lundi 6 janvier 2014

Exercice d'écriture 7 – par Morgane

« Gâchette »

La course poursuite durait déjà depuis plusieurs minutes. Les personnages défilaient à l’écran, un par un, essoufflés, en sueur et paniqués.
Maman nous avait pourtant demandé plusieurs fois d’aller nous coucher, mais nous ne pouvions définitivement pas éteindre le poste de télévision au moment le plus crucial du feuilleton.
Nous avions déjà réussi à la convaincre de rester après la page publicitaire alors pour quelques minutes de plus… Il faut dire qu’il était drôlement prenant ce feuilleton !
Une histoire de gentils et de méchants, comme tous les dimanches soirs à vrai dire, mais cette fois-ci, les personnages étaient touchants, presque attachants. En effet, le personnage principal, Michael, un jeune homme à qui la vie n’avait pas vraiment fait de cadeaux, luttait pour que lui et sa petite sœur aient une vie décente. Il se fourrait toujours dans les mauvais coups et les combines douteuses, ce qui lui avait donc valu de se retrouver à de nombreuses reprises au commissariat. Il s’était finalement mis à travailler pour eux afin de les aider dans une enquête des plus importantes. Et il se retrouvait donc là, poursuivi par voyous, eux-mêmes poursuivis par les agents de police. Au fil de la course, ils traversaient les rues les plus sombres de la ville, les quartiers les plus malfamés et cela n’en finissait pas.
Mais Michael finit par s’engager dans une petite ruelle qui s’avéra en fait être une impasse. Fatigue ou inattention, les téléspectateurs, tenus en haleine, ne le sauront jamais… Il se retrouva face à un immense mur en pierre, couvert d’affiches et de tags. Il n’y avait aucune issue et il entendait déjà derrière lui le souffle, haletant, de ses assaillants qui s’approchaient à pas lents.
Alors, l’un d’entre eux fouilla dans sa poche et en sortit un pistolet, noir et vieilli par le temps. Il le brandit devant lui, visant Michael en fermant un œil, pour ne pas le louper. Il lui en avait bien trop fait baver, il devait payer. Les policiers arrivèrent en courant quelques secondes après, armes en mains, eux aussi, et se rendant compte du danger de la situation, ralentirent leur cadence et avancèrent lentement, avec précaution. Michael percevait tous ses canons pointés dans sa direction, ceux des policiers derrière celui de l’escroc qui le visait toujours avec autant de précision. Tous étaient prêts à appuyer sur la gâchette.
C’est à ce moment précis que maman choisit de couper le poste de télévision, au retentissement du « pan », signe qu’un des personnages avait appuyé sur la gâchette et déclencher le coup de feu.

Nous n’avons jamais su si elle avait fait ça pour nous taquiner, voyant à quel point nous étions passionnés par l’intrigue, ou si elle ne s’était pas rendu compte de l’importance du moment. Il fallait obéir à maman, voilà tout.  

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