirées entre amis. A son grand désespoir, elle n’était pas de celles capables de charmer les papilles de leurs convives en un tour de cuillère, il y avait toujours un raté, la pâte ne gonflait pas, le fond du plat était brûlé, la cuisson était trop comme ci, ou pas assez comme ça… Toujours est-il que, ce matin, devant les rayons du supermarché, elle s’était décidée pour un hachis parmentier façon gratin de courgettes, cela ferait l’affaire ! De la viande de bœuf, quelques pommes de terre, six courgettes, du fromage râpé, voilà pour le plat. Quant au dessert, elle avait jeté son dévolu sur des pommes et de la glace : elle avait délaissé les verrines, préférant se hasarder à confectionner une tarte tatin accompagnée d’une boule vanille…
De retour à la maison, elle déposa ses achats sur la table de la cuisine, fila enfiler un vieux survêtement ayant appartenu à Louis – la cuisine étant un sport reconnu, comme chacun sait – et s’installa derrière les fourneaux. Elle passa un délicieux moment à nettoyer, éplucher, trancher, presser, hacher puis superposer le tout dans le plat à gratin, qu’elle inaugurait pour l’occasion. Elle avait l’impression d’être la vedette de la fameuse émission « Un dîner presque parfait », dans un épisode spécial : « Je suis une catastrophe en cuisine, mais l’important, c’est de participer ». Pour le moment, elle ne s’en sortait pas si mal, elle était même plutôt fière de ses prouesses culinaires du jour. N’ayant fait que la moitié du repas, elle se remit à l’œuvre, et reprit le nettoyage, mixage, épluchage, tranchage, assemblage puis enfournage de ses plats dans le nouveau four à chaleur tournante qui, il faut l’avouer, ne lui avait pas encore livré tous ses secrets. Un petit coup d’œil aux recettes, même thermostat pour les deux cuissons, elle avait donc une heure de libre devant elle avant d’ôter la tarte du four et de la démouler. Un temps suffisant pour se pelotonner dans une couverture sur le canapé avec un bon livre. Une demi-heure plus tard, la sonnerie du téléphone la fit tressauter, la tirant par là même de sa rêverie. Sa mère, une nouvelle fois. Elle avait besoin de certains renseignements la concernant ; Sophie changea donc de pièce pour aller lui chercher les papiers nécessaires.
A son retour au salon, elle ne distinguait plus rien, une fumée opaque avait envahi la pièce et se propageait dans tout l’étage. Elle comprit immédiatement ce qui survenait, sans pour autant savoir quelle en était la raison, et se hâta vers la cuisine. L’air y était irrespirable, elle ne parvenait plus à atteindre le four. Prise de panique, elle ne se souvenait plus du numéro de pompiers : elle appela Louis, il était sur répondeur, sa mère ne décrochait plus, et elle savait que les voisins travaillaient toute la journée. En désespoir de cause, elle ouvrit une fenêtre et cria au feu. Elle avait vraiment l’air grotesque, mais elle était terrorisée, leur nouvelle maison partait en fumée sous ses yeux sans qu’elle ne puisse rien faire pour y mettre un terme. Alertés par un passant, les pompiers finirent par arriver, suivis de près par Louis, sa mère, et sa belle-mère.
Trois-quarts d’heure plus tard, tout était à peu près rentré dans l’ordre, elle en était quitte pour une belle frayeur et pour acheter un nouveau four. Louis annula le repas du soir, lui assura qu’elle n’y était pour rien et ne la lâcha pas d’une semelle de toute la soirée, sauf quand elle descendit vider la poubelle, ultime témoin de ses déconvenues de cuisinière du dimanche.
***
Chloé :
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Les déchets se rencontrèrent et créèrent une symphonie de bruits, klung, splotch, boïng, crac. Ils s’ajoutèrent au tas déjà constitué par les voisins, Monsieur Lebrun, Monsieur Sampion, Madame Bourdieu, Madame Vallet. Aurore se pencha sur le container et observa les différentes matières, visqueuses, cartonnées, striées, luisantes. De délicieuses effluves s’échappèrent et lui chatouillèrent les narines, notes âcres, piquantes, fétides, amères. Elle se recula promptement et découvrit un tableau coloré, vert kaki, orange, rouge, marron. Son œil s’y habitua et distingua d’étranges apparitions, la Tour Eiffel, la Vierge, Casimir, un nain. Elle fut surprise et se demanda si elle n’était pas folle, déjantée, atteinte, zinzin. Un groupe d’hommes s’approcha et elle entendit des voix, une éraillée, une grave, une rauque, une gutturale. Aurore leur fit face et observa des physiques opposés, un gros, un grand, un petit, un maigre. Ce dernier la regarda droit dans les yeux et lui dit sur un ton à la fois amusé, moqueur, cassant, irrité :
- Eh ben, ma p’tite dame, faut pas rester scotchée comme ça devant les poubelles ! Et puis là, vous nous empêchez de faire notre boulot à nous. Alors si vous voulez qu’on continue notre ramassage, vous feriez bien de rentrer chez vous !
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Les déchets se rencontrèrent et créèrent une symphonie de bruits, klung, splotch, boïng, crac. Ils s’ajoutèrent au tas déjà constitué par les voisins, Monsieur Lebrun, Monsieur Sampion, Madame Bourdieu, Madame Vallet. Aurore se pencha sur le container et observa les différentes matières, visqueuses, cartonnées, striées, luisantes. De délicieuses effluves s’échappèrent et lui chatouillèrent les narines, notes âcres, piquantes, fétides, amères. Elle se recula promptement et découvrit un tableau coloré, vert kaki, orange, rouge, marron. Son œil s’y habitua et distingua d’étranges apparitions, la Tour Eiffel, la Vierge, Casimir, un nain. Elle fut surprise et se demanda si elle n’était pas folle, déjantée, atteinte, zinzin. Un groupe d’hommes s’approcha et elle entendit des voix, une éraillée, une grave, une rauque, une gutturale. Aurore leur fit face et observa des physiques opposés, un gros, un grand, un petit, un maigre. Ce dernier la regarda droit dans les yeux et lui dit sur un ton à la fois amusé, moqueur, cassant, irrité :
- Eh ben, ma p’tite dame, faut pas rester scotchée comme ça devant les poubelles ! Et puis là, vous nous empêchez de faire notre boulot à nous. Alors si vous voulez qu’on continue notre ramassage, vous feriez bien de rentrer chez vous !
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Coralie :
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Elles allaient rejoindre les déchets récoltés dans le reste de la maison, qui retraçaient les événements de la veille : une vingtaine d’adolescents libérés de toute autorité parentale avait envahi les lieux. Marie s’affairait alors, en ce dimanche matin, à redonner son apparence originale à ce qui n’était encore qu’un gigantesque champ de foire. Des verres éparpillés, des bouteilles vides et renversées, des cendriers débordant de mégots, des tâches poisseuses sur le parquet habituellement si bien ciré, des petits fours écrasés sur les murs, de jolies auréoles sur le bahut Louis XIV, des loques humaines gisant ça-et-là, dévêtues et enchevêtrées… Face à un tel chaos, Marie regrettait amèrement cette petite sauterie, dont les souvenirs n’étaient que bribes lointaines et vaporeuses. Aurait-elle pu deviner que ses chers amis, tous issus, comme elle, de bonnes familles, feraient preuve d’aussi peu d’éducation et de respect, d’autant de dépravation et d’incivilité ? Elle aurait pourtant dû prévoir que ces jeunes gens bien-sous-tous-rapports introduiraient chez elle alcools et produits illicites, eux qui, à quinze ans, ne souhaitent qu’une chose : s’amuser de la même manière que les personnages de leur feuilleton américain favori. Elle le savait, elle aurait dû prévoir que cette soirée se transformerait vite en une véritable orgie. Mais comment lutter ? Elle avait rapidement été dépassée par les péripéties. Aussi, elle ne pouvait s’opposer à ces nouveaux amis, par incapacité physique, mais surtout par lâcheté : ils l’avaient enfin laissée intégrer leur cercle très fermé, elle ne voulait pas en être exclue et se retrouver seule à nouveau. Elle devait donc à présent endosser ses responsabilités. La maison serait propre et rangée au retour de ses parents, il ne paraitrait plus aucune trace des réjouissances. Lorsqu’ils la questionneraient sur le bon déroulement des festivités, elle répondrait qu’il n’y a rien à signaler, aucun incident, c’était une soirée absolument parfaite.
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Elles allaient rejoindre les déchets récoltés dans le reste de la maison, qui retraçaient les événements de la veille : une vingtaine d’adolescents libérés de toute autorité parentale avait envahi les lieux. Marie s’affairait alors, en ce dimanche matin, à redonner son apparence originale à ce qui n’était encore qu’un gigantesque champ de foire. Des verres éparpillés, des bouteilles vides et renversées, des cendriers débordant de mégots, des tâches poisseuses sur le parquet habituellement si bien ciré, des petits fours écrasés sur les murs, de jolies auréoles sur le bahut Louis XIV, des loques humaines gisant ça-et-là, dévêtues et enchevêtrées… Face à un tel chaos, Marie regrettait amèrement cette petite sauterie, dont les souvenirs n’étaient que bribes lointaines et vaporeuses. Aurait-elle pu deviner que ses chers amis, tous issus, comme elle, de bonnes familles, feraient preuve d’aussi peu d’éducation et de respect, d’autant de dépravation et d’incivilité ? Elle aurait pourtant dû prévoir que ces jeunes gens bien-sous-tous-rapports introduiraient chez elle alcools et produits illicites, eux qui, à quinze ans, ne souhaitent qu’une chose : s’amuser de la même manière que les personnages de leur feuilleton américain favori. Elle le savait, elle aurait dû prévoir que cette soirée se transformerait vite en une véritable orgie. Mais comment lutter ? Elle avait rapidement été dépassée par les péripéties. Aussi, elle ne pouvait s’opposer à ces nouveaux amis, par incapacité physique, mais surtout par lâcheté : ils l’avaient enfin laissée intégrer leur cercle très fermé, elle ne voulait pas en être exclue et se retrouver seule à nouveau. Elle devait donc à présent endosser ses responsabilités. La maison serait propre et rangée au retour de ses parents, il ne paraitrait plus aucune trace des réjouissances. Lorsqu’ils la questionneraient sur le bon déroulement des festivités, elle répondrait qu’il n’y a rien à signaler, aucun incident, c’était une soirée absolument parfaite.
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Laëtitia So :
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Une odeur pestilentielle émana violemment de ce bouillon de culture, agressant ses narines au point qu’il eut un haut-le-cœur. Ses vêtements s’en trouvèrent imprégnés et il eut beau tourner la tête, il ne put plus sentir autre chose. Le mélange était en putréfaction depuis plus d’un mois dans l’appartement clos. Il courut ouvrir la fenêtre. Lorsqu’il revint, il découvrit que la mixture était vivante, larves, moucherons, moustiques et mouches s’en donnaient à cœur joie pour dévorer ce festin et se reproduire dans la moiteur de la décomposition. Se couvrant le bas du visage avec le bras, il entreprit de sortir le sac poubelle du bac pour le nouer mais lorsqu’il le souleva celui-ci se déchira net sous le poids des immondices qui se déversèrent sur ses pieds. Une semaine de déchets se répandit sur le plancher, dégoulinant du sac éventré ; il se souvint de son départ précipité. Il prit un autre sac dans lequel il transvasa l’ancien et le contenu odorant qui y restait. Puis, avec une éponge il tenta de rassembler en un tas le mélange éparpillé qui commençait à s’écouler entre les fentes du vieux plancher. Il fut bien obligé de libérer le bras qui cachait son visage pour pousser les ordures avec l’éponge vers la pelle. Pendant qu’il nettoyait énergiquement, il essaya de faire abstraction de l’odeur méphitique qui lui piquait le nez et d’oublier l’écœurement que provoquait chez lui ce spectacle répugnant. Une fois les ordures ramassées, il considéra l’énorme tache qui maculait le sol en pensant qu’elle était probablement indélébile. Il noua le sac et se dirigea vers le balcon pour respirer l’air encore frais du matin. L’effervescence du marché avait gagné la rue. Vu d’en haut, les bannes bigarrées et le va-et-vient des marchandises le réconfortèrent et le plongèrent dans les réminiscences de son enfance. Il se revit sur le marché Raspail, avec son père, tout deux tirés à quatre épingles, se livrant à un rituel social sans la moindre intention de faire des achats. Il aimait contempler les stands et observer le balai des clients qui échangeaient leurs billets et pièces contre des victuailles. Il fut tiré de son songe par les cris d’un primeuriste qui tentait d’appâter le chaland en vantant le goût exceptionnel de ses fraises. Rien n’avait changé pendant son séjour à Paris, seule la décomposition des déchets rappelait le temps écoulé.
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Une odeur pestilentielle émana violemment de ce bouillon de culture, agressant ses narines au point qu’il eut un haut-le-cœur. Ses vêtements s’en trouvèrent imprégnés et il eut beau tourner la tête, il ne put plus sentir autre chose. Le mélange était en putréfaction depuis plus d’un mois dans l’appartement clos. Il courut ouvrir la fenêtre. Lorsqu’il revint, il découvrit que la mixture était vivante, larves, moucherons, moustiques et mouches s’en donnaient à cœur joie pour dévorer ce festin et se reproduire dans la moiteur de la décomposition. Se couvrant le bas du visage avec le bras, il entreprit de sortir le sac poubelle du bac pour le nouer mais lorsqu’il le souleva celui-ci se déchira net sous le poids des immondices qui se déversèrent sur ses pieds. Une semaine de déchets se répandit sur le plancher, dégoulinant du sac éventré ; il se souvint de son départ précipité. Il prit un autre sac dans lequel il transvasa l’ancien et le contenu odorant qui y restait. Puis, avec une éponge il tenta de rassembler en un tas le mélange éparpillé qui commençait à s’écouler entre les fentes du vieux plancher. Il fut bien obligé de libérer le bras qui cachait son visage pour pousser les ordures avec l’éponge vers la pelle. Pendant qu’il nettoyait énergiquement, il essaya de faire abstraction de l’odeur méphitique qui lui piquait le nez et d’oublier l’écœurement que provoquait chez lui ce spectacle répugnant. Une fois les ordures ramassées, il considéra l’énorme tache qui maculait le sol en pensant qu’elle était probablement indélébile. Il noua le sac et se dirigea vers le balcon pour respirer l’air encore frais du matin. L’effervescence du marché avait gagné la rue. Vu d’en haut, les bannes bigarrées et le va-et-vient des marchandises le réconfortèrent et le plongèrent dans les réminiscences de son enfance. Il se revit sur le marché Raspail, avec son père, tout deux tirés à quatre épingles, se livrant à un rituel social sans la moindre intention de faire des achats. Il aimait contempler les stands et observer le balai des clients qui échangeaient leurs billets et pièces contre des victuailles. Il fut tiré de son songe par les cris d’un primeuriste qui tentait d’appâter le chaland en vantant le goût exceptionnel de ses fraises. Rien n’avait changé pendant son séjour à Paris, seule la décomposition des déchets rappelait le temps écoulé.
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Émeline :
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures, et autres détritus. Avant qu’ils ne se jettent tous dans le container, elle se remémora le passé. Quand il entendait le grincement du vide-ordures, il se précipitait toujours vers le bac : il escaladait le vieux vélo en ruines posé contre le mur et regardait ce qui tombait. Le mieux, c’est le soir, les gens jettent des choses vraiment très intéressantes ! Ils vivaient tous les deux dans un recoin du local, logés dans un trou du mur qui donne aussi accès aux compteurs électriques. Attention aux étincelles parfois ! Mais il y faisait suffisamment chaud et humide, il y avait de la place pour eux et une petite famille qui allait bientôt arriver. « Alors mon Fripouille prenait soin de moi. C’était le bon temps mes enfants ! Votre père était un rat incroyable ! », avait-elle l’habitude de raconter le soir, pendant le dîner. « Il ramenait souvent quelque chose d’inattendu, outre des croûtes de fromage qui pue, du jambon périmé, des bouts de viande avariés, des fruits pourris et tout le reste. Il m’offrait toujours un petit objet, que les hommes dédaignent, comme une capsule de champagne, un cure-dent, une boite d’allumettes vide dans laquelle on stockait ce qu’on pouvait garder quelques jours, ou les restes parfois, enfin des petites choses comme ça. » Fripouille avait été vu fouinant dans les déchets, et il avait essayé de s’enfuir, mais l’humain avait mis son pied devant la porte de la maison, et ce jour là, non seulement Fripouille avait été assassiné, mais l’humain avait trouvé où ils vivaient. Ils avaient dû s’enfuir, laissant tout derrière eux, même l’un d’eux, qui avait eu trop peur. Depuis, ils vivaient dans les égouts. Ils avaient rencontré beaucoup de familles comme eux, essayant de trouver un endroit où vivre en paix, mais finissaient toujours par revenir aux égouts, après avoir été découverts. Mais eux connaissaient l’endroit. Alors la nuit, ils se faufilaient en douce sous la porte pour se ruer vers un festin de rois. Bien sûr le trou avait été rebouché depuis, mais elle savait où nourrir convenablement ses enfants. Ils avaient défense de dire où ils allaient dîner, et elle veillait toujours à ce qu’on ne les suive pas. Même si les enfants ne se souvenaient pas de la mort de leur père et de la fuite, elle avait toujours une pensée pour lui et le petit nid qu’ils avaient construit ensemble. Mais c’était ça la vie de rat, vivre dans le risque permanent de se faire prendre et être obligé de déménager constamment. Alors elle avait choisi de rester vivre dans les égouts, avec les autres, même si cela lui compliquait énormément l’éducation des enfants, influencés par d’autres, beaucoup plus téméraires, n’hésitant pas à investir les cuisines d’un restaurant, ou même des habitations humaines. Elle s’était juré de ne jamais plus abandonner l’un des siens, ensemble pour toujours, dans la vie comme dans la mort.
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures, et autres détritus. Avant qu’ils ne se jettent tous dans le container, elle se remémora le passé. Quand il entendait le grincement du vide-ordures, il se précipitait toujours vers le bac : il escaladait le vieux vélo en ruines posé contre le mur et regardait ce qui tombait. Le mieux, c’est le soir, les gens jettent des choses vraiment très intéressantes ! Ils vivaient tous les deux dans un recoin du local, logés dans un trou du mur qui donne aussi accès aux compteurs électriques. Attention aux étincelles parfois ! Mais il y faisait suffisamment chaud et humide, il y avait de la place pour eux et une petite famille qui allait bientôt arriver. « Alors mon Fripouille prenait soin de moi. C’était le bon temps mes enfants ! Votre père était un rat incroyable ! », avait-elle l’habitude de raconter le soir, pendant le dîner. « Il ramenait souvent quelque chose d’inattendu, outre des croûtes de fromage qui pue, du jambon périmé, des bouts de viande avariés, des fruits pourris et tout le reste. Il m’offrait toujours un petit objet, que les hommes dédaignent, comme une capsule de champagne, un cure-dent, une boite d’allumettes vide dans laquelle on stockait ce qu’on pouvait garder quelques jours, ou les restes parfois, enfin des petites choses comme ça. » Fripouille avait été vu fouinant dans les déchets, et il avait essayé de s’enfuir, mais l’humain avait mis son pied devant la porte de la maison, et ce jour là, non seulement Fripouille avait été assassiné, mais l’humain avait trouvé où ils vivaient. Ils avaient dû s’enfuir, laissant tout derrière eux, même l’un d’eux, qui avait eu trop peur. Depuis, ils vivaient dans les égouts. Ils avaient rencontré beaucoup de familles comme eux, essayant de trouver un endroit où vivre en paix, mais finissaient toujours par revenir aux égouts, après avoir été découverts. Mais eux connaissaient l’endroit. Alors la nuit, ils se faufilaient en douce sous la porte pour se ruer vers un festin de rois. Bien sûr le trou avait été rebouché depuis, mais elle savait où nourrir convenablement ses enfants. Ils avaient défense de dire où ils allaient dîner, et elle veillait toujours à ce qu’on ne les suive pas. Même si les enfants ne se souvenaient pas de la mort de leur père et de la fuite, elle avait toujours une pensée pour lui et le petit nid qu’ils avaient construit ensemble. Mais c’était ça la vie de rat, vivre dans le risque permanent de se faire prendre et être obligé de déménager constamment. Alors elle avait choisi de rester vivre dans les égouts, avec les autres, même si cela lui compliquait énormément l’éducation des enfants, influencés par d’autres, beaucoup plus téméraires, n’hésitant pas à investir les cuisines d’un restaurant, ou même des habitations humaines. Elle s’était juré de ne jamais plus abandonner l’un des siens, ensemble pour toujours, dans la vie comme dans la mort.
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Laëtitia Sw :
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d’œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Vermont ne sursauta pas cette fois-ci. Il commençait à s’habituer au fracas régulier des déchets précipités par les ménagères de l’immeuble, forcément affairées, vu l’heure, à préparer le repas du soir. Il ne se préoccupait donc plus du bruit à l’intérieur de son cagibi et gardait un œil attentif dans la pénombre, à travers l’entrebâillement de la porte, sur le couloir et les escaliers qui menaient aux caves. La lumière jaillit tout à coup. Quelqu’un avait pressé l’interrupteur qui commandait la minuterie du sous-sol et il ne tarderait pas à surgir. Vermont referma rapidement la porte non sans avoir risqué un regard furtif hors de sa planque, mais rien à signaler, ce n’était pas son homme. Seul un gamin qui descendait un fatras d’objets jetés pêle-mêle dans un carton. Le détective regagna son coin sombre. La puanteur qui s’exhalait du vide-ordures lui devenait insupportable. Peuh ! Quel écœurement ! Les relents de détritus en décomposition et d’urine séchée lui retournaient atrocement l’estomac. Combien de temps allait-il encore rester coincé dans ce bouge à attendre ? Si, au moins, il avait pu en griller une. Il n’y avait pas à craindre ici, vu l’état de délabrement des lieux, qu’un détecteur de fumée se déclenche. Mais, mieux valait ne pas tenter le diable. Il se ferait repérer en cinq sec si l’homme s’avisait finalement à pointer le bout de son nez.
Les journaux du matin titraient que l’interrogation de mystérieux témoins avait permis à la police d’interpeller un individu suspecté de complicité dans la sordide affaire des jeunes filles assassinées au bord du canal. On s’orientait donc vers une piste sérieuse. Tu parles d’une piste ! Personne n’avait l’ombre d’un commencement de piste dans cette affaire ! Et puis, c’était bidon cette histoire de complices. Le type agissait seul, Vermont en était persuadé. De toute façon, il était bien trop tôt pour avoir une chance de coincer qui que ce soit. Et ce n’était pas en avançant de tels propos dans la presse qu’on y arriverait. Vermont connaissait la chanson. La maison Poulaga se mettrait en branle avec une guerre de retard, comme toujours, et au final, elle se retrouverait avec un macchabée déjà bien refroidi sur les bras. Un de plus. Si c’était à ça que devait les mener leur nouvelle piste... Pour le détective, l’idée d’un tueur mal dégrossi ne tenait pas la route. Il en était sûr, on était face à un autre genre de meurtrier, bien plus redoutable. Lui, il flairait le gros gibier, celui qui vous tient sur le fil du rasoir pendant des mois, qui vous colle des nuits d’insomnie et de sueurs froides, des réveils tourmentés dans le brouillard du matin. Il sentait que ce type n’agissait pas aussi impulsivement que le laissait supposer la sauvagerie de ses crimes. Non, bien au contraire, il était méthodique, prudent et rusé. Les conséquences prévisibles de ses instincts pervers n’en étaient que plus effroyables. À chaque fois qu’il essayait de mettre un visage sur ce sinistre individu, Vermont sentait un frisson glacé lui parcourir l’échine. Ses forces l’abandonnaient, son sang se figeait dans ses veines et un froid tenace l’envahissait. Il se retrouvait alors complètement amolli et transi jusqu’aux os. Le détective se mit à bouger péniblement son cou raidi et ses épaules douloureuses. Il fallait tenir le coup quel qu’en soit le prix. N’importe qui serait pétrifié en imaginant l’extase mortifère du monstre au moment suprême. Comment ne pas défaillir en pensant que celui-ci se délectait de convoquer la mort lors de longs tête-à-tête macabres ? Vermont se disait qu’il pourrait ne pas sortir indemne de ces incursions répétées dans un cerveau malade. Par ailleurs, il pestait intérieurement. Il savait qu’il n’était pas encore prêt de toucher au but. Il ne fallait pas compter que le type aille se fourvoyer dans le premier piège venu. La traque serait longue. Pour l’heure, elle n’avait même pas commencé. L’homme qu’il attendait ce soir était juste une petite frappe du quartier voisin, un jeune, diplômé en multi trafics. L’intérêt de le filer résidait dans sa serviabilité, si l’on peut dire, et sa discrétion. En effet, il était capable de remplir un nombre considérable de missions en tous genres, en un temps record, sans jamais rechigner ni poser de questions. Pas curieux le bonhomme, et efficace avec ça ! Vermont avait l’intuition qu’à un moment ou à un autre, il croiserait la route de l’assassin ; sûrement pas directement, plutôt par le biais d’intermédiaires, pour rendre, à son habitude, quelques menus services, sans importance apparente ; sauf que ceux-ci pourraient se révéler bigrement intéressants pour qui connaissait les détails de l’enquête. Voilà pourquoi Vermont trouvait utile de lui emboîter le pas dans ses pérégrinations nocturnes. Qui sait ? Il constituait peut-être le premier maillon de la longue chaîne qui le conduirait jusqu’au maniaque.
Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d’œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures. Vermont ne sursauta pas cette fois-ci. Il commençait à s’habituer au fracas régulier des déchets précipités par les ménagères de l’immeuble, forcément affairées, vu l’heure, à préparer le repas du soir. Il ne se préoccupait donc plus du bruit à l’intérieur de son cagibi et gardait un œil attentif dans la pénombre, à travers l’entrebâillement de la porte, sur le couloir et les escaliers qui menaient aux caves. La lumière jaillit tout à coup. Quelqu’un avait pressé l’interrupteur qui commandait la minuterie du sous-sol et il ne tarderait pas à surgir. Vermont referma rapidement la porte non sans avoir risqué un regard furtif hors de sa planque, mais rien à signaler, ce n’était pas son homme. Seul un gamin qui descendait un fatras d’objets jetés pêle-mêle dans un carton. Le détective regagna son coin sombre. La puanteur qui s’exhalait du vide-ordures lui devenait insupportable. Peuh ! Quel écœurement ! Les relents de détritus en décomposition et d’urine séchée lui retournaient atrocement l’estomac. Combien de temps allait-il encore rester coincé dans ce bouge à attendre ? Si, au moins, il avait pu en griller une. Il n’y avait pas à craindre ici, vu l’état de délabrement des lieux, qu’un détecteur de fumée se déclenche. Mais, mieux valait ne pas tenter le diable. Il se ferait repérer en cinq sec si l’homme s’avisait finalement à pointer le bout de son nez.
Les journaux du matin titraient que l’interrogation de mystérieux témoins avait permis à la police d’interpeller un individu suspecté de complicité dans la sordide affaire des jeunes filles assassinées au bord du canal. On s’orientait donc vers une piste sérieuse. Tu parles d’une piste ! Personne n’avait l’ombre d’un commencement de piste dans cette affaire ! Et puis, c’était bidon cette histoire de complices. Le type agissait seul, Vermont en était persuadé. De toute façon, il était bien trop tôt pour avoir une chance de coincer qui que ce soit. Et ce n’était pas en avançant de tels propos dans la presse qu’on y arriverait. Vermont connaissait la chanson. La maison Poulaga se mettrait en branle avec une guerre de retard, comme toujours, et au final, elle se retrouverait avec un macchabée déjà bien refroidi sur les bras. Un de plus. Si c’était à ça que devait les mener leur nouvelle piste... Pour le détective, l’idée d’un tueur mal dégrossi ne tenait pas la route. Il en était sûr, on était face à un autre genre de meurtrier, bien plus redoutable. Lui, il flairait le gros gibier, celui qui vous tient sur le fil du rasoir pendant des mois, qui vous colle des nuits d’insomnie et de sueurs froides, des réveils tourmentés dans le brouillard du matin. Il sentait que ce type n’agissait pas aussi impulsivement que le laissait supposer la sauvagerie de ses crimes. Non, bien au contraire, il était méthodique, prudent et rusé. Les conséquences prévisibles de ses instincts pervers n’en étaient que plus effroyables. À chaque fois qu’il essayait de mettre un visage sur ce sinistre individu, Vermont sentait un frisson glacé lui parcourir l’échine. Ses forces l’abandonnaient, son sang se figeait dans ses veines et un froid tenace l’envahissait. Il se retrouvait alors complètement amolli et transi jusqu’aux os. Le détective se mit à bouger péniblement son cou raidi et ses épaules douloureuses. Il fallait tenir le coup quel qu’en soit le prix. N’importe qui serait pétrifié en imaginant l’extase mortifère du monstre au moment suprême. Comment ne pas défaillir en pensant que celui-ci se délectait de convoquer la mort lors de longs tête-à-tête macabres ? Vermont se disait qu’il pourrait ne pas sortir indemne de ces incursions répétées dans un cerveau malade. Par ailleurs, il pestait intérieurement. Il savait qu’il n’était pas encore prêt de toucher au but. Il ne fallait pas compter que le type aille se fourvoyer dans le premier piège venu. La traque serait longue. Pour l’heure, elle n’avait même pas commencé. L’homme qu’il attendait ce soir était juste une petite frappe du quartier voisin, un jeune, diplômé en multi trafics. L’intérêt de le filer résidait dans sa serviabilité, si l’on peut dire, et sa discrétion. En effet, il était capable de remplir un nombre considérable de missions en tous genres, en un temps record, sans jamais rechigner ni poser de questions. Pas curieux le bonhomme, et efficace avec ça ! Vermont avait l’intuition qu’à un moment ou à un autre, il croiserait la route de l’assassin ; sûrement pas directement, plutôt par le biais d’intermédiaires, pour rendre, à son habitude, quelques menus services, sans importance apparente ; sauf que ceux-ci pourraient se révéler bigrement intéressants pour qui connaissait les détails de l’enquête. Voilà pourquoi Vermont trouvait utile de lui emboîter le pas dans ses pérégrinations nocturnes. Qui sait ? Il constituait peut-être le premier maillon de la longue chaîne qui le conduirait jusqu’au maniaque.
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