dimanche 3 janvier 2010

Exercice de version, 44

Leyenda del Volcán

Hubo en un siglo un día
que duró muchos siglos

Seis hombres poblaron la Tierra de los Árboles : los tres que venían en el viento y los tres que venían en el agua, aunque no se veían más que tres. Tres estaban escondidos en el río y sólo les veían los que venían en el viento cuando bajaban del monte a beber agua.
Seis hombres poblaron la Tierra de los Árboles.
Los tres que venían en el viento correteaban en la libertad de las campiñas sembradas de maravillas.
Los tres que venían en el agua se colgaban de las ramas de los árboles copiados en el río a morder las frutas o a espantar los pájaros, que eran muchos y de todos colores.
Los tres que venían en el viento despertaban a la tierra, como los pájaros, antes que saliera el sol, y anochecido, los tres que venían en el agua se tendían como los peces en el fondo del río sobre las yerbas pálidas y elásticas, fingiendo gran fatiga; acostaban a la tierra antes que cayera el sol.
Los tres que venían en el viento, como los pájaros, se alimentaban de frutas.
Los tres que venían en el agua, como los peces, se alimentaban de estrellas.
Los tres que venían en el viento pasaban la noche en los bosques, bajo las hojas que las culebras perdidizas removían a instantes o en lo alto de las ramas, entre ardillas, pizotes, micos, micoleones, garrobos y mapaches.
Y los tres que venían en el agua, ocultos en la flor de las pozas o en las madrigueras de lagartos que libraban batallas como sueños o anclaban a dormir como piraguas.
Y en los árboles que venían en el viento y pasaban en el agua, los tres que venían en el viento, los tres que venían en el agua, mitigaban el hambre sin separar los frutos buenos de los malos, porque a los primeros hombres les fue dado comprender que no hay fruto malo; todos son sangre de la tierra, dulcificada o avinagrada, según el árbol que la tiene.
—¡Nido!...
Pió Monte en un Ave.
Uno de los del viento volvió a ver y sus compañeros le llamaron Nido.
Monte en un Ave era el recuerdo de su madre y su padre, bestia color de agua llovida que mataron en el mar para ganar la tierra, de pupilas doradas que guardaban al fondo dos crucecitas negras, olorosa a pescado femenina como dedo meñique.
A su muerte ganaron la costa húmeda, surgiendo en el paisaje de la playa, que tenía cierta tonalidad de ensalmo: los chopos dispersos y lejanos los bosques, las montañas, el río que en el panorama del valle se iba quedando inmóvil... ¡La Tierra de los Árboles!
Avanzaron sin dificultad por aquella naturaleza costeña fina como la luz de los diamantes, hasta la coronilla verde de los cabazos próximos y al acercarse al río la primera vez, a mitigar la sed, vieron caer tres hombres al agua.
Nido calmó a sus compañeros —extrañas plantas móviles—, que miraban sus retratos en el río sin poder hablar.
—¡Son nuestras máscaras, tras ellas se ocultan nuestras caras! ¡Son nuestros dobles, con ellos nos podemos disfrazar! ¡Son nuestra madre, nuestro padre, Monte en un Ave, que matamos para ganar la tierra! ¡Nuestro nahual! ¡Nuestro natal!

Miguel Ángel Asturias, « Leyenda del volcán »

***

Morgane nous propose sa traduction :

Légende du volcan

Il y a eu en un siècle un jour qui dura plusieurs siècles.


Six hommes peuplèrent la Terre des Arbres : les trois nés du vent et les trois nés de l’eau, bien que trois d’entre eux seulement étaient visibles. Trois étaient cachés dans le fleuve, et seuls ceux nés du vent les voyaient lorsqu’ils descendaient du mont pour s’abreuver.
Six hommes peuplèrent la Terre des Arbres.
Les trois nés du vent s’accrochaient aux branches des arbres en folâtrant en toute liberté à travers les champs semés de merveilles.
Les trois nés de l’eau s’accrochaient aux branches des arbres dont le fleuve reflétait l’image et croquaient les fruits ou effrayaient les oiseaux, nombreux et multicolores.
Les trois nés du vent réveillaient la terre, tels les oiseaux avant le lever du soleil et, à la nuit tombée, les trois nés de l’eau s’étendaient tels des poissons au fond du fleuve sur l’herbe sans éclat et élastique, simulant une grande fatigue ; couchant la terre avant la tombée du jour.
Les trois nés du vent, tels les oiseaux, se nourrissaient de fruits.
Les trois nés de l’eau, tels les poissons, se nourrissaient d’étoiles.
Les trois nés du vent passaient leur nuit dans les bois, sous les feuilles que les couleuvres farouches remuaient par moment ou au sommet des branches, parmi les écureuils, les coatis, les micos, les kinkajous, les iguanes et les ratons laveurs.
Et les trois nés de l’eau, cachés dans la fleur des mares ou dans les repaires des lézards, livraient bataille comme en rêve ou dormaient d’un sommeil de plomb.
Et dans les arbres transportés par le vent ou acheminés par l’eau, les trois nés du vent comme les trois nés de l’eau apaisaient leur faim sans pourtant séparer les fruits comestibles des fruits gâtés, car il a été donné aux premiers hommes de comprendre qu’il n’existe pas de fruits gâtés ; tous sont le sang de la terre, adoucie ou aigre, selon l’arbre qui la donne.
– Nido !
– Mont-de-piété sur l’oiseau.
Un de ceux nés du vint revint sur ses pas et ses compagnons le surnommèrent Nido. Mont-de-piété était le souvenir de sa mère et de son père, bête à la couleur de l’eau de pluie qu’ils tuèrent dans la mer pour gagner la terre ferme, des pupilles dorées incrustées de deux petites croix noires, parfumée au poisson, féminin comme l’auriculaire. A sa mort, il gagnèrent la terre humide, en surgissant dans le paysage de la plage, qui avait un certain charme : les peupliers noirs dispersés et lointains, les bois, les montagnes, le fleuve demeurant figé au creux du panorama de la vallée… La Terre des Arbres !
Ils s’enfoncèrent sans grand mal au sein de cette nature côtière ; dont la pureté égalait l’éclat des diamants, jusqu’au sommet verdoyant des pointes environnantes et, en s’approchant du fleuve pour la première fois afin d’apaiser leur soif, ils virent tomber trois homme à l’eau. Nido calma ses compagnons – d’étranges plantes animés - , qui regardait leur portrait dans le fleuve sans pouvoir parler.
– Ceux sont nos masques, derrières lesquels sont dissimulés nos visages ! Ceux sont nos doubles, avec lesquels nous pouvons nous déguiser ! Ceux sont nos père et mère, Montez sur l’oiseau, que nous avons tué pour gagner la terre ferme. Notre nahuatl ! Notre naissance.

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