mardi 5 janvier 2010

« Premières impressions, premières questions », par Émeline à propos de sa traduction longue

En photo : impatience, par Ulla Trallala

Je viens de terminer la lecture de ma future première traduction, et je ne pouvais pas attendre demain pour vous en parler. Il est en effet 3h15 du matin, mais qu’importe !
Mon intérêt s’est porté totalement par hasard sur un petit ouvrage de l'Argentin Ricardo Piglia, intitulé Formas Breves. Il s’agit d’un essai critique sur la littérature composé de textes brefs qui « peuvent être lus comme des pages isolées dans le journal d’un écrivain mais aussi comme les premiers essais et tentatives d’une future autobiographie ».
Ce livre est pour moi un petit bijou de génie. En terminant la dernière page je me suis demandée comment il était possible qu’il n’ait jamais été traduit. Étant donné sa qualité linguistique et stylistique, ses réflexions sur la littérature et l’abondance de références culturelles et intertextuelles, mais aussi sa forme, cet ouvrage ne mérite en effet qu’une chose : être traduit.
C’est là que la pression monte et que les premières questions se posent. Tout d’abord à cause de la forme du livre : malgré ses parties apparemment indépendantes, une vraie structure les rassemble et fait que ces onze parties (sans l’épilogue) sont toutes connectées, renvoyant les unes aux autres, se nourrissant les unes des autres. Bien. Et alors comment conserver cette homogénéité sous-jacente ?
Ensuite, comme je l’ai dit, cet ouvrage regorge de références culturelles et littéraires, ainsi que de citations. Vais-je devoir moi-même traduire les citations ou puis-je « copier » si elles ont déjà été traduites ? Comment m’imprégner de l’univers littéraire de l’auteur en à peine quelques mois ?
Enfin, mon ultime inquiétude, et non des moindres, est la traduction linguistique. Au premier abord, l’écriture est claire, le style simple, le vocabulaire abordable. En discutant de nos traductions longues avec Marta Lacomba, elle avait eu l’air presque horrifié que j’aie choisi ce livre et m'a dit qu'à son avis, le défi de traduction résidait dans le fait que Piglia pesait tous les mots, que rien n’était anodin, qu’il choisissait précisément le vocabulaire employé et les structures syntaxiques utilisées. Je me suis concentrée sur cela aussi à la lecture, et Marta a atrocement raison. Comment vais-je faire pour trouver le mot juste en français, traduire cette syntaxe sans dénaturer le style propre à cet auteur ?
En attendant de répondre aux questions que je me pose, je n’ai qu’une hâte : commencer à traduire ! Rien que d’y penser, je brûle, des frissons me parcourent, je me délecte déjà du plaisir que je vais prendre à passer des jours et des nuits entières à en découdre avec mon futur adversaire, Formas Breves !

Aucun commentaire: