mardi 30 octobre 2012

Exercice d'écriture 3 – par Justine Ladaique


« Dialogue avec mon chat »

Moi, c'est Nicolas, 25 ans et dans ma vie, rien ne va ou plutôt tout va de travers.
J'ai toujours rêvé d'être chanteur, mais cette perspective effrayait mes parents : Mon père disait toujours « tu ne vas pas aller grossir le nombre de ces ratés !  » Ma mère, quant à elle, me tenait des propos guère plus tempérés « Si tu connais pas le succès auquel tu aspires, après un réveil douloureux, tu tomberas dans la drogue ou tu sombreras dans l'alcool… Je t'en prie, garde les pieds sur terre, ta guitare et ta voix ne te permettront pas de vivre, alors que l'entreprise familiale, elle, oui ! On a tous suivi le même chemin, on s'en est tous sortis. »
Oui mais voilà, aujourd'hui, l'entreprise était au bord de la faillite, on allait déposer le bilan ; ma copine venait de me quitter après m'avoir balancé « Toute façon t'es mou, t'as aucune ambition, je m'ennuie avec toi, c'est fini, j'me casse ! ». Je n'avais plus qu'une envie me vider la tête, ne penser à rien ; j'ai donc décidé d'aller marcher et, me laissant porter au gré de mes pas, j'ai fait la connaissance de celui qui allait devenir Caramel, c'était un petit chaton roux de quelques mois, errant, une pate cassée, il a dardé sur moi ses grands yeux verts et à cet instant on a su, lui et moi, que nous deux, c'était pour la vie, nous nous comprenions en silence.
J'ai donc ramené mon nouveau compagnon chez moi, je l'ai soigné, nourri, choyé… Avoir quelqu'un sur qui veiller, m'avait permis de releguer mes problèmes au second plan mais, malheureusement, ça n'a pas duré longtemps.
En effet, tous les soirs, je m'affalais sur le canapé une bouteille de wisky à la main, sans un regard pour Caramel, qui, me laissant noyer mon chagrin, restait tapi dans son coin. Néanmoins, un jour, il avait dû juger que ça suffisait, il ne m'a pas laissé aller m'asseoir ;  il a enroulé sa queue autour de ma jambe et s'est mis à faire des bonds, m'empêchant ainsi d'avancer et m'obligeant à lâcher mon précieux breuvage dont la bouteille s'est fracassée par terre. Les paroles de ma mère me revenaient aux oreilles, et j'ai marmonné entre mes dents : « Pas besoin de chanter pour sombrer…»
Le ménage fait, j'ai fondu en larmes et Caramel a grimpé sur mes genoux et s'est lové contre moi. Je lui ai promis que je ne boirai plus, que j'allais reprendre ma vie en main, il ronronnait de satisfaction. Je suis allé chercher ma guitare, j'ai plaqué quelques accords, puis j'ai laissé mon inspiration faire le reste. Mon public paraissait enchanté, en effet, Caramel agitait frénétiquement ses pattes de velours sur les cordes.
Maintenant, du matin au soir, je composais des mélodies, écrivais des paroles. J'avais même pris rendez-vous avec une maison de disques pour présenter mon travail et j'étais serein, je savais que réussite ou coup de blues, Caramel serait là !

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