Mardi dernier, tard dans la nuit, j’ai tapé le point final du premier jet des cent feuillets de ma traduction longue. Sur le moment, je n’ai rien ressenti, j’étais seulement contente de pouvoir aller me coucher. Mais le lendemain matin, quand je n’y ai pas touché pour laisser reposer un peu tout ça, je me suis sentie perdue. J’y avais tellement travaillé les jours précédents, afin de tenir l’objectif que je m’étais fixée, que je me sentais comme prise en faute de mettre ce fichier de côté pour quelques jours.
Une fois cette phase de « culpabilité » passée, je me suis rendue compte que j’étais soulagée et que j’avais un poids en moins sur la conscience (bien que cela ne se soit pas vu sur la balance…). On pourrait penser que cette réaction est parfaitement ridicule puisque le plus dur et le plus long reste à faire. C’est vrai, mais il faut raisonner de la façon suivante : depuis le mois de novembre, date approximative du choix de la traduction longue, le roman était constamment sous mon nez. Sur le bureau tout d’abord, à attendre que je m’y intéresse vraiment ; à la première lecture ensuite, quand mon œil essayait à la fois de lire pour le plaisir et de déceler des enjeux de traduction ; puis dans divers endroits de mon appartement, à me rappeler constamment que je n’avais pas, ou à peine, commencé à le traduire ; dans mon sac, quand je le promenais partout avec moi pour le relire, afin de réaliser correctement les exercices demandés (relecture primordiale pour la traduction) ; et enfin sur mon écran, une fois le texte scanné pour un travail plus efficace. Finalement, il ne m’a jamais quitté. Et là, ce point final signifie que j’ai fait un premier tour de la question, que je me suis vraiment plongée dans le texte, dans ce moulin et dans cette ambiance particulière de Castilla-La Mancha. Si je n’ai pas résolu tous les problèmes, loin de là, les heures passées sur des sites agricoles –qui, avant, n’étaient pas en tête de liste dans la rubrique « favoris » de mon navigateur– m’ont beaucoup appris et m’ont permis de découvrir un univers qui m’était totalement étranger.
Terminer un premier jet pour la première fois est quelque chose de très particulier. Outre la sensation de « manque » et le soulagement que cela procure, on voit également tout ce que la traduction peut nous apporter. Si à la lecture, mon livre m’a plu, quand j’ai commencé à traduire en revanche, je me suis posée quelques questions, car il est vrai que le style de mon auteur n’est pas particulièrement travaillé –ce qui n’est sûrement pas étranger à son métier de journaliste. J’ai donc eu peur de m’être trompée et que mon histoire de moulin perdu au fin fond de l’Espagne n’ait pas vraiment d’intérêt. Mais au fil des pages, une logique s’est créée dans l’écriture, la faisant évoluer vers un savant enchevêtrement d’histoire personnelle, de descriptions de travaux agricoles parfois ancestraux et d’épisodes historiques. Enfin, évoluer pas vraiment, puisque c’est déjà ce qu’elle était au départ, mais la traduction a transformé ma vision des choses. Ce serait comme un panorama historique, géographique et social d’un endroit méconnu d’Espagne. Les mots sont peut-être un peu forts…mais toujours est-il que traduire mon livre (enfin disons le premier tiers de mon livre) m’a réconcilié avec lui.
Une fois le « manque », le soulagement et l’engouement passés (le « manque » ne disparaissant jamais totalement, sinon, cela ne sert à rien de continuer dans cette voie), il reste un dernier élément. La crainte. Depuis le milieu de la semaine dernière, j’ai envie de commencer à retravailler mon texte. Certains soirs, j’ouvre le fichier intitulé « VF », lis le premier paragraphe et me demande comment j’ai pu écrire ça, sans pour autant parvenir à trouver mieux (inutile de dire que je finis par refermer la page, désespérée). D’autres soirs, je rentre tard, fatiguée par une journée de stage à cent à l’heure à cause de la réunion du lendemain préparée à la dernière minute, comme d’habitude. Reste le week-end, mais ce dernier a été consacré à la visite de la capitale. À croire que je repousse le moment où je me replongerai dans toutes ces pages pour en faire quelque chose de mieux. Promis, je ne repousserai pas plus tard que samedi prochain. Une nouvelle étape m’attend.
Une fois cette phase de « culpabilité » passée, je me suis rendue compte que j’étais soulagée et que j’avais un poids en moins sur la conscience (bien que cela ne se soit pas vu sur la balance…). On pourrait penser que cette réaction est parfaitement ridicule puisque le plus dur et le plus long reste à faire. C’est vrai, mais il faut raisonner de la façon suivante : depuis le mois de novembre, date approximative du choix de la traduction longue, le roman était constamment sous mon nez. Sur le bureau tout d’abord, à attendre que je m’y intéresse vraiment ; à la première lecture ensuite, quand mon œil essayait à la fois de lire pour le plaisir et de déceler des enjeux de traduction ; puis dans divers endroits de mon appartement, à me rappeler constamment que je n’avais pas, ou à peine, commencé à le traduire ; dans mon sac, quand je le promenais partout avec moi pour le relire, afin de réaliser correctement les exercices demandés (relecture primordiale pour la traduction) ; et enfin sur mon écran, une fois le texte scanné pour un travail plus efficace. Finalement, il ne m’a jamais quitté. Et là, ce point final signifie que j’ai fait un premier tour de la question, que je me suis vraiment plongée dans le texte, dans ce moulin et dans cette ambiance particulière de Castilla-La Mancha. Si je n’ai pas résolu tous les problèmes, loin de là, les heures passées sur des sites agricoles –qui, avant, n’étaient pas en tête de liste dans la rubrique « favoris » de mon navigateur– m’ont beaucoup appris et m’ont permis de découvrir un univers qui m’était totalement étranger.
Terminer un premier jet pour la première fois est quelque chose de très particulier. Outre la sensation de « manque » et le soulagement que cela procure, on voit également tout ce que la traduction peut nous apporter. Si à la lecture, mon livre m’a plu, quand j’ai commencé à traduire en revanche, je me suis posée quelques questions, car il est vrai que le style de mon auteur n’est pas particulièrement travaillé –ce qui n’est sûrement pas étranger à son métier de journaliste. J’ai donc eu peur de m’être trompée et que mon histoire de moulin perdu au fin fond de l’Espagne n’ait pas vraiment d’intérêt. Mais au fil des pages, une logique s’est créée dans l’écriture, la faisant évoluer vers un savant enchevêtrement d’histoire personnelle, de descriptions de travaux agricoles parfois ancestraux et d’épisodes historiques. Enfin, évoluer pas vraiment, puisque c’est déjà ce qu’elle était au départ, mais la traduction a transformé ma vision des choses. Ce serait comme un panorama historique, géographique et social d’un endroit méconnu d’Espagne. Les mots sont peut-être un peu forts…mais toujours est-il que traduire mon livre (enfin disons le premier tiers de mon livre) m’a réconcilié avec lui.
Une fois le « manque », le soulagement et l’engouement passés (le « manque » ne disparaissant jamais totalement, sinon, cela ne sert à rien de continuer dans cette voie), il reste un dernier élément. La crainte. Depuis le milieu de la semaine dernière, j’ai envie de commencer à retravailler mon texte. Certains soirs, j’ouvre le fichier intitulé « VF », lis le premier paragraphe et me demande comment j’ai pu écrire ça, sans pour autant parvenir à trouver mieux (inutile de dire que je finis par refermer la page, désespérée). D’autres soirs, je rentre tard, fatiguée par une journée de stage à cent à l’heure à cause de la réunion du lendemain préparée à la dernière minute, comme d’habitude. Reste le week-end, mais ce dernier a été consacré à la visite de la capitale. À croire que je repousse le moment où je me replongerai dans toutes ces pages pour en faire quelque chose de mieux. Promis, je ne repousserai pas plus tard que samedi prochain. Une nouvelle étape m’attend.
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