Es de noche y el mundo está quieto. Hay que entrar de puntillas al Diriá, pueblo de brujos, pueblo que crece sobre el cerro que en lo alto se quiebra y baja hacia la inmensa laguna de Apoyo. Las luces están apagadas. El pueblo duerme apoyado en el reflejo del agua. Han callado los ruidos de feria del domingo. Los cirqueros han doblado sus carpas. Las marimbas se han marchado. Las puertas están cerradas y en el parque acampan los gitanos que vienen de la América del Sur, que vinieron antes de Europa, de Egipto y de la India y mucho antes del paraíso terrenal donde una gitana anterior a Eva encantó a Adán y parió una raza de hombres sin pecado original. Se hace el silencio en los carromatos. Los niños sueñan y las mujeres cansadas terminan de apagar el fuego, mientras los hombres fuman encendiendo los cigarros con los tizones aún rojos. Cerca de uno de los carromatos, una mujer y un hombre discuten como si contaran secretos. Dicen odiarse. Se irá, dice la mujer, no quiere verle más, no quiere oírle, se irá con los suyos, con los que no son gitanos, no quiere más la familia, los detesta a todos. El gitano fuma despacio y no le contesta. La mujer se levanta, entra al carromato, mira a la niña dormida dentro y sale sin que el gitano, de espaldas, se vuelva. La niña no está dormida, ha escuchado la discusión acobardada, con miedo. Ve la silueta de la madre desaparecer y se inclina, se pone los zapatos y decide seguirla. Sale al viento oscuro que sopla desde la laguna.
Gioconda Belli, Sofia de los presagios
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Laëtitia Sw nous propose sa traduction :
Il fait nuit et le monde est silencieux. Il faut entrer sur la pointe des pieds au Diriá, village de sorciers, village grimpant sur la colline qui se brise tout en haut et descend vers l’immense lagune de Apoyo. Les lumières sont éteintes. Le village dort, appuyé au reflet de l’eau. Les bruits de la fête dominicale se sont tus. Les acrobates ont démonté leurs chapiteaux. Les tam-tams s’en sont allés. Les portes sont fermées et dans le parc campent les gitans qui viennent d’Amérique du Sud, qui sont venus avant d’Europe, d’Égypte et d’Inde et bien avant du paradis terrestre où une gitane précédant Ève a enchanté Adam et a engendré une race d’hommes exempte du péché originel. Le silence se fait dans les roulottes. Les enfants rêvent et les femmes fatiguées finissent d’éteindre le feu, tandis que les hommes fument, allumant leurs cigarettes aux tisons encore rouges. Près d’une des roulottes, une femme et un homme discutent comme s’ils se racontaient des secrets. Ils disent se haïr. Il doit partir, dit la femme, elle ne veut plus le voir, elle ne veut pas l’entendre, il doit partir avec les siens, avec ceux qui ne sont pas gitans, elle n’aime plus sa famille, elle les déteste tous. Le gitan fume lentement et ne lui répond pas. La femme se lève, entre dans la roulotte, regarde la petite fille endormie à l’intérieur et sort sans que le gitan, de dos, ne se retourne. La petite fille n’est pas endormie, elle a écouté la discussion, impressionnée, apeurée. Elle voit la silhouette de sa mère disparaître, alors elle se penche, met ses chaussures et décide de la suivre. Elle sort dans le vent obscur qui souffle depuis la lagune.
Il fait nuit et le monde est silencieux. Il faut entrer sur la pointe des pieds au Diriá, village de sorciers, village grimpant sur la colline qui se brise tout en haut et descend vers l’immense lagune de Apoyo. Les lumières sont éteintes. Le village dort, appuyé au reflet de l’eau. Les bruits de la fête dominicale se sont tus. Les acrobates ont démonté leurs chapiteaux. Les tam-tams s’en sont allés. Les portes sont fermées et dans le parc campent les gitans qui viennent d’Amérique du Sud, qui sont venus avant d’Europe, d’Égypte et d’Inde et bien avant du paradis terrestre où une gitane précédant Ève a enchanté Adam et a engendré une race d’hommes exempte du péché originel. Le silence se fait dans les roulottes. Les enfants rêvent et les femmes fatiguées finissent d’éteindre le feu, tandis que les hommes fument, allumant leurs cigarettes aux tisons encore rouges. Près d’une des roulottes, une femme et un homme discutent comme s’ils se racontaient des secrets. Ils disent se haïr. Il doit partir, dit la femme, elle ne veut plus le voir, elle ne veut pas l’entendre, il doit partir avec les siens, avec ceux qui ne sont pas gitans, elle n’aime plus sa famille, elle les déteste tous. Le gitan fume lentement et ne lui répond pas. La femme se lève, entre dans la roulotte, regarde la petite fille endormie à l’intérieur et sort sans que le gitan, de dos, ne se retourne. La petite fille n’est pas endormie, elle a écouté la discussion, impressionnée, apeurée. Elle voit la silhouette de sa mère disparaître, alors elle se penche, met ses chaussures et décide de la suivre. Elle sort dans le vent obscur qui souffle depuis la lagune.
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Sonita nous propose sa traduction :
C’est la nuit et le monde ne bouge pas. Il faut entrer sur la pointe des pieds au Diriá, village de sorciers, village qui pousse sur la colline qui se brise au sommet et descend vers l’immense lagune d’Apoyo. Les lumières sont éteintes. Le village dort juché sur le reflet de l’eau. Les bruits de la foire du dimanche se sont tus. Les hommes du cirque ont plié leurs chapiteaux. Les marimbas s’en sont allés. Les portes sont fermées et dans le parc campent les gitans qui viennent d’Amérique du Sud, qu’avant arrivèrent d’Europe, d’Egypte et de l’Inde et bien avant du paradis terrestre où une gitane antérieure à Ève charma Adam et accoucha d’une race d’hommes exempts du péché originel. Le silence se fait dans les roulottes. Les enfants rêvent et les femmes fatiguées finissent d’éteindre le feu, alors que les hommes fument en allumant les cigarettes avec les tisons encore rouges. Près de l’une des roulottes, une femme et un homme se disputent comme s’ils se racontaient des secrets. Ils disent se haïr. Elle partira, dit la femme, elle ne veut plus le voir, ni plus l’entendre, elle partira avec les siens, avec ceux qui ne sont pas des gitans, elle ne veut plus de la famille, elle les déteste tous. Le gitan fume lentement et ne lui répond pas. La femme se lève, entre dans la roulotte, regarde la petite fille endormie et sort sans que le gitan, qui lui tourne le dos, ne se retourne. La petite fille ne dort pas, elle a écouté la dispute, inquiète, apeurée. Elle voit la silhouette de la mère disparaître et elle se baisse, met les chaussures et décide de la suivre. Elle sort dans le vent obscur qui souffle depuis la lagune.
C’est la nuit et le monde ne bouge pas. Il faut entrer sur la pointe des pieds au Diriá, village de sorciers, village qui pousse sur la colline qui se brise au sommet et descend vers l’immense lagune d’Apoyo. Les lumières sont éteintes. Le village dort juché sur le reflet de l’eau. Les bruits de la foire du dimanche se sont tus. Les hommes du cirque ont plié leurs chapiteaux. Les marimbas s’en sont allés. Les portes sont fermées et dans le parc campent les gitans qui viennent d’Amérique du Sud, qu’avant arrivèrent d’Europe, d’Egypte et de l’Inde et bien avant du paradis terrestre où une gitane antérieure à Ève charma Adam et accoucha d’une race d’hommes exempts du péché originel. Le silence se fait dans les roulottes. Les enfants rêvent et les femmes fatiguées finissent d’éteindre le feu, alors que les hommes fument en allumant les cigarettes avec les tisons encore rouges. Près de l’une des roulottes, une femme et un homme se disputent comme s’ils se racontaient des secrets. Ils disent se haïr. Elle partira, dit la femme, elle ne veut plus le voir, ni plus l’entendre, elle partira avec les siens, avec ceux qui ne sont pas des gitans, elle ne veut plus de la famille, elle les déteste tous. Le gitan fume lentement et ne lui répond pas. La femme se lève, entre dans la roulotte, regarde la petite fille endormie et sort sans que le gitan, qui lui tourne le dos, ne se retourne. La petite fille ne dort pas, elle a écouté la dispute, inquiète, apeurée. Elle voit la silhouette de la mère disparaître et elle se baisse, met les chaussures et décide de la suivre. Elle sort dans le vent obscur qui souffle depuis la lagune.
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