Des nouvelles de mon stage... ou comment la fréquentation assidue des livres rend poète
Préparer des commandes, voilà un exercice un peu fastidieux me direz-vous. Eh bien, n’en soyez pas si sûr ! Cette tâche, qui est souvent l’apanage du stagiaire débutant, peut receler bien des surprises, voire se révéler riche d’enseignements. En voici la preuve :
Tout d’abord, avec votre bon de commande à la main, vous allez réveiller Messieurs Livres sur leurs étagères pour leur annoncer la bonne nouvelle : un libraire curieux a émis le souhait de les connaître. Ils s’apprêtent donc à partir en voyage afin de le rejoindre : cap sur une destination inconnue !
Ensuite, après avoir sélectionné les heureux chanceux, il est temps de passer à l’habillage. Car pas question que Messieurs Livres s’en aillent à moitié nus, sans avoir revêtu tous leurs atours ! À celui-ci, donc, on ceindra son bandeau ; à celui-là, on apposera ses étiquettes ; à tel autre, on glissera son marque page ou son autocollant personnalisé. Et comme ils sont particulièrement coquets, certains nécessiteront parfois plusieurs accessoires à la fois, de quoi se mélanger un peu les pinceaux au début !
Puis, avant de les quitter définitivement en leur souhaitant bonne chance dans leur nouvelle vie remplie — on l’espère — de lecteurs attentionnés et passionnés, on ne peut en général pas résister à la tentation de les ouvrir une dernière fois, histoire d’apprécier encore le grain de leur papier, la toile de leur couverture, les courbes de leurs motifs en surimpression... Eh oui, c’est que, chez Monsieur Toussaint Louverture, les livres sont aussi de très beaux objets. On n’en finit donc jamais de les toucher, de les sentir, ce qui, vous en conviendrez, constitue un sérieux atout : en effet, quoi de mieux pour un livre que d’en appeler sensuellement aux mains de son lecteur ? En tous cas, c’est à cette occasion que j’ai appris tout un tas d’informations intéressantes à leur sujet puisque, en plus d’être beaux, Messieurs Livres sont aussi d’incorrigibles bavards ce qui, pour moi, ne pouvait pas mieux tomber ! J’ai donc pu, entre autres, exercé mon œil à distinguer différentes polices. Tenez, par exemple, sauriez-vous reconnaître le Tribute (Emigre) du Hercules (Stormtype) ? J’ai pu aussi me familiariser au contact de différentes toiles, comme le Skyvertex Ubonga (« qui malgré son nom étrange est du plus bel effet ») ou l’Orsay Rubellite (« d’un rouge ferrari »), ainsi qu’à celui de différents grains de papier, comme l’Alizé or 70 grammes d’une main de 1,95 (« la main est aussi appelée l’indice de bouffant qui est le rapport entre l’épaisseur du papier et son grammage : on peut assimiler ça à la densité du papier »), ou le Print Speed ivoire 90 grammes d’une main de 2 et d’un Bendsten de 200 ml/min dont j’ai découvert qu’« il s’agit de la rugosité du papier mesurée par le passage de l’air sur lui ; plus le courant d’air est faible, plus la surface du papier est lisse, remarquable, n’est-ce pas ? ».
Bon, il est temps de les refermer, sinon on y passerait des heures... Allez, un dernier coup d’œil quand même sur la quatrième de couverture de celui-ci où on lit, sous l’affichage du prix, la mention suivante : « À ce prix-là, nous aurions bien voulu vous offrir l’amour, mais l’imprimeur n’en avait plus. » Et drôles avec ça... !
Enfin, passons à la dernière étape. Vous vous en doutez, il s’agit maintenant de bien conditionner le tout afin que le paquet arrive à bon port. Attention, en effet, aux péripéties qui le guettent en cours de route ! Les pires seront les chocs du transport. Donc, Messieurs Livres, pas de quartier : à vos froufrous ! Là, finie la poésie, place aux gestes efficaces, au bons sens et à l’attirail de l’emballeur professionnel : papier kraft, papier bulle, enveloppe doublée, rainurée, à soufflet, carton à monter, scotch marron ou transparent, ciseaux, cutter, agrafeuse... Et, que vous ayez acquis l’entraînement au moment de Noël pour vos cadeaux ou à l’occasion de vos déménagements, peu importe ! L’essentiel est de mener à bien (et en un tournemain) l’opération. Dernière touche : coller le bon du transporteur préalablement complété de toutes les données nécessaires. Emballé c’est pesé ! Au suivant !
Préparer des commandes, voilà un exercice un peu fastidieux me direz-vous. Eh bien, n’en soyez pas si sûr ! Cette tâche, qui est souvent l’apanage du stagiaire débutant, peut receler bien des surprises, voire se révéler riche d’enseignements. En voici la preuve :
Tout d’abord, avec votre bon de commande à la main, vous allez réveiller Messieurs Livres sur leurs étagères pour leur annoncer la bonne nouvelle : un libraire curieux a émis le souhait de les connaître. Ils s’apprêtent donc à partir en voyage afin de le rejoindre : cap sur une destination inconnue !
Ensuite, après avoir sélectionné les heureux chanceux, il est temps de passer à l’habillage. Car pas question que Messieurs Livres s’en aillent à moitié nus, sans avoir revêtu tous leurs atours ! À celui-ci, donc, on ceindra son bandeau ; à celui-là, on apposera ses étiquettes ; à tel autre, on glissera son marque page ou son autocollant personnalisé. Et comme ils sont particulièrement coquets, certains nécessiteront parfois plusieurs accessoires à la fois, de quoi se mélanger un peu les pinceaux au début !
Puis, avant de les quitter définitivement en leur souhaitant bonne chance dans leur nouvelle vie remplie — on l’espère — de lecteurs attentionnés et passionnés, on ne peut en général pas résister à la tentation de les ouvrir une dernière fois, histoire d’apprécier encore le grain de leur papier, la toile de leur couverture, les courbes de leurs motifs en surimpression... Eh oui, c’est que, chez Monsieur Toussaint Louverture, les livres sont aussi de très beaux objets. On n’en finit donc jamais de les toucher, de les sentir, ce qui, vous en conviendrez, constitue un sérieux atout : en effet, quoi de mieux pour un livre que d’en appeler sensuellement aux mains de son lecteur ? En tous cas, c’est à cette occasion que j’ai appris tout un tas d’informations intéressantes à leur sujet puisque, en plus d’être beaux, Messieurs Livres sont aussi d’incorrigibles bavards ce qui, pour moi, ne pouvait pas mieux tomber ! J’ai donc pu, entre autres, exercé mon œil à distinguer différentes polices. Tenez, par exemple, sauriez-vous reconnaître le Tribute (Emigre) du Hercules (Stormtype) ? J’ai pu aussi me familiariser au contact de différentes toiles, comme le Skyvertex Ubonga (« qui malgré son nom étrange est du plus bel effet ») ou l’Orsay Rubellite (« d’un rouge ferrari »), ainsi qu’à celui de différents grains de papier, comme l’Alizé or 70 grammes d’une main de 1,95 (« la main est aussi appelée l’indice de bouffant qui est le rapport entre l’épaisseur du papier et son grammage : on peut assimiler ça à la densité du papier »), ou le Print Speed ivoire 90 grammes d’une main de 2 et d’un Bendsten de 200 ml/min dont j’ai découvert qu’« il s’agit de la rugosité du papier mesurée par le passage de l’air sur lui ; plus le courant d’air est faible, plus la surface du papier est lisse, remarquable, n’est-ce pas ? ».
Bon, il est temps de les refermer, sinon on y passerait des heures... Allez, un dernier coup d’œil quand même sur la quatrième de couverture de celui-ci où on lit, sous l’affichage du prix, la mention suivante : « À ce prix-là, nous aurions bien voulu vous offrir l’amour, mais l’imprimeur n’en avait plus. » Et drôles avec ça... !
Enfin, passons à la dernière étape. Vous vous en doutez, il s’agit maintenant de bien conditionner le tout afin que le paquet arrive à bon port. Attention, en effet, aux péripéties qui le guettent en cours de route ! Les pires seront les chocs du transport. Donc, Messieurs Livres, pas de quartier : à vos froufrous ! Là, finie la poésie, place aux gestes efficaces, au bons sens et à l’attirail de l’emballeur professionnel : papier kraft, papier bulle, enveloppe doublée, rainurée, à soufflet, carton à monter, scotch marron ou transparent, ciseaux, cutter, agrafeuse... Et, que vous ayez acquis l’entraînement au moment de Noël pour vos cadeaux ou à l’occasion de vos déménagements, peu importe ! L’essentiel est de mener à bien (et en un tournemain) l’opération. Dernière touche : coller le bon du transporteur préalablement complété de toutes les données nécessaires. Emballé c’est pesé ! Au suivant !
1 commentaire:
C'est toujours aussi...emballant de lire Laëtitia ! Odile
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