Certes les apprenties traductrices bordelaises n'en sont pas encore à l'étape délicate des relectures, mais cela va arriver vite et, pour leur permettre d'anticiper, je leur rappelle ce petit conseil d'une vieille routarde de la traduction : attention de bien prévoir le temps nécessaire au contrôle étroit des deux textes – le français d'un côté, l'espagnol de l'autre – pour être certaines de ne rien oublier en route… un mot, une phrase et même, oui cela nous arrive à tous, un paragraphe entier. Une page ? Sans doute. Étant moi-même actuellement plongée dans ce travail-là pour Los confines d'Andrés Trapiello, je m'aperçois une fois de plus de l'impératif absolu que cela représente… Il convient de ne surtout pas céder à la lassitude, voire au découragement et de négliger cette phase il est vraie rébarbative et difficile à mener. Jean-Marie Saint-Lu nous parlait de l'éthique du traducteur ? Nous y sommes. Et il y a aussi l'amour à prendre en compte. Toutes les omissions ne se voient pas, d'accord, et vous ne serez pas forcément repérées, arrêtées et présentées en place publique pour recevoir le châtiment que vous méritez, mais vous, vous savez… ou, ça n'est parfois qu'une question de temps, vous saurez en relisant le texte publié. Vous avez fauté par négligence. Que de regrets et de remords ! Mieux vaut une imparfaite maîtrise du rendu de certains rouages secrets du texte que l'absence de la voix que l'auteur vous avait confiée, l'introduction de silences plus ou moins longs et tous aussi graves les uns que les autres, même quand ils sont minuscules et presque invisibles. Que le passeur ne devienne pas une petite souris semant les trous derrière… dans lesquels il n'aura plus ensuite qu'à aller se cacher de honte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire