lundi 19 novembre 2012

Question de lexique

Que signifie l'adjectif = « RECRU » ?

3 commentaires:

Odile a dit…

RECRU, -UE

Littéraire
A. − Vieilli. Épuisé, à bout de forces. Synon. fourbu, harassé, rendu, rompu, vanné.Par pitié, ne racontez plus ces gastronomies anciennes à de pauvres diables affamés et recrus comme des chiens de chasse (Gautier, Fracasse, 1863, p. 61).Il était trop recru pour trouver, dans sa poitrine, l'haleine d'un hurlement (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 215).
B. − Recru de
1. Recru de fatigue. Épuisé, harassé de fatigue. Il arrivait affamé, recru de fatigue, mangeait comme un ogre et se couchait à neuf heures (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 71).
2. Brisé, submergé par l'excès de. Recru de douleur. Et il continuait à faire l'espiègle, recru de sommeil, cramponné à son rôle (Bernanos, Imposture, 1927, p. 456).Vieil homme, recru d'épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel, mais jamais las de guetter dans l'ombre la lueur de l'espérance! (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 290).
Source : CNRTL

Tradabordo a dit…

Merci, Odile !

Ces petits mots qui permettent d'étendre sa palette lexicale, de ne pas toujours utiliser les mêmes mots.

Odile a dit…

L'adjectif "recru" me fait toujours penser à "perclus" dont je me permets de donner une partie de ce qu'en dit le CNRTL :
PERCLUS, -USE, adj.
A.− [En parlant d'une pers.] Qui est partiellement ou entièrement privé de la faculté de se mouvoir par l'effet d'une maladie, d'une infirmité. Synon. impotent, paralysé.Il faillit en mourir, et en a conservé toujours depuis de cruelles infirmités : il demeure à peu près perclus de tout un côté (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 123).M. Dubois-Fontanelle était presque perclus de goutte, ses doigts n'avaient plus de forme (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 330).Vieille et percluse au point de ne marcher qu'avec deux cannes (...), elle visite les malades et surtout veille les morts (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1327).
− Empl. subst. C'était un perclus, à la fois boiteux et manchot, et si manchot et si boiteux que le système compliqué de béquilles et de jambes de bois qui le soutenait lui donnait l'air d'un échafaudage de maçons en marche (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 94).Ils le poussèrent à demander la mort de celui qui l'avoit nourri dans le désert avec sept pains, qui rendoit aux infirmes la santé, la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, et aux perclus l'usage de leurs membres (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 203).
− P. ext. [En parlant d'un animal] Paralysé. L'animal [un cheval], presque perclus, levait avec peine ses jambes lourdes, grosses des genoux et enflées au-dessus des sabots (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Coco, 1884, p. 429).
− P. anal. [En parlant d'un objet] Qui ne sert plus, qui ne fonctionne plus, hors d'usage. La plaine, hélas! Elle est finie! Et ses clochers sont morts et ses moulins perclus (Verhaeren, Villes tentac.,1895, p. 109).Il avait (...) forcé la porte percluse qui se trouvait dans un angle de la muraille et devant laquelle on poussait d'ordinaire une provision de fagots (Duhamel, Terre promise,1934, p. 133).
B.− P. ext.
1. Qui est entièrement ou partiellement paralysé par l'effet d'une cause passagère. Perclus de fatigue, de froid, de douleur. Les pauvres gars qui soufflent, qui enfoncent les touches de leurs doigts gourds, perclus d'onglée, jouent sans cartons (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 17).Il était tout perclus. Il lui semblait qu'on lui avait retiré les os pour mettre de la bouillie à la place, il lui semblait qu'on avait cherché à le transformer en statue (Queffélec, Recteur,1944, p. 134):
... il y a dans ces terres, brûlées du soleil pendant tout le jour, des glacières qui rafraîchissent ces vents nocturnes; car ils sont si froids, que ceux qui couchent à l'air, sans se couvrir au moins la poitrine, deviennent quelquefois perclus de tous leurs membres. Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 219.
2. Qui se trouve momentanément frappé d'immobilité par l'effet d'une émotion, d'un sentiment. Perclus de saisissement, de stupéfaction. Folantin, perclus d'ennui, (...) avait exhalé à demi-voix, dans un accès de rage lucide, sa préférence d'une lecture silencieuse des Fleurs du mal au coin de son feu (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 149).Ça n'était pas une femme, Tournefier, mais un gaillard de bon jugement, un homme solide (...). De l'avoir vu ainsi troublé, Raboliot demeurait perclus (Genevoix, Raboliot,1925, p. 164).J'avais pris ce grand jeune homme noir et myope, perclus de timidité, pour un être insignifiant (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 115).
REM. 1.
Perclue, adj. fém.,var. pop. Ce soir-là, il était tout endormi, l'œil vague, les jambes perclues de rhumatismes (Zola, Dr Pascal,1893, p. 47).Elle en restait après ça des journées entières toute gémissante et perclue... ça le souciait lui de plus en plus (Céline, Mort à crédit,1936, p. 351).