Dans un magazine récent, un dessin de Sempé fin et subtil, comme à l'accoutumée, met en scène un couple qui rentre d'une soirée ; la légende dit ceci :
" — Quelle soirée ! (soupire la femme) Tout ce que j'ai mangé était fade. J'étais à côté de Bellerin-Brivot qui nous a parlé de sa revue, son rôle, qu'il définit comme "passeur". L'importance du passeur à une époque où le savoir se désagrège, la mission humble mais noble du passeur. Bref, passeur par-ci, passeur par-là, pendant trois heures. Comme Edwige ne sale pas les repas à cause des divers régimes et que Bellerin-Brivot avait monopolisé les condiments, je n'ai pas osé lui demander de me passer le sel ou le poivre, de peur de déclencher un éclat de rire qu'il ne m'aurait pas pardonné."
Quel rapport avec le rôle du traducteur, me direz-vous ? Mais vous voyez tout de suite où je veux en venir. J'ai eu l'occasion de rencontrer beaucoup d'auteurs (le traducteur est bien un auteur, n’est-ce pas ?) au cours de mon stage ; certaines ont été de belles rencontres ; pour d'autres, heureusement que le ridicule ne tue pas, ç'eût été un carnage ! Que d'ego surdimensionné et de fausse humilité, parfois ! Arrivée presque à la fin de notre année, je crois que de tous les termes que nous avons évoqués à propos du traducteur, celui que je préfère est celui d'artisan : celui qui fait, qui peaufine, qui sait qu'il ne refait pas le monde, mais qui contribue à l'embellir à sa manière. C’est en tout cas de ce sentiment que je suis animée quand je corrige en toute solitude les pages des autres, avec tout le respect que m’inspirent le travail, les efforts, le talent de celui, celle, qui crée ; ainsi, lui, elle, et moi accouchons ensemble d’un texte propre, dégagé, prêt à se lancer dans le monde de l’édition, à vivre sa vie…en bon français. Sempiternellement vôtre, Jacqueline
" — Quelle soirée ! (soupire la femme) Tout ce que j'ai mangé était fade. J'étais à côté de Bellerin-Brivot qui nous a parlé de sa revue, son rôle, qu'il définit comme "passeur". L'importance du passeur à une époque où le savoir se désagrège, la mission humble mais noble du passeur. Bref, passeur par-ci, passeur par-là, pendant trois heures. Comme Edwige ne sale pas les repas à cause des divers régimes et que Bellerin-Brivot avait monopolisé les condiments, je n'ai pas osé lui demander de me passer le sel ou le poivre, de peur de déclencher un éclat de rire qu'il ne m'aurait pas pardonné."
Quel rapport avec le rôle du traducteur, me direz-vous ? Mais vous voyez tout de suite où je veux en venir. J'ai eu l'occasion de rencontrer beaucoup d'auteurs (le traducteur est bien un auteur, n’est-ce pas ?) au cours de mon stage ; certaines ont été de belles rencontres ; pour d'autres, heureusement que le ridicule ne tue pas, ç'eût été un carnage ! Que d'ego surdimensionné et de fausse humilité, parfois ! Arrivée presque à la fin de notre année, je crois que de tous les termes que nous avons évoqués à propos du traducteur, celui que je préfère est celui d'artisan : celui qui fait, qui peaufine, qui sait qu'il ne refait pas le monde, mais qui contribue à l'embellir à sa manière. C’est en tout cas de ce sentiment que je suis animée quand je corrige en toute solitude les pages des autres, avec tout le respect que m’inspirent le travail, les efforts, le talent de celui, celle, qui crée ; ainsi, lui, elle, et moi accouchons ensemble d’un texte propre, dégagé, prêt à se lancer dans le monde de l’édition, à vivre sa vie…en bon français. Sempiternellement vôtre, Jacqueline
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