vendredi 1 janvier 2010

Exercice de version, 42

Llovía a cántaros sobre la pequeña ciudad de New London, en el estado de Connecticut. Los únicos que se movían por las calles, en medio de la desapacible noche, eran algunos automóviles con sus luces desvaídas por el aguacero. La mujer había corrido rasgando la cortina de agua, e intentando protegerse con su gruesa gabardina y su gorro, hasta la puerta de la iglesia católica polaca de San Pedro y San Pablo. Tosía mucho, con una tos que sonaba irónicamente seca. Detenida bajo el arco que protegía la entrada, se sacudió como un perro empapado y llamó al timbre. El sonido pareció perderse en la soledad de la oscura noche. La mujer insistió repetidas veces, hasta que por fin una voz sonó desde dentro, retumbando en los muros interiores como un eco de otro mundo.
—¡Ya va! ¡Ya va! Va usted a quemar el timbre...
Un sacerdote en pijama y bata abrió la pesada hoja de madera de la puerta. Era de mediana edad, con el pelo cano y desaliñado y el rostro ancho. Tenía una altura considerable, a pesar de cierto encorvamiento de espalda con el que había nacido. Al menos levantaba veinte centímetros sobre la mujer que lo había despertado a esas horas tan intempestivas.
—¿Qué es lo que quiere? —dijo el sacerdote, sin reconocer a quien fuera tantas veces a su iglesia.
—Confesión, padre. Necesito confesarme. Ahora mismo.
—¿ Seguro que no puede esperar hasta mañana ? No creo que esté usted en peligro de muerte, como para pedir que la confiesen a estas horas.
La mujer esbozó una amarga sonrisa y replicó en tono angustiado :
—Le juro por Dios que lo necesito. Ahora.
—Ande, ande, pase. Está usted calada —dijo el cura, haciéndose a un lado para dejarla entrar—. Y no use el nombre de Dios en vano.
Aquella mujer, una médico psiquiatra llamada Audrey Barrett, no había usado el nombre de Dios en vano. No aquella noche. En el momento en que atravesaba el umbral de la iglesia, un trueno rasgó el enfurecido cielo. Y la lluvia pareció intensificarse aún más. Millones de seres dormían a esas horas, plácidamente, sin sospechar siquiera el horror inimaginable encerrado en el secreto que la doctora Barrett ya nunca llegaría, a comprender.
No sabía cómo explicar al párroco lo que le había sucedido; cuál era el secreto que llevaba en su alma. Algo que, para ella, había comenzado tan sólo unas semanas atrás.
Un secreto que ni la misma muerte podía borrar...

David Zurdo y Ángel Gutiérrez, 616 Todo es infierno

***

La traduction que je vous propose :

Il pleuvait à verse sur la petite ville de New London, dans l'état du Connecticut. Il n'y avait guère que les automobiles, avec leurs lumières rendues pâles et floues à cause la pluie battante, pour circuler dans les rues au beau milieu de cette nuit maussade. La femme avait couru, contrainte de déchirer le rideau d'eau, en essayant de se protéger à l'aide d'une épaisse gabardine et de son bonnet, jusqu'à l'église catholique polonaise de Saint Pierre et Saint Paul. Elle toussait beaucoup, avec une toux ironiquement sèche. Arrêtée sous l'arche qui abritait l'entrée, elle se secoua tel un chien trempé et appuya sur la sonnette. Le bruit parut se perdre dans la solitude de la nuit noire. L'inconnue revint à la charge, à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'enfin, une voix se fasse entendre à l'intérieur, résonnant contre les murs, comme l'écho d'un autre monde.
— Ça vient ! Ça vient ! Vous allez me griller cette sonnette…
Un prêtre en pyjama et robe de chambre ouvrit le lourd panneau en bois de la porte. Il était d'âge moyen, avait les cheveux gris et en bataille, un visage large. Il était incroyablement grand, et ce en dépit d'un dos passablement voûté depuis sa naissance. Il dépassait d'au moins vingt centimètres sa visiteuse qui l'avait réveillé à une heure aussi indue.
— Que voulez-vous ? lui demanda-t-il, sans reconnaître celle qui s'était pourtant tant de fois rendue dans son église.
— La confession, mon Père. J'ai besoin de me confesser. Tout de suite.
— Vous êtes certaine que cela ne peut pas attendre jusqu'à demain ? Je ne crois pas que vous soyez en danger de mort, au point qu'il vous faille vous confesser à une heure pareille.
Un sourire amer se dessina vaguement sur les lèvres de son interlocutrice, qui répliqua sur un ton chargé d'angoisse :
— Je vous jure devant Dieu que j'en ai besoin. Immédiatement.
— Bon, bon, entrez, répondit le curé, en lui cédant le passage. Et ne mentionnez pas le nom de Dieu pour rien.
Cette femme, une psychiatre nommée Audrey Barrett, n'avait certes pas mentionné le nom de Dieu pour rien. Pas cette nuit-là. À l'instant où elle franchissait le seuil de l'église, un éclair traversa le ciel furieux. La pluie, elle, sembla encore redoubler. À ce moment-là, des millions d'êtres dormaient, paisiblement, sans même soupçonner l'horreur inimaginable que renfermait le secret que le docteur Barrett ne devait jamais comprendre.
Elle ne savait comment expliquer à l'homme d'église ce qu'il s'était passé ; le secret que recelait son âme, quelque chose qui, pour elle, avait commencé à peine quelques semaines auparavant.
Un secret que même la mort ne pouvait effacer…


***

Marie G. nous propose sa traduction :

Il pleuvait à verse sur la petite ville New London, dans l’état du Connecticut. Seules quelques voitures, aux phares estompés par l’averse, se bougeaient dans les rues, au milieu d’une nuit maussade. La femme avait couru, en déchirant le rideau d’eau et en tentant de se protéger avec son imperméable et son bonnet, jusqu’à la porte de l’église polonaise de Saint Pierre et Saint Paul. Elle toussait beaucoup, d’une toux qui était ironiquement sèche. Immobile sous l’arc qui protégeait l’entrée, elle se secoua comme un chien mouillé et elle sonna à la porte. La sonnette sembla se perdre dans la solitude de l’obscure nuit. La femme insista plusieurs fois, jusqu’à ce qu’enfin une voix se fit entendre de l’intérieur, retentissant sur les murs intérieurs comme l’écho d’un autre monde.

— J’arrive ! J’arrive ! A force de sonner, vous allez casser la sonnette…
Un curé en pyjama et en robe de chambre ouvrit le lourd battant en bois de la porte. Il était d’âge moyen, les cheveux blancs et mal coiffés, et le visage large. Il était d’une hauteur considérable, malgré le dos courbé qu'il avait depuis sa naissance. Il faisait au moins vingt centimètres de plus que la femme qui l’avait réveillé à ces heures intempestives.
— Qu’est-ce que vous voulez ? dit le curé, sans reconnaître celle qui se rendit tant de fois à son église.
— Me confesser, mon père. J’ai besoin de me confesser. Tout de suite.
— Vous êtes sûre que cela ne peut pas attendre demain ? je ne crois pas que vous soyez en danger de mort, pour demander qu’on vous confesse à cette heure-là.
La femme ébaucha un sourire amère et répliqua sur un ton angoissé :
— Je jure devant Dieu que j’en ai besoin. Tout de suite.
— Allez, allez, entrez. Vous êtes trempée- répondit le curé, se mettant de côté pour la laisser passer. Et n’employez pas le nom de Dieu en vain!
Cette femme, un médecin psychiatre appelée Audrey Barett, n’avait pas utilisé le nom de Dieu en vain. Pas cette nuit-là en tous cas. Au moment où elle traversa le seuil de l’église, un éclair déchira le ciel furieux. Et la pluie sembla s’intensifier plus encore. Des millions d’êtres dormaient à cette heure-là, paisiblement, sans même soupçonner l’horreur inimaginable enfermée dans le secret que le docteur Barett n’arriverait donc jamais à comprendre.
Elle ne savait pas comment expliquer au prêtre ce qui s’était passé ; quel était le secret qu’elle portait en son âme. Quelque chose qui, pour elle, avait commencé quelques semaines auparavant. Un secret que pas même la mort ne pourrait effacer…

***

Morgane nous propose sa traduction :

Il pleuvait à verse sur la petite ville de New London, dans l’état du Connecticut. Les seules à remuer dans les rues, au milieu de la nuit désagréable, étaient quelques automobiles avec leurs lumières éteintes par l’averse. La femme avait couru en déchirant le rideau d’eau et en essayant de se protéger à l’aide de son épaisse gabardine et de son bonnet, jusqu’à la porte de l’église catholique polonaise de Saint Pierre et de Saint Paul. Elle toussait beaucoup, d’une toux qui résonnait ironiquement fort. Immobilisée sous l’arc qui protégeait l’entrée, elle se secoua tel un chien trempé et sonna à la porte. Le son sembla se perdre dans la solitude de la nuit obscure. La femme insista à maintes reprises, jusqu’à ce qu’enfin une voix retentisse de l’intérieur, résonnant entre les murs intérieurs tel un écho venu d’un autre monde.
– J’arrive ! J’arrive ! Vous allez casser la sonnette…
Un prêtre en pyjama et robe de chambre ouvrit le lourd volet en bois de la porte. Il était d’un âge mûr, avec les cheveux blancs et en bataille et le visage large. Il était de très haute taille, malgré un dos courbé qu’il avait hérité à la naissance. Il dépassait d’au moins vingt centimètres la femme qui l’avait réveillée à une heure indue.
– Que voulez-vous ? dit le prêtre, sans reconnaître celle qui s’était rendue si souvent à son église.
– Vous êtes certaine de ne pas pouvoir attendre demain ? Je ne pense pas que vous soyez en danger de mort, pour me demander que je vous confesse à une telle heure.
La femme esquissa un sourire amer et répliqua sur un ton angoissé :
– Je vous jure, mon Dieu, je vous en prie, j’en ai besoin. Maintenant.
– Allez, allez, entrez. Vous êtes trempée, dit le prêtre en se mettant sur le côté pour lui céder le passage. Et n’utilisez pas le nom de Dieu en vain.
Cette femme, un médecin psychiatre du nom d’Audrey Barrett, n’avait pas utilisé en vain le nom de Dieu. Pas cette nuit. Au moment où elle traversait le seuil de l’église, le tonnerre déchira le ciel furieux. Et la pluie semblait tomber de plus belle. Des millions d’âmes dormaient à ces heures, placidement, sans même soupçonner l’horreur inimaginable que refermait le secret que le docteur Barrett ne parviendrait jamais, à comprendre.
Elle ne savait pas comment expliquer au curé ce qui lui était arrivé ; la nature du secret qu’elle portait dans son âme. Quelque chose qui, pour elle, avait commencé seulement quelques semaines auparavant. Un secret que même la mort ne pouvait effacer…

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