Después de cerrar la puerta, tras la última visita, Carmen recuesta levemente la nuca en la pared hasta notar el contacto frío de su superficie y parpadea varias veces como deslumbrada. Siente la mano derecha dolorida y los labios tumefactos de tanto besar. Y como no encuentra mejor cosa que decir, repite lo mismo que lleva diciendo desde la mañana: "Aún me parece mentira, Valen, fíjate; me es imposible hacerme a la idea". Valen la toma delicadamente de la mano y la arrastra, precediéndola, sin que la otra oponga resistencia, pasillo adelante, hasta su habitación:
—Debes dormir un poco, Menchu. Me encanta verte tan entera y así, pero no te engañes, bobina, esto es completamente artificial. Pasa siempre. Los nervios no te dejan parar. Verás mañana.
Carmen se sienta en el borde de la gran cama y se descalza dócilmente, empujando el zapato del pie derecho con la punta del pie izquierdo y a la inversa. Valentina la ayuda a tenderse y, luego, dobla un triángulo de colcha de manera que la cubra medio cuerpo, de la cintura a los pies. Dice Carmen antes de cerrar los ojos, súbitamente recelosa:
—Dormir, no, Valen, no quiero dormir; tengo que estar con él. Es la última noche. Tú lo sabes.
—Debes dormir un poco, Menchu. Me encanta verte tan entera y así, pero no te engañes, bobina, esto es completamente artificial. Pasa siempre. Los nervios no te dejan parar. Verás mañana.
Carmen se sienta en el borde de la gran cama y se descalza dócilmente, empujando el zapato del pie derecho con la punta del pie izquierdo y a la inversa. Valentina la ayuda a tenderse y, luego, dobla un triángulo de colcha de manera que la cubra medio cuerpo, de la cintura a los pies. Dice Carmen antes de cerrar los ojos, súbitamente recelosa:
—Dormir, no, Valen, no quiero dormir; tengo que estar con él. Es la última noche. Tú lo sabes.
Miguel Delibes, Cinco horas con Mario
Après avoir fermé la porte, suite à la dernière visite, Carmen appuie doucement la nuque contre le mur jusqu’à sentir le contact froid de sa superficie et elle cligne des yeux plusieurs fois comme éblouie. Elle sent la main endolorie et les lèvres tuméfiées à cause d’autant embrasser. Et comme elle ne trouve rien de mieux à dire elle répète à l’infini depuis ce matin : « Je n’arrive pas encore à y croire, Valen, figure-toi, il m’est impossible de me faire à cette idée ». Valen la prend délicatement par la main et l’entraîne, en la précédant, sans que l’autre y oppose une quelconque résistance, dans le couloir, jusque dans la chambre :
– Tu dois dormir un peu, Menchu. J’adore te voir toute entière et comme ça, mais ne te leurre pas, bobine, ceci est complètement artificiel. C’est toujours comme ça. Les nerfs ne te laissent pas t’arrêter. Tu verras demain.
Carmen s’assoie au bord du grand lit et se déchausse avec docilité, en poussant la chaussure droite avec la pointe du pied gauche et vice versa. Valentina l’aide à s’allonger, puis elle plie un triangle du couvre-lit de façon à lui couvrir la moitié du corps, de la ceinture aux pieds. Soudain méfiante, Carmen dit avant de fermer les yeux :
– Non Valentina, pas dormir, je ne veux pas dormir ; je dois être avec lui. C’est la dernière nuit. Tu le sais.
***
Sonita nous propose sa traduction :La traduction que je vous propose :
Une fois la porte refermée, après la dernière visite, Carmen appuie légèrement la nuque contre le mur, jusqu'à sentir le contact froid de sa surface, et elle cligne à plusieurs reprises des yeux, comme éblouie. Sa main droite est douloureuse et elle a les lèvres tuméfiées d'avoir tellement embrassé. Ne trouvant rien de mieux à dire, elle répète ce qu'elle ne cesse de répéter depuis le matin : « Tu sais quoi, Valen ? Je n'arrive pas à croire que c'est vrai ; je ne peux pas me faire à l'idée ». Valen la prend délicatement par la main et, la précédant, l'entraîne dans le couloir jusqu'à sa chambre, sans qu'elle oppose de résistance :
— Il faut que tu dormes un peu, Menchu. Je suis contente de voir que tu tiens le coup à ce point, mais ne te leurre, ma petite, tout cela est purement artificiel. C'est systématique. Les nerfs t'empêchent de t'arrêter. Mais tu verras demain.
Carmen s'assied sur le bord du grand lit et se déchausse docilement, poussant son soulier droit avec la pointe de son pied gauche, et inversement. Valentina l'aide à s'allonger, replie un triangle du couvre-lit pour lui couvrir la moitié du corps, de la taille jusqu'en bas. Avant de fermer les yeux, Carmen dit, subitement méfiante :
— Dormir, non, Valen, je ne veux pas dormir ; je dois rester avec lui. C'est la dernière nuit. Tu le sais bien.
Une fois la porte refermée, après la dernière visite, Carmen appuie légèrement la nuque contre le mur, jusqu'à sentir le contact froid de sa surface, et elle cligne à plusieurs reprises des yeux, comme éblouie. Sa main droite est douloureuse et elle a les lèvres tuméfiées d'avoir tellement embrassé. Ne trouvant rien de mieux à dire, elle répète ce qu'elle ne cesse de répéter depuis le matin : « Tu sais quoi, Valen ? Je n'arrive pas à croire que c'est vrai ; je ne peux pas me faire à l'idée ». Valen la prend délicatement par la main et, la précédant, l'entraîne dans le couloir jusqu'à sa chambre, sans qu'elle oppose de résistance :
— Il faut que tu dormes un peu, Menchu. Je suis contente de voir que tu tiens le coup à ce point, mais ne te leurre, ma petite, tout cela est purement artificiel. C'est systématique. Les nerfs t'empêchent de t'arrêter. Mais tu verras demain.
Carmen s'assied sur le bord du grand lit et se déchausse docilement, poussant son soulier droit avec la pointe de son pied gauche, et inversement. Valentina l'aide à s'allonger, replie un triangle du couvre-lit pour lui couvrir la moitié du corps, de la taille jusqu'en bas. Avant de fermer les yeux, Carmen dit, subitement méfiante :
— Dormir, non, Valen, je ne veux pas dormir ; je dois rester avec lui. C'est la dernière nuit. Tu le sais bien.
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Amélie nous propose sa traduction :
Une fois la porte refermée, après la dernière visite, Carmen appuye légèrement sa nuque contre le mur, jusqu’à en ressentir le contact glacé, puis cligne plusieurs fois des yeux, comme éblouie. Elle a mal à la main droite et ses lèvres sont tuméfiées à force d’embrassades. Et comme elle ne trouve rien de mieux à dire, elle répète ce qu’elle rabâche depuis le matin : « Rends-toi compte Valen, j’arrive toujours pas à y croire, je peux vraiment pas me faire à l’idée ». Valen lui saisit délicatement la main et, la précédant, l’entraîne dans le couloir jusqu’à sa chambre, sans que celle-ci n’oppose de résistance :
— Il faut que tu dormes un peu, Menchu. Je suis contente de te voir aussi forte, mais ne te voile pas la face, ma petite, tout cela est purement artificiel. C’est toujours pareil. Tes nerfs ne te permettent pas de te poser. Tu vas voir, demain.
Carmen s’assied au bord de son grand lit et se déchausse docilement, poussant sa chaussure droite avec le bout de la gauche et vice-versa. Valentina l’aide à s’allonger puis replie un coin du couvre-lit, de façon à recouvrir la moitié de son corps, des pieds à la taille. Juste avant de fermer les yeux, Carmen, subitement méfiante, rétorque :
— Dormir ? Sûrement pas Valen, je ne veux pas dormir ; je dois être à ses côtés. C’est sa dernière nuit. Tu le sais bien.
Une fois la porte refermée, après la dernière visite, Carmen appuye légèrement sa nuque contre le mur, jusqu’à en ressentir le contact glacé, puis cligne plusieurs fois des yeux, comme éblouie. Elle a mal à la main droite et ses lèvres sont tuméfiées à force d’embrassades. Et comme elle ne trouve rien de mieux à dire, elle répète ce qu’elle rabâche depuis le matin : « Rends-toi compte Valen, j’arrive toujours pas à y croire, je peux vraiment pas me faire à l’idée ». Valen lui saisit délicatement la main et, la précédant, l’entraîne dans le couloir jusqu’à sa chambre, sans que celle-ci n’oppose de résistance :
— Il faut que tu dormes un peu, Menchu. Je suis contente de te voir aussi forte, mais ne te voile pas la face, ma petite, tout cela est purement artificiel. C’est toujours pareil. Tes nerfs ne te permettent pas de te poser. Tu vas voir, demain.
Carmen s’assied au bord de son grand lit et se déchausse docilement, poussant sa chaussure droite avec le bout de la gauche et vice-versa. Valentina l’aide à s’allonger puis replie un coin du couvre-lit, de façon à recouvrir la moitié de son corps, des pieds à la taille. Juste avant de fermer les yeux, Carmen, subitement méfiante, rétorque :
— Dormir ? Sûrement pas Valen, je ne veux pas dormir ; je dois être à ses côtés. C’est sa dernière nuit. Tu le sais bien.
***
Après avoir fermé la porte, suite à la dernière visite, Carmen appuie doucement la nuque contre le mur jusqu’à sentir le contact froid de sa superficie et elle cligne des yeux plusieurs fois comme éblouie. Elle sent la main endolorie et les lèvres tuméfiées à cause d’autant embrasser. Et comme elle ne trouve rien de mieux à dire elle répète à l’infini depuis ce matin : « Je n’arrive pas encore à y croire, Valen, figure-toi, il m’est impossible de me faire à cette idée ». Valen la prend délicatement par la main et l’entraîne, en la précédant, sans que l’autre y oppose une quelconque résistance, dans le couloir, jusque dans la chambre :
– Tu dois dormir un peu, Menchu. J’adore te voir toute entière et comme ça, mais ne te leurre pas, bobine, ceci est complètement artificiel. C’est toujours comme ça. Les nerfs ne te laissent pas t’arrêter. Tu verras demain.
Carmen s’assoie au bord du grand lit et se déchausse avec docilité, en poussant la chaussure droite avec la pointe du pied gauche et vice versa. Valentina l’aide à s’allonger, puis elle plie un triangle du couvre-lit de façon à lui couvrir la moitié du corps, de la ceinture aux pieds. Soudain méfiante, Carmen dit avant de fermer les yeux :
– Non Valentina, pas dormir, je ne veux pas dormir ; je dois être avec lui. C’est la dernière nuit. Tu le sais.
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