Nada más. Para Alicia fue suficiente. Se quemó en un sufrimiento vivo y punzante que casi le arrancaba lágrimas... Al llegar a su casa tiró la flor de la corona que no había encargado De Arco, que había sido solamente una atención de Robles, cargada a los gastos de la casa... Alicia, para De Arco, fue durante mucho, muchísimo tiempo, un mueble más de oficina...
Alicia suspiró. Se dio cuenta de que estaba allí parada, junto a los muros de la casona, y de que tenía frío. Venía un airecillo húmedo que arrastraba nubes negras por el cielo.
Aquélla era una noche como tantas del otoño y, sin embargo, única y distinta en la vida de Alicia.
Como en un sueño, llegó a calles iluminadas, a la boca de un "Metro"... Fue trasladada entre una masa humana, que se volcó en un barrio tranquilo, de calles simétricas... Todas las casas eran parecidas envueltas entre sombras suaves. De cuando en cuando un farol o un portal iluminado... Era un barrio bueno, aunque el piso en que Alicia vivía fuese muy modesto. La distinción del barrio les permitía alquilar una habitación a muy buen precio... Una habitación que, por otra parte, les hacía mucha falta, porque el pisito era pequeño...
Subió en el ascensor y, aturdida, llamó a la puerta, sin pensar en su llavín. Hizo un gesto de contrariedad porque no quería encontrar en seguida a la madre. Necesitaba prepararse de algún modo para dar aquella noticia. Sacó apresuradamente el llavín olvidado y lo introdujo en la cerradura... "Tengo que dar la noticia de una manera natural... No tiene tanta importancia como para soltarla en seguida... No sucede nada extraordinario. El que yo me case con De Arco es muy natural..."
Se animaba con estas frases pronunciadas a media voz, porque, en verdad, las manos le temblaban mucho. Había soñado demasiadas veces en dar la noticia de su boda.
— Mamá, me caso con un marqués...
Sobre todo, el título. Desde que De Arco tenía un título, ella había decidido casarse con un aristócrata o quedarse soltera.
Sabía que su madre consideraba estas ideas suyas como propias de una cabeza trastornada... Quería saborear su triunfo.
Alicia suspiró. Se dio cuenta de que estaba allí parada, junto a los muros de la casona, y de que tenía frío. Venía un airecillo húmedo que arrastraba nubes negras por el cielo.
Aquélla era una noche como tantas del otoño y, sin embargo, única y distinta en la vida de Alicia.
Como en un sueño, llegó a calles iluminadas, a la boca de un "Metro"... Fue trasladada entre una masa humana, que se volcó en un barrio tranquilo, de calles simétricas... Todas las casas eran parecidas envueltas entre sombras suaves. De cuando en cuando un farol o un portal iluminado... Era un barrio bueno, aunque el piso en que Alicia vivía fuese muy modesto. La distinción del barrio les permitía alquilar una habitación a muy buen precio... Una habitación que, por otra parte, les hacía mucha falta, porque el pisito era pequeño...
Subió en el ascensor y, aturdida, llamó a la puerta, sin pensar en su llavín. Hizo un gesto de contrariedad porque no quería encontrar en seguida a la madre. Necesitaba prepararse de algún modo para dar aquella noticia. Sacó apresuradamente el llavín olvidado y lo introdujo en la cerradura... "Tengo que dar la noticia de una manera natural... No tiene tanta importancia como para soltarla en seguida... No sucede nada extraordinario. El que yo me case con De Arco es muy natural..."
Se animaba con estas frases pronunciadas a media voz, porque, en verdad, las manos le temblaban mucho. Había soñado demasiadas veces en dar la noticia de su boda.
— Mamá, me caso con un marqués...
Sobre todo, el título. Desde que De Arco tenía un título, ella había decidido casarse con un aristócrata o quedarse soltera.
Sabía que su madre consideraba estas ideas suyas como propias de una cabeza trastornada... Quería saborear su triunfo.
Carmen Laforet, El noviazgo
***
Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :
Rien de plus. Pour Alicia, ce fut suffisant. Elle se consuma en une vive et poignante souffrance qui lui arrachait des larmes, ou presque... En arrivant chez elle, elle retira la fleur de la couronne que De Arco n’avait pas commandée, qui n’avait été qu’une attention de Robles, imputée sur les dépenses de la maison... Alicia, pour De Arco, ne fut pendant longtemps, très longtemps, qu’un meuble de bureau en sus...
Alicia soupira. Elle s’aperçut qu’elle était là, immobile, contre les murs de la grande bâtisse, et qu’elle avait froid. Il s’était levé un petit air humide qui poussait des nuages noirs dans le ciel.
C’était une nuit d’automne comme tant d’autres et, cependant, elle était unique, différente dans la vie d’Alicia.
Comme dans un rêve, elle se retrouva dans des rues illuminées, à une bouche de « Métro »... Elle fut ballottée par une masse humaine, qui se déversa dans un quartier tranquille de rues symétriques... Toutes les maisons étaient identiques et enveloppées dans des ombres douces. De temps en temps, un réverbère ou un porche éclairé... C’était un beau quartier, même si l’appartement dans lequel Alicia vivait était très modeste. La distinction du quartier leur permettait de louer un logement à très bon prix... Un logement qui, d’autre part, leur causait un grand embarras, parce qu’il s’agissait d’un tout petit appartement...
Elle monta dans l’ascenseur et, toute étourdie, frappa à la porte, sans penser à sa petite clef. Elle eut un geste de contrariété parce qu’elle ne voulait pas voir sa mère tout de suite. D’une certaine façon, elle avait besoin de se préparer pour annoncer cette nouvelle. Elle se hâta de sortir la petite clef oubliée qu’elle introduisit dans la serrure... « Je dois annoncer la nouvelle avec naturel... Elle n’a pas une importance telle que je doive la dire tout de suite... Il n’y a là rien d’extraordinaire. Le fait que je me marie avec De Arco est très naturel... »
Elle se donnait du courage en prononçant ces phrases à mi-voix, parce qu’en vérité ses mains tremblaient beaucoup. Elle avait trop de fois rêvé d’annoncer la nouvelle de son mariage.
— Maman, je me marie avec un marquis...
Surtout le titre. Depuis que De Arco possédait un titre, elle avait décidé de se marier avec un aristocrate ou de rester célibataire.
Elle savait que sa mère considérait que ces idées étaient le fruit d’un esprit dérangé... Elle voulait savourer son triomphe.
Rien de plus. Pour Alicia, ce fut suffisant. Elle se consuma en une vive et poignante souffrance qui lui arrachait des larmes, ou presque... En arrivant chez elle, elle retira la fleur de la couronne que De Arco n’avait pas commandée, qui n’avait été qu’une attention de Robles, imputée sur les dépenses de la maison... Alicia, pour De Arco, ne fut pendant longtemps, très longtemps, qu’un meuble de bureau en sus...
Alicia soupira. Elle s’aperçut qu’elle était là, immobile, contre les murs de la grande bâtisse, et qu’elle avait froid. Il s’était levé un petit air humide qui poussait des nuages noirs dans le ciel.
C’était une nuit d’automne comme tant d’autres et, cependant, elle était unique, différente dans la vie d’Alicia.
Comme dans un rêve, elle se retrouva dans des rues illuminées, à une bouche de « Métro »... Elle fut ballottée par une masse humaine, qui se déversa dans un quartier tranquille de rues symétriques... Toutes les maisons étaient identiques et enveloppées dans des ombres douces. De temps en temps, un réverbère ou un porche éclairé... C’était un beau quartier, même si l’appartement dans lequel Alicia vivait était très modeste. La distinction du quartier leur permettait de louer un logement à très bon prix... Un logement qui, d’autre part, leur causait un grand embarras, parce qu’il s’agissait d’un tout petit appartement...
Elle monta dans l’ascenseur et, toute étourdie, frappa à la porte, sans penser à sa petite clef. Elle eut un geste de contrariété parce qu’elle ne voulait pas voir sa mère tout de suite. D’une certaine façon, elle avait besoin de se préparer pour annoncer cette nouvelle. Elle se hâta de sortir la petite clef oubliée qu’elle introduisit dans la serrure... « Je dois annoncer la nouvelle avec naturel... Elle n’a pas une importance telle que je doive la dire tout de suite... Il n’y a là rien d’extraordinaire. Le fait que je me marie avec De Arco est très naturel... »
Elle se donnait du courage en prononçant ces phrases à mi-voix, parce qu’en vérité ses mains tremblaient beaucoup. Elle avait trop de fois rêvé d’annoncer la nouvelle de son mariage.
— Maman, je me marie avec un marquis...
Surtout le titre. Depuis que De Arco possédait un titre, elle avait décidé de se marier avec un aristocrate ou de rester célibataire.
Elle savait que sa mère considérait que ces idées étaient le fruit d’un esprit dérangé... Elle voulait savourer son triomphe.
***
Laëtitia nous propose sa traduction :
Rien de plus. Pour Alicia ce fut suffisant. Elle se consuma dans une souffrance vive et lancinante qui lui arrachait presque des larmes. En arrivant chez elle, elle tira la fleur de la couronne que De Arco n’avait pas commandée mais qui était seulement une attention de la part de Robles, aux frais de la maison... Pour De Arco, Alicia fut pendant longtemps, bien longtemps, un meuble de plus au bureau...
Alicia soupira. Elle se rendit compte qu’elle était là debout, à côté des murs de la grande bâtisse, et qu’elle avait froid. Un petit air humide passait traînant des nuages noirs dans le ciel.
C’était une nuit comme tant d’autres en automne et, néanmoins, unique et différente dans la vie d’Alicia.
Comme dans un rêve, elle arriva sur des rues éclairées, à la bouche d’un « Métro »... Elle fut transportée parmi une masse humaine, qui s’engouffra dans un quartier tranquille, de rues symétriques... Toutes les maisons étaient similaires enveloppées dans des ombres douces.
De loin en loin un lampadaire ou une entrée éclairée... C’était un bon quartier, même si l’appartement dans lequel vivait Alicia était très modeste. La distinction du quartier leur permettait de louer une chambre à un très bon prix... Une chambre dont, d’autre part, ils avaient grand besoin, parce que le petit appartement était exigu...
Elle monta dans l’ascenseur et, étourdie, sonna à la porte, sans penser à sa petite clé. Elle eut un geste de contrariété parce qu’elle ne voulait pas tomber aussitôt sur sa mère. Il lui fallait d’une certaine façon se préparer à annoncer cette nouvelle. Elle sortit hâtivement la petite clé oubliée et l’introduisit dans la serrure... « Il faut que je lui annonce la nouvelle de manière naturelle... Elle n’est pas importante au point de la lâcher d’un coup... Il ne se passe rien d’extraordinaire. Le fait que je me marie avec De Arco est très naturel... »
Elle s’encourageait avec ces phrases prononcées à mi-voix, car, en vérité, ses mains tremblaient beaucoup. Elle avait trop de fois rêvé d’annoncer la nouvelle de son mariage.
- Maman, je me marie avec un marquis...
Surtout, le titre. Depuis que De Arco avait un titre, elle avait décidé de se marier avec un aristocrate ou de rester célibataire. Elle savait que sa mère considérait ses idées à elle comme venant d’une tête perturbée... Elle voulait savourer son triomphe.
Rien de plus. Pour Alicia ce fut suffisant. Elle se consuma dans une souffrance vive et lancinante qui lui arrachait presque des larmes. En arrivant chez elle, elle tira la fleur de la couronne que De Arco n’avait pas commandée mais qui était seulement une attention de la part de Robles, aux frais de la maison... Pour De Arco, Alicia fut pendant longtemps, bien longtemps, un meuble de plus au bureau...
Alicia soupira. Elle se rendit compte qu’elle était là debout, à côté des murs de la grande bâtisse, et qu’elle avait froid. Un petit air humide passait traînant des nuages noirs dans le ciel.
C’était une nuit comme tant d’autres en automne et, néanmoins, unique et différente dans la vie d’Alicia.
Comme dans un rêve, elle arriva sur des rues éclairées, à la bouche d’un « Métro »... Elle fut transportée parmi une masse humaine, qui s’engouffra dans un quartier tranquille, de rues symétriques... Toutes les maisons étaient similaires enveloppées dans des ombres douces.
De loin en loin un lampadaire ou une entrée éclairée... C’était un bon quartier, même si l’appartement dans lequel vivait Alicia était très modeste. La distinction du quartier leur permettait de louer une chambre à un très bon prix... Une chambre dont, d’autre part, ils avaient grand besoin, parce que le petit appartement était exigu...
Elle monta dans l’ascenseur et, étourdie, sonna à la porte, sans penser à sa petite clé. Elle eut un geste de contrariété parce qu’elle ne voulait pas tomber aussitôt sur sa mère. Il lui fallait d’une certaine façon se préparer à annoncer cette nouvelle. Elle sortit hâtivement la petite clé oubliée et l’introduisit dans la serrure... « Il faut que je lui annonce la nouvelle de manière naturelle... Elle n’est pas importante au point de la lâcher d’un coup... Il ne se passe rien d’extraordinaire. Le fait que je me marie avec De Arco est très naturel... »
Elle s’encourageait avec ces phrases prononcées à mi-voix, car, en vérité, ses mains tremblaient beaucoup. Elle avait trop de fois rêvé d’annoncer la nouvelle de son mariage.
- Maman, je me marie avec un marquis...
Surtout, le titre. Depuis que De Arco avait un titre, elle avait décidé de se marier avec un aristocrate ou de rester célibataire. Elle savait que sa mère considérait ses idées à elle comme venant d’une tête perturbée... Elle voulait savourer son triomphe.
***
Amélie nous propose sa traduction :
Rien d’autre. Pour Alicia, ce fut suffisant. Elle se consuma en une douleur vive et lancinante qui lui arrachait presque les larmes… En arrivant chez elle, elle enleva la fleur de la couronne ; ce n’était pas une commande de De Arco, simplement une attention de Robles, envoyée aux frais de la maison… Pour De Arco, Alicia fut pendant longtemps, très longtemps, un meuble de bureau supplémentaire…
Alicia soupira. Elle se rendit compte qu’elle était là, immobile près des murs de la bâtisse, et qu’elle avait froid. Un petit air humide s’était levé, emportant avec lui des nuages noirs dans le ciel.
Cette nuit-là était une nuit pareille à tant d’autres en automne ; néanmoins, elle était unique et différente dans la vie d’Alicia.
Comme dans un rêve, elle se retrouva dans des rues illuminées, dans la bouche d’un « Métro »… Elle fut entraînée par une masse humaine qui se déversa dans un quartier calme aux rues symétriques… Toutes les maisons se ressemblaient, enveloppées dans de douces ombres. De temps en temps, un réverbère ou un porche éclairé… C’était un beau quartier, bien que l’appartement où vivait Alicia fût très modeste. La distinction du quartier leur permettait de louer une chambre à très bon prix… Chambre qui, d’un autre côté, leur manquait cruellement, car l’appartement était minuscule…
Elle monta dans l’ascenseur et, étourdie, sonna à la porte sans penser à sa petite clé. Elle fit une moue de contrariété : elle ne voulait pas voir sa mère tout de suite.
Elle avait besoin de se préparer d’une façon ou d’une autre pour annoncer cette nouvelle. Elle sortit précipitamment la clé oubliée et l’introduisit dans la serrure… « Je dois annoncer la nouvelle de manière naturelle… Ce n’est pas important au point que ça m’échappe immédiatement… Il ne se passe rien d’extraordinaire. Il est parfaitement naturel que moi, je me marie avec De Arco… »
Elle se donnait du courage avec ces phrases prononcées à mi-voix car, en vérité, ses mains tremblaient beaucoup. Elle avait trop de fois rêvé d’annoncer son mariage.
— Maman, je vais me marier avec un marquis…
Surtout, le titre. Depuis que De Arco avait un titre, elle avait décidé de se marier avec un aristocrate ou de rester célibataire.
Elle savait que sa mère considérait que ces idées bien à elle émanaient d’un esprit perturbé… Elle voulait savourer son triomphe.
Rien d’autre. Pour Alicia, ce fut suffisant. Elle se consuma en une douleur vive et lancinante qui lui arrachait presque les larmes… En arrivant chez elle, elle enleva la fleur de la couronne ; ce n’était pas une commande de De Arco, simplement une attention de Robles, envoyée aux frais de la maison… Pour De Arco, Alicia fut pendant longtemps, très longtemps, un meuble de bureau supplémentaire…
Alicia soupira. Elle se rendit compte qu’elle était là, immobile près des murs de la bâtisse, et qu’elle avait froid. Un petit air humide s’était levé, emportant avec lui des nuages noirs dans le ciel.
Cette nuit-là était une nuit pareille à tant d’autres en automne ; néanmoins, elle était unique et différente dans la vie d’Alicia.
Comme dans un rêve, elle se retrouva dans des rues illuminées, dans la bouche d’un « Métro »… Elle fut entraînée par une masse humaine qui se déversa dans un quartier calme aux rues symétriques… Toutes les maisons se ressemblaient, enveloppées dans de douces ombres. De temps en temps, un réverbère ou un porche éclairé… C’était un beau quartier, bien que l’appartement où vivait Alicia fût très modeste. La distinction du quartier leur permettait de louer une chambre à très bon prix… Chambre qui, d’un autre côté, leur manquait cruellement, car l’appartement était minuscule…
Elle monta dans l’ascenseur et, étourdie, sonna à la porte sans penser à sa petite clé. Elle fit une moue de contrariété : elle ne voulait pas voir sa mère tout de suite.
Elle avait besoin de se préparer d’une façon ou d’une autre pour annoncer cette nouvelle. Elle sortit précipitamment la clé oubliée et l’introduisit dans la serrure… « Je dois annoncer la nouvelle de manière naturelle… Ce n’est pas important au point que ça m’échappe immédiatement… Il ne se passe rien d’extraordinaire. Il est parfaitement naturel que moi, je me marie avec De Arco… »
Elle se donnait du courage avec ces phrases prononcées à mi-voix car, en vérité, ses mains tremblaient beaucoup. Elle avait trop de fois rêvé d’annoncer son mariage.
— Maman, je vais me marier avec un marquis…
Surtout, le titre. Depuis que De Arco avait un titre, elle avait décidé de se marier avec un aristocrate ou de rester célibataire.
Elle savait que sa mère considérait que ces idées bien à elle émanaient d’un esprit perturbé… Elle voulait savourer son triomphe.
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