« Dialogue avec mon chat »
— Broute-Minou-Miaou… Où es-tu mon petit chatounet ?
— Je vous dis de pas m’appeler Broute-Minou-Miaou ! Vous avez pas trouvé plus ridicule, non ? Broute-Minou-Miaou… Non mais vous vous rendez compte, la honte que je me tape quand vous m’appelez comme ça dans la rue avec votre petite voix niaise ? Je suis la risée de tous les chats du quartier ! Vous auriez pas pu me donner un nom normal comme Félix, Caramel ou Réglisse, par exemple ? Même Garfield ou Grosminet ça aurait été moins pire !
— Et nous, tu crois pas qu’on se tape la honte en t’enregistrant sous le nom de Broute-Minou-Miaou chez le véto ? Fallait pas venir te frotter contre nos jambes en ronronnant « broutt broutt » quand t’essayais de nous amadouer pour qu’on t’adopte. Si t’avais fait « miaou » comme n’importe quel autre chat, on t’aurait appelé Minou tout court et ça aurait été plus simple pour tout le monde.
— Mouais… N’empêche que là, vous avez fait fort ! Après, vous vous étonnez que je revienne avec plein de griffures et d’abcès… C’est que je suis la tête de Turc du quartier à cause de vous, moi !
— Et ça nous coûte bien cher en frais de véto, merci ! Et si à partir de maintenant on t’appelait Dark Vador en criant bien fort, les autres te ficheraient la paix ?
— N’y pensez même pas ! Foutu pour foutu… Puis ça attriste bien les mamies de la résidence de me voir tout boiteux et sanguinolent. Elles me donnent du thon en rab. La vieille du 5e, en échange de quelques miaous suppliants et de quelques ronrons simulés quand elle pose sa vieille main ridée sur mon doux pelage, elle me donne la moitié de son repas ! C’est pas cher payé ! Surtout quand on voit la merde que vous me filez à bouffer ici ! Des croquettes au saumon… Je peux vous dire que c’est pas le même saumon que celui qu’elle mange, la vieille du 5e !
— Le nom, les croquettes… T’as d’autres revendications à faire ou ça va ? Non, parce que je te rappelle quand même qu’on n’était pas obligés de t’adopter. On voulait pas de chat, à la base, nous !
— Non, le reste ça va à peu près… Mmm… si ! J’aimerais avoir une place sur le canapé, aussi. Je veux dire, une place où on me vire pas tout le temps, une place attitrée. Parce que c’est chiant de devoir bouger son cul toutes les deux ou trois heures parce que l’envie vous prend de vouloir regarder un truc nul et bruyant à la télé. Les autres chats, eux, ils ont un petit panier tout douillet où on les emmerde pas. Rien que pour eux.
— Du saumon et un panier pour mon petit Broute-Minou-Miaou… Puis quoi encore ? Si je cède pas, tu vas encore faire le coup de la souris décapitée sous l’oreiller ou de l’oiseau gobé puis vomi sur le canapé, c’est ça ?
— Non, le coup de l’oiseau vomi je te jure que j’ai pas fait exprès. Je savais pas que mon estomac allait pas supporter. Puis, il était pas si dégueulasse au goût, même s’il était déjà à moitié rongé par les vers… Avec les croquettes moisies que vous me filez à manger, faut pas vous étonner, aussi…
— Comment ça, rongé par les vers? T’avais même pas fait l’effort de le chasser ? C’est la meilleure, celle-là ! Et avec tes conneries, c’est moi qui me coltine l’oiseau véreux gobé puis rendu à moitié digéré sur le canapé ! Et tu réclames du saumon et un panier ?
— Ben oui, du saumon pour pas gerber et un panier pour, au cas où, ne pas salir votre si joli canapé…
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