mardi 9 avril 2013

Entraînement de CAPES 8


Cuando sus piernas (bien torneadas y tal y cual) entraron en mi local de trabajo, yo ya llevaba varios años hecho un merluzo. Pero aunque con esta súbita aparición dio comienzo la aventura que me propongo relatar a renglón seguido, no dispondría el lector de los datos necesarios para comprender bien sus entresijos si no los retrotrajese (al lector y el relato) a un momento anterior, e incluso a sucesos previos, y no expusiese del modo más sucinto un prolegómeno.
El momento anterior al que he aludido fue aquel en que vinieron a decirme que nuestro querido director, el doctor Sugrañes, el compasivo, el misericordioso, me convocaba sin demora a su despacho. Al que acudí con más extrañeza que miedo, ya que por aquellas fechas el doctor Sugrañes no se dejaba ver de nadie, y menos de mí, a quien no había dirigido una palabra ni un ademán ni una mirada en los últimos tres o cuatro años, es decir, desde que se dio por archivado mi caso o, por lo menos, desde que fue traspapelada primero y definitivamente perdida luego la carpeta que contenía la documentación de referencia, de resultas de lo cual cayó sobre mi persona física y jurídica un espeso silencio administrativo en el cual ni mi voz ni mis escritos ni mis actos habían logrado abrir la menor brecha. La causa de mi encierro había sido olvidada de antiguo y como no había argumento alguno que la pusiera en cuestión, salvo los míos, y como sea que mi pasado remoto, mi aspecto externo y algunos episodios aislados de mi vida reciente (dentro y fuera de los muros del establecimiento) no favorecían mi credibilidad, sino todo lo contrario,  nada hacía prever que mis días en aquel honorable hospedaje fueran a concluir,  salvo de modo harto macabro.
—Pase, pase, distinguido caballero, y sírvase tomar asiento. ¿A qué debo el honor de su visita? —fueron las palabras que acogieron mi silueta bajo el dintel.

Eduardo Mendoza, El tocador de mujeres


***

Iván nous propose sa traduction :

Lorsque ses jambes (bien façonnées et telles quelles) pénétrèrent dans mon lieu de travail, cela faisait déjà plusieurs années que j’étais devenu un crétin. Et même si cette vision soudaine déclencha l’aventure que je me propose de raconter tout de suite, le lecteur serait démuni des données nécessaires pour bien comprendre ses mystères à moins que je ne les ramène (et le lecteur et le récit) à un moment antérieur, voire même à des événements préalables, et que je n’expose de la manière la plus succincte une introduction.
Le moment antérieur auquel j’ai fait référence fut celui où l’on m’annonça que notre cher directeur,  le docteur Sugrañes, le compassif, le miséricordieux,  me convoquait sans délai dans son bureau. Je m’y rendis avec plus d’étonnement que de peur, puisqu’à cette époque le docteur Sugrañes ne se laissait voir par personne, et encore moins par moi, à qui il n’avait pas adressé la parole, ni un geste ni un regard pendant les trois ou quatre dernières années, c’est-à-dire depuis que mon cas fut déclaré affaire classée ou, au moins, depuis que mon dossier contenant la documentation de référence s’égara d’abord, puis se perdit pour de bon, à la suite de quoi tomba sur ma personne physique et juridique un lourd silence administratif dans lequel ni ma voix ni mes actes avaient réussi à ouvrir une brèche. Cela faisait belle lurette que la cause de mon enfermement avait été oubliée et vu qu’il n’y avait d’autres arguments que les miens pour la mettre en question, et qu’en plus mon passé éloigné, mon aspect externe et quelques épisodes isolés de ma vie récente (aussi bien à l’intérieur qu’en dehors des murs de l’établissement) ne contribuaient pas à ma crédibilité,  mais bien au contraire, rien ne laissait prévoir que j’allais finir mes jours dans cette honorable pension,  si ce n’était que d’une manière macabre.
—Entrez,  entrez, illustre Monsieur, et veuillez prendre place. Puis-je savoir à quel honneur se doit votre visite? —ce furent les propos qui accueillirent ma silhouette sous le linteau.

***

Aurore nous propose sa traduction :

Quand ses jambes (bien faites et cetera) entrèrent sur mon lieu de travail, j'étais devenu niais depuis plusieurs années déjà. Mais, bien que l'aventure, que je m'apprête à vous raconter immédiatement, commença avec cette subite apparition, le lecteur ne disposerait pas des informations nécessaires pour bien en comprendre les dessous si je ne les faisais pas remonter (le lecteur et le récit) à un moment antérieur,  et même à des évènements précédents, et si je n'exposais pas des prolégomènes de la manière la plus succincte.
Ce moment antérieur, auquel j'ai fait allusion, fut celui où on vint me dire que notre cher directeur, le docteur Sugrañes, le compatissant, le miséricordieux, me convoquait sans plus attendre dans son bureau. Auquel je me rendis avec plus d'étonnement que de peur, puisqu'aux alentours de ces dates-là le docteur Sugrañes ne se laissait voir de personne, et encore moins de moi, à qui il n'avait pas adressé un seul mot, ni un geste, ni un regard ces trois ou quatre dernières années, c'est-à-dire, depuis que mon cas fut déclaré classé, ou, au moins, depuis que la chemise qui contenait la documentation de référence fut égarée d'abord, puis définitivement perdue, à la suite de quoi un épais silence administratif tomba sur ma personne physique et juridique,  dans lequel ni ma voix, ni mes écrits, ni mes actes n'avaient réussi à ouvrir la moindre brèche. La cause de mon enfermement avait été oubliée depuis longtemps et comme il n'y avait aucun argument qui la remît en question, à part les miens, et en considérant que mon passé lointain,  mon aspect extérieur et quelques épisodes isolés de ma vie récente (au sein et en dehors des murs de l'établissement) ne favorisaient pas ma crédibilité, bien au contraire, rien ne laissait présager que mes jours dans cet honorable asile allaient se terminer, sauf de façon tout à fait macabre.
-Entrez,  entrez, cher Monsieur, et prenez un siège. Que me vaut l'honneur de votre visite ? furent les mots qui accueillirent ma silhouette sous le linteau.

***

Nadia nous propose sa traduction :

Quand ses jambes (bien faites et cetera) entrèrent dans mon bureau, cela faisait plusieurs années déjà que j’étais devenu un idiot. Mais bien que cette subite apparition représente le point départ de l’aventure que je me propose de relater d’une seule traite, le lecteur ne disposerait pas des données nécessaires pour bien en comprendre les dessous, si je ne les faisais pas remonter (le lecteur et le récit) à un moment antérieur, voire à des événements passés, et si je n’exposais pas de la façon la plus succincte possible un prolégomènes.
Le moment antérieur auquel j’ai fait allusion est celui où on était venu me dire que notre cher directeur, le docteur Sugrañes, le compatissant, le miséricordieux, me convoquait immédiatement dans son bureau. Je m’y étais présenté davantage par curiosité que par peur, puisque à cette époque-là, le docteur Sugrañes ne se laissait voir de personne, et encore moins de moi, ne m’ayant pas adressé une parole ni un geste ni un regard depuis les trois ou quatre années précédentes ; c’est-à-dire depuis que mon affaire avait été classée, ou du moins, depuis que le dossier qui contenait les documents de référence avait été égaré d’abord puis totalement perdu, à la suite de quoi, un lourd silence administratif était tombé sur ma personne physique et juridique. Silence dans lequel, ni ma voix ni mes écrits ni mes actes avaient pu ouvrir la moindre brèche. Le motif de mon enfermement avait été oublié depuis longtemps et comme il n’y avait aucun argument qui le remette en question, à part les miens ; et si, en plus, mon passé lointain, mon aspect extérieur et certains épisodes isolés de ma vie récente (à l’intérieur et à l’extérieur des murs de l’établissement) n’allaient pas en faveur de ma crédibilité – bien au contraire – rien ne laissait présager que mes jours dans cet honorable demeure allaient se terminer, si ce n’est d’une manière assez macabre. 
—Entrez, entrez, cher monsieur, et prenez place. Que me vaut l’honneur de votre visite ? – furent les mots qui accueillirent ma silhouette sous le linteau.

Aucun commentaire: