mardi 2 octobre 2012

Exercice d'écriture – par Elise Poullain

« Ma main »

Elle semble parfois avoir une volonté propre lorsqu’elle m’échappe, s’affole, tremble, se tord ou se cache, dès qu’une accueillante poche se trouve à sa portée. Ce ne doit pas être chose aisée que d’être l’outil le plus sollicité d’une personne, la sonde du toucher, la source et, simultanément,  l’expression du contact. Elle absorbe et analyse le moindre frottement,  elle protège et alarme,  telle une éponge à douleur,  ou diffuse la tendresse d’une caresse,  imprègne la douceur. Elle témoigne de mon identité,  véhicule mes sentiments,  transmet mes idées. Quel délice lorsqu’elle semble être plus agile que mon fil de pensée et qu’elle file harmonieusement sur le papier ! Ou sur le clavier ; parce qu’être une main signifie s’adapter,  devenir avec son porteur et se métamorphoser. Pensons aux mains calleuses d’un ouvrier, aux doigts agiles d’une dactylographe, ou aux ongles rongés d’un lycéen anxieux… Existe-t-il seulement plus parfaite évolution naturelle que le pouce, l’outil indispensable à la création humaine?
Mais quelle ingratitude de la considérer simplement comme une machine, un instrument. Une main se regarde comme un miroir, elle reflète son propriétaire, arborant les stigmates inévitablement accumulés sur le chemin d’une vie manquant de délicatesse. Qu’il s’agisse de la rencontre d’un majeur avec une boîte de conserve récalcitrante, d’une brulure de cigarette, ou de l’impact d’un poing suintant de colère contre un mur innocent, cela ne fait maintenant plus aucune différence. Cette histoire ne peut être racontée par quelqu’un d’autre… Ma main, je suis sa seule interprète. 

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