Este relato comienza un día de noviembre de 1938. Marta Camino llegó hasta el borde del agua, en el muelle en que debía atracar el correo de la Península. Su figurilla de adolescente se recortó un momento a contraluz, con la falda oscura y el jersey claro, de mangas cortas. El aliento del mar, muy ligero aquel día, le empujó los cabellos, que brillaban cortos, pajizos. Se puso la mano sobre los ojos, y toda su cara parecía anhelante y emocionada. El barco, en aquel momento, estaba dando la vuelta al espigón grande y entraba en el Puerto de la Luz.
La bahía espejeaba. Una niebla de luz difuminaba los contornos de los buques anclados y de algunos veleros con las inútiles velas lacias. La ciudad de Las Palmas, tendida al lado del mar, aparecía temblorosa, blanca, con sus jardines y sus palmeras.
El gran puerto había conocido días de más movimiento que aquellos de la guerra civil. De todas maneras, cajas de plátanos y tomates se apilaban en los muelles dispuestas al embarque. Olía a paja, a brea, a polvo y yodo marino.
Las sirenas del barco empezaron a oírse cortando aquel aire luminoso, asustando a las gaviotas. El buque se acercó lentamente en el mediodía. Venía, entre la Ciudad Jardín y el espigón grande, hacia la muchacha. Ella sintió que le latía con fuerza el corazón. El mar estaba tan calmado que, en algunos trozos, parecía sonrosarse como si allí abajo se desangrase alguien. Una barca de motor cruzó a lo lejos y su estela formaba una espuma lívida, una raya blanca en aquella calma.
El gran puerto había conocido días de más movimiento que aquellos de la guerra civil. De todas maneras, cajas de plátanos y tomates se apilaban en los muelles dispuestas al embarque. Olía a paja, a brea, a polvo y yodo marino.
Las sirenas del barco empezaron a oírse cortando aquel aire luminoso, asustando a las gaviotas. El buque se acercó lentamente en el mediodía. Venía, entre la Ciudad Jardín y el espigón grande, hacia la muchacha. Ella sintió que le latía con fuerza el corazón. El mar estaba tan calmado que, en algunos trozos, parecía sonrosarse como si allí abajo se desangrase alguien. Una barca de motor cruzó a lo lejos y su estela formaba una espuma lívida, una raya blanca en aquella calma.
Carmen Laforet, La isla y los demonios
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Ce récit commence un jour de novembre 1938. Marta Camino arriva jusqu’au bord de l’eau, sur le quai où devait amarrer le courrier de la Péninsule. Sa petite silhouette d’adolescente se profilait un moment à contre-jour, avec la jupe foncée et le pull-over clair, à manches courtes. Le souffle de la mer, très léger ce jour là, décoiffa ses cheveux, qui brillaient courts, jaunes paille. Elle mit sa main sur ses yeux, et tout son visage semblait désireux et ému. Le bateau, à ce moment là, faisait le tour de la grande jetée et entrait dans le Port de la Lumière.
La baie miroitait. Un brouillard de lumière estompait les contours des navires ancrés et de quelques voiliers avec leurs inutiles voiles flétries. La ville Aux Palmiers, étendue à côté de la mer, apparaissait tremblante, blanche, avec ses jardins et ses palmiers.
Le grand port avait connu des journées plus mouvementées que celles de la guerre civile. De toute manière, des caisses de bananes et de tomates s’empilaient sur les quais, prêtes à l´embarquement. Ça sentait la paille, le brai, la poussière et l’iode marin.
Les sirènes du bateau commencèrent à se faire entendre en fendant cet air lumineux, faisant peur aux mouettes. Le navire s’approcha lentement dans le midi. Il venait, entre la Ville Jardin et la grande jetée, en direction de la jeune fille. Celle-ci sentit que son cœur battait très fort. La mer était devenue si calme que, en quelques morceaux, on aurait dit qu’elle rougissait comme si là-bas quelqu’un perdait tout son sang. Une barque à moteur croisa au loin et son sillage formait une écume livide, une ligne blanche dans ce calme.
La baie miroitait. Un brouillard de lumière estompait les contours des navires ancrés et de quelques voiliers avec leurs inutiles voiles flétries. La ville Aux Palmiers, étendue à côté de la mer, apparaissait tremblante, blanche, avec ses jardins et ses palmiers.
Le grand port avait connu des journées plus mouvementées que celles de la guerre civile. De toute manière, des caisses de bananes et de tomates s’empilaient sur les quais, prêtes à l´embarquement. Ça sentait la paille, le brai, la poussière et l’iode marin.
Les sirènes du bateau commencèrent à se faire entendre en fendant cet air lumineux, faisant peur aux mouettes. Le navire s’approcha lentement dans le midi. Il venait, entre la Ville Jardin et la grande jetée, en direction de la jeune fille. Celle-ci sentit que son cœur battait très fort. La mer était devenue si calme que, en quelques morceaux, on aurait dit qu’elle rougissait comme si là-bas quelqu’un perdait tout son sang. Une barque à moteur croisa au loin et son sillage formait une écume livide, une ligne blanche dans ce calme.
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Ce récit commence un jour de novembre de 1938. Marta Camino arriva jusqu’au bord de l’eau, sur le quai où le courrier de la Péninsule devait accoster. Sa frimousse d’adolescente fut prise pendant un moment à contre-jour, avec la jupe foncée et le pull-over clair, à manches courtes. Le souffle de la mer, très léger ce jour-là, fit bouger ses cheveux courts et paillés, qui brillaient. Elle se mit la main sur les yeux, et tout son visage semblait désireux et enflammé. À cet instant-là, le bateau était en train de faire le tour de la jetée et entrait dans le Port de la Luz.
La baie miroitait. Un brouillard de lumière estompait les contours des bateaux ancrés et de quelques voiliers avec leurs inutiles voiles flétris. La ville de Las Palmas, étendue au bord de la mer, remerciait tremblante, blanche, avec ses jardins et ses palmiers.
Le grand port avait connu des jours de plus d’allées et venues que ceux pendant la guerre civile. De toute façon, des caisses de bananes et de tomates s’empilaient sur le quai disposées à l’embarquement. Ça sentait la paille, le brai, la poussière et l’iode marin. Les sirènes du bateau commencèrent à se faire entendre coupant ainsi cet air lumineux, effrayant les mouettes. Le navire se rapprocha lentement à midi. Il venait, entre la Ville Jardin et la grande jetée, vers la jeune fille. Elle sentit son cœur battre à toute vitesse. La mer était si calme que, à certains endroits, elle paraissait rougir comme si là-dessous quelqu’un se vidait de son sang. Une barque à moteur passa au loin et elle laissa dans son sillage une écume livide, une raie blanche dans ce calme.
Sonita nous propose sa traduction :
Ce récit commence un jour de novembre de 1938. Marta Camino arriva jusqu’au bord de l’eau, sur le quai où le courrier de la Péninsule devait accoster. Sa frimousse d’adolescente fut prise pendant un moment à contre-jour, avec la jupe foncée et le pull-over clair, à manches courtes. Le souffle de la mer, très léger ce jour-là, fit bouger ses cheveux courts et paillés, qui brillaient. Elle se mit la main sur les yeux, et tout son visage semblait désireux et enflammé. À cet instant-là, le bateau était en train de faire le tour de la jetée et entrait dans le Port de la Luz.
La baie miroitait. Un brouillard de lumière estompait les contours des bateaux ancrés et de quelques voiliers avec leurs inutiles voiles flétris. La ville de Las Palmas, étendue au bord de la mer, remerciait tremblante, blanche, avec ses jardins et ses palmiers.
Le grand port avait connu des jours de plus d’allées et venues que ceux pendant la guerre civile. De toute façon, des caisses de bananes et de tomates s’empilaient sur le quai disposées à l’embarquement. Ça sentait la paille, le brai, la poussière et l’iode marin. Les sirènes du bateau commencèrent à se faire entendre coupant ainsi cet air lumineux, effrayant les mouettes. Le navire se rapprocha lentement à midi. Il venait, entre la Ville Jardin et la grande jetée, vers la jeune fille. Elle sentit son cœur battre à toute vitesse. La mer était si calme que, à certains endroits, elle paraissait rougir comme si là-dessous quelqu’un se vidait de son sang. Une barque à moteur passa au loin et elle laissa dans son sillage une écume livide, une raie blanche dans ce calme.
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