Sujet : Masque
« Chez les mayas »
À quoi servaient les masques chez les mayas ? A qui étaient-ils destinés ? Tout d’abord, il convient de préciser qu’il existait deux types de masques. Il y avait des masques individualisés et des masques destinés aux cérémonies qui combinaient des traits humains, animaux et végétaux. Les masques mayas étaient désignés par la syllabe « k’oh » qui signifiait « image » ou « représentation ». Leur but était de servir d’intermédiaire. Ils avaient un rôle rituel de premier ordre et devaient avoir l’aspect le plus naturel possible en prenant la forme de visages individualisés. Chez les Mayas, ils symbolisaient le passage vers l’Inframonde qui était à la fois le théâtre de la mort et de la renaissance du vivant. Ce rituel de passage se retrouve d’ailleurs dans le jeu de pelote avec le concept de décès / renaissance.
Les masques mayas avaient tous une forme bien particulière. Nous pouvons remarquer une déformation céphalique qui se voit dans la représentation des visages. La déformation crânienne était une pratique courante chez les peuples mésoaméricains. Il s’agissait, chez le nourrisson, de lui mettre la tête entre deux planchettes qui « recouvraient pratiquement tout l’occipital, sans affecter la soudure de l’os pariétal » afin de donner au crâne une forme oblongue. La déformation se trouvait accentuée par l’application d’une pièce de compression longitudinale sur l’arête du nez afin de prolonger celle-ci jusqu’au front. Cette forme oblongue avait pour finalité de rappeler celle de l’épi de maïs. Cette déformation altérait la forme du crâne et la physionomie en provoquant un développement asymétrique du visage, modifiant les proportions, la profondeur et l’inclinaison des cavités orbitales. Il en ressortait donc un strabisme convergent ou divergent des personnes. Nous verrons très bien la déformation tabulaire lors de l’étude du masque de Janaab’Pakal. Les chercheurs sont conscients, depuis longtemps, que la déformation crânienne n’était pas une pratique réservée à l’élite. Alors que l’émergence d’une élite est bien visible, à Tikal, avec l’apparition, au cours du Préclassique Récent, de modes différents d’inhumation selon le rang du défunt, jamais un lien n’a pu être établi entre le degré d’élaboration de la sépulture et la pratique de la déformation crânienne. En 1999, Vera Tiesler a étudié un corpus de 1515 squelettes issus de tous les pays de la zone maya et datés de toutes les périodes. Elle en a conclu que 88,65 % des crânes avaient été déformés. Loin de constituer une marque de statut, la déformation crânienne était une pratique très largement répandue à tous les niveaux de la société, et qui concernait les deux sexes. Il y avait, toutefois, plusieurs techniques de déformation, qui pouvaient, éventuellement, varier avec le statut social ou l’origine géographique des individus.
Les progrès de l’épigraphie ont permis d’établir l’identité d’un grand nombre de dignitaires mayas dont le nom était précédé des syllabes u-bah signifiant « son être, son visage, sa personne » (voir ci- dessous), la tête ou la figure glyphique définissant le caractère propre de l’individu.
En effet, seuls les hauts dirigeants recevaient l’honneur de porter un masque : les prêtres, les guerriers, les monarques étaient parés de tels masques afin de prendre l’identité de la divinité qui s’y trouvait représentée car les personnages portant ces masques étaient des incarnations des dieux. Les hauts dignitaires mayas étaient parfois enterrés avec ces masques afin de faciliter leur transformation et leur passage dans l'Inframonde.
Les plus beaux masques trouvés à ce jour sont en mosaïque de jade, et datent de la période Classique maya, ils mêlent les traits des dignitaires à ceux du dieu du maïs. Ces masques, dont près de 40 ont été retrouvés, permettaient aux dignitaires de s’identifier au dieu du maïs essentiellement au cours de leur voyage vers l’au-delà et avant leur renaissance. Car aux yeux des Mayas, le visage renfermait l’essence même de l’individu. Comme le jour de leur mort était pour eux un instant très important, les dignitaires le préparaient avec soin et consacraient à l’édification de leur monument funéraire une bonne partie de leur existence.
Afin de continuer notre analyse de cette parure funéraire bien particulière que représente le masque de jade, il est nécessaire d'en préciser le but comme la fonction car tout, dans la construction du masque de jade maya, a une connotation hautement symbolique. C’est pourquoi nous détaillerons les matériaux utilisés et leur symbolique religieuse toujours en liens étroits avec le passage vers l’autre monde.
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