La salle d’accouchement était large et froide. Le blanc et le bleu aseptisés tapissaient les murs et coloraient chaque objet. Seule la mère, allongée sur le lit médicalisé, avait les joues rosées. Elle n’avait pas voulu savoir si l’être qu’elle gardait en elle depuis presque neuf mois était une fille ou un garçon... Peu lui importait, il y avait une chose dont elle était sûre : durant les longs mois de gestation, elle avait senti des battements scandés sur ses parois pansues, des échos avaient retenti dans l’antre de son ventre chaque fois qu’elle s’adressait à « ce » qui s’y trouvait. Il/elle retranscrivait les paroles de celle qui l’enfantait en un langage particulier, fait de gestes et de sons étouffés. Il/elle répétait ce que sa mère lui murmurait pour lui faire écho, ou répondait à ses tendres soupirs pour la rassurer, lui montrer qu’il/elle était bien là, une vie en train d’éclore qui devait être le prolongement de son existence à elle. Ce langage était indicible, il répondait au langage premier de la mère ; le langage primordial était figé, sûr de lui, le langage de l’enfant était tâtonnant, en perpétuelle évolution, mais de lui naissait toujours la compréhension.
Soudain la salle d’accouchement se fit lumière, un jaune éclatant aux reflets verdoyants emplit tout l’espace, mélange de chaleur et d’espoir. L’enfant naquit : il illuminait de mots l’immensité de l’endroit. Il pleurait, mais ses pleurs avaient déjà un sens : ils exprimaient le rapport au monde, ce même message que fait passer tout écrit, toute ébauche de littérature.
La mère sourit : elle savait que son enfant serait traducteur, un médecin qui panse avec des mots les plaies des textes étrangers amputés de leur jambe ou leur bras français, un professeur qui fait sa dictée bilingue devant des élèves ébahis qui écrivent sans commettre aucune faute car les deux langues ne sont qu’une, la langue des mots, innée...
Le traducteur est né : vive le traducteur !
Soudain la salle d’accouchement se fit lumière, un jaune éclatant aux reflets verdoyants emplit tout l’espace, mélange de chaleur et d’espoir. L’enfant naquit : il illuminait de mots l’immensité de l’endroit. Il pleurait, mais ses pleurs avaient déjà un sens : ils exprimaient le rapport au monde, ce même message que fait passer tout écrit, toute ébauche de littérature.
La mère sourit : elle savait que son enfant serait traducteur, un médecin qui panse avec des mots les plaies des textes étrangers amputés de leur jambe ou leur bras français, un professeur qui fait sa dictée bilingue devant des élèves ébahis qui écrivent sans commettre aucune faute car les deux langues ne sont qu’une, la langue des mots, innée...
Le traducteur est né : vive le traducteur !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire