Je m'appelle l'Indigent philosophe, et je vais vous donner une preuve que je suis bien nommé ; c'est qu'au moment où j'écris ce que vous lisez (si pourtant vous me lisez ; car je ne suis pas sûr que ces espèces de Mémoires aillent jusqu'à vous, ni soient jamais en état d'avoir des lecteurs).
Donc, je dis qu'au moment que je les écris, je suis à plus de cinq cents lieues de ma patrie, qui est la France, et réduit en une extrême pauvreté. Bref, je demande ma vie, et le soir je me gîte où l'on veut bien me recevoir.
Voilà, je pense, une misère assez complète. Vous n'êtes peut-être pas fait pour être mieux, me direz-vous, mon cher et bénin lecteur. C'est ce qui vous trompe : je suis d'assez bonne famille, mon père était dans les affaires, issu lui-même d'un père avocat, qui avait des aïeux officiers militaires. Cela n'est pas si mauvais ; je suis même né riche, mais j'ai hérité de mes parents un peu de trop bonne heure.
Je n'avais que vingt ans quand ils sont morts ; à vingt ans aimant la joie comme je l'aimais, vif et sémillant comme je l'étais, se trouver maître de cinquante mille écus de bien, je n'augmente pas d'un sol, serait-il naturel à votre avis que j'eusse de quoi vivre à présent que j'ai près de cinquante ans ? Non, la vie que je mène aujourd'hui n'est pas bâtarde, elle vient bien en droite ligne de celle que j'ai menée, et que je devais mener de l'humeur dont j'étais.
Je n'ai que ce que je mérite, et je ne m'en soucie guère. Quand j'avais du bien, je le mangeais ; maintenant je n'en ai plus, je m'en tiens à ce qu'on me donne ; il est vrai que si on m'en donnait autant que j'en voudrais, j'en mangerais encore plus que je n'en ai mangé, je ne serais pas plus corrigible là-dessus. II n'y avait que la pauvreté qui pût me mettre à la raison, et grâces au Ciel me voilà bien en sûreté contre ma faiblesse : je suis pauvre au souverain degré, et même un pauvre à peindre, car mon habit est en loques, et le reste de mon équipage est à l'avenant ; Dieu soit loué, cela ne m'empêche pas de rire, et je ris de si bon coeur qu'il m'a pris envie de faire rire les autres.
Pour cela, je viens d'acheter quelques feuilles de papier pour me mettre par écrit, autrement dit pour montrer ce que je suis, et comment je pense, et j'espère qu'on ne sera pas fâché de me connaître.
Au reste, dans le temps où j'étais en France, j'entendais qu'on disait souvent à l'occasion d'un livre, ah ! que cet homme-là écrit bien ! qu'il écrit mal ! Pour moi, je ne sais comment j'écrirai : ce qui me viendra, nous l'aurons sans autre cérémonie ; car je n'en sais pas d'autre que d'écrire tout couramment mes pensées ; et si mon livre ne vaut rien, je ne perdrai pas tout : car je ris d'avance de la mine que vous ferez en le rebutant : ma foi, cela me divertit d'ici ; mon livre bien imprimé, bien relié, vous aura pris pour dupe, et par-dessus le marché, peut-être ne vous y connaîtrez-vous pas, ce qui sera encore très comique.
Voilà, je pense, une misère assez complète. Vous n'êtes peut-être pas fait pour être mieux, me direz-vous, mon cher et bénin lecteur. C'est ce qui vous trompe : je suis d'assez bonne famille, mon père était dans les affaires, issu lui-même d'un père avocat, qui avait des aïeux officiers militaires. Cela n'est pas si mauvais ; je suis même né riche, mais j'ai hérité de mes parents un peu de trop bonne heure.
Je n'avais que vingt ans quand ils sont morts ; à vingt ans aimant la joie comme je l'aimais, vif et sémillant comme je l'étais, se trouver maître de cinquante mille écus de bien, je n'augmente pas d'un sol, serait-il naturel à votre avis que j'eusse de quoi vivre à présent que j'ai près de cinquante ans ? Non, la vie que je mène aujourd'hui n'est pas bâtarde, elle vient bien en droite ligne de celle que j'ai menée, et que je devais mener de l'humeur dont j'étais.
Je n'ai que ce que je mérite, et je ne m'en soucie guère. Quand j'avais du bien, je le mangeais ; maintenant je n'en ai plus, je m'en tiens à ce qu'on me donne ; il est vrai que si on m'en donnait autant que j'en voudrais, j'en mangerais encore plus que je n'en ai mangé, je ne serais pas plus corrigible là-dessus. II n'y avait que la pauvreté qui pût me mettre à la raison, et grâces au Ciel me voilà bien en sûreté contre ma faiblesse : je suis pauvre au souverain degré, et même un pauvre à peindre, car mon habit est en loques, et le reste de mon équipage est à l'avenant ; Dieu soit loué, cela ne m'empêche pas de rire, et je ris de si bon coeur qu'il m'a pris envie de faire rire les autres.
Pour cela, je viens d'acheter quelques feuilles de papier pour me mettre par écrit, autrement dit pour montrer ce que je suis, et comment je pense, et j'espère qu'on ne sera pas fâché de me connaître.
Au reste, dans le temps où j'étais en France, j'entendais qu'on disait souvent à l'occasion d'un livre, ah ! que cet homme-là écrit bien ! qu'il écrit mal ! Pour moi, je ne sais comment j'écrirai : ce qui me viendra, nous l'aurons sans autre cérémonie ; car je n'en sais pas d'autre que d'écrire tout couramment mes pensées ; et si mon livre ne vaut rien, je ne perdrai pas tout : car je ris d'avance de la mine que vous ferez en le rebutant : ma foi, cela me divertit d'ici ; mon livre bien imprimé, bien relié, vous aura pris pour dupe, et par-dessus le marché, peut-être ne vous y connaîtrez-vous pas, ce qui sera encore très comique.
Marivaux, L'Indigent Philosophe, 1727.
***
Sonita nous propose sa traduction :
Me llamo el indigente filósofo y les voy a dar una prueba de que estoy bien nombrado, y es que en el momento en que escribo lo que ustedes están leyendo (si es que ustedes me leen, pues no estoy seguro de que esta especie de Memorias llegue a ustedes, ni nunca esté en estado de tener lectores).
Entonces, digo que en el momento en que las escribo, me encuentro a más de quinientas leguas de mi patria, que es Francia, y reducido a una extrema pobreza. Resumiendo, limosneo mi vida, y por la noche duermo en cualquier lugar dónde acepten recibirme.
Esto es, yo creo, una miseria bastante completa. Quizá usted no se merezca mejor suerte, me dirá usted, mi estimado y apacible lector. Ahí es donde usted se equivoca: soy de bastante buena familia, mi padre estaba en los negocios, él mismo era hijo de un padre abogado, que tenía antepasados oficiales militares. Eso no es tan malo, incluso nací rico, pero heredé de mis padres demasiado pronto.
Tenía solamente 20 años cuando fallecieron, a los veinte años, amando los placeres tal cual yo los amaba, alerta y vivaracho como yo lo era, encontrarme dueño de cincuenta mil escudos buenos, no aumento ni un escudo sol ¿sería normal, a su parecer, que tuviera de qué vivir hoy que tengo casi cincuenta años? No, la vida que llevo hoy no es bastarda, desliza muy naturalmente de la que llevé, que tenía que llevar por mi entonces forma de ser.
Solo tengo lo que merezco, y eso no me preocupa en lo absoluto. Cuando tenía buena vida, la comía, ahora que ya no la tengo, me contento con lo que me dan; es cierto que si me dieran tanto como yo quisiera, comería aún más de lo que he comido, no sería más enmendable respecto a eso. Solamente la pobreza podía hacerme caer en la razón, y gracias al Cielo, heme aquí bien seguro contra mi debilidad: soy pobre al máximo, y hasta soy un pobre digno de ser pintado, pues mi vestimenta andrajosa y el resto de mis pertenencias va al paso; gloria a Dios, esto no me impide de reír, y me río de tan buena gana que quise hacer reír a los demás.
Con ese fin, acabo de comprarme unas hojas de papel para ponerme por escrito, dicho de otra forma, para enseñarles cómo soy, y cómo pienso, y espero que nadie se enfade por conocerme.
Por lo demás, del tiempo en que estaba en Francia, escuchaba que a menudo decían en la ocasión de un libro, ¡ah, qué bien escribe este hombre! ¡Qué mal escribe! En lo que me concierne, no sé cómo escribiré: lo que me vendrá lo tendremos sin ceremonia alguna; pues no conozco otra forma que la de escribir mis sentimientos así como vienen; y si mi libro no vale nada, no lo habré perdido todo: pues me río de antemano de la cara que pondrán ustedes al repelerlo: en fin, esto me divierte desde aquí, mi libro bien impreso, bien encuadernado, les habrá engañado, y para colmo, quizá no se reconozcan ustedes ahí, lo que será aún más cómico.
Me llamo el indigente filósofo y les voy a dar una prueba de que estoy bien nombrado, y es que en el momento en que escribo lo que ustedes están leyendo (si es que ustedes me leen, pues no estoy seguro de que esta especie de Memorias llegue a ustedes, ni nunca esté en estado de tener lectores).
Entonces, digo que en el momento en que las escribo, me encuentro a más de quinientas leguas de mi patria, que es Francia, y reducido a una extrema pobreza. Resumiendo, limosneo mi vida, y por la noche duermo en cualquier lugar dónde acepten recibirme.
Esto es, yo creo, una miseria bastante completa. Quizá usted no se merezca mejor suerte, me dirá usted, mi estimado y apacible lector. Ahí es donde usted se equivoca: soy de bastante buena familia, mi padre estaba en los negocios, él mismo era hijo de un padre abogado, que tenía antepasados oficiales militares. Eso no es tan malo, incluso nací rico, pero heredé de mis padres demasiado pronto.
Tenía solamente 20 años cuando fallecieron, a los veinte años, amando los placeres tal cual yo los amaba, alerta y vivaracho como yo lo era, encontrarme dueño de cincuenta mil escudos buenos, no aumento ni un escudo sol ¿sería normal, a su parecer, que tuviera de qué vivir hoy que tengo casi cincuenta años? No, la vida que llevo hoy no es bastarda, desliza muy naturalmente de la que llevé, que tenía que llevar por mi entonces forma de ser.
Solo tengo lo que merezco, y eso no me preocupa en lo absoluto. Cuando tenía buena vida, la comía, ahora que ya no la tengo, me contento con lo que me dan; es cierto que si me dieran tanto como yo quisiera, comería aún más de lo que he comido, no sería más enmendable respecto a eso. Solamente la pobreza podía hacerme caer en la razón, y gracias al Cielo, heme aquí bien seguro contra mi debilidad: soy pobre al máximo, y hasta soy un pobre digno de ser pintado, pues mi vestimenta andrajosa y el resto de mis pertenencias va al paso; gloria a Dios, esto no me impide de reír, y me río de tan buena gana que quise hacer reír a los demás.
Con ese fin, acabo de comprarme unas hojas de papel para ponerme por escrito, dicho de otra forma, para enseñarles cómo soy, y cómo pienso, y espero que nadie se enfade por conocerme.
Por lo demás, del tiempo en que estaba en Francia, escuchaba que a menudo decían en la ocasión de un libro, ¡ah, qué bien escribe este hombre! ¡Qué mal escribe! En lo que me concierne, no sé cómo escribiré: lo que me vendrá lo tendremos sin ceremonia alguna; pues no conozco otra forma que la de escribir mis sentimientos así como vienen; y si mi libro no vale nada, no lo habré perdido todo: pues me río de antemano de la cara que pondrán ustedes al repelerlo: en fin, esto me divierte desde aquí, mi libro bien impreso, bien encuadernado, les habrá engañado, y para colmo, quizá no se reconozcan ustedes ahí, lo que será aún más cómico.
***
Laëtitia Sw nous propose sa traduction :
Me llamo el Indigente filósofo, y voy a darle una prueba de que estoy bien nombrado ; es que en el momento en que escribo lo que usted está leyendo (si es el caso ya que no estoy seguro de que esas especies de Memorias lleguen hasta usted ni sean capaces de tener lectores), pues, estoy diciendo que en el momento en que las escribo, estoy a más de quinientas leguas de mi patria, que es Francia, y reducido a la pobreza más extrema. En una palabra, me busco la vida, y por la noche me alojo donde se acepta recibirme.
Me parece que esa es una miseria bastante completa. Quizá no esté destinado a una condición mejor, me dirá usted, benévolo y querido lector. Pero se equivoca : soy de una familia bastante buena, mi padre estaba en los negocios, descendiente él mismo de un padre abogado, cuyos antepasados eran oficiales militares. Eso no es tan malo ; aun nací rico, pero heredé de mis padres demasiado temprano.
Yo no tenía más que veinte años cuando murieron ; a los veinte años, me gustaba tanto la alegría, yo era tan vivo e impetuoso, que, al encontrarme dueño de una fortuna de cincuenta mil escudos - no la aumento en un sol -, ¿ sería natural, a su parecer, que yo tuviera de qué vivir ahora que rayo en los cincuenta años ? No, la vida que estoy llevando no es bastarda, procede necesariamente de la que llevé, y de la que yo tenía que llevar en vista de mi temperamento.
Sólo tengo lo que merezco, y no me preocupo de ello. Cuando yo tenía alguna fortuna, me la comía ; ahora no tengo nada, me conformo con lo que se me da ; es verdad que si se me diera tanto como yo quisiera, me comería aún más de lo que ya me comí, yo no sería más corregible en aquel asunto. Sólo la pobreza pudiera razonarme, y gracias al Cielo heme aquí bien protegido contra mi debilidad : soy pobre en sumo grado, y hasta un pobre que debe ser pintado, ya que mi traje es andrajoso, y es lo mismo para el resto de mi vestido ; alabado sea Dios, eso no me impide reir, y como me río de buena gana, se me antojó hacer reir a los otros.
Para eso, acabo de comprar algunas hojas de papel para confiarme por escrito, o sea para mostrar lo que soy, y cómo pienso, y espero que usted estará contento conocerme.
Además, cuando yo estaba en Francia, oía que se decía a menudo a propósito de un libro, ¡ ah ! ¡ qué bien escribe este hombre ! ¡ qué mal escribe ! En cuanto a mí, no sé cómo escribiré : lo que se me ocurrirá, usted lo tendrá sin cumplidos ; porque sólo conozco los que consisten en escribir sin reserva mis pensamientos ; y si mi libro no vale nada, no lo perdré todo : porque me río de antemano de la pinta que usted tendrá cuando lo rechaze : a fe mía, ya me divierte eso ; mi libro esmeradamente impreso y encuadernado le habrá engañado, y para colmo, quizás usted no se reconozca en él, lo que seguirá siendo muy cómico.
Avec une petite fiche lexicale :
- gîter :
1. (V. intr.) (Vx ou littér.) Avoir son gîte quelque part (→ coucher, demeurer, habiter, loger).
2. Fig. Être situé, se trouver (→ résider).
3. (V. tr.) (Vx.) Pourvoir d’un gîte, mettre dans un gîte.
- bénin :
1. (Vx ou littér.) Bienveillant, indulgent (→ doux, bon, aimable). Ex. : une personne bénigne ; il est doux et bénin ; un air, un naturel, un caractère bénin ; une humeur bénigne. Par dérision. Doux et indulgent avec excès (→ faible, bonasse). Ex. : un mari bénin (→ complaisant).
2. (Choses). Dont l’action est bienfaisante, apaisante, calmante (→ bénéfique, favorable, propice). Ex. : l’influence bénigne de la mer, de l’air. Méd. et vx. Un remède bénin, qui agit avec douceur (→ anodin).
3. (Cour.) Sans conséquence grave (→ inoffensif). Ex. : une affection, une maladie bénigne ; un accident bénin ; une tumeur bénigne ; une faute, une erreur bénigne ; un péché bénin (→ véniel).
- sémillant : d’une vivacité plaisante, agréable (→ frétillant, fringant, gai, vif). (Souvent avec une valeur plaisante ou ironique, pour railler un comportement, notamment amoureux, jugé déplacé.)
- humeur → caractère, complexion, disposition, naturel, tempérament.
- au souverain degré = au dernier degré, au plus haut point.
- équipage → habit, toilette, accoutrement, costume, tenue.
- à l’avenant : en accord, en conformité, en rapport (→ de même, pareillement).
- « j'espère qu’on ne sera pas fâché de me connaître » :
Par euphémisme. Je ne serais pas fâché de (avec l’inf.), que (avec le subj.) : je serais content. Ex. : je ne serais pas fâché qu’il parte, de le voir partir = je serais heureux qu’il parte, de le voir partir.
- couramment → sans réserve, sans retenue.
Me llamo el Indigente filósofo, y voy a darle una prueba de que estoy bien nombrado ; es que en el momento en que escribo lo que usted está leyendo (si es el caso ya que no estoy seguro de que esas especies de Memorias lleguen hasta usted ni sean capaces de tener lectores), pues, estoy diciendo que en el momento en que las escribo, estoy a más de quinientas leguas de mi patria, que es Francia, y reducido a la pobreza más extrema. En una palabra, me busco la vida, y por la noche me alojo donde se acepta recibirme.
Me parece que esa es una miseria bastante completa. Quizá no esté destinado a una condición mejor, me dirá usted, benévolo y querido lector. Pero se equivoca : soy de una familia bastante buena, mi padre estaba en los negocios, descendiente él mismo de un padre abogado, cuyos antepasados eran oficiales militares. Eso no es tan malo ; aun nací rico, pero heredé de mis padres demasiado temprano.
Yo no tenía más que veinte años cuando murieron ; a los veinte años, me gustaba tanto la alegría, yo era tan vivo e impetuoso, que, al encontrarme dueño de una fortuna de cincuenta mil escudos - no la aumento en un sol -, ¿ sería natural, a su parecer, que yo tuviera de qué vivir ahora que rayo en los cincuenta años ? No, la vida que estoy llevando no es bastarda, procede necesariamente de la que llevé, y de la que yo tenía que llevar en vista de mi temperamento.
Sólo tengo lo que merezco, y no me preocupo de ello. Cuando yo tenía alguna fortuna, me la comía ; ahora no tengo nada, me conformo con lo que se me da ; es verdad que si se me diera tanto como yo quisiera, me comería aún más de lo que ya me comí, yo no sería más corregible en aquel asunto. Sólo la pobreza pudiera razonarme, y gracias al Cielo heme aquí bien protegido contra mi debilidad : soy pobre en sumo grado, y hasta un pobre que debe ser pintado, ya que mi traje es andrajoso, y es lo mismo para el resto de mi vestido ; alabado sea Dios, eso no me impide reir, y como me río de buena gana, se me antojó hacer reir a los otros.
Para eso, acabo de comprar algunas hojas de papel para confiarme por escrito, o sea para mostrar lo que soy, y cómo pienso, y espero que usted estará contento conocerme.
Además, cuando yo estaba en Francia, oía que se decía a menudo a propósito de un libro, ¡ ah ! ¡ qué bien escribe este hombre ! ¡ qué mal escribe ! En cuanto a mí, no sé cómo escribiré : lo que se me ocurrirá, usted lo tendrá sin cumplidos ; porque sólo conozco los que consisten en escribir sin reserva mis pensamientos ; y si mi libro no vale nada, no lo perdré todo : porque me río de antemano de la pinta que usted tendrá cuando lo rechaze : a fe mía, ya me divierte eso ; mi libro esmeradamente impreso y encuadernado le habrá engañado, y para colmo, quizás usted no se reconozca en él, lo que seguirá siendo muy cómico.
Avec une petite fiche lexicale :
- gîter :
1. (V. intr.) (Vx ou littér.) Avoir son gîte quelque part (→ coucher, demeurer, habiter, loger).
2. Fig. Être situé, se trouver (→ résider).
3. (V. tr.) (Vx.) Pourvoir d’un gîte, mettre dans un gîte.
- bénin :
1. (Vx ou littér.) Bienveillant, indulgent (→ doux, bon, aimable). Ex. : une personne bénigne ; il est doux et bénin ; un air, un naturel, un caractère bénin ; une humeur bénigne. Par dérision. Doux et indulgent avec excès (→ faible, bonasse). Ex. : un mari bénin (→ complaisant).
2. (Choses). Dont l’action est bienfaisante, apaisante, calmante (→ bénéfique, favorable, propice). Ex. : l’influence bénigne de la mer, de l’air. Méd. et vx. Un remède bénin, qui agit avec douceur (→ anodin).
3. (Cour.) Sans conséquence grave (→ inoffensif). Ex. : une affection, une maladie bénigne ; un accident bénin ; une tumeur bénigne ; une faute, une erreur bénigne ; un péché bénin (→ véniel).
- sémillant : d’une vivacité plaisante, agréable (→ frétillant, fringant, gai, vif). (Souvent avec une valeur plaisante ou ironique, pour railler un comportement, notamment amoureux, jugé déplacé.)
- humeur → caractère, complexion, disposition, naturel, tempérament.
- au souverain degré = au dernier degré, au plus haut point.
- équipage → habit, toilette, accoutrement, costume, tenue.
- à l’avenant : en accord, en conformité, en rapport (→ de même, pareillement).
- « j'espère qu’on ne sera pas fâché de me connaître » :
Par euphémisme. Je ne serais pas fâché de (avec l’inf.), que (avec le subj.) : je serais content. Ex. : je ne serais pas fâché qu’il parte, de le voir partir = je serais heureux qu’il parte, de le voir partir.
- couramment → sans réserve, sans retenue.
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